Articles de yugcib

  • Un pinceau de lumière imbibé de silence

          "Un peintre, c'est quelqu'un qui essuie la vitre entre le monde et nous, avec un chiffon de lumière imbibé de silence"...

                        [Christian Bobin – L'inespérée]

    ... "L'inespérée", éditions Gallimard, 1994, est l'un des livres de cet écrivain Français, Christian Bobin, né le 24 avril 1951...

    Son père est dessinateur à l'usine Schneider du Creusot en Saône et Loire, et sa mère est calqueuse...

    Poète et penseur voire "moraliste" (mais plus moraliste on va dire, dans le sens de la pensée et de la réflexion)... Christian Bobin est l'auteur d'une oeuvre fragmentaire dans laquelle la foi Chrétienne tient une grande place mais avec une approche différente et éloignée de la liturgie et du clergé (et de ce qui est consensuel, de "bien pensance" et de conformisme dans la pratique de la religion)...

    ... Je dirais la même chose pour un écrivain et plus particulièrement d'un écrivain poète : c'est quelqu'un qui de ses doigts, de sa main, de son regard, de sa pensée ; effleure la réalité du monde et laisse transparaître entre la réalité du monde et nous ( nous, c'est à dire notre "monde intérieur"), une vérité qui contient ce qu'il ne dit pas, n'écrit pas... Ou qui n'est exprimée que par de l'image en mots...

    L'on peut dire aussi que les doigts, que le regard, que la pensée de l'écrivain, de l'écrivain poète, est comme un "pinceau de lumière imbibé d'un "silence vivant et parlant"...

    La réalité du monde, ainsi d'ailleurs que la réalité de notre monde intérieur... Lorsqu'elle est "mise en scène" avec tous les effets spéciaux pour attirer l'attention du consommateur que nous sommes plutôt que de l'observateur que nous devrions être et qui lui, n'aurait nul besoin de ces effets spéciaux ; la réalité du monde ou de notre monde mise en scène donc, c'est comme un tableau de peinture que l'on regarde dans une galerie, qui fait du bruit, qui assourdit même, et désenchante après avoir étonné sinon ravi dans l'immédiat...

  • Autour du Hohneck dans les Vosges

    Crêtes Vosgiennes début juin 2013

    http://www.dailymotion.com/video/x10nr0k_cretes-vosgiennes-debut-juin-2013_travel#.UbIy_xBOJdg

    Un névé sur les crêtes Vosgiennes début juin 2013

    http://www.dailymotion.com/video/x10nraf_un-neve-sur-les-cretes-vosgiennes-debut-juin-2013_travel#.UbIzSxBOJdg

    ... Depuis le chemin qui va de l'auberge du Kastelberg jusqu'au sommet du Hohneck, le 6 juin 2013 : voici quelques vues :

    http://s.joomeo.com/51b2347e54914

    ... Normalement début juin il n'y a pas de neige sur les sommets Vosgiens, sauf parfois quelques taches blanches dans des creux à l'ombre et exposés plein nord...

     

     

  • Le bonheur

         "Le bonheur, je ne pourrai l'avoir que si je réussis à soulever le monde pour le faire entrer dans le vrai, dans le pur, dans l'immuable." [Frantz Kafka]

    ... "Je vois bien le bleu de ton âme, mais... Où est ton ciel ?"

    Le crapaud a toujours aussi "mauvaise presse" et , avec une pièce de deux euros dans le Dada, ça trémousse toujours aussi court...

  • Un massacre de baleines en vue...

         Un grand magnat Islandais des Affaires et ses complices ont armé un cargo afin de se lancer dans quelques jours à une chasse aux baleines (baleine roqual, le géant des mers)...

    Cela dans le but de transformer la viande des baleines en pâtée pour chiens à destination du Japon.

    La viande des baleines sera transbordée dans un port des Pays Bas, où le cargo doit accoster, et de là, acheminée jusqu'au Japon.

    Il n'est pas sûr encore, que les Autorités Néerlandaises accordent au capitaine de ce cargo, le droit de mouiller dans un port des Pays Bas (Rotterdam ou autre), avec une telle "cargaison"... L'Allemagne et la Finlande ont d'ailleurs refusé d'accueillir dans leurs ports, ce cargo.

    Si cette "opération" se réalise, ce sont quelque 180 baleines qui seraient ainsi massacrées et dépecées...

    Une pétition circule sur le Net à ce sujet, avec à ce jour des millions de signatures, et de fausses baleines (en plastique ou carton) vont être déposées lors d'une manifestation aux Pays Bas, afin d'attirer l'attention des Autorités.

  • Vanité du débat et de la polémique

    ... Depuis six mois que l'on parle du "mariage pour tous", depuis six mois que l'on polémique, que l'on débat et manifeste en masse dans la rue... à n'en plus finir, sur ce sujet... J'aurais préféré que l'on en fasse autant, à vrai dire bien davantage encore, contre la misère sociale, la pauvreté, le chômage, la difficulté de vivre au quotidien pour des millions de gens ; et surtout que l'on s'élève avec les mêmes défilés, les mêmes manifs de masse, une même et unanime conviction contre le scandale que constitue tous ces gens jetés à la rue, tous ces SDF, ces sans-abri, ces gens qui en sont réduits à faire les poubelles pour se nourrir...

    Quelle honte que tout cela, dans un pays tel que la France ! Quelle image donnons nous aux touristes venus du monde entier, de notre société en déliquescence, en si grande fragilité, en désespérance et en misère !

    Stérilité, vanité, "vide culturel", que tous ces débats sur toutes sortes de sujets dits "de société" (ou de culture ou de civilisation) !

  • Relation ou interaction ?

         Le "social" n'est pas forcément de l'"humain"... Le "social" est une mécanique, un système, une machine, ou encore une idéologie, une "vision du monde"... Le "social" ne fonctionne qu'aléatoirement, telle une machine dotée de mécanismes que l'on ne peut maîtriser, et dont les dysfonctionnements sont imprévisibles... et acceptés "contre mauvaise fortune bon coeur" parce que l'on ne peut se passer de la "machine"... (On pense que la "machine" est nécessaire et qu'elle a été construite et arrangée pour le mieux afin de satisfaire à toutes sortes de besoins)...

         L'"humain" n'est ni une mécanique ni un système ni une idéologie ni une "vision du monde"... L'"humain" c'est de l'intelligence dans la relation...

    Il vaut donc mieux de l'intelligence dans la relation, plutôt que du "social"...

    Le drame de notre époque, c'est que le "social" n'a jamais été aussi mal machiné et géré ; et que l'"humain" a disparu au profit d'une sorte de "post-humanisme"... Un "post-humanisme" fait d'"humanuscules" dont l'intelligence devenue artificielle et programmée, produit essentiellement de l'interaction et non plus de la relation...

    ... Je vois dans la manifestation d'hier dimanche 26 mai 2013 qui a réuni quelques centaines de milliers de personnes sur l'esplanade des Invalides, un mouvement de résistance contre un "social" en déliquescence et contre un "post-humanisme évolutif", mais dans lequel s'infiltrent des fanatismes et des sectarismes qui eux, ne produisent jamais d'intelligence dans la relation...

    Mais le meilleur ne va jamais sans le pire... Et c'est le pire qui empêche le meilleur de demeurer statique et qui fait que le meilleur évolue et devient meilleur... Et à plus forte raison lorsque le pire en face d'un meilleur qui devient meilleur, se renforce dans ses pouvoirs et évolue lui aussi en s'adaptant et s'introduisant dans les failles...

    Que serait la lumière si l'ombre ne se faisait point elle-même lumière ?

    L'ombre par elle-même, si elle ne se fait pas lumière, est-elle séductrice ?

  • Le Mastodonte

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        L'ancêtre du mammouth...

    C'est le Mastodonte, qui vivait sur le continent Européen, de -25 millions à -2 millions d'années avant notre temps actuel... Soit durant une grande partie de la dernière période glaciaire.

    Il ne fut donc pas un contemporain ni des dinosaures qui disparurent il y a 65 millions d'années, ni de l'Homo Erectus qui ne fit pas son entrée en Europe avant -1 million d'années, venu d'Afrique...

    C'est dans la région de Turin que fut découvert en 1858 un squelette en bon état de conservation, d'un de ces Mastodontes ayant vécu en Europe.

    Il existait en fait, plusieurs familles ou espèces de cet animal, en Amérique du Nord et en Europe, dans les terres situées entre la barrière de glace et les régions subtropicales et moyenne latitude...

    Le Mastodonte n'est pas en réalité, l'ancêtre du Mammouth : les deux espèces sont différentes (plus différentes par exemple, que le Néanderthalien et le Sapiens de l'espèce humaine, qui coexistaient entre -40 000 et -20 000)...

    D'ailleurs le Mastodonte était d'une taille plus importante que le Mammouth : il mesurait plus de 3 mètres de hauteur et environ 4 mètres entre la queue et la tête, et la hauteur de ses pattes était comparable à la hauteur d'un homme, et ses deux défenses n'étaient pas recourbées.

    Peu à peu, après -2 millions d'années, le Mastodonte s'éteignit au profit du Mammouth qui lui, s'éteignit à son tour à peu près vers la fin de la période glaciaire (-14000 -11000)...

    Il est surprenant de constater les différentes durées d'occupation des espèces sur notre planète La Terre :

    Les dinosaures, de -225 à -65 millions d'années, soit 160 millions d'années...

    Les mastodontes, de -25 à -2 millions d'années, soit 23 millions d'années...

    Les Mammouths, de -2 MA à -11 mille années, soit à peine 2 millions d'années...

    Et L'Homme : si l'on part de l'Homo Erectus il y a environ 1 million d'années... Pour combien de temps encore ?

    Cela dit, une époque de la vie que nous vivons, avec tout son environnement de personnes (famille, voisins, amis, connaissances...) et de relation... Est, au regard du temps, au regard de l'Histoire, d'une brièveté déconcertante... Mais elle nous semble, cette époque là, dans cet environnement de personnes et de relation, durant le temps que nous la vivons... aussi longue qu'une ère géologique, et presque... éternelle... Comme si elle devait durer toujours, comme si hier, aujourd'hui et demain, n'était qu'un seul jour fait de milliers de matins, de milliers de soirs, de milliers de moments vécus...

  • Un présent qui fuit, mais fait ce qui sera

    "La vie ne peut être comprise qu'en regardant en arrière, même si elle doit être vécue en regardant en avant, c'est à dire vers ce qui n'existe pas."

    [ Kierkegaard ]

    Nous vivons dans un présent qui fuit comme l'eau d'une baignoire par le trou d'évacuation.

    Et le présent emporte aussi dans sa fuite, tout ce qui fut.

    Si préoccupés que nous sommes du présent, nous ne regardons pas en avant. Mais c'est bien ce présent tel que nous le vivons, tel que nous le faisons, qui fera ce qui existera...

  • "Fin de siècle", d'Eugen Weber

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    La France à la fin du XIX ème siècle

    ... Livre paru le 20 novembre 1986, éditeur Harvard University Press, et Fayard, pour la traduction et l'édition en langue française, en 1986.

    Traduit de l'anglais par Philippe Delamare

    Edition en 1998 Club France Loisirs avec l'autorisation de la librairie Arthème Fayard.

    L'auteur

    Né en Roumanie en 1925, Eugen Weber a enseigné à l'université d'Alberta au Canada, puis à l'université de Iowa aux Etats Unis. Il est devenu professeur à l'université de Californie. Il a effectué de nombreux séjours en France et il s'est spécialisé dans l'étude de l'histoire de France.

    Résumé 4 ème de couverture

    La vie des Français dans les années 1880-1890 est dominée par des préoccupations et des craintes qui font écho aux propres troubles de l'époque actuelle. Si le progrès technique se développe (nouveaux moyens d'éclairage, de transports, téléphone, ascenseur, etc.) autant que le sport, les loisirs, les voyages lointains ; la société "fin de siècle" redoute la criminalité en progression, l'usage des drogues, la surpopulation, les nuisances sonores, le déclin des valeurs personnelles et sociales. Un ouvrage captivant et riche d'enseignement.

    Mon avis

    Il y a effectivement une "ressemblance" entre ces deux époques situées à cent ans de distance l'une de l'autre : les années 1880-1914, et les années 1980-2015...

    Mais en dépit de ces "ressemblances" que sont les préoccupations et les craintes, les deux époques à mon avis ne sont pas comparables du fait du manque d'hygiène (utilisation et traitement de l'eau courante) et surtout de la précarité de l'existence, avant et même après la première guerre mondiale...

    D'autre part la brutalité et la violence dans les rapports humains, notamment familiaux, était une dure réalité dans la vie quotidienne...

    Nous sommes loin, en réalité, en lisant ce livre, de ce qui est raconté de la vie des gens de cette époque là, de 1880 à 1914, dans ces romans de terroir si "moraux", si "gentillets", si "émouvants", si mélodramatiques se terminant "pas trop mal" produits par des auteurs populaires !

    Extraits

    ... Entre les dents gâtées et les digestions difficiles, il est probable que la plupart des héros et des héroïnes des romans du XIX ème siècle avaient aussi mauvaise haleine que leurs modèles dans la réalité.

    Ils devaient aussi sentir généralement fort dans la mesure où leurs lourds costumes et leurs amples robes ignoraient le nettoyage à sec ; quant aux sous-vêtements-quand ils en portaient- ils n'en changeaient pas souvent...

    ... Vers 1850 déjà, Flaubert voyageant dans une voiture publique, pestait contre ses voisins qui puaient ignomineusement...

    ... La violence des adultes traduit la même futilité et le même désespoir : des querelles à propos d'un chemin ou d'une casserole, de poules ou de bétail égaré... dégénéraient en bagarres sanglantes et parfois meurtrières. Faute de couteaux, de gourdins ou de haches, on empoignait un sabot ou tout ce qui tombait sous la main...

    ... L'évacuation des eaux usées posait des problèmes encore plus persistants. Pratiquement jusqu'à la fin du siècle, dans des grandes villes comme Rouen, Bordeaux ou Rennes ainsi qu'en de moindres bourgades, les ordures ménagères et les pots de chambre étaient vidés dans la rue, les fosses septiques vidangées dans des tombereaux ouverts. Egoûts et caniveaux, lorsqu'ils existaient, se déversaient dans la rivière.

  • L'espace dans lequel s'inscrit l'Histoire

         Dans un espace où il devient de plus en plus difficile d'avancer, parce que cet espace devient plus bruyant, plus violent, plus confus, plus difficile à vivre au quotidien pour des millions de gens... et qui est en fait le seul espace réel existant et évoluant depuis plus de deux mille ans ; la communication peut cependant parvenir à tisser de la relation...

    Mais le drame c'est que dans cet espace, l'on substitue à la communication -en laquelle d'ailleurs on ne croit guère, ou que l'on rend inaudible, ou dont on fait un spectacle- la nécessité de se passer les uns sur les autres en se disant "tant pis pour ceux qui sont en dessous"...

  • Tout ce dont on se fout...

    Le festival de Cannes... ça me fait une belle jambe!...

    Mais ça me fait venir cette réflexion :

    "Il y a des tas de choses qui nous passent devant le nez, sous les yeux, chaque jour, sur l'écran de notre ordinateur, dans le paysage, dans le journal, à la télé, à la radio, sur le visage des gens, dans la rue, à l'endroit où l'on demeure... Dont on se fout complètement chaque jour, sans jamais savoir, sans jamais être conscient un seul instant qu'on s'en fout, à quel point on s'en fout...

    Et c'est bien là le drame, ou l'absurde, ou l'implacable logique..."

  • Gouttes de pluie

    Gouttes de pluie sur la vitre...

    Gouttes de joie du fond de soi qui éclatent comme de petites étoiles sur un joli visage de femme...

  • Bon anniversaire pour toujours, Pierre Desproges !

    Le 9 mai 1939 naissait Pierre Desproges, à Pantin, Seine Saint Denis...

    Alors qu'il avait dit qu'il n'aurait jamais de cancer parce qu'il était contre le cancer, il mourut d'un cancer "envers et contre tout", le 18 avril 1988...

    Décidément, on meurt toujours "envers et contre tout", alors qu'on ne vit presque jamais, pour la plupart d'entre nous, "envers et contre tout"... Ou plutôt, soit dit en passant, dans un "envers et contre tout" qui s'apparente contre toute apparence à de l'amour, à du témoignage et à du coeur au ventre...

    "Les hommes ne mangent pas de la même façon selon qu'ils vivent dans le Nord ou dans le Sud du monde. Dans le Nord du monde, ils se groupent autour d'une table. Ils mangent des sucres lourds et des animaux gras en s'appelant cher ami, puis succombent étouffés dans leur graisse en disant docteur docteur.

    Dans le Sud du monde, ils sucent des cailloux ou des pattes de vautours morts et meurent aussi, tous secs et désolés, et penchés comme les roses qu'on oublie d'arroser" [Pierre Desproges]

    Entre l'époque où Pierre Desproges disait cela, et notre époque actuelle, on peut dire que le Nord du monde est entré peu à peu dans le Sud du monde, qu'aujourd'hui il n'y a plus ni Nord ni Sud, mais que l'on suce des cailloux partout dans le monde, penché comme des roses qu'on arrose de bétadine.

    Le site de Pierre Desproges : http://www.desproges.fr/

  • De quel côté est la violence ?

    De quel côté est la violence ?

    Ou plus exactement, de quel côté est la plus grande violence ?

    Du côté de ceux qui subissent, souffrent et résistent en menant une action violente ; ou bien du côté de ceux qui font souffrir et qui profitent, et plus encore jouissent de la souffrance du plus grand nombre ?

    Et plus la violence de ceux qui souffrent et résistent s'exerce ; et plus encore, beaucoup plus encore, se manifeste, sévit, s'accroit, s'organise et s'étend, la violence de ceux qui profitent, de ceux qui veulent durer et profiter davantage...

    A cette logique de la violence des uns et de la plus grande violence des autres, j'oppose l'intelligence dans la relation.

    "Un bien vaste programme", me direz-vous ! Autrement dit "cela ne veut rien dire" ... A moins de réfléchir ensemble à ce que pourrait être cette intelligence dans la relation et à ce qu'elle pourrait impliquer dans nos vies, dans chacune de nos vies...

  • Le dramatique et inquiétant silence des intellectuels

    ... Je ne dis pas ici, "de tous les intellectuels"... Mais de bon nombre d'entre eux, hélas ! Et aussi de quelques artistes, gens de scène et de spectacle, et de télévision...

    Discourir, polémiquer, débattre sur la place publique, sur les blogs, sur les réseaux sociaux, sur la Toile, à longueur de journée... De questions de "morale", de moeurs, de civilisation, de toutes sortes de sujets de société tous aussi sensibles les uns que les autres et mobilisant l'opinion publique dans une confrontation voire une violence permanente ; alors même qu'une chape écrasante, dramatique et inquiétante de silence, pèse sur les questions de chômage, de pauvreté, d'absence de perspective d'avenir ; sur la réalité de la misère et de la difficulté de vivre au quotidien, de tant et tant de nos concitoyens...

    Le premier devoir des intellectuels et des artistes n'est-il pas celui de "prendre à bras le corps" la cause, la vie même, du "commun des mortels" dans sa réalité , de faire voler en éclats cette "chape de silence" scandaleuse et révoltante jetée sur la réalité de l'état de la société, et de cesser de se disperser dans le paraître, dans les modes, dans les tendances, dans le "fashionable" voire parfois dans des futilités ou dans du "gadget" de consommation "culture- loisiresque" ?

    Près de neuf millions de personnes dans ce pays, La France, et -soit dit en passant- bien davantage encore en Allemagne, en Italie, en Espagne, en Angleterre, soit plusieurs dizaines de millions d'Européens vivent aujourd'hui en 2013, en dessous du "seuil de pauvreté" c'est à dire avec moins de 900 euros par mois !

    Pensent-ils, les intellectuels, les gens de scène et de télévision (je veux dire ceux d'entre eux qui "pondent des bouquins" et débattent sur la scène publique de questions de moeurs, de questions "philosophiques", de questions d'éthique morale et environnementale)... Pensent-ils oui, ces gens là qui demeurent en revanche totalement et scandaleusement silencieux sur la réalité de la catastrophe économique et sociale ; pensent-ils oui, que les neuf millions de Français, que les dizaines de millions d'Européens vivant en dessous du seuil de pauvreté, vont ce prochain été 2013, se précipiter en foules immenses dans les villes de France et d'ailleurs où auront lieu des manifestations culturelles, des festivals ? Dépenser leur argent en déplacements de centaines de kilomètres, en hébergement, en restauration, en prix de places à payer, pour assister à toutes ces manifestations culturelles et à ces festivals ?

    N'y-a-t-il pas là, bien que l'intention des hauts représentants de la Culture et des gouvernements soit en partie louable et relativement sincère ; un peu de "poudre aux yeux", de "fashionable" (voire même parfois d'indécence quand on sait pertinemment que l'aisance des uns -même relative s'étale de tout son paraître, de toutes ses fringues, de toutes ses "visions du monde" et de son argent pour dépenser sans devoir se priver, se presse dans les hôtels et aux terrasses en pleine rue des restaurants) ?

    Et l'indécence de certains de ces intellectuels n'est-elle pas manifeste, provocatrice, insolente, pornographique, lorsqu'ils affichent en toute vergogne leur train de vie, leurs relations amoureuses, et qu'ils vivent bien entre eux dans un monde qui n'a rien à voir avec le monde dans lequel vit le "commun des mortels" ?

    L'Histoire nous a déjà prouvé dans la violence de quelques uns de ses évènements marquants, dans quelques unes de ses périodes de troubles ou de déclin ou de grandes crises sociales et économiques, que la Culture s'était faite "l'alliée de la barbarie"... Alors même qu'elle est faite pour avoir un tout autre destin, le destin qui est celui de "tirer les gens et les peuples vers le haut"... Et d'être "orchestrée", organisée, diffusée "pour le plus grand nombre" et par des gens qui ne soient pas seulement des meneurs ou des "plus doués que les autres" ou des privilégiés attachés au pouvoir qu'ils détiennent et aux avantages dont ils jouissent ; par des gens qui soient des relais, des témoins, des transmetteurs, des amoureux du genre humain et de la relation humaine ; des gens qui partagent et transmettent le pouvoir qu'ils ont et ne soient jamais coupés du monde réel tel qu'il est fait de peuple qui vit, aime, souffre, et finalement meurt...

    En face d'une Droite "décomplexée" , obscène et arrogante de pensée unique axée sur la compétitivité et le profit, férue de ses valeurs de fric ; se meut une Gauche "morale" que je qualifie de "Gauche mourale" parce que c'est en fait une Gauche qui meurt... qui meurt en se faisant "à sa manière" et soit disant pour le redressement du pays, complice d'une Droite qui accompagne et sert les intérêts d'une caste de privilégiés, de possédants et de milliardaires... Tant l'on nous fait "avaler vrai" que, sans ces privilégiés, sans ces possédants et sans ces milliardaires, aucune économie ne serait possible puisque c'est eux qui ont les capitaux et les propriétés... (c'est ce qu'on dit depuis toujours pour faire marcher le monde avec la religion en plus pour appuyer)...