Articles de yugcib

  • Traverser la vie ...

         Traverser la vie sans jamais ressentir de réelle interrogation sur la condition humaine, sur la condition humaine, déjà en général ; sur la condition humaine de l'Autre, des autres plus particulièrement ; et, qui plus est sur sa propre condition ... C'est comme traverser un immense marché de produits de consommation, de services et de loisirs "à la carte", et sans se poser la question, ne serait-ce qu'un seul instant, de la provenance, de la finalité, de la nécessité, de la composition de ces produits...

    La condition humaine et même notre propre condition dans la traversée de la vie, si elle nous apparaît cependant, n'est autre alors, que l'enveloppe (ou l'emballage) qui contient ce que l'on y met dedans, que l' on achète, ou dont on bénéficie ou qui nous est offert dans tel ou tel but... Mais contenant aussi ce dont on se sent privé, qui n'est pas à notre portée immédiate.

    En somme la condition humaine serait, dans le monde d'aujourd'hui devenu ce qu'il est et surtout ce que l'on nous fait croire qu'il est et ne peut qu'être, la condition humaine serait une idée dont il faudrait se débarrasser si on la porte encore en soi, une question qu'il faut éviter de se poser.

    Traverser la vie sans jamais ressentir de réelle interrogation sur la condition humaine, sur le devenir, sur la finalité, sur la réalité de cette condition, sur son possible dépassement... Et ne vivre, ne traverser la vie qu'en consommateur de produits et de services, en consommateur heureux ou malheureux, privé ou pourvu selon le cas... Cela me semble peu enthousiasmant et vide de sens, mais c'est pourtant ce que bon nombre d'humains sur cette planète sont disposés à accepter, parce que c'est confortable, du moins pour ceux d'entre tous ces humains qui peuvent être des consommateurs et s'identifient, se reconnaissent, se définissent, et existent -ou plutôt "s'existent"- par ce qu'ils consomment, possèdent, et dont ils profitent...

  • La philosophie

          Durant des millénaires, avant les religions et avant l'université, même s'il y avait des écoles, même s'il y avait des cultes et des croyances ; depuis avant les premières civilisations d'Amérique centrale, du Moyen Orient et d'Asie, puis durant le temps de ces premières civilisations, et ensuite durant le temps de l'antiquité Egyptienne, Grecque, Romaine... Et jusqu'à -peut-on dire- la venue des religions du livre que sont le Christianisme (par le catholiscisme romain et par l'orthodoxie) et l'Islam ; et jusqu'à, un peu plus tard vers le 13ème siècle en Europe avec l'apparition de l'Université... La philosophie était existentielle, la philosophie était une philosophie de la pensée, de la relation avec les êtres et les choses, la construction d'une identité et d'une existence... La philosophie était proche de la vie, et elle pouvait faire de la vie que l'on vivait, de la manière dont on vivait cette vie, une oeuvre...

    Depuis des millénaires donc, ainsi avait fonctionné la philosophie : en découvrant une pensée, une manière différente de penser et de réfléchir, de se poser telle ou telle question, elle donnait à la vie un sens, ou plus exactement une orientation, un peu comme une boussolle... Il s'opérait alors entre l'élève et le maître, ou même plus généralement et au quotidien, entre l'être ordinaire et ce "quelquechose comme une essence en l'intérieur de l'être", une sorte d'alchimie... Alors, du "creuset" même, dans "l'atelier" (ou dans la "forge") s'élaborait ce qui devait être produit, puis diffusé, partagé, enseigné, légué, transmis...

    Mais depuis la venue des religions du livre que sont le Christianisme et l'Islam, et depuis l'Université, la philosophie ce "n'est plus tout à fait ce qu'elle avait toujours été avant"...

    La philosphie a été d'une part réduite par les religions à une croyance et à un modèle tout prêt de "pensée unique", en ne fournissant qu'une seule "explication possible", ce qui bien sûr "rassure" et "oriente" (ou plus précisément "dicte") et évite en conséquence de se poser les questions qui inquiètent ou dérangent ou "conduisent à l'abîme"...

    La philosophie a été comme en partie sinon quasi totalement vidée de son contenu, de son sens, de tout ce qu'elle contenait, par l'Université, qui, à partir du 13 ème siècle en Europe, l'a peu à peu transformée en sommes et en modalités de connaissances, en concepts intégrés dans une architecture, un système...

    En somme, la Religion et la Faculté ont transformé depuis huit cent ans, les philosophes en thélogiens et en professeurs, en illuminés, en pontifes...

    ... Je ne reconnais pas pour ma part, la philosophie comme une somme et comme des modalités de connaissances, ni comme une architecture ou un système de concepts...

    Quant à la religion, je souhaiterais "qu'elle s'efface" devant Dieu... Ou devant "quelquechose qui ressemble à Dieu"... Car n'y-a-t-il pas "quelquechose qui ressemble à Dieu" dans la philosophie sans les religions et sans l'université?

  • L'aléatoire

         Le côté aléatoire de la vie, des choses, de tout ce qui arrive -ou n'arrive pas- c'est peut-être la seule et vraie justice en ce monde... Même si cette justice, cette "sorte de justice" si je puis dire, se révèle parfois "assez injuste"...

    Dans ce qu'il y a de plus courant, de plus habituel, en fait, ce n'est ni le bon ni le mauvais qui survient, mais du rien, et c'est comme un espace d'indifférence dans lequel on se sent immobile, que l'on ne cesse de devoir traverser ; et cette absence de réponse en face de nous, autour de nous, d' interlocuteurs... Ou alors, tous ces interlocuteurs qui sont bien là, présents, proches ou lointains tout autour de nous, mais comme invisibles, indifférents...

    Mais il y a aussi la possibilité réelle de ce qu'il y a de bon, qui peut survenir à tout moment ; de l'espace d'indifférence qui se déchire aussi vite qu'une couche de nuages, du rayon de soleil qui illumine soudainement notre vie, voire même change notre vie...

    Seulement voilà : il faut y mettre tous les jours des petits cailloux, sur le chemin de l'aléatoire.... Parce que... Si tu n'y mets pas des petits cailloux, c'est comme si tu ne jetais jamais de bouteille dans la mer avec un message dedans...

  • Retour de Mayotte

         Depuis un mois je n'avais point publié de nouveau billet, puisque je me trouvais, entre le 28 janvier et le 25 février à Mayotte, archipel des Comores, dans l'océan Indien, là où vit et travaille mon fils... 

    Voici déjà le récit que je fais, de mon voyage de retour : 

                                                                         2eme-copie-modifiee-retour-de-mayotte.pdf 2eme-copie-modifiee-retour-de-mayotte.pdf

    Et quelques photos, images, accompagnées de notes, de commentaires, lors de ce séjour à Mayotte : 

     

                                              http://notabene.forumactif.com/t14047-photos-sejour-a-mayotte

  • Le rapport de force

    Le vrai rapport de force, c'est le mur des peuples...

    Des peuples non pas en armes mais partout debout dans le monde, les yeux regardant droit devant et jamais un seul instant baissés, les bras jamais croisés dans l'attente de ce qui peut tomber du ciel -soleil pluie grêle ou vent- mais tendus et les mains pétrissant la pâte ; exerçant une pression croissante vers l'espace central du cercle infernal où se tiennent retranchés ceux qui tiennent les fusils, l'argent, les marchés, les dividendes d'actions, les promesses scélérates et ce pouvoir de domination qu'ils ont sur le monde.

  • L'écrit, la parole

    L'écrit devrait se faire parole et la parole devrait se faire écriture.

    L'écrit qui n'est point parole ou la parole qui ne se fait pas écriture, c'est comme une flûte à laquelle il manque les trous : il n'en peut sortir, tout au bout de la flûte, que le son produit par la bouche du souffleur, un son se frayant un passage à l'intérieur d'un tuyau, ce tuyau qu'est alors la flûte sans trous...

    Mais, soit dit en passant, sur la flûte avec des trous, encore faut-il poser ses doigts sur tel et tel trou pour faire de la musique, sinon les trous ne servent guère à grand chose...

  • Le pot de chambre au dessus de l'armoire

         Bousculer l'ordre établi en soi, c'est encore plus difficile, et moins "courant" on va dire, que de bousculer l'ordre établi autour de soi...

    C'est pourquoi, il n'y a jamais de véritable et durable révolution...

    En général, pour ne pas dire quasiment sans exception, bousculer l'ordre établi en soi, lorsque toutefois cela se pratique (et cela ne se pratique pas souvent), c'est une forme de supercherie...

    Mais l'on ne voit pas que c'est une supercherie, et l'on n'imagine pas soi-même un seul instant, d'ailleurs, que c'est une supercherie...

    En politique, en économie, en société, en relation, en communication, en tout ce que l'on dit, écrit, en tout ce que l'on fait ; en "regard sur les gens et sur le monde", en regard sur telle ou telle personne en particulier, en engagement ou en désengagement... Autant de fois que l'on fait sauter et se retourner la crêpe, il y a toujours quelque part, une chiotte dont la chasse ne fonctionne plus, un oeuf éclaté comme un soleil ou la naissance d'une étoile, un étrange petit toutou à barbiche qui pisse en l'air en faisant croire que c'est sa queue qu'il lève, un pot de chambre au dessus d'une armoire donnant envie au visiteur de déféquer toute sa vie dedans... Mais alors le pot de chambre au dessus de l'armoire, tout empli de la vie du visiteur, ne trône que pour péter à la vue des autres visiteurs de passage, son ventre bien rebondi et couvert de tatouages...

  • Dassault blanchi, Dieudonné interdit

    Dassault blanchi, Dieudonné interdit...

    Cela m'inquiète au plus haut point pour l'avenir dans les années qui viennent et jusqu'à quand et jusqu'où ?

    L'avenir dans le climat social (qui n'évolue pas vers la paix sociale), pour la liberté d'expression, pour la démocratie (qui déjà n'existe pas vraiment et qui "en prend de plus en plus dans la gamelle")...

    D'un côté ce que l'on combat ou prétend combattre "haut et fort" avec force lois, force décisions judiciaires, administratives et le tout médiatisé et faisant l'objet de commémorations, de cérémonies, de discours officiels, de dispositions prises par des autorités gouvernementales et autres... Et d'un autre côté, ce qui, tout ce qui, précisément combattu, ne cesse d'occuper l'espace public, de radicaliser des sensibilités et en définitive finit malheureusement par s'imposer dans l'esprit d'un grand nombre de gens, et par "promouvoir" par contre coup, ces "fauteurs" que sont ceux qui "contreviennent" jusqu'à les élever au statut de martyr, de victime, de héros ! L'on en arrive à l'effet contraire, c'est à dire que ce qui est combattu et que l'on étouffe, se met à prospérer de plus belle, à se manifester au grand jour, à défier toute autorité, et même à séduire, à attirer encore plus de gens...

    ... Dassault blanchi, c'est penser, laisser penser que, pour peu ou beaucoup que l'on contribue à "développer l'économie" on a le droit de faire ce qu'on veut dans l'impunité totale, sans être le moins du monde inquiété par le fisc, par la justice... Autrement dit si tu es puissant et "incontournable" tu as tous les droits ! (Evidemment, Dassault comme chacun sait, ce sont d'immenses empires économiques industriels et financiers qui emploient des dizaines de milliers de gens en France et dans le monde, et qui contribuent pour un pourcentage non négligeable à faire tourner la boutique France)... Alors, vu les enjeux, on ferme les yeux et tant pis pour certaines choses pas très claires voire scandaleuses, on ne "poursuit pas", on "blanchit"... Et cela dans une solidarité de classe politique, au sénat et à l'assemblée nationale, droite et gauche confondus, sans le moindre "état d'âme" !

    ... Dieudonné interdit, c'est donner à penser, à forcer de penser (un peu comme autrefois le maître d'école tapait sur les doigts du mauvais élève avec une règle en fer) que, parce qu'il est proscrit par la loi de tenir des propos antisémites, ou racistes, ou homophobes (ce sont là les questions les plus sensibles de toute évidence) on peut alors interdire, jusqu'à interdire à vrai dire,  un spectacle n'ayant pas encore commencé, et qui a été prévu tel jour, organisé ! Interdire en invoquant, en l'occurrence pour le spectacle de Dieudonné, des propos de nature antisémite répétés et pour lesquels il y avait déjà eu des condamnations, des poursuites judiciaires...

    Autrement dit nous sommes en présence d'une autorité d'état qui se sert d'un fait avéré sur lequel on peut effectivement s'appuyer, pour "créer un précédent" (lequel "précédent" sera de toute évidence dans l'avenir, comme une "porte ouverte" à toutes sortes de dérives, d'abus, de justifications possibles, et donc, adieu à plus ou moins long terme la liberté d'expression !

    C'est cela qui m'inquiète, à vrai dire me fait peur, terriblement peur... (En ce sens, je suis sûr que tous les artistes, tous les écrivains, tous les créateurs, partagent mon inquiétude et ma peur)...

    Je suis persuadé que si Dieudonné, au lieu de s'en prendre aux Juifs et à Israël dans une optique pro palestienne, s'en prenait aux arabo-musulmans dans une optique celle là, pro sioniste (dans un  renversement d'opinion) alors les gouvernants actuels agiraient de même...

    En revanche, si Dieudonné s'en prenait aux athées, aux vrais laïcs, aux catholiques et aux protestants, là, le gouvernement actuel fermerait les yeux ( il est vrai que les athées, les laïcs, les catholiques et les protestants ne sont pas, ne sont jamais, un "sujet aussi sensible" ou considéré sensible, que l'homophobie, l'antisémitisme et le racisme)...

    Je déplore que, à travers puis ensuite au delà de cette "affaire là", l'on fasse d'un Dieudonné (ou d'un autre personnage controversé) un "martyr", un héros, une victime (qui passera à la postérité et dans le "panthéon des Grands", alors même que ce serait immérité et abusif - mais là, les juges seront les générations de demain dans un ou deux ou trois siècles)...

    ... La seule "satisfaction" -si je peux dire- (et là quand je dis "satisfaction" il s'agit là d'une réaction "purement épidermique") que j'ai eue en apprenant hier soir à 18h 45, la décision du Conseil d'Etat, c'est en pensant à tous ces gens agglutinés depuis des heures devant les grilles du Zénith, qui "en sont pour leurs frais", ont dû  poireauter inutilement (j'eus souhaité une pluie diluvienne, un froid féroce...)... "bien fait pour eux, à tous ces gens!" (en principe quand on va voir un spectacle d'un tel, c'est qu'on aime, qu'on adule, ce un tel )...

    ... Cela dit, tout cela dit, je me dois encore de préciser ceci :

    -L'humoriste Dieudonné, avant que l'on ne parle de lui comme on en parle depuis quinze jours, avant qu'il ne fasse la Une des médias, je ne le connaissais pas, déjà pour une bonne raison, c'est que je suis nul, archi nul en actualité people, et qu'à ce titre, je ne me suis jamais soucié de l'existence de ce personnage, que jamais ou très rarement je regarde à la télé une émission de divertissement variétés show... Je ne savais même pas à quoi il ressemblait (il a fallu que j'aille voir sa photo sur internet en recherche, wikipédia et autre)...

    -Je ne me sens guère qualifié (et encore moins autorisé) pour mettre en cause son talent, sa facture en tant qu'artiste s'il y a ou non, puisque je n'ai jamais assisté à aucune de ses représentations, puisque je n'ai aucune connaissance en vérité de tout ce qu'il produit sur la scène... À ce sujet, je pense que ce sont les générations futures, dans l'avenir, qui pourront peut-être juger, apprécier si oui ou non il doit être considéré comme un grand artiste ou au contraire un personnage de "seconde zone", et qui pourront donc lui donner la place qui devra être la sienne, ni plus ni moins, une grande importance ou non...

    -Ces gens dont je dis que "c'est bien fait pour eux" d'avoir dû poireauter des heures devant les grilles du Zénith (et c'est là ce que je ressens, je le souligne, "épidermiquement parlant") eh bien ces gens là, oui, je ne sais pas qui ils sont, et si le hasard faisait qu'un jour j'en rencontre, de ces gens, sans que je sache s'ils se trouvaient ce jour là devant les grilles du Zénith... S'il y a quelque chose dans leur regard, dans la réalité intime et profonde de leur être, dans leur comportement, dans leur visage, qui m'interpelle, m'émeut ou m'intéresse (et ferait que j'aurais envie de les connaître ou d'avoir avec eux un contact, une relation)... eh bien, je ne me demanderais pas si oui ou non, ils peuvent être des admirateurs de Dieudonné... Car au delà de tout ce qu'on peut ressentir, même très fortement, au delà de tout ce qu'on peut juger, critiquer, au delà de toute colère, de toute violence spontanément surgie... Il y a ce qui apparaît au delà du visible dans une dimension qui n'est plus celle dans laquelle nous pensons, nous agissons, nous sentons, nous percevons, nous nous comportons, nous regardons habituellement...

    Nous sommes en effet, quasiment en permanence dans notre vie, soumis naturellement à une force de gravitation, d'attraction, de laquelle on ne peut se soustraire ou se délivrer, et qui nous fait voir, sentir, penser, agir, nous comporter, rivés au "plancher des vaches"... Ou à la limite pourrais-je dire, sur le "plancher de la nacelle d'une montgolfière, à peine plus haut que le toit d'une maison, que la cime d'un arbre au dessous de nous...

  • Ces Grands Immortels, suite ...

    ... De tous ces "Grands Immortels" (écrivains, acteurs, chanteurs...) qui ont traversé le 20 ème siècle et dont certains, rares à vrai dire,  sont encore en vie en 2014 ; ceux qui m'ont le plus impressionné, pour lesquels j'ai toujours eu une prédilection, une préférence, et qui en moi ont fait vibrer une corde sensible (en général mais pas toujours forcément cependant) ; ce sont ceux qui sont "sortis de rien", qui furent des enfants de pauvres ou d'immigrés, et qui au début et durant une partie de leur vie, de leur jeunesse, ont mangé de la vache enragée, inconnus, rejetés qu'ils étaient, et sur lesquels aucun producteur, aucun éditeur, aucun réalisateur ne misait... Jusqu'au jour où enfin, ils ont réussi à émerger, de quelque cabaret parisien, de quelque scène, ou par quelque premier livre écrit, remarqués puis introduits dans le milieu par un personnage influent, un autre artiste, écrivain, homme de cinéma, de théâtre, producteur... Et que commençait pour eux, une plus ou moins longue ascension vers les sommets de la gloire...

    On ne peut pas dire que ceux là, de ces "Grands Immortels", soient légion ! Mais ce sont bien ceux là (et en ce sens je suis sûr que beaucoup de gens me rejoignent) pour lesquels j'ai, disons, une nette préférence, une plus grande admiration voire vénération...

    Mais je le répète : "pas forcément toujours", parce qu'en fait, la personnalité, la vision du monde, la dimension humaine, au delà et indépendamment du talent réel, tout cela entre pour partie dans cette prédilection, dans ce ressenti que je peux avoir...

    Cela dit, je pense à tous les "autres" : ceux qui sont ou furent des "fils et des filles de ... " et dont les parents sont du milieu, dont le père ou la mère est, était déjà un "Grand Immortel", un artiste, un acteur célèbre... Ceux là, sont nés dans la place on va dire, et d'emblée ils ont baigné durant leur enfance puis leur adolescence sous les feux de la rampe et leur environnement c'est celui dans lequel vivent leur père ou leur mère et parfois leurs deux parents ensemble. Ils ont fait forcément, comme un train sur des rails, l'école qui correspondait au mieux à la voie qu'ils cherchaient, que ce soit dans le cinéma, le théâtre, la scène, la chanson, l'humour ; et, même s'ils ne se sentaient pas destinés comme leur père ou leur mère à suivre le même chemin dans la même voie, ils ont pu "se faire" dans un autre domaine, différent de celui de leurs parents...

    Et là, en disant ce que je dis, il me vient une question, une question sensible on va dire :

    "Comment un fils de..., une fille de..., un né dans le milieu avec tout l'environnement favorable et pour... S'assume-t-il lui-même, conscient qu'il ne peut qu'être, de sa condition de fils de..., de fille de..." ?

    J'imagine (ou je pressens) que "cela ne doit pas être évident", d'être le fils ou la fille d'un "Grand Immortel", d'un grand artiste ou écrivain ! Pas évident de devoir s'assumer en tant que tel, conscient du fait que sans le succès du père ou de la mère, sans l'environnement pour, il en  aurait été tout autrement, sans doute rien de tout cela, une traversée de  désert, un "no man's land" d'anonymat, d'insuccès, de non reconnaissance, d'indifférence... Et j'essaye d'imaginer ce qui peut alors être ressenti par cet "héritier bénéficiaire" on va dire...

    Qu'en pensez-vous ? Y avez-vous déjà pensé ?

  • Un vent musiqué qui fouette le visage

    Il était une fois un trou du cul qui pensait...

    Et pour un trou du cul, aux dires des trous de bec bien dessinés... Penser c'est un péché, cela pue et dérange!

    Au lieu de vous péter un fa dièse bien naturel dans une réunion mondaine, ça vous fait un vent musiqué de prose qui vous fouette le visage.

    Peut-on étrangler un trou du cul qui pense? Le boucher d'un suppositoire afin qu'il ne fasse que des la mineur, le planter sur un vélo sans selle afin qu'il largue ses vérités dans le tube et n'empêche pas de pédaler?

    Un trou du cul qui pense ça fait perdre aux cervelles le sens des points cardinaux.

    Un trou du cul qui pense ça gêne les trous du cul ordinaires qui pètent avec le cul des autres...

    Un trou du cul qui pense ça se laisse pas forcément baiser sur des couchettes de première classe...

    Un trou du cul qui pense ça n'a pas de religion, ça pète sur la politique et sur la morale et c'est moins hémorroïdé qu'un trou du cul qui se prend pour une cervelle.

    Un trou du cul qui pense ne laisse souvent rien d'autre à son notaire que la peau dont il est fait... 

  • Ah, ces Grands Immortels !

    ... De la chanson, et de cette époque "mythique" du milieu du siècle dernier, en gros de 1950 à 1970... !

    J'ai regardé hier soir sur France 2, l'émission spéciale en hommage aux crooners des années 50, et en particulier dans la première partie de l'émission, à Paul Anka, aujourd'hui âgé de 72 ans, né le 30 juillet 1941.

    Paul Anka, dont je me souviens de la photo sur pochette de disque 45 tours en 1958 quand j'avais dix ans (et lui 16) : il débutait et déjà ses disques se vendaient "comme des petits pains" !

    À cette époque je vivais à Tunis avec mes parents, et ma mère toutes les semaines achetait le dernier "tube" à peine sorti, le dernier 45 tours à succès... C'est ainsi que la chanson "Diana", de Paul Anka... et que d'ailleurs bien d'autres, de cette époque "mythique" de tous ces "Grands Immortels" de la chanson, de la musique, du matin jusqu'au soir si ce n'était parfois du soir jusqu'au matin ; emplissait et embellissait les jours vécus, des jours qui passaient chacun d'entre eux comme  de petites vies entières, des vies qui avaient un sens, une profondeur, une continuité, une âme...

    ... Tous ces "Grands Immortels", de la chanson, de la littérature, de la musique, du cinéma, du théâtre... De ces années du milieu du siècle dernier, jusque vers 1970 (et par extension ou prolongement jusque vers 1980)... Plus de cinquante ans après pour ceux des années 1950/1960, on les écoute encore, on les "ressort", on produit des extraits, des passages de toutes ces émissions de radio et de télé dans lesquelles ils sont passés ; et les écrivains on continue de les lire, et les acteurs, les comédiens on voit encore leurs films que l'on ne cesse de repasser d'une année à l'autre...

    Et même dans les soirées de fêtes de mariage, d'évènements familiaux, dans les bals musette, les bals populaires, les soirées animées avec repas et danse des associations, partout dans toutes les bourgades de France et d'ailleurs, l'on repasse, rejoue, interprète et réinterprète tous les "grands succès" de cette époque mythique qui s'étend en gros, de l'après guerre jusqu'aux "années sida"...

    C'est dire, déjà seulement dans le monde de la chanson et de la musique, l'immense richesse, pour ne pas dire l'apogée, le "summum" dans le genre!

    Et il en est de même, dans le monde de la littérature, du cinéma...

    Je pense aux gens de ma génération (ou "à peu près", à dix ans près en plus ou en moins) qui ont vécu leur enfance et leur adolescence dans l'atmosphère et avec la présence virtuelle mais comme réelle, de ces "Grands Immortels" : nous avions là chaque jour dans nos petites vies ordinaires telles qu'elles étaient, avec les copains les copines, les parents la famille, l'école, les fêtes les vacances la colonie la plage le centre aéré, les bals du 14 juillet la fête du bled... Comme des repères, des repères "forts", inaltérables, et cela impulsait nos rêves, nous motivait dans ce que l'on entreprenait...

    Et, plus que ce désir inassouvi -et lancinant- de visibilité, de célébrité, de gloire, qui, il faut le dire, était plus ou moins en nous ; il y avait ces "repères", ces "valeurs sûres", ces "idoles", ces personnages mythiques dont on accrochait la photo dans nos chambres... et qui incarnaient à leur manière tout ce dont nous rêvions, que ne nous pourrions sans doute jamais atteindre mais qui entrait cependant dans nos vies, nos vies telles qu'elles étaient avec nos chagrins, nos enthousiasmes, nos passions, nos amours,  nos déboires, nos petits drames et parfois le succès que l'on parvenait à avoir en "s'existant" auprès des copains des copines ou de tout le village ou de tout le quartier...

    ... Peut-on "en dire autant", pour les générations nouvelles, celles de maintenant, des années 2000, des années 1990, qui vivent leur enfance, leur adolescence, et n'ont plus tout à fait les mêmes "repères" ?

    Est-ce que par exemple, ces jeunes auteurs et écrivains  trentenaires, ces jeunes chanteurs, rappeurs, musiciens dans quelque groupe ; et d'une manière générale tous ces personnages hommes ou femmes jeunes ou moins jeunes, artistes, comédiens, etc... que l'on voit le samedi soir à "on n'est pas couché" ou dans des émissions télé de divertissement ou de télé réalité... Est-ce que tous ces gens là, oui, aujourd'hui peuvent être des "repères" forts", inaltérables, représenter des choses en nous en lesquelles on croit, auxquelles on rêve?

    Il me semble aujourd'hui que c'est le désir de visibilité, de célébrité, de performance, qui l'emporte... Et cela le plus rapidement possible.

    Avoir par exemple, des centaines d'"amis" sur Facebook, un blog visité par mille personnes chaque jour, faire un bouquin comme on fait un gâteau pour un anniversaire entre copains...

    Tout cela me semble pauvre et me rend nostalgique, moi qui précisément et actuellement, ne veut pas se laisser envahir par la nostalgie, cette nostalgie que j'assimile plus ou moins à une sorte de "paradis perdu tant regretté" (et qui finit mine de rien par te rendre ennemi du présent, inaccessible à ce qui va émerger dans l'avenir)...

    En dépit de tout ce que je peux ressentir (et que je ressens vraiment très fort), j'ai quand même de l'espérance, à dire vrai une véritable foi en l'avenir, en les nouvelles générations, et, ces visages qui ne sont pas encore nés, je les aime déjà... Je les rêve, je les imagine, je voudrais être avec eux, leur parler, les voir, savoir ce qu'ils vont attendre de la vie...

  • Le pernohel

    Une bordée de flèches sur le renne de tête du Pernohel

    Le convoi part à la dérive dans les cieux glacés

    La hotte du Pernohel dégringole avec sa tonne de joujoux

    Le Pernohel ouvre son parachute

    Il descend lentement

    L’on ne voit qu'un gros derrière en chute libre

    Un gros derrière tout barbouillé de chocolat au lait

    Qui va puer le nez haut levé des enfants bien élevés assis sans bouger

    Un gros crachat véreux bien gras bien vert sur la motte de beurre d’escargot qui déborde d’un grand plat ovale au rayon charcuterie d'Intermarché

    Une mouche crevée sur le canard à l’orange en vitrine chez Madame la bouchère

    Des crevettes qui puent le sexe sale dans leurs barquettes au rayon poissonnerie de Shopi

    Des fromages démoniaques qui tremblotent sous leur cloche sur le buffet de tati

    Le gâteau affaissé dont la crème coule sur une nappe souillée au réfectoire de la Maison de Retraite

    Visages caramélisés et Grands Immortels de la littérature et de la peinture et du cinéma

    Joujoux déglingués empilés sur le trottoir à côté des poubelles renversées dès le lendemain de la fête des Rois

    Beurre d’escargot refroidi dans les assiettes de la veille au soir et Vérités Éternelles la gueule de bois et des gargouillis dans le bide

    Canard à l'orange fleurant le beurre rance dans le frigo qui ferme plus et Sérénades Sacralisées c'est reparti mon kiki pour un tour de téterre

    Ricomdiyou ouiv' cucuse de réception au deux de l'an du voisin tatillon

    Un tracteur de gosse sans ses roues de derrière et un nounours unijambiste aux Emaüs

    Adieu à la revoyure Monsieur le Pernohel

  • Dix millions de gens

    Dix millions de gens n'a pas de visage

    Dix millions de gens c'est comme la fin turbulente et fracassée d'un océan sur une côte un jour d'été ou d'hiver

    Dix millions de gens ce sont ces meutes blanches hurlantes de visages mêlés dans les vagues qui se jettent sur la plage un jour de tempête

    Dix millions de gens a-t-il une âme s'il n'a pas de visage

    Dix millions de gens n'a pas de visage

    Mais dix millions de gens ça peut bander à la vue d'un seul visage sur un écran de télé ou d'ordinateur ou de smartphone

    Mais la bandaison c'est comme un ballon de gosse qui se gonfle puis éclate

    Et ne demeure suspendu au bout de dix millions de gens

    Qu'un petit bout de caoutchouc fripé

  • La porte étroite

    La porte du bonheur est une porte étroite, chante Jean Ferrat

    Et cette porte si étroite est comme le film encore plus fin et plus transparent que le film de plastique qui recouvre un pot de confiture

    Et le film est un passage entre deux mondes

    Et comme ce film nous ne le voyons pas

    Nous croyons être dans le même et unique monde

    L'artiste le poète ou l'écrivain nous fait passer par les mots par l'image

    Ou encore par des figurines ou des objets confectionnés

    Dans l'existence du monde que l'on ne voit pas

    Mais cela ne veut pas dire que seul l'artiste le poète ou l'écrivain

    A ce pouvoir de nous faire passer de l'autre côté du film transparent

    L'artiste le poète ou l'écrivain n'est pas une exception culturelle

    Car tout être vivant a une lumière en lui

    À vrai dire des éclats de lumière

    Qui reconstituent le puzzle de la lumière

    Devenant le film transparent et traversable

  • Existence

    Exister

    S'exister

    Être existé

    Exister c'est être comme la fleur qui devient cerise sur la branche du cerisier

    S'exister c'est quand tu te mets une boule rouge sur le nez et que tu fais un numéro de clown sur la place publique devant cinquante spectateurs

    Être existé c'est être comme l'écolier dont le dessin a été accroché au mur de la classe par la maîtresse

    Mais en vérité

    Exister et s'exister sans être existé c'est ce qui arrive à beaucoup d'entre nous