Articles de yugcib

  • Jeux amoureux

    Ces jeux amoureux du matin

    Dans les odeurs de la nuit

    Mauvaise haleine cheveux en bataille

    Vêtement de nuit froissé

    Petit déjeûner au lit les doigts encore humides et gras

    De toutes les grattes...

    Nononon... À la salle de bains tout suite !

    Mais que dire des sueurs rances à cinq heures de l'après-midi

    Sous les chemisiers ou sous les pulls en V ou à col roulé ?

  • La grosse mouche

    Je vibre de régal sur un morceau de viande laissé à l'air libre sur une assiette un jour d'été chaud et orageux...

    Avec un peu de chance, je vais vivre un mois, si je ne tombe pas raide morte foudroyée dans mon jeune vol en traversant un nuage d'insecticide, ou bien descendue d'un coup de torchon m'étourdissant à jamais...

    Et c'est bon, c'est juteux, sur ce morceau de viande ; je me gorge de sang avant de m'envoler lourde et repue, vers quelque pli de rideau où je vais me blottir...

    Autour des bébés, des chatons, du chien de la maison ; autour des malades immobiles, des agonisants, des manchots... Je ne risque rien, je peux bourdonner, tournoyer ; l'odeur des médicaments et des litières ne me gêne pas...

    Dans les hôtels de passe sur les lits et les divans où se vautrent les amoureux quand il y a du foutre dans l'air, des râles et des volets tirés en ces jours d'été orageux, je ne risque rien non plus, l'on n'entend même pas mon vol insolent.

    Question de survie, pour moi, que de bien observer ce que font les humains, où ils vont, dans quel état ils sont... Ma vie est si brève, si "d'une seule fois" !

  • Le râle

    C'est un râle...

    Un râle, rien qu'un râle, comme suspendu dans l'air ambiant tel un gros coléoptère invisible dont on entendrait le vol lourd, les ailes se froisser et craquer longuement...

    Et le râle se déplace dans une chambre où il n'y a personne.

    Le râle va et vient entre la fenêtre ouverte sur la rue et la porte donnant sur le couloir.

    Un râle continu, indécent, incongru, presque obscène ; un râle éclaté, libéré, un souffle rauque entrecoupé de sanglots et de cris de plaisir, de cris d'attente...

    Le râle fait le tour de la chambre, s'arrête, repart, s'élance, hurle, se heurte aux volets qui battent doucement... Il semble même "souffrir" -si l'on peut dire- ce râle...

    Et il écarte les rideaux, il cherche un regard, des lèvres, une main, des cheveux, un sourire ; son vol s'allégeant il se calme, puis il se met à murmurer, à chuchoter...

    Il s'endort, sursaute, se relève, enfle de nouveau, aspire les odeurs de la chambre, des senteurs de femme, il entend des mots qui n'ont pas été prononcés, il sent une absence qui se fait mouvement, silhouette...

    Le râle n'en finit pas de se répandre dans l'air ambiant, il se jette sur une robe de bal étendue près d'un oreiller défoncé ; il crie, il halète dans les plis d'une chemise de nuit bleu tendre, il hoquette sur une petite écharpe de soie, il cherche des jambes nues sous une jupe fendue attachée par deux épingles sur un cintre...

    Le plancher craque, une coulée blanche et sèche court sur la glace de l'armoire ; des taches sur la moquette et sur le drap du lit défait, comme de petits paysages mis en cartes, passent sous le râle hoquetant et frôlant ces taches...

    Des gouttes de pluie projetées par le vent, éclatent doucement sur la vitre d'une fenêtre.

    L'après-midi avec les bruits de la rue, l'orage qui gronde, la chaleur de la ville...

    Et toute cette attente qui s'étire dans le va-et-vient incessant du râle, du râle toujours présent dans la chambre...

    Et le râle tout à coup s'élance par la fenêtre, tombe sur le pavé, n'éclaboussant personne.

    Et le râle aussitôt se relève, remonte par l'escalier jusqu'au premier étage, s'arrête comme pour réfléchir ; puis s'enferme dans l'ascenseur, et l'ascenseur le conduit sur la terrasse de l'immeuble ; de là il redescend, se perd dans la rue, suffoque, soupire, se jette sur des visages de femmes...

    Et le râle, perdu dans la foule, dans le mouvement de la rue, enfin se calme et ne hoquette plus...

    Le râle devenu silencieux, pudique, étouffé, étranglé ; ce râle qui voulait mourir sur un broshing, sur une nuque, sur des épaules nues, faire glisser des gouttes de pluie le long d'un cou fragile...

    Rencontre sous un abri de bus, l'horrible pet, l'horrible nuage nauséabond d'un gros homme chauve en combinaison bleue.

  • Aimer

    Aimer, vraiment aimer...

    Aimer autrement que "parce que..."

    Aimer comme peut aimer un chien malgré quelques coups de bâton reçus...

    Aimer comme un chat coureur et turbulent qui toujours revient dans la maison de ses maîtres même s'il n'y a rien à becter dans la gamelle...

    Aimer en dépit de toutes les trahisons...

    Aimer alors que tant de points d'interrogation surgissent de partout...

    Aimer alors qu'il y a tant à combattre et qu'il faut combattre, combattre en disant "non" et en demeurant debout et ne reculant pas d'un pas...

    Aimer que l'on soit aimé ou non...

    C'est peut-être la plus violente, la plus authentique, la plus crédible de toutes les révoltes...

  • Toutou

    Il m'appelle toutou, jamais Youki le nom qu'il m'a pourtant donné...

    Il prononce "toutou" dans le grave ou dans l'aigu selon son humeur du moment et je n'entends de lui que : "allez toutou" et "allez toutou dehors", quand il me pousse derrière la maison dans un enclos, l'enclos des poules de jadis, du temps de son papy...

    Est-ce qu'il disait, petit enfant qu'il était alors : "allez cocotte, allez" ?

    Et je suis là museau collé et bavant sur la grande vitre de la porte une bonne partie de la journée...

    Tous les matins il me donne dans une casserole crasseuse sur les bords et toute cabossée, mon éternel repas de croquettes et de soufflettes de riz...

    Jamais il ne fait ma vaisselle ; des rats viennent grignoter les rognures de croquettes...

    "Allez toutou, au pieu"! Crie-t-il le soir quand il veut me garer me remiser pour la nuit dans la grande salle encore non aménagée non tapissée et au sol de ciment et toute encombrée de caisses, de cartons, comme dans un débarras...

    Lorsque cette salle sera aménagée belle cheminée beaux meubles belle tapisserie, où me garera-t-il alors?

    Le soir il rentre du boulot et tout de suite il vaque à ses petites bintzeries quotidiennes, s'installe devant son ordi, puis s'assoit sur le canapé salade composée dans une assiette en carton sur ses genoux et allume sa télé...

    Pas le temps de faire des mamours...

    Et moi toutou je suis toutou un point c'est tout...

  • Demain

    Demain

    Ne pas voir ce qui demain sera et se fera, dans ces années où l'on sera mort, mais que d'autres, nés après, verront...

    Pour un grand curieux de tout ce qui se réalise, se crée en ce monde au fil des jours...

    Pour des yeux qui veulent voir au delà de l'horizon...

    Pour qui imagine et pressent ce qui va venir...

    Pour qui s'interroge, se passionne de ce qui demain sera possible et qui déjà s'esquisse et entre peu à peu dans sa vie...

    Mais qu'il ne verra pas se développer, se répandre et changer la vie des gens...

    Qu'il ne verra donc pas, parce qu'il doit mourir...

    Mourir fût-ce à cent ans même...

    Et à plus forte raison à quatre vingt, à cinquante ans ou même pire encore enfant...

    C'est cela, oui, ce qu'il y a de terrible, de plus terrible dans la mort !

    Est-ce que pour le fataliste, est-ce que pour celui ou celle qui trouve tout "normal"...

    Est-ce que pour ce commun des mortels tout aussi mortel que le curieux et le passionné...

    Mais soumis, ne se posant jamais de question...

    Est-ce que pour le "pas trop curieux" voire le "qui s'en fout" de ce qui demain sera et se fera...

    C'est aussi terrible la mort ?

    Sans doute, oui sans doute... Et même très certainement...

    Mais pas de la même façon...

    ... Le curieux, le passionné... Décidément, il naît toujours trop tôt, même s'il vit jusqu'à cent ans !

    Pour ce qui est d'avant, d'avant que l'on soit né...

    Pour ce qui fut, a disparu, n'est plus dans notre vie...

    Il y a l'Histoire, les livres d'Histoire, la technologie de l'image et de la représentation, pour autant que ce qui est écrit, représenté, soit reconstitué aussi vrai que possible... Et non pas falsifié ou arrangé...

    Mais pour ce qui est d'après, de ce demain dans lequel on ne vivra pas...

    Il n'y a que l'imaginaire, et au mieux, ce que l'on pressent, ce que l'on "voit à notre manière" et que l'on se représente comme on peut...

  • Le vécu est l'écriture la plus vraie

    Ces mots qui existaient déjà

    N'étaient pas encore nés

    Au jour au moment vécu

    Ces mots que l'écriture trouve

    Dans le souvenir du moment vécu

    Jamais le vécu n'a les mots pour l'écrire

    Au moment même où il est vécu

    Vécu et partagé

    Les mots que l'on écrit sont déjà nés

    Mais on ne le sait pas

    C'est le souvenir qui fait pousser les mots

    Le souvenir qui vient de ce qui a été vécu

    De ce vécu qui est une écriture à lui seul

    De ce vécu qui est peut-être la plus vraie de toutes les écritures

    Mais qui ne s'écrit qu'après qu'il a été vécu

    Et d'une écriture qui n'est plus du vécu

  • Journée de la Femme

          Je lance ici un appel à toutes les organisations qui défendent les droits des femmes... Un appel, un cri de révolte, à propos de la pratique de l'excision des filles dans 28 pays du monde... J'invite chacune de ces organisations à adresser un manifeste avec pétition nombreuses signatures, rendu public, un véritable réquisitoire... À tous les membres des gouvernements et aux autorités des pays où la pratique de l'excision est encore tolérée voire considérée "normale"...

    HONTE A TOUS LES GOUVERNEMENTS DE CES PAYS !

    Et... Savez vous que même en France, il y a actuellement, oui, sur notre territoire, environ 30 000 femmes et filles qui sont excisées, et cela en dépit des lois, des poursuites judiciaires et des condamnations? Les familles de ces filles se rendent d'ailleurs dans leurs pays d'origine durant les vacances scolaires, afin de faire subir à leurs filles ce "traitement"... quand elles ne le font pas chez elles, même, clandestinement.

    Je vous invite à lire cet article : http://www.droitsenfant.com/excision.htm

    Vous verrez notamment dans cet article la liste des pays où l'excision est pratiquée, avec tous les détails ( pourcentage de femmes excisées, lois en vigueur ou en débat, ethnies qui pratiquent l'excision, type d'excision, etc.) ...

    ... Une précision importante :

    La pratique de l'excision n'a rien à voir avec l'Islam. En effet l'Islam interdit et condamne cette pratique, qui existait déjà dans des sociétés africaines ancestrales et anciennes, et qui, selon les régions et les coutumes, a été perpétuée, même après que l'Islam soit apparu en Afrique...

  • Ils auront cent ans en 2100/2105...

          Jusqu'à une période que je situe, en gros, vers la fin des années 1980 et le début des années 1990 ; et cela depuis des temps immémoriaux, le seul vrai changement qui s'opérait dans la vie des gens tenait du fait du vieillissement, de l'altération progressive des facultés physiques et -ou- intellectuelles de chacun...

    Et à ce changement qui peu à peu au fil des ans s'opérait, venait en parallèle si l'on peut dire, un genre ou un mode de vie "un peu différent" en fonction justement de l'avancement en âge des personnes... Et avec ce genre ou mode de vie évoluant, venaient une "vision du monde", un regard sur le monde et sur les gens, une pensée, de nouvelles habitudes de se loger, de se déplacer, de se distraire, de se nourrir, de s'habiller ; et sans doute, en particulier durant le vingtième siècle, une manière personnelle d'intégrer dans sa vie quotidienne les nouveautés (voiture, TSF, téléphone, télévision, et pour finir, l'ordinateur, le téléphone mobile, l'internet)...

    En somme, la vie, à l'âge de trente ans comme à l'âge de soixante dix ans, demeurait "à peu près la même pour tout un chacun avec quelques nouveautés scientifiques ou technologiques en plus de temps à autre"...

    Lorsque l'on parlait de "conflit de génération" il n'y avait alors en cause que la vision du monde en fonction de l'expérience vécue et des aspirations et des espérances de chacun, qui réellement, opposait les "vieux" aux "jeunes"... Cela, tout cela, dans un monde qui, en gros, demeurait le même... Et, parce que le monde demeurait à peu près le même, le lien entre les générations continuait d'exister, tel qu'il se maintenait tant bien que mal certes, mais il existait...

    ... Il n'en est plus du tout de même aujourd'hui, de tout ce que je viens de dire plus haut, depuis que nous avons franchi cette période transitoire "entre deux mondes" que je situe en gros de 1990 à 2005/2007...

    Nous ne sommes même plus dans la lignée ou dans le prolongement de l'idée et de la réalité du conflit de génération. Il n'y a plus à proprement parler, de conflit de génération. Il y a au vrai, au réel, de l'indifférence, du désintérêt, de l'oubli, de l'absence de lien, entre les générations...

    Pour un jeune né dans le début des années 2000, lorsque ce jeune va à l'école primaire, lorsqu'il sera un adolescent puis une personne adulte et qu'il aura terminé ses études (études supérieures le plus souvent)... Eh bien le vieux tonton, la vieille tati, le cousin ou la cousine machinchouette né en 1965, le grand père un tel du côté de la maman ou du papa... "on n'en a rien à foutre"... C'est à peine si l'on en a "entendu vaguement parler" dans la famille, c'est à peine (mais on s'en fout) s'il l'on a su qu'il était poète, qu'il jouait de l'accordéon, qu'il faisait de la photo ou de la marche ou du vélo...

    Avant, dans "le monde d'avant", autour de tel ou tel personnage dans la famille, personnage qui vivait encore ou qui avait disparu, se faisait parfois une sorte de "légende"... Une "légende" entretenue et transmise...

    Aujourd'hui cependant, une réalité s'impose -et dans une certaine mesure- "excuserait" cette indifférence ou ce désintérêt : le souci, le terrible et lancinant souci, de savoir "ce qu'on va faire de sa vie", quel boulot on va trouver...

    Et puis il y a aussi ces jeux, ces préoccupations, ces aspirations, ces intérêts qui, pour ces jeunes nés après l'an 2000, ne sont plus du tout les mêmes : le téléphone portable, facebook, internet, les blogs, les copains, la télé omni présente, les nouvelles technologies encore plus performantes... Et déjà, pour les parents de ces jeunes, qui habitent désormais en lotissement pavillonaire, avec clôture, toutou ou minou et cabane de gosse en plastique rouge et jaune de chez Jardiland au fond du carré de gazon ; pour le papa qui a vingt cinq ou trente ans, on se couche très tard le samedi soir après "On n'est pas couché" et on ne va pas le dimanche matin à 9h en vélo chercher son pain et son journal...

    Et comment aussi, le "vieux tonton la vieille tati le pépé la mémé ou le vieux cousin machinchouette" va-t-il, lors d'une visite tout à fait occasionnelle, d'un évènement familial de type mariage ou baptême ou anniversaire ou enterrement... Comment oui, va-t-il pouvoir communiquer, ne serait-ce que de trois mots, avec ce bambin, cette petite fille, ce garçonnet... qui aura cent ans en 2100/2105, et qui "n'en a rien à foutre de ce vieux tonton, de ce vieux cousin, qui va sans doute finir dans une maison de retraite médicalisée et dont on vendra la baraque avec tout le fourbi dedans et dans le fourbi, les albums et cartons de photos, de souvenirs, de vieux écrits et autres trucs à la con, tout cela fourgué à la déchetterie" ?

  • L'attente

    C'est une attente

    Une attente avec tous ces mots que l'on va dire à l'autre

    Tous ces mots qui viennent sans être cherchés

    Dans cette attente toujours heureuse

    Cette attente qui enfle de tout ce que l'on y met dedans

    Et qu'on croit qui va arriver

    Et le jour le moment arrive enfin

    Mais le ciel n'est pas mieux habillé qu'hier ou avant hier

    Où est donc passée cette jolie écharpe de nuages

    Qui devait au jour dit traverser le ciel en fête

    Les mots ne sont plus là

    Et ce sont ces petits riens

    Auxquels on n'avait point pensé

    Qui ont bu le rêve

    Désenchanté le moment de la rencontre

  • La mauvaise réputation...

       Je pense à cette chanson de Georges Brassens, La mauvaise réputation :

    "Les braves gens n'aiment pas que..."

     ... Et à Coluche, qui en 1985 sur Europe 1, et à la télé parfois, n'était pas "en odeur de sainteté", et que beaucoup de "braves gens" de ce beau pays de France trouvaient "vulgaire"... Mais qui, vingt ans après sa mort, est regretté, loué même, par bon nombre de ces mêmes gens, y compris dans ces "petits coins gentillets et aseptisés" où devisent des quarterons, des quinquetons, des sextetons de coincés et de "correctement pensant" ...

    Ah, qu'il en faudrait, en refaudrait, de ces trublions de la scène ou de la littérature, pour secouer les burnous, les jolies mantilles, les costard-cravate ou les jeans de marque troués râpés !

  • Le pestiféré

    C'est un pestiféré

    Un pestiféré parmi d'autres pestiférés

    Qui font jamais un concours de pestiférés

    On n'en a rien à foutre du coeur grand comme un cosmos

    D'un pestiféré à pourtant belle âme

    Puisque c'est un apache

    Un pestiféré

    Qui a vociféré

    Certes avec ses petits mots à lui

    Des petits mots pas piqués des hannetons

    Qui ont pas plu

    Pas plu du tout

    Ce fut la bronca

    La bronca d'un quarteron d'un quinqueton d'un sexteton

    De coincés qu'aiment pas quand c'est pas aseptisé

    Et qu'ont cafté au Grand Muphti

    Alors alors le très beau le très profond le très émouvant et très applaudi

    Enfin le registre beau tableau de peintre

    Du pestiféré qu'a quand même une belle âme

    N'a plus eu droit de cité

    L'on ne retient que sa pestilence

    Sa pestilence pétée fesses écartées

    Au beau milieu du salon de thé

    De ces braves gentes gentiment devisant

    Depardieu a fait pire et bien pire mille fois pire à vrai dire

    Céline et Fante n'ont pas fait dans la dentelle en leur temps

    Mais ce sont quelques uns de ces pestiférés

    Par les coups qu'ils portent sur les croûtes de petits coins de terre

    Petits coins de terre dont ils sont expulsés

    Par les Grands Muphtis

    Oui ce sont ces pestiférés

    Qui par delà les mers gelées les déserts les montagnes les marais

    Portent leurs pas en avant du temps des modes et des supercheries

    Et des braves gentes gentiment devisant

    Des braves gentes qui grincent des dents au moindre caillou dans les lentilles

    Des braves gentes caftant au Grand Muphti à l'occasion

    Comme dans ces temps troublés de la dernière guerre mondiale

    Où l'on dénonçait son prochain parce qu'il était Juif ou Romanichel ou mauvais voisin

    Expulsé banni honni vitupéré

    Le pestiféré

    Déchiré détruit effacé le petit coin de ciel

    Qu'il avait pourtant ouvert

    Et qui avait tant plu aux braves gentes gentiment devisant

    De littérature de poésie de mille petits riens de cette vie qui court qui bat

    Le pestiféré

    On lui enlève même la possibilité

    De jouer au mort qui voit ce qui se passe après son enterrement

    Et entend ce qui se dit dans le petit coin où il n'ira plus

    Debout les damnés de la Terre

    Debout les damnés les pestiférés de la Terre entière

    On l'a toujours été debout

    Avec ou sans kalachnikov

    Poètes ou écrivains ou écrivaillons

    Curés ou guerilleros

    Peigne-culs ou même Grands Muphtis de l'art de la poésie de la littérature

    Y'en a en effet de ces pestiférés de tous les coins de terre

    De tous les sud de tous les nord

    De toutes les écoles ou d'aucune école

    De tous les déserts de toutes les plaines de toutes les montagnes

    Qui ont pas droit de cité ou qui au contraire ont droit mais dans ce cas ce droit

    C'est un droit concédé par les Grands Muphtis du Vase Sacré

    Pour cause de galette à se foutre dans le gosier et de marchés juteux

    En regardant le citoyen lambda se baisser pour ramasser les miettes

    Debout les damnés on l'a toujours été on le sera toujours

    Ne vous en déplaise braves gentes devisant gentiment ou vociférant ou caftant

  • Le Grand Péché

    Le Grand Péché sur la planète Internet

    Pire que le pinard en 1950 et que le tabac en 2013

    Le Grand Péché c'est

    Deux sous de réflexion dans un billet de blog dans un message de forum

    Qui te font passer pour un pestiféré un enfoiré un couillon un illisible un rêveur

    La Vertu c'est

    Des banalités avec des mots sucrés

    Un bon coup de gueule à propos de tel ou tel sujet d'actualité

    Parler de ses amours ratés

    Bloguer facedeboucquer des photos et des vidéos sensationnelles afin de se pâmer les uns les autres

    Merde à qui glapit à qui couine à qui aboie

    Merde à qui passe l'olive bien huilée dans le trou de bale

    Et qu'ensuite ça cuit dans le fondement

    Merde à la marmelade étalée sur la tartine

    Que tu t'en étouffes dès la première bouchée

    Merde et merde

    À ce qui court les rues les lieux publics le web

    Et s'impose de toute sa simplicité réductrice

    Avec ses clichés sa bêtise et ses effets d'émotion

    Merde à cette pensée uni-économinique

    De tous les Marchés pourris

    De fruits de légumes piqués à la dioxine

    De cheval de vache de mouton de cochon et de poisson d'élevage

    Nourris à la farine de tripes de carcasses de crêtes de pattes de rognons et de roustons

    Merde à cette austérité imbécile et cruelle qui lamine les peuples

    Mais qui sied aux grands saigneurs et à leurs coupe-jarrets associés

    Le Grand Péché sur la planète toute entière

    Il est d'abord commis par les chefs d'orchestre des musiques tam-tam-coeur-de-pieuvre

    Qui opèrent à grande échelle par toute la terre

    Espérant les gens devenir bêtes à manger du foin

    Le bec godemichant dans toutes les cramouilles produites par les gros tontons bricoleurs

    Le Grand Péché sur la planète toute entière

    Il est ensuite commis par toutes les mains qui battent au rythme du tam-tam-coeur-de-pieuvre

    Et rebattent afin d'en avoir encore pour le moins cher possible de toutes ces merdes entre leurs doigts...

  • Des livres "coup de hache" !

          Après avoir lu, de John Fante, "Sur la route de Los Angelès", "Bandini" et "Demande à la poussière", je trouve là quelque ressemblance avec "Sur la route", de Jack Kerouac... Voilà un livre "La route de Los Angelès" (ou Sur la route, de Jack Kerouac), que l'on ne trouve pas souvent sur les étagères des belles bibliothèques en merisier de pas mal de " bonnes maisons bourgeoises"... Et pour cause !

    D'ailleurs, ces livres là, on ne les voit pas trop non plus en vente, autant que les Lévy et les Musso, ou autant que les livres de nos vedettes de la télé et de nos personnages politiques, sur les étals des Leclerc Culturel ou des Maisons de la Presse... Je ne lis et encore moins achète, l'un ou l'autre de tous ces bouquins aseptisés, d'un romantisme édulcoré aux émotions bon marché ; de ces autobiographies d'hommes et femmes politiques et de présentateurs Télé toutes aussi nombrilistes les unes que les autres, de toutes ces histoires d'amour raté, de ces essais politico-économico-sociétal indigestes bourrés de termes et de locutions sortis des universités, de l'Histoire falsifiée et travestie dans une mise en scène tout ce qu'il y a de plus consensuel et conformiste , de la Géographie à effets spéciaux images surdimensionnées, de toute cette smala de nouveaux jeunes auteurs qu'on voit se pavaner dans des "talk shows" ou émissions de variété à la télévision...

    En effet, tous ces bouquins là, de ce monde là, oui ils sont dans les Leclerc Culturel, à France Loisirs, dans les Maisons de la Presse... Et des milliers de gens achètent ces bouquins -que souvent ils ne lisent même pas ou survolent à peine- parce que "ça fait bien", parce que "on en parle", parce que "t'es un crétin" si t'en a pas entendu parler"...

    Ces livres là je ne les lis donc pas ... Mais il m'arrive, afin de me "faire une idée de leur contenu", d'en feuilleter quelques pages, au hasard, de lire deux ou trois passages de ci de là...

    Tiens... Il faudrait que quelque autre John Fante ou Jack Kerouac, enfin un type "avec les tripes qui vibrent" sorte un jour, un livre encore plus déjanté, encore plus salace, encore plus virulent, encore plus scandaleux, encore plus fou, encore plus absurde tout ça à la fois puissance 10, et avec un vocabulaire à faire pousser des choux-fleurs lumineux dans les tissus cervicaux d'extraterrestres ayant crapahuté sur la Terre sans s'être fait voir !...

    ... Mais... "quelque chose me dit"... que les générations à venir, celles nées après l'an 2000, sauront "faire la différence" entre le crétinisme branché sorti des grandes écoles et le crétinisme consomo-jetable vendu à cent mille exemplaires d'une part (et qui n'a aucun destin) ; et ce qui luminera, bandera du coeur et des tripes, dépoussièrera et ouvrira un espace de relation et de création qui n'a pas encore existé, d'autre part...

  • Dans "Paroles de femmes", de Colette...

         "Tout ce qui m'a étonnée dans mon âge tendre m'étonne aujourd'hui bien davantage. L'heure de la fin des découvertes ne sonne jamais. Le monde m'est nouveau à mon réveil chaque matin et je ne cesserai d'éclore que pour cesser de vivre"...

          Ce que l'on découvre de nouveau, tout au long de notre vie, et qui "avant", n'existait pas mais avait peut-être été rêvé ou imaginé, c'est effectivement comme l'éclosion d'une nouvelle vie en nous, une nouvelle vie qui va être différente de celle que nous vivions jusque là, parce que, ce qui désormais existe et se répand, et que l'on peut utiliser, nous porte à imaginer sinon à réaliser un "possible" qui, avant, n'était pas même concevable...

          Née le 28 janvier 1873 à Saint Sauveur en Puisaye dans l'Yonne, et disparue à Paris le 3 Août 1954 à l'âge de 81 ans ; Colette a donc vu arriver l'automobile, le téléphone, la TSF, et sans doute la télévision dans ses débuts...

    Je l'imagine, née en 1973, aujourd'hui âgée de 40 ans, ayant connu les débuts de la téléphonie mobile et d'Internet dans les années 1990, puis le développement et la généralisation aussi rapide de ces technologies de la communication à partir de 2005 surtout...

    Est-ce qu'Internet, les réseaux sociaux, Twitter, les sites et les blogs, Skipe, la Web Cam, le smartphone, l'édition en ligne et la diffusion instantanée de tout ce que l'on peut produire d'image, d'écriture, de parole... Est-ce que tout cela, oui, aurait fait une autre Colette que celle de la première moitié du 20 ème siècle ?

    Et qu'en aurait-il été, de même, pour chacun de tous ces auteurs, écrivains, artistes, acteurs, réalisateurs, qui, durant la majeure partie du 20 ème siècle, ont fait avec le téléphone à cadran et à fil, avec le télégraphe, la machine à écrire, le courrier postal, un manuscrit déposé chez leur éditeur, lequel manuscrit d'ailleurs, devait être accepté pour être publié ?

    Il est évident que toutes ces nouvelles technologies apparues pour la plupart d'entre elles dans les années 1990, et faisant partie intégrante de notre environnement quotidien depuis seulement quelques années, en gros depuis 2004/2005 ; ont "radicalement changé la donne"... Et les destins, et les habitudes, et les modes de vie, la relation, les rêves, les aspirations, la pensée, la culture, tout ce à quoi on croyait "avant"...

          Cependant, tous ces fils, réels et virtuels, qui nous relient sans vraiment nous relier en fait, nous relient dans un immense maëlstrom qui nous emporte et dans lequel on s'agite, et où l'on pense, où l'on incrimine, où l'on sacralise, où l'on maudit, où l'on illumine bien plus que l'on agit, bien plus que l'on aime, bien plus que l'on vit...

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         Colette en 1896 par Jacques Humbert