La grosse mouche

Je vibre de régal sur un morceau de viande laissé à l'air libre sur une assiette un jour d'été chaud et orageux...

Avec un peu de chance, je vais vivre un mois, si je ne tombe pas raide morte foudroyée dans mon jeune vol en traversant un nuage d'insecticide, ou bien descendue d'un coup de torchon m'étourdissant à jamais...

Et c'est bon, c'est juteux, sur ce morceau de viande ; je me gorge de sang avant de m'envoler lourde et repue, vers quelque pli de rideau où je vais me blottir...

Autour des bébés, des chatons, du chien de la maison ; autour des malades immobiles, des agonisants, des manchots... Je ne risque rien, je peux bourdonner, tournoyer ; l'odeur des médicaments et des litières ne me gêne pas...

Dans les hôtels de passe sur les lits et les divans où se vautrent les amoureux quand il y a du foutre dans l'air, des râles et des volets tirés en ces jours d'été orageux, je ne risque rien non plus, l'on n'entend même pas mon vol insolent.

Question de survie, pour moi, que de bien observer ce que font les humains, où ils vont, dans quel état ils sont... Ma vie est si brève, si "d'une seule fois" !

mouche

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