Articles de yugcib

  • Trous noirs et gerbes de lumière

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    ... Nous sommes tous faits de trous noirs de diverses dimensions mais également de gerbes de lumière de tout aussi diverses dimensions...

    Ainsi est cet immense espace que celui de notre être tout entier, lui même partie de l'espace de tout ce qui est, a été et sera... Et nous devons apprendre à gérer cette combinaison si complexe, si étonnante, mais néanmoins unique en son genre et n'existant qu'une seule fois dans le vaste espace temps, faite de trous noirs et de gerbes de lumière...

    Parfois il arrive que des sortes de quasars, venus on ne sait d'où, viennent perturber cette combinaison complexe, et cherchent à éviter ces trous noirs ou, plus souvent, les bottent d'un trait de feu ; quasars régulateurs -ou veilleurs-  qu'ils sont ou semblent être, et sans lesquels cependant l'espace que nous sommes chacun de nous, ne serait point, ainsi d'ailleurs que l'espace de tout ce qui est...

    Les gerbes de lumière, elles aussi, subissent les assauts des quasars, lorsque ces quasars se voudraient lumières plus vives... ou plus dévorantes.

  • Deep Impact, film catastrophe, de Mimi Leder

     … Sur France 4, dimanche 13 octobre 2013.

         Avec Tea Leoni dans le rôle de Jenny Lerner, une journaliste ; Elijah Wood dans le rôle de Leo Biedman, un jeune de 14 ans ; Robert Duvall dans le rôle de Spurgeon Tanner, le chef de l'équipe d'astronautes à bord du vaisseau devant intercepter la comète ; Vanessa Redgrave dans le rôle de la sœur de Jenny, Robin Lerner ; et Morgan Freeman dans le rôle du Président...

         Pour une fois (cela m'est d'ailleurs déjà arrivé) excusez moi mais je vais "faire dans la simplification" en ce qui concerne le cinéma Américain... (Reconnaissons tout de même, soit dit en passant, que certaines "simplifications" ont "leur raison d'être" -si l'on peut dire- et que les "gens ordinaires" dont je fais partie, versent volontiers dans la simplification lorsque cette simplification "caresse tant soit peu dans le sens du poil") (rire)...

    Le cinéma Américain donc, est en grande partie axé, soit sur des thrillers ultra pétants gros flingues grosses bagnoles intrigues compliquées grands effets spéciaux... Soit -à contrario- sur des productions à grande émotion avec un peu de rêve et de romantisme à deux balles enrichi, avec en toile de fond Dieu, des valeurs morales et chrétiennes, le ou les grands héros qui sauvent le monde, personnages ultra charismatiques et, inévitablement (et là "on est aux anges") la jeune femme ultra chic ultra classe qui joue toujours l'un des rôles majeurs, et qui bien sûr n'est pas une baiseuse, a un ami ou un mari "très bien", avec un ou deux enfants qui ont une maturité surprenante...

    Voilà, en gros, "pour simplifier", le cinéma Américain... Et, "ça prend toujours" ces trucs là ... C'est fou ce qu'on se laisse caresser dans le sens du poil !... Ce qui induit mine de rien, surtout si l'on n'y réfléchit jamais, cette inclination quasi instinctive à se référer à un "modèle de pensée", un modèle pour un sens du monde, un sens de la vie, avec des repères, des certitudes confortables et rassurantes, un "canevas" tout prêt posé dans lequel il ne reste plus qu'à faire courir le bout de l'aiguille le long des traits de guidage...

    En l'occurrence, dans ce film "époustouflant super émouvant où l'on tremble d'effroi" la "jeune femme chic" est Jenny Lerner, une journaliste, incarnée par la comédienne Tea Leoni ; dont la soeur plus âgée, Robin Lerner, est "tout aussi chic et classe"... (un fameux duo, il faut bien le reconnaître)...

    À noter aussi que le film ayant été produit en 1997 (donc bien avant l'arrivée de Barak Obama à la présidence des Etats Unis d'Amérique), par une sorte de "prémonition un peu évidente à dessein" , le réalisateur Mimi Leder choisit comme acteur pour représenter le Pésident Beck, le comédien Morgan Freeman (je lui trouvais un petit air de Sidney Poitier) qui est un Noir... Et justement, pour "bien faire dans la mesure" voilà-t-il pas que le Président, aux moments les plus graves pour l'avenir immédiat du monde, prononce une allocution qui se veut réaliste, philosophique, pratique, responsable, qui "appelle un chat un chat", et dans laquelle il invoque Dieu, les valeurs morales et chrétiennes, mais aussi fait preuve d'une grande fermeté...

    Je m'attendais dans ce film, à voir les humains complètement déboussolés, aux prises avec leurs passions les plus viles et les plus basses, une violence terrible, des scènes de pillage et d'horreur, une panique monstre, des effets spéciaux époustouflants (il y en a quelques uns c'est vrai mais ça reste modéré)... Mais en réalité on n'est pas dans ce "shéma là", pas du tout... La majeure partie du film ce sont des scènes qui se passent dans les quartiers généraux décisionnels, à bord du vaisseau spatial qui emporte l'équipe chargée de détruire par des charges atomiques la comète géante de 11 km de diamètre qui va atteindre la Terre... L'on voit des images très bien faites de la surface rocheuse et déchiquetée de la comète, le passage du vaisseau spatial dans la chevelure de la comète, la pose des charges... L'échec de la mission... (ils ne réussissent qu'à couper la comète en deux, un petit et un gros morceau)...

    Et seulement à la fin du film, la vague géante de 30 m de hauteur qui submerge toute la côte Est des USA ( un morceau de 2 km de diamètre qui tombe dans l'Atlantique Nord)... Et, "miracle" si l'on peut dire, le "gros morceau" de la comète, celui de 10 km de diamètre, est intercepté, détruit in extrémis quatre heures avant l'impact, par les cinq dernières charges atomiques encore à bord du vaisseau, lequel vaisseau a pu suivre dans son retour vers la Terre la trajectoire de la comète...

    Le dernier discours du Président était particulièrement pathétique (on ne savait pas encore que l'équipage du vaisseau avait survécu) et il expliquait au monde entier que ça se passerait comme il y a 65 millions d'années lors de la disparition des dinosaures quand une météorite géante avait frappé la Terre...

    Mais le "miracle" se produit... Bien sûr il y a des dizaines voire des centaines de millions de morts sur toute la planète, rien qu'avec l'impact du plus petit morceau, mais la planète est sauvée... Et "une nouvelle civilisation peut commencer"...

    Cette œuvre me semble tout de même, quoique tout aussi « emblématique  du cinéma Américain », d'un niveau « un peu au dessus » de tout ce qui est produit bon an mal an, dans le même genre « émotion aventure science fiction romantisme à deux balles grandes valeurs morales et chrétiennes »...

  • Religions et créationnistes

         Des créationnistes, je crois qu'il faut distinguer d'une part ceux qui « croient dur comme fer » que L'Homme vient directement de Dieu, créé par Dieu, et que la Femme a été créée par Dieu à partir d'une côte d'Adam, le tout premier Homme sur la Terre... Et d'autre part ceux qui croient effectivement que Dieu a créé le monde, mais par la vie, la vie venant de la Terre, de l'univers, des étoiles... C'est à dire que tout cela, la vie, la Terre, l'univers, les étoiles, est l'oeuvre de Dieu dans un processus de création depuis une origine (l'origine même du processus)...

    Si l'on se place du point de vue de ceux qui pensent -et croient- que Dieu a créé l'Homme par la vie, et qu'avant la vie, Dieu avait créé le cosmos, l'univers, la Terre... Alors "ça change tout"...

    "Cela change tout" parce que cela -dans une certaine mesure- (non négligeable), justifie que des scientifiques, que des gens "de connaissance, de progrès technique, que des chercheurs, que des géographes, que des historiens et que des intellectuels en général, soient des croyants...

    En effet, les gens "de science et de connaissance" qui sont croyants, et, soit dit en passant, la plupart des personnes, de gens "ordinaires" croyants, qui tous, ont été à l'école puis au collège puis au lycée et ont fait ensuite pour certains des études supérieures pour devenir des enseignants, des cadres, des chefs d'entreprises... En effet oui, tous ces gens là que je viens de citer et qui sont croyants, disent tous (ou peuvent dire) en gros, "que ce que l'on lit dans la Bible en particulier dans la Genèse, c'est allégorique, c'est symbolique, c'est une image...

    D'ailleurs pour les Chrétiens dans leur ensemble (tradition catholique ou protestante "classique") c'est le Nouveau Testament qui est pour ainsi dire la base même du Christianisme... Or, le Nouveau Testament est avant tout "une philosophie" de la relation humaine, c'est "la loi nouvelle" telle que Jésus, le Christ, l'a enseigné aux hommes et aux femmes et aux enfants de son temps au début du premier siècle de l'Ere donc, Chrétienne...

    Ainsi, pour les Chrétiens, l'Ancien Testament et toute la Bible depuis la Genèse jusqu'à Jésus, n'est qu'en "arrière plan", ou du moins ne constitue pas la seule base du Christianisme.

    Sur le plan de la science pure, de la connaissance pure, au point où nous en sommes actuellement, les plus grands chercheurs, les plus grands spécialistes et savants reconnaissent les limites de la science, de la connaissance...

    Si l'on ne peut nier ce qui a été découvert, mis à jour, et qui est une réalité, l'on ne peut que, dans un esprit de recherche, d'expérimentation, de réflexion, découverte après découverte, "aller toujours plus loin, plus en avant" dans la Connaissance, c'est à dire continuer à "dérouler le fil" fût-ce au prix des difficultés, du travail, de la recherche, que cela représente...

    L'esprit humain dans son stade actuel de développement, ne peut concevoir "qu'avant, il n'y ait RIEN" ... "qu'est-ce que RIEN" ? Et d'autre part, "depuis toujours" ça ne veut rien dire (comment "toujours" peut-il avoir été et peut-il être?)...

    J'ai dans l'idée que des croyants doivent se demander "et Dieu, d'où vient-il lui-même? Est-ce qu'il s'est lui-même créé, et à partir de quoi?"

    C'est "difficile"... je sais, cette question de "Dieu/pas Dieu, foi/pas foi"... Toutes ces questions de religion, de croyances, de traditions, et ça fait salement monter la mayonnaise qui, touillée à l'extrême, avec violence et détermination, finit par te sauter au visage et à te boucher les yeux...

    ... J'attends de pied ferme la réaction éventuelle des créationnistes purs et durs qui affirment que Dieu a créé le monde, et l'homme et tout ce qui vit sur la Terre, etc. Et la femme sortie d'une côte d'Adam, et l'homme qui ne serait finalement sur Terre QUE depuis 6000 ans...

    Je les attends de pied ferme ! En particulier Sarah Palin (qui était candidate à la présidence des Etats Unis d'Amérique en 2008, pour le "Tea Party", ces gens « fous de dieu, de morale chrétienne style le Bien contre le Mal, et de créationnisme à imposer dans les écoles »)...

    Comme "argument massue" ils disent tous, les créationnistes, que "tout ce que les historiens et les scientifiques racontent, publient, enseignent, ce ne sont que des hypothèses"... Et ils font fi des découvertes scientifiques, ils nient la science, ils nient la technologie pourtant très au point aujourd'hui de la datation...

    Et je pose cette question aux scientifiques, aux intellectuels croyants, Chrétiens, Musulmans et Israélites : "Comment intégrez-vous le premier chapitre de la Genèse, le Coran sur la création du monde, dans votre culture scientifique" ?

    "Comment gérez-vous la contradiction flagrante entre les récits de la Bible et du Coran sur l'origine du monde, et les découvertes scientifiques ?"

    ... Dans l'esprit d'un certain nombre de créationnistes, les « jours » dans le passage de la Genèse (du début) où "Dieu créa le monde en sept jours"... sont « chacun comme mille ans » (le Coran dit la même chose )... Mais il y aurait, pour que cela puisse « coller » si l'on peut dire, à la Science, toujours dans l'esprit créationniste, cette interprétation : les jours seraient des périodes de temps non défini, autant dire des ères géologiques...

    De même, en ce qui concerne la création de l'homme par Dieu, il est écrit que "l'homme fut tiré de la terre, de l'argile, de la substance même du sol" , c'est à dire, toujours si l'on se place du point de vue scientifique, "des éléments qui constituent la terre, l'argile"... Et donc, dans ces éléments, il y a nécessairement "les briques de la vie", les composantes de base pour la vie sur Terre... (et éventuellement sur d'autres planètes)...

    ... Vu sous cet angle, sous cette approche, l'ultra simplification (le texte même de l'Ecriture, de la Genèse tel qu'on le lit mot pour mot) est bien une image pour expliquer ce qui en fait, est très complexe (mais à la portée des scientifiques en fonction de leurs connaissances acquises...

    Autrement dit, le commun des mortels devrait se contenter de l'ultra simplification (selon les religions) ; de cette simplification qui a servi de "modèle" (ou de canevas) durant des siècles, et que d'ailleurs des gens dans le monde actuel acceptent encore...

    ... J'ajoute encore qu'une telle "ultra simplification" en ce qui concerne l'origine du monde, de l'univers, du monde, de la vie et surtout de l'Homme... Constitue un véritable scandale, car elle verrouille d'emblée, tout accès à la Connaissance, et qu'elle maintient les gens qui n'ont donc pas accès à la Connaissance, dans l'ignorance, dans la soumission, dans la fatalité... Et c'est d'ailleurs l'ignorance orchestrée par la soit disant "intelligence" de quelques uns, qui est à la source de tous les conflits, de toutes les violences, de toutes les intolérances, de tous les parti pris...

    Cette "soit-disant intelligence" des uns, est une intelligence de la domination, afin de s'approprier les biens de ce monde... Voilà pourquoi les Eglises, toutes les Eglises, de quelque doctrine, de quelque obédience qu'elles soient, Chrétiennes, Musulmanes, Judaïques, sont toutes complices et parties prenantes du grand ordre mondial instauré depuis la fin du Néolithique par les Humains"...

    La "vraie" intelligence est une force naturelle, intemporelle, qui se manifeste telle une énergie, une énergie engendrée par l'univers, par ce qui compose l'univers à travers tous les éléments constitutifs,  c'est à la fois une physique et une chimie avec des réactions, de l'interaction, de la relation...

    Ce qui serait intéressant -mais on n'y est pas encore arrivé- ce serait de pouvoir établir un historique le plus lointain possible des particules élémentaires, comme en déroulant le fil d'une bobine dont ne peut appréhender la dimension...

  • Le festival international de géographie à St Dié Vosges

         Depuis son origine, sa création en 1990, à Saint Dié dans les Vosges, le Festival International de Géographie draine depuis déjà quelques années, bon an mal an, environ 50 000 personnes venues de toute la région Lorraine, ainsi que d'autres régions de France et  d'autres pays, et cela durant quatre jours chaque année du premier jeudi jusqu'au premier dimanche du mois d'octobre (à moins que le jeudi précédant le dimanche ne tombe un 29 ou 30 septembre)...

    Il y a 600 intervenants (scientifiques, géographes, maîtres de conférence, presse, audiovisuel, organisateurs, invités et autres) sur 24 sites ou lieux de réunions, conférences, spectacles, expositions... 300 temps de rencontre avec le public dont 20 tables rondes (5, 6, 7 spécialistes dans un débat en face du public, lequel public peut intervenir en fin de scéance), 80 conférences ; un salon du livre avec 150 auteurs présents et plusieurs dizaines d'éditeurs nationaux ; 18 cafés géographiques, 50 heures de cinéma (films et documentaires) sur 5 jours (à partir du mercredi qui est le jour du forum des professionnels où le public est invité) avec un total de 4000 spectateurs sur les 5 journées...

    À noter également (une innovation assez récente) : une ancienne usine textile désaffectée dont le destin n'a pas été celui de devenir une friche industrielle, mais un vaste centre permanent (toute l'année) de création artistique... Bien sûr cette année 2013, investi par le FIG...

    À noter aussi (mais là c'est "moins glorieux" de la part du ministère de la Culture), que depuis 2013 (donc pour ce FIG ci) la subvention habituelle allouée a été totalement supprimée... (Par contre dans des villes de plus de cent mille habitants on subventionne plus que de raison des manifestations ayant un impact culturel et social et "planétaire" dirais-je, bien moins essentiel, que le Festival International de Géographie)... Saint Dié des Vosges n'est qu'une commune de 23 000 habitants mais à fort dynamisme culturel et artistique innovant - ce qui ne semble pas intéresser "commercialement" (ou en termes de "retombées économiques") les "Hautes Autorités Gouvernementales et Affairistes et Grands Marchés de type consommation de masse)...

    À noter enfin, car c'est encore cela qui marche le mieux purement commercialement parlant, et qui draine d'ailleurs pas mal de monde (pas tout à fait les mêmes gens que ceux qui vont aux conférences)... L'espace gastronomique et des saveurs (une véritable foire dans un grand bâtiment et ses alentours) …

    ... Le thème cette année, du FIG, était : "La Chine une puissance mondiale", et le pays invité, la Chine...

    Président : François Jullien, philosophe et sinologue ; Grand Témoin : Ivan Levaï ; invitée d'honneur : Noëlle Lenoir...

    Président du Salon du Livre : Jean Christophe Rufin.

    L'an passé, le "Grand Témoin" était... Régine Desforges ( J'avais été surpris de ce choix, pour un « Grand Témoin » de ce festival de géographie), et cette année en 2013, avec Ivan Levaï, nous sommes à mon sens, davantage dans la dimension qui convient...

    Un mot, justement, au sujet du "Grand Témoin" de ce festival 2013, qui fut Ivan Levaï :

    Ce journaliste né en 1937 aujourd'hui âgé de 76 ans, est "de la vieille école" pourrait-on dire, mais... de même envergure, de même dimension qu'un Albert Londres... "Il en a dans les tripes", vraiment, avec le langage qu'il tient, ce qu'il ose dire -à fort juste titre- et tout cela dans un discours de grand style, d'une grande profondeur de pensée, de réalisme, d'humour par moments, et d'un certain optimisme "non angélique"... Une "vision du monde", un sens de "certaines valeurs", une "philosophie" de la vie, de la relation, une manière de témoigner de ce qu'il observe, que je ne puis que partager et qui d'ailleurs recueille mon adhésion...

    ... Une réflexion encore, que je me suis faite lors d'un entretien devant un public nombreux et compact, entre Jean Christophe Rufin l'auteur de Rouge Brésil, et Alain Spire, un journaliste :

    Jean Christophe Rufin évoquait son voyage de pèlerin de St Jacques de Compostelle et disait, entre autre (je ne reproduis pas les termes exacts mais seulement en gros, le sens, le contenu) :

    « Ce n'est pas tout à fait ce que la plupart des gens croient, les chemins parcourus ne sont pas toujours des sentiers dans la montagne, en pleine nature, ni des chemins de grande randonnée du genre GR 5 ; parfois on marche durant des kilomètres sur des routes bitumées, ce n'est pas non plus cette convivialité, ces échanges, cette spiritualité auxquels les gens aspirent avant leur départ ; il y a cette réalité brute au quotidien, toutes ces petites surprises désagréables, ces aléas auxquels on ne pense pas... Et tout cela, il faut le savoir, et je le dis dans mon livre... »

    Ayant donc entendu cela, je me dis que parfois, nous nous faisons "tout un cinéma" dans la perspective d'une aventure, d'un voyage, d'une rencontre que nous allons bientôt faire, et le rêve nous vient alors d'un "monde différent" à vivre, avec des gens "pas comme les autres" c'est à dire plus ouverts, plus culturels, plus ceci plus cela etc. ... Et nous nous faisons ce cinéma dans notre tête, bien sûr, en fonction de nos aspirations profondes, de notre imaginaire, de notre sensibilité, de notre culture personnelle, et le "film" se met en place, puis nous entrons dans le film tant et si bien qu'au départ nous y croyons... Mais très vite, la réalité brute nous rattrape, nous fouette, nous cingle... Ainsi en est-il de tous ces univers, de tous ces mondes "différents", de relation, de gens même avec lesquels nous allons vivre un temps et avons rêvé de rencontrer...

    Ce qu'il m'en ressort de cette réflexion, c'est que c'est toujours et nécessairement "en connaissance de cause" qu'il faut partir, s'aventurer, "tenter le coup", aller de l'avant, choisir... Et que finalement le "film" ne pourra être que ce qui s'accomplira avec les acteurs, les figurants, les paysages, les scènes, qui y seront dedans...

    ... Un grand nombre de préjugés sur la Chine ? Oui, c'est certain.

    Mais il me paraît nécessaire dans le monde où l'on vit, en dépit de tous les paradoxes, de toutes les différences, de toutes les difficultés de relation, et surtout de la complexité du monde associée à la diversité des cultures, des modes de vie et de développement économique... Il me paraît nécessaire oui, de surmonter l'obstacle majeur à mon avis, que constitue l'existence de tous ces préjugés, de ces idées reçues et de ce qu'impliquent dans nos mentalités tant "occidentales" que "non occidentales", ces préjugés, ces idées reçues...

    ... Il faudrait déjà, dans un premier temps, ne pas perdre de vue ce qu'il est essentiel de comprendre d'un pays tel que la Chine :

    -La densité et la diversité de la population sur un territoire géographique de plus de 4000 km dans ses deux plus grandes longueurs, et d'environ 3000 km dans deux de ses largeurs nord sud... Une population qui, officiellement, avoisine 1 milliard 350 millions d'habitants, mais une population cependant concentrée pour plus de 50% dans des villes gigantesques et des régions surpeuplées autour de ces grandes mégalopoles... Ce qui veut dire que sur la moitié du territoire, soit de très vastes espaces géographiques, la population est disséminée, parfois même quasi inexistante (par exemple toute la partie nord du pays, avec les déserts du Taklamakan, d'Alashan et de la Mongolie intérieure)...

    -La géographie de ce pays : au nord d'immenses déserts et de hauts plateaux entourés de chaînes de montagne ; à l'ouest et dans la moitié de la partie centrale, le plateau du Tibet et la chaîne de l'Himalaya ; au Sud Est toute la Chine du Sud soumise à la mousson et aux tempêtes de l'océan Pacifique ; à l'Est sur 1500 km de profondeur jusqu'aux côtes, les régions les plus peuplées, là où se trouvent les grandes mégalopoles, les terres d'agriculture, l'industrie...

    -L'histoire de ce pays : elle est comme d'un seul bloc, le bloc des dynasties successives entre 221 Av JC et 1911, et constituant l'Empire du Milieu (vu aussi comme "toutes les terres sous le ciel") avec pour bases durant toute cette période, un système bureaucratique et centralisé élaboré, les rites ancestraux et chamaniques, le confucianisme, le taoïsme, le Bouddhisme, une langue écrite...

    Alors que les Amériques, que l'Afrique, l'Inde et l'Indonésie subirent dès le 16 ème siècle l'influence (et la domination) de l'Europe des Blancs et des Chrétiens... La Chine (l'Empire du Milieu) ne fut en relation avec l'Occident (l'Europe) avant le 19 ème siècle, que et uniquement par la route de la soie (terrestre depuis le milieu du 1 er siècle Av JC jusqu'au 15 ème siècle, puis maritime ensuite, par la navigation autour de l'Afrique)... Cette route de la soie était un réseau de routes commerciales, en fait de pistes multiples par lesquelles circulaient les marchandises entre l'orient et l'occident... Soit dit en passant, dans le sens Orient Occident, des découvertes chinoises majeures telles que la boussole, la poudre à canon, le papier monnaie et l'imprimerie furent diffusées en Europe.

    Les deux périodes les plus marquantes, on va dire, de l'histoire de la route de la soie, se situent la première à l'époque d'Alexandre le Grand lors de son expédition et de ses conquêtes jusqu'aux confins de l'Afghanistan actuel, et la deuxième à l'époque de l'expédition de Marco Polo vers la fin du 13 ème siècle...

    On le voit bien : la communication entre la Chine (Empire du Milieu) et l'Europe fut essentiellement marchande, technologique et culturelle, et ce, des temps anciens jusqu'au début du 19 ème siècle...

    Passé le début du 19 ème, ce sont les empires coloniaux occidentaux (entre autres et surtout l'Angleterre) qui "débarquent" en Chine et "foutent la merde" (excusez moi l'expression) dans les dernières dynasties et dans l'Empire du Milieu, avec notamment les "guerres de l'opium"... De telle sorte que pour finir, en 1911 le dernier empereur est déposé, et qu'une république s'installe avec toute une série de guerres civiles jusqu'en 1949. (Mais bon, je ne rentre pas dans les détails, il y aurait tant à dire...)

    Donc, pour conclure :

    Une population de 1 milliard 350 millions d'habitants (qui n'est pas homogène et qui est inégalement répartie, avec la nécessité d'un gouvernement fort pour gérer cette immensité, mais un gouvernement décentralisé puisque les gouvernements locaux sont puissants et agissent) ; une géographie difficile... Et une histoire dans laquelle le contact réel autre que commercial ou culturel, ne s'est réalisé avec l'Occident, qu'à partir du 19 ème siècle...

    Ce sont donc ces trois données qu'il ne faut pas perdre de vue...

    ... Pour vous donner une idée générale dans un premier temps, de ce festival ayant eu pour thème "La Chine une puissance mondiale" :

    http://www.fig.saint-die-des-vosges.fr/


    ... Mais "tout n'y est pas" loin s'en faut : les conférences et tables rondes les plus "significatives" seront intégralement reproduites d'ici quelque temps, tout comme celles d'ailleurs, des années précédentes...

  • Eteins ta lampe et pousse-toi

    Éteins ta lampe et pousse-toi

    Disent les villageois

    Au bout de la nuit sans étoiles

    Où des brumes sombres

    Annoncent un jour gris et froid

    Éteins ta lampe et pousse-toi

    Disent les villageois

    À peine éveillés et écoutant inquiets

    Les pas des Indésirables

    Dans la rue principale du village

    Éteins ta lampe et pousse-toi

    Disent les bourgeois

    Attablés jusqu'au milieu de la rue piétonne

    Devant un plateau de fruits de mer à minuit

    Éteins ta lampe et pousse-toi

    Disent les bourgeois

    Dérangés par ces pâles lumignons qui tremblotent

    Et traversent la ville en fête

    Si près

    Trop près

    De ces restaurants qui débordent sur le trottoir

    Éteins ta lampe et pousse-toi

    Pousse-toi jusqu'au dépotoir tout là bas

    En dehors de la ville

    Jusqu'au dépotoir où même les miséreux d'ici et d'ailleurs

    Disent aussi au bout de la nuit et dans les brumes sombres du matin gris et froid

    Éteins ta lampe et pousse- toi

    Éteins ta lampe et pousse-toi

    Et sur la plage de Lampedusa

    Autant de cercueils que de morts

    Autant de cercueils alignés

    Des cercueils valant chacun autant

    Que le prix d'une semaine sur un bateau de croisière de Touropérator

    Éteins ta lampe et pousse-toi

    Tant qu'on en sera là

    Même si dans le monde entier ça va mieux de ci de là

    Même si l'on meurt moins qu'avant quoiqu'encore en trop grand nombre

    De faim de misère d'exclusion de travail aléatoire ou forcé et mal payé

    Tant qu'on en sera là

    Ce sera Titanic avec un 14 avril au bout

    Autant pour les première classe que pour les troisième

    Et les clandestins à fond de cale dormant sur leurs ballots

    Nous sommes déjà dans l'après-midi du 13 avril

    Mais le temps qui passe semble figé

    Et le soleil toujours à la même place

    Il n'y a plus ni hier ni demain

    Seulement l'insolence et la certitude d'aujourd'hui

    D'un aujourd'hui comme une immense braderie

    Sur le grand pont passerelle du Titanic

  • Morale pure et morale observable

         « Bien se conduire, être poli, respectueux, avoir du tact, être serviable généreux courageux fidèle reconnaissant sincère... et tout et tout... », c'est ce que mes parents, mes instituteurs dans mon enfance (aujourd'hui professeurs des écoles) puis au collège et au lycée mes professeurs, m'ont toujours enseigné...

    D'ailleurs à bien réfléchir, « tout ça » n'est pas, loin s'en faut comme on pourrait le croire, comme on nous le fait croire, si archaïque, si ringard, si de jadis, si passé de mode que cela... Car j'observe presque tous les jours dans le monde du peuple où je vis, le monde actuel du peuple, le monde des gens « ordinaires » que nous sommes presque tous, que « ces valeurs », celles que je cite en début de mon propos, sont toujours d'actualité, notamment dans des familles de type « Elle et Lui 35 ans trois jeunes enfants vivant dans un lotissement pavillonnaire en zone péri urbaine ou rurale urbanisée » (ce qui est le cas de bon nombre de ces personnes et de leurs enfants)...

    Certes, même s'il arrive que l'on parle rarement à son voisin, même si l'on vit dans un environnement « formaté » et même si l'on est porté comme par un courant dans la société de consommation de masse, il n'en demeure pas moins que bon nombre des gens du peuple, des gens ordinaires que nous sommes presque tous, et en particulier « des nouvelles générations »... Sont encore des Humains, de vrais Humains avec un vrai « socle de valeurs fondamentales » en eux.. Et non pas des « zombies »...

    ... Mais le drame, l'inacceptable, le révoltant, et qui suscite en réaction jusqu'à une forme d' extrémisme, jusqu'à une sorte d'autisme agressif, jusqu'à une insolence brutale et laminante... C'est d'observer sans cesse autour de soi, dans l'actualité, au quotidien, tous ces gens qui sont des élites, des politiques, des gens de télévision et de spectacle, des gens censés "nous montrer l'exemple" et qui se targuent de discours "moraux", qui disent tout ce que je cite au début de mon propos... Et qui au réel, et bien en évidence, sans aucun complexe, devant des millions de téléspectateurs, sur les ondes dans les grandes radios, dans leur vie privée la plupart du temps chaotique et scandaleuse... Ne cessent de bêtifier, de pontifier, de se livrer à toutes sortes de pantomines indécentes, provocantes avec force mise en scène et effets spéciaux de langage et de comportement... Et qui, tous, nous méprisent souverainement, nous les gens du peuple qu'on "ne rate pas à la moindre anicroche", nous les oubliés de cette croissance économique des Marchés et de la finance et de l'Europe de Bruxelles,  impudique dans son développement tant matériel que moral...

    Ne vivons pas résignés ni désespérés : rencontrons nous, levons nous, et résistons par l'exemple que nous donnons au quotidien dans nos vies, autour de nous, à ces magnats du fric et des marchés, à ces élites, à ces personnages de télévision et de spectacle, à ces politiques qui tous se foutent de nous, nous mentent et dont la plupart sont nés à Neuilly sur Seine ou dans le XVI ème à Paris, et sont fils ou filles de quelque cador du Show biz, de la politique...

    Non à la résignation qui nous plombe, réfléchissons ensemble à ce que devrait être une société, une civilisation purgée de tout ce que nous offre en un spectacle d'une vulgarité, d'une insolence et d'un mépris inouïs, toutes ces élites, tous ces magnats du fric et des marchés...

     

    Ce qui, à juste titre d'ailleurs, peut contredire le sens que je donne à mon propos, au sujet de « ce socle de valeurs fondamentales » existant au fond de beaucoup d'entre nous ; c'est la somme de toutes ces violences partout autour de nous, proche ou lointain, la somme de tous ces faits divers effrayants qui nous sont présentés dans les journaux télévisés, et de tout ce que nous constatons nous-mêmes et dont nous sommes parfois victimes hélas... Tout cela fonde des « à priori », et, ne nous y trompons pas, tout cela est «orchestré en haut » pour nous « tirer vers le bas », nous désespérer, et nous résigner, nous inciter « par réaction » à nous comporter en « je-m'en-foutistes »... à suivre le « mauvais exemple » en quelque sorte...

    Les journaux télévisés (le 13h et le 20h, notamment sur France 2) sont "truffés" de tous ces faits divers d'actualité (violence à l'école, reportages sur des drames familiaux, des viols, des émeutes, toutes sortes d'exactions, etc.) ... Et qu'à voir tout cela, bien rembrayé, bien passé en boucle, avec des images saisissantes (et montrées à dessein) … Cela finit par conditionner, entretenir une peur endémique, et cela génère toujours davantage d' à prioris... Et c'est cela même qu'il faut dénoncer, haut et fort...

    La vie, la vraie vie quotidienne, le vécu des gens, c'est "pas QUE ça", c'est pas QUE ces horreurs... Jamais on ne parle de ce qui est beau, noble, grand, qui "élève", qui rend les gens un peu meilleurs... (Mais de temps à autre, comme pour « conjurer » cette horreur et cette violence étalées dans les journaux télévisés, sont produites des émissions « grand public » dans le genre de « Retour de terre inconnue »)...

    Pour conclure je cite ce passage de Michel Houellebecq dans « Les particules élémentaires » page 46 (édition Flammarion) :

    « La pure morale est unique et universelle. Elle ne subit aucune altération au cours du temps, non plus qu'aucune adjonction. Elle ne dépend d'aucun facteur historique, économique, sociologique ou culturel ; elle ne dépend absolument de rien du tout. Non déterminée, elle détermine. Non conditionnée, elle conditionne. En d'autres termes, c'est un absolu.

    Une morale observable en pratique est toujours le résultat du mélange en proportions variables d'éléments de morale pure et d'autres éléments d'origine plus ou moins obscure, le plus souvent religieuse. A la limite, une société régie par les purs principes de la morale universelle durerait autant que le monde. »

    J'ajoute que cette « morale universelle » , n'est autre qu'une sorte de mécanisme naturel qui régit tous les rapports entre les êtres vivants, tels qu'ils doivent être, et ne peuvent qu'être d'ailleurs... Ce « mécanisme » naturel et universel est intemporel, immuable, et il est le seul « gouvernement » possible, et il invalide ce que l'on appelle la légalité, légalité qui n'est qu'une parodie, un leurre, un système pour arranger les uns au détriment des autres en jouant à l'apprenti sorcier... Mais la loi naturelle est la plus forte, elle déjoue tout ce que l'on manipule avec tant d'orgueil dans tel ou tel but inavouable...

    Bien sûr, la « loi naturelle » ne nous convient pas, dans la mesure où ce sont les plus forts qui dominent, notamment dans l'espèce humaine. La « loi naturelle » nous paraît souvent injuste et aléatoire. Et c'est pour cela que nous avons, nous les Humains, dans les sociétés que nous formons, cherché à « arranger » ou à modifier les principes de base de la loi naturelle. Mais la loi naturelle n'est pas seulement la loi brute du plus fort, elle est aussi un ensemble de rapports entre les êtres vivants, et, dans une certaine mesure, à bien réfléchir, elle justifie la loi du plus fort lorsque ce « plus fort » tend à faire devenir plus fort, plus durable, mieux adapté, ce qui est « moins fort », lequel « moins fort », toujours à bien réfléchir, n'assure pas la survie et le développement de l'ensemble s'il continue à s'affaiblir...

  • Voyance

    Dans ces cimetières où je n'ai pas les miens

    À Bruyères ou à Clefcy dans les Vosges

    Ou n'importe où ailleurs

    Je vois des personnages que je n'ai pas connus

    Et me viennent des souvenirs que je n'ai pas

    Des souvenirs qui se mêlent à ceux que j'ai

    Des vies entières se déroulent comme des paysages derrière la vitre d'un train

    L'on dit de ces personnages qu'ils étaient ceci qu'ils étaient cela

    Certains de ces personnages sont des hommes qui ont battu leur femme

    D'autres sont des femmes qui ont souvent retroussé leurs jupes

    Mais de tous ces personnages

    De chacun d'entre eux

    J'aime ce qui de leur vivant n'a jamais été aimé

    Et qu'ils portaient en eux

    Qui n'a jamais été su

    Je les rejoins

    Je les vois

    Et c'est la seule voyance en laquelle je crois

  • Elites et bêtes de scène

         Les élites de la nation, ainsi que les politiques et les journalistes, auxquels il faut ajouter toute la « diaspora » des intellectuels « dans le sens du monde », et tout un cartel de « bêtes de scène »... Se foutent complètement des gens du peuple qu'ils n'écoutent pas, ne vont jamais voir, méprisent...

    Enfin, je précise quand même : « à l'exception de quelques uns, rares, parmi les politiques et les journalistes et les intellectuels... Quant aux « bêtes de scène » elles ne rencontrent les gens que dans les Zénith et les Parcs expos...

    Le résultat c'est qu'on a la rage, la haine même... Et, écrasés que nous sommes, sans aucune perspective, et désespérés, et souffrant au quotidien comme dans du Zola... L'on en arrive à ce qu'il y a de plus terrible, de plus invalidant : la résignation...

    « Diaspora » : deux sens :

    - le sens propre (et réel) : dispersion d'une communauté, d'une ethnie à travers le monde.

    - un sens figuré (complètement différent) et c'est dans ce sens là (entre guillemets d'ailleurs) que je l'emploie :

    "classe sociale privilégiée, limitée à un petit nombre de personnes dans un milieu déterminé, et verrouillée (dans laquelle on ne peut entrer que difficilement voire pas du tout)...

  • Du XVI ème de Paris à la barre HLM de Cergy ...

         La stature, ou si l'on veut l'envergure, ou encore la dimension d'un personnage ne se mesure pas seulement à sa capacité de provocation et d'insolence, et non plus à son seul son talent en particulier dans tel ou tel domaine artistique, littéraire ou pratique...

    Certains personnages de Télévision, de scène, de cinéma, de la littérature, de l'expression artistique ; ou même encore certains autres personnages moins médiatisés que toutes ces « bêtes de scène » et humoristes célèbres se produisant sur le Net dans les réseaux sociaux et sur des blogs (et ont tous néanmoins une audience)... Ne sont en fait, que « d'une seule dimension », une dimension parfois élargie sur quelques marges... Et cela ne fait pas d'eux des êtres « coup de hache sur la mer gelée », des êtres autant de colère que d'amour...

    Je crois -même si je veux bien en « discuter les yeux dans les yeux et sans parti pris-et en essayant de « dérouler le fil »- que, quand on est né dans le 16 ème arrondissement de Paris et qu'on est le fils ou la fille d'un comédien célèbre, et que déjà en « début de carrière » on fait partie de la « diaspora »... Ou, au contraire, quand on est né et qu'on a grandi dans une barre d'HLM à Cergy Pontoise, et qu'on est le fils ou la fille d'un alcoolique violent au chômage, et qu'on réussit quand même à publier un livre, à devenir un comédien, un humoriste, un chanteur.. Je crois oui, « que les dés sont pipés », quelque part... Parce que, au delà de ce que l'on appelle « l'environnement social, économique, familial -et géographique- », au delà des barres d'immeubles des « cités » ou au delà des « quartiers bourgeois et résidentiels »... Il y a, il n'y a... Que l'idée que l'on se fait dans le monde tel qu'il tourne, que l'idée que nous nous faisons et nous vient sans cesse à l'esprit... Et qui, au vrai, fait le monde tel qu'il est, tel que nous le subissons... Et, mettez là dedans quelques exaltés, quelques extrémistes, et quelques « fous de Dieu et de valeurs ancestro-tradico-morale »... Et ça fait « le bouillon de culture » qui risque de nous faire tous crever...

  • Les lisières, d'Olivier Adam

    L'auteur :

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    Né en 1974, Olivier Adam a grandi en région Parisienne et vit actuellement en Bretagne.

    Son premier roman Je vais bien, ne t'en fais pas a été adapté pour le cinéma par Philippe Lioret.

    Passé l'hiver a reçu le Goncourt de la Nouvelle en 2004 ; À l'abri de rien le prix France Télévision 2007 ; et Des vents contraires le prix RTL Lire 2009...

    Agé de 39 ans en 2013, Olivier Adam fait donc partie de la nouvelle génération des auteurs les plus contemporains, c'est dire de ces auteurs nés après 1968, et dont les livres ont été publiés alors que nous venions d'entrer dans le 21 ème siècle...

    Il est depuis le début du 21 ème siècle, l'un des rares -sinon vraiment le seul- romancier Français qui pénètre dans l'intimité, dans le vécu, le ressenti de ses personnages ; et en même temps, qui met en scène ses personnages à l'intérieur de la « machine sociale » -et aussi familiale- dans laquelle ils évoluent. Une « machine » qui, le plus souvent, les broie, les brise, et fait d'eux des exilés, des êtres de nulle part...

    Ses personnages sont par exemple des pères « en bout de course », des enfants abandonnés, des couples qui se séparent, des hommes et des femmes qui vivent comme sur un fil, sans cesse prêts à tomber dans le vide... Ce sont les éclopés de la vie, souvent rejetés, et dont l'existence ne compte pas et se dilue dans l'indifférence.

    Le livre : Les lisières :

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    Roman de 500 pages environ, paru en Août 2012, édité chez Flammarion.

    Avec Les lisières, Olivier Adam écrit son livre le plus abouti, et le plus ambitieux aussi.

    L'ensemble du début jusqu'à la fin du livre, et à chaque page même, est une gigantesque fresque d'une densité extrême, dans laquelle l'auteur nous raconte l'histoire personnelle, intime, d'un homme « expulsé de sa propre vie », histoire qui en même temps est aussi celle des gens appartenant aux « classes moyennes » de la société Française d'aujourd'hui.

    Le narrateur, Paul Steiner, est écrivain. À l'âge de dix ans, il tente de mettre fin à ses jours alors qu'il se trouve au bord d'un précipice, et depuis, il verrouille tout en lui.

    Il rencontre Sarah, qui sera sa femme et le sauvera des démons qui l'habitent. Avec Sarah et ses enfants Clément et Manon, il sera tour à tour et en même temps heureux, et absent. Alors, au bout de quelques années, Sarah le quitte définitivement. Il continue à voir ses enfants qu'il adore, qu'il chérit... Et il demeure toujours amoureux de sa femme, qu'il voit de temps à autre, et dont il ne supporte pas la présence à ses côtés, de son amant, un type qu'il déteste et dont la personnalité, le statut social lui déplaisent souverainement...

    Le temps d'une semaine, Paul retourne dans la cité pavillonnaire de son enfance, en banlieue parisienne, voir sa mère hospitalisée. Depuis vingt ans, Paul n'avait pas remis les pieds dans cette cité de V. , cette « lisière » qu'il a fui de toutes ses forces. Et la route de ce retour sera une route difficile, de mise au point et de réflexion, de souvenirs...

    Mon avis :

    Après avoir lu Les lisières d'Olivier Adam, la première chose qui m'est venue à l'esprit, c'est une réflexion que je m'étais faite et que d'ailleurs j'avais précédemment postée dans l'un de mes billets de blog :

    « On est tout seul dans sa peau jusqu'à la fin de ses jours » …

    Et c'est bien cela, dans le livre : le narrateur Paul Steiner (qui n'est probablement autre par le biais d'un personnage fictif, que l'auteur lui-même), est aussi d'une certaine manière, chacun d'entre nous, avec son ressenti, ses émotions, son « parcours » chaotique -et souvent dramatique- de vie... Et également avec sa solitude intérieure, son isolement, tout ce qu'il ne peut communiquer, tout ce qu'il vit en lui, pris dans le « maëlstrom » de son environnement familial, social, de travail et de relations...

    Et ce qui m'a frappé, interpellé, ému, et par moments il est vrai m'a « un peu épuisé à la lecture » c'est cette densité quasi permanente dans la formulation, dans la pensée, dans la réflexion, dans ces longues, interminables phrases-réquisitoire de tout ce que l'on peut observer et déplorer dans le monde, les gens, les comportements, les habitudes, la difficulté de vivre et de communiquer au quotidien... Il y a là toute une vérité et un réalisme tragiques et oh combien réels, et en même temps on sent, on ne sent que trop, ce que les personnages, ce que le narrateur lui-même, ressentent... Et que, inévitablement, on partage...

    Ce livre, c'est l'existence de tous ces gens « ordinaires » que nous sommes presque tous, qui n'est jamais « mise en avant » par les Médias, dont la plupart des écrivains et des intellectuels ne parlent jamais -comme s'ils n'existaient pas, comme s'ils étaient « quantité négligeable »... Et cela nous change en effet, de tous ces romans où il est question de milliardaires, de personnages importants, de décors somptueux, de tout ce qui fait la « Jet Set » du monde littéraire et artistique... Et alimente les séries de télévision, ainsi que les plateaux d'émission de « talk show »...

    Ce livre c'est une fenêtre ouverte sur le monde réel, sur la vie des gens... Très années 2010-20 +++, ces années qui sont celles que nous vivons au quotidien... Une fresque, oui, d'une densité extrême, et qui « nous rentre en plein dedans »...

    Reste cependant à surmonter ce vécu, le nôtre en particulier, à se libérer de tout ce qui nous « plombe » et à entrevoir « comme la possibilité d'une île, d'une île qui ne peut pas être un paradis mais un monde dans lequel on se sent moins seul et où l'on n'a plus cette peur alimentée telle un feu qui ravage...

    Olivier Adam, à la fin de son livre -et d'ailleurs avant la fin à plusieurs reprises- évoque le Japon... Il y a là un symbole, comme le symbole de « la possibilité d'une île », d'un « monde différent »...

    Extraits :

    Page 20 (collection poche J'ai lu) :

    « Avant de monter dans la voiture j'ai jeté un œil à la fenêtre de Manon. Entre les branches du grand cèdre son visage en morceaux m'observait. Nous nous sommes fait un signe de la main, notre signe à nous, un truc compliqué, en six ou sept temps, inspiré des rappeurs et des gars des cités, que nous avions inventé ensemble quand elle avait quatre ans et qui nous avait suivis toutes ces années ».

    Page 109 :

    Je l'avais connu à quinze ans branché du matin au soir sur Radio Libertaire, lisant Charlie Hebdo et l'Humanité, écoutant Jacques Higelin, Bernard Lavilliers et Hubert-Félix Thiéfaine, lisant les poètes russes et la Beat generation. Rien qui ne laisse présager qu'un jour il s'inscrive en droit et se mette en tête de devenir commissaire. Encore moins qu'il devienne un sympathisant zélé du RPR puis de l'UMP. Tout avait changé le jour où sur la place du marché deux types descendus de la cité d'une ville voisine lui étaient tombés dessus, fermement décidés à lui voler son portefeuille ».

  • La démocratie, serait-elle un leurre ?

         Le monde actuel, avec ses pays et ses peuples, avec la diversité de ses cultures, de ses croyances et de ses modes de vie ; n'est pas encore, loin s'en faut, prêt pour la vraie démocratie...

    Nous ne savons pas, d'ailleurs, ce qu'est la vraie démocratie.

    Le mot vrai a-t-il même un sens ? N'est-il pas, ce mot vrai, un mot vide de sens, un mot creux, un mot qui ne veut rien dire et tout dire ?

    Qu'est-ce qui est vrai, et qu'est-ce qui ne l'est pas ?

    Le mot démocratie vient de deux mots du Grec ancien : dêmos le peuple, et kratos le pouvoir.

    D'où le pouvoir par le peuple.

    Mais le peuple n'est pas un, le peuple est pluriel et divers... Ou, plus exactement, il est un en un grand nombre d'exemplaires et chacun de ces exemplaires est différent de l'autre.

    Alors comment le pouvoir peut-il être, peut-il se manifester, exercé par autant de un(s) si différents les uns des autres ?

    La démocratie serait-elle un leurre ?

    La démocratie, telle que nous la voyons et telle qu'elle semble instaurée dans un certain nombre de pays, est-ce que cela ne serait pas... « de l'anarchie organisée n'ayant rien à voir avec l'anarchie » ? L'anarchie qui serait la forme la plus élaborée, la plus évoluée, la plus avancée, de « gouvernement  et de pouvoir » ? … (Soit dit en passant, le monde, et chacun d'entre nous, on est très loin d'être prêt, d'avoir le niveau -d'esprit et de culture- pour « cette forme la plus avancée et la plus évoluée de gouvernement et de pouvoir)...

    Ce que l'on appelle démocratie aujourd'hui (et hier aussi) n'est autre que de l'anarchie organisée, autrement dit une triste parodie de l'anarchie...

    C'est un « ordre » dont la structure est identique à celle d'un ordre non démocratique.

    Toutes les révolutions ont été « récupérées » par des malins, par des profiteurs ou par des extrémistes ; et n'ont jamais engendré que des conflits, qu'une confrontation d'intérêts et de sensibilités, que de la violence...

    Les « petits » veulent « singer les gros » et sont les premiers à s'asseoir sur les valeurs fondamentales et sur la justice. Ce sont d'ailleurs les « petits » qui ont « fait » les gros, les gros qui, sans ce que font les petits dans leurs vies pour devenir plus gros sur le dos des autres petits, n'auraient jamais pu devenir gros...

  • Le "mur" de Facebook ...

         Facebook, c'est le seul endroit dans lequel tu parles à un mur sans être ridicule...

    C'est oh combien vrai !

    Dans la vie réelle, quand tu es seul dans une pièce, vraiment seul durant des heures et que tu es sûr que ce jour là personne ne viendra te rendre visite ni demain ni après demain... Si tu crois en Dieu, tu parles à Dieu (à voix basse ou même haute) ; si tu crois en "quelque chose qui ressemble à Dieu" tu parles à ce "quelque chose qui ressemble à Dieu » (qui en général est un interlocuteur imaginaire pouvant être soit un vrai ami, soit une femme aimée, un être aimé, ou même une sorte d'"ennemi intime qui te tire un peu les oreilles parfois)... C'est ce que j'appelle une forme de prière (la seule prière d'ailleurs en laquelle je crois et que je pratique, mécréant anti religion que je suis)...

    Ou bien encore, si t'as un crayon et une feuille de papier, tu vas écrire ce que tu ressens, ce que t'as envie de dire à un interlocuteur qui va te lire...

    Mais ce qu'il y a de sûr, c'est que tu vas pas concrètement parler au mur qui est en face de toi, non tu ne parles pas à des briques ni à une tapisserie même couverte d'images de jolis minous (ou de femmes à poil)...

    Tu ne peux parler qu'à "quelque chose qui t'écoute" -certes non réel physiquement, mais "réellement réel d'une autre façon"...

    Le "mur" de Facebook ça devrait être ça ! Mais non, hélas, et je le déplore... C'est plutôt comme une surface plane en béton, en bois, en plastique, d'une certaine longueur et d'une certaine hauteur, parfois aussi comme la façade lépreuse ou peinte en blanc crème d'un bâtiment d'usine ou d'habitation, une surface plane sur laquelle on inscrit sa marque personnelle, une sorte de cocoricohèterie, une image de soi, une formule verbale à sensation, en bref quelque chose qui n'a rien à voir avec une véritable communication, un message, un cri d'amour ou de colère, une oeuvre artistique en réduction... Et encore moins à une "prière"...

    Mais c'est vrai : tu ne risques pas d'être ridicule puisque tout le monde ou presque ainsi procède et splatche sur le mur de Facebook...

    À la limite, le ridicule sur un mur de Facebook, serait de faire dessus ce que les autres ne font pas, et qui, tout à fait par hasard, déclencherait une levée de balayettes de chiottes avec huées à l'appui...

  • Le cloporte

         Ce n'est qu'un cloporte parmi tant d'autres. Mais avec cette patte qu'il a en trop, de naissance, et qui n'est pas « normale », il bat les sauterelles à la course qui elles, ont des pattes « normales » .

    Et le cloporte à la patte en trop, et qui bat les sauterelles à la course, se voit interdit de pré, et doit se résoudre à courir sur la terre sèche et nue au milieu des cailloux...

    N'est-il pas bien plus vivant, bien plus résistant, ce cloporte, que toutes ces sauterelles aux robes si joliment mouchetées et à la silhouette si délicate, si habiles à sauter de fleur de pré en fleur de pré ?

  • L'astronef imaginaire

         Un astronef imaginaire se pose devant moi, le matin, lorsque j’ouvre la porte d’entrée de ma maison, près d'un massif de fleurs, dans mon jardin…

    Sur la plage de Contis dans les Landes, à proximité d’un blockhaus de la seconde guerre mondiale ; ou bien au sommet du Hohneck dans les Vosges un jour de grand beau temps, il apparaît, étincelant dans son fuselage argenté…

    Cet astronef imaginaire n’ouvre pas ses portes en grand cependant. Je ne sais rien des éventuels « cosmonautes » qui pourraient venir d’un autre monde, à bord de cet « autobus de l’espace ».

    Seraient-ils, ces « gens », porteurs de quelque message, viendraient-ils d’un monde meilleur que la Terre ? Je n’en sais rien.

    Dans un tout premier mouvement je fonce droit vers l’ astronef, apercevant une sorte d’ échelle de corde jaillie d’une ouverture…

    Et tout mon être est tendu vers un ailleurs inconnu, et peu m'importe la destination...

    Et, d’une voix à peine plus audible que le cri d’un oiseau, je dis : « je quitte la Terre, je laisse derrière moi toutes les indifférences, tous les mépris, toutes les clameurs, toutes les rumeurs, toutes les humeurs et agitations et violences du monde »...

    Mais saisissant l'échelle de corde jaillie de l'ouverture, je ne pose pas mon pied sur le premier degré de l'échelle...

    Un visage, des visages, un regard, des regards, viennent tout juste de tomber du ciel de la Terre...

    Alors je me sens solidaire de ces visages et de ces regards, et mes émerveillements si près de se décolorer, reprennent leurs couleurs...