Articles de yugcib

  • Entre conviction religieuse et fanatisme...

    ... Il y a une grande, très grande différence.

         Je suis absolument atterré, bouleversé, par cette "flambée de haine et de violence" qui survient et s'étend, et embrase les esprits, à la suite de la diffusion de ce film islamophobe, ce film qui, soit-dit en passant, n'est pas une oeuvre d'art...

    Mais il faut noter cependant, que cette "flambée de violence et de haine" est attisée par des groupes extrémistes qui l'entretiennent, entrainent des foules de manifestants à travers le monde, et se livrent à des attentats contre des intérêts américains... Si les Musulmans sont tous choqués par ce film, il n'en demeure pas moins que la plupart d'entre eux, même s'ils manifestent publiquement leur colère, pensent que leur foi n'est pas compatible avec la haine et la violence.

    Une véritable oeuvre d'art, qu'elle soit littéraire ou artistique, cinématographique, théâtrale, ou même qu'elle soit caricaturale, qu'elle soit l'expression d'une contestation, d'une révolte, qu'elle soit "combattante et engagée", qu'elle soit partisane même, et fondée sur de l'émotion... Parce qu'elle demeure et s'affirme "une oeuvre d'art"... Ne blesse pas un être dans sa chair, dans son esprit, dans son intimité profonde, dans sa croyance, cette croyance qu'il a au fond de lui et qui lui est chère... Certes, elle peut le déranger, l'agacer, susciter en lui de la révolte, de la résistance... Mais jamais le blesser comme on blesse, comme on maltraite avec rage, avec cruauté, un être à terre en lui donnant des coups de pied dans le ventre ou dans la tête... Ou comme on blesse aussi, un être dont on ne partage pas du tout les convictions et auquel on nuit sciemment...

    Il y aurait là, toute une réflexion qui devrait s'imposer naturellement, au sujet de ce qu'on a envie d'exprimer, dans tel ou tel contexte, dans telle ou telle situation, en présence de telle ou telle personne ou ensemble de personnes, que ce soit sous une forme écrite, artistique ou autre... Autrement dit (c'est ainsi que je "vois les choses") : aller jusqu'à y mettre "jusqu'au fond du coeur de son réacteur", mais dans la contestation, dans la révolte, dans la caricature, dans l'humour le plus décapant qui soit, finir par laisser "transpirer" une "certaine mansuétude", une sorte de "bienveillance" qui ne s'assimile pas à de la complaisance ou du "laisser aller"... (une manière en quelque sorte, de ne pas blesser l'autre dans sa chair, dans son intimité, dans sa croyance profonde ; tout en s'opposant à lui ou en le "tourneboulant" ou le caricaturant)...

    La parole, ou toute forme d'expression, artistique ou non ; c'est, dirais-je, "de l'acte sans l'acte lui-même", de l'acte qui serait, si la possibilité de l'acte était, sans que rien ne retienne l'acte...

    La conviction religieuse qui fait d'un être humain un croyant en un dieu (mais pas forcément un "pratiquant")... Je la conçois, je la reconnais, je la respecte... Mais je pense que la conviction religieuse n'est pas "compatible" avec la haine et avec la violence... S'il y a haine et violence, il n'y a plus "conviction religieuse" mais fanatisme... C'est à dire que la conviction religieuse, par la croyance en un dieu et par la croyance que ce dieu fonde une Loi, devient alors fanatisme, ou une sorte de dictature et l'objectif du fanatique est clair : imposer au monde sa "vision" par la force, par l'autorité, par la guerre... C'est, ni plus ni moins, l'éternel combat (meurtrier et guerrier) du "Bien" contre le "Mal"... Et, avec "l'éternel combat", l'idée que ce combat est une nécessité, une nécessité absolue et incontournable et qui doit donc opposer les combattants jusqu'à ce que "mort s'ensuive" pour l'une ou l'autre des "deux armées"... Si je m'imagine "dans la peau" (et dans l'esprit ou dans l'âme et dans la chair) d'un croyant, d'un croyant dans une réflexion profonde, dans une recherche de "vérité" (qui s'apparente à mon sens à une réflexion philosophique et culturelle)... Je n'arrive pas à concevoir un dieu qui se satisfasse d'un tel dessein, pour l'être humain (ce dessein étant celui du "combat éternel" jusqu'à l'éliminination de l'un des "deux camps")... Je concevrais plutôt un dieu qui se serait fixé pour objectif, de faire que l'être humain arrive à se libérer de l'emprise de ce destin, c'est à dire de l'emprise de la fatalité...

    ... Il y a, dans la révolte, dans la contestation, assez souvent je l'observe, du fanatisme... La révolte alors, par l'idéologie ou par la "vision du monde" qui la soutient et l'impulse, s'assimile à une religion, à une forme d'intégrisme qui engendre de la haine, de la violence, du parti-pris, de l'injustice, de l'arbitraire... Et il y a dans la révolte "quelque chose qui participe à la barbarie, à une ou à des formes de barbarie"...

    En face de cette révolte là, qui semble s'imposer et participer à la "marche du monde", je m'interroge et en ce sens, je rejoins la pensée d'Albert Camus dans son livre "L'homme révolté" : la "vraie" révolte serait donc celle qui refuse ce destin imposé, orchestré, mis en scène et présenté comme le seul possible, et incontournable, fatal...

    Je pense que la révolte "dans le sens où l'on l'entend et dans ses manifestations qui semblent les plus justifiées", en particulier lors de situations vécues inacceptables et dans lesquelles on peut être amené à prendre les armes et donc à tuer... Est, en somme, "comme une étape" ou "un pis aller", une sorte de "passage obligé"... Mais que, une fois cette expérience tragique vécue, un autre destin pourrait devenir possible : le destin de "l'homme révolté", de cet homme qui refuse la soumission au sens commun. Mais en ce sens, "l'ère de l'homme révolté" n'est pas encore commencée...

  • La vidéo et le film olfactifs

         En l'an mil, au fin fond du Berry ou de l'Armorique, il y a peut-être eu un jeune paysan illettré, âgé de 15 ans, qui conçut en pensée un objet sous la forme d'un petit boîtier en os de sanglier avec à l'intérieur un mécanisme complexe (des sortes de filaments, de petits engrenages, de minuscules pièces de toutes formes géométriques et agencées les unes dans les autres) ; un petit boîtier donc, d'environ deux pouces de longueur, d'un pouce de large et de l'épaisseur d'un doigt, avec sur l'une de ses deux surfaces - on va dire le recto- une fenêtre faite d'une matière réfléchissante comme une vitre... Et en dessous de cette petite fenêtre, quelques trous disposés en plusieurs lignes... Des trous pour y introduire une sorte d'aiguille courte de la taille de l'un de ces petits crayons que l'on utilise de nos jours pour écrire dans un agenda relié...

    Ce mécanisme complexe, notre jeune paysan illettré du fin fond du Berry ou de l'Armorique, l'imagine doté "d'étranges propriétés"... En fait, notre jeune paysan illettré a imaginé en pensée, un appareil que l'on tient dans sa main et qui permet de communiquer avec des gens, non seulement du village ou de la région, mais de pays lointains... Ces pays dont on parle dans les veillées entre familles après la dure journée de travail aux champs, ces pays dont on ne sait pas que c'est l'Afrique ou l'Amérique mais dont on a entendu parler sans que personne ne puisse les situer (l'on sait seulement qu'ils existent quelque part)...

    Mais seulement voilà : en cet an mil, notre jeune paysan illettré âgé de 15 ans et à l'imagination débordante et prolixe, n'a pas été découvert par quelque "grand seigneur mécène" et introduit auprès de quelque savant de l'époque. Et l'invention (à vrai dire seulement l'idée) est "partie dans les étoiles" à la mort du jeune paysan, une mort "prématurée" il faut dire, car en ce temps là "on ne faisait guère de vieux os" sauf exception...

    ... Aujourd'hui, l'on traite, l'on enregistre, l'on numérise, l'on diffuse le son, l'image et le mouvement... Et bien sûr le texte...

    Aujourd'hui l'on ne traite, enregistre, numérise et diffuse pas encore... La "sentisserie" (les odeurs)...

    J'ai donc imaginé que l'on puisse enregistrer les odeurs, les mettre en fichiers numérisés, et concevoir tout un univers artistique, scientifique, poétique, littéraire même... Des odeurs ; des odeurs naturelles de la terre, de l'humus, des feuilles, des fleurs, des plantes, des insectes, des oiseaux, de nos animaux de compagnie, de la peau des gens, des haleines, des salives... Et des odeurs inventées, de synthèse, sorties toutes droites de l'imaginaire, d'un imaginaire poétique, artistique...

    C'est fou, absolument fou, l'univers de créativité qui s'ouvre alors, avec cette "nouvelle technologie" de la numérisattion et de la diffusion des odeurs... En symbiose possible d'ailleurs, avec la diffusion-traitement et travail du son, du mouvement, de l'image et du texte...

    ... Et je vais imaginer ceci : (décapant, humoristique et caricatural ) : une vidéo de Kate Middleton en robe chic dans un coktail littéraire, "puant du bec" comme un bébé dinosaure digérant de la bouillie de cadavre (un artiste complètement déjanté vient de créer cette nouvelle haleine et la "sentishope" sortant de la bouche de Kate Middleton)... Un vrai scandale, cette affaire là, en plein coktail littéraire au beau milieu de toutes ces sommités et écrivains célèbres... Un blasphème, cette vidéo diffusée sur le Net, sur Facebook, sur Dailymotion et Youtube et partout sur les grandes plateformes d'actualités people... !

    Mais bon... L'on peut faire "dans un tout autre genre" et imaginer tout un langage de "phérornormes", avec comme en poésie, des fragrances extrêmement agréables à percevoir, évocatrices, harmonieuses...

    ... Mais j'y pense : le texte, le son, le mouvement, l'image... Dans tout cela, il y a de la vibration, du photon, mais pas de la matière composée à la base de molécules assemblées (molécules, atomes, électrons, éléments infiniment petits mais éléments physiques, "consistants" (si l'on peut dire)... Donc, pour le texte, pour le son, pour l'image, pour le mouvement... "on peut" (on y est arrivé) à enregistrer, numériser, ficher, diffuser, traiter, produire, synthétiser, etc. ...

    Mais pour les odeurs c'est différent : là, nous sommes en présence de particules (infinitésimales) composées de matière, et donc, de molécules, d'atomes, d'électrons, d'éléments physiques... Et cela, pour le "numériser", le diffuser... C'est "autrement plus difficile"... Mais on trouvera, je pense... Après tout, en l'an mil, le téléphone portable ou l'i-phone qui permet de communiquer et de se voir à distance, paraissait absolument "impensable", irréalisable...

    ... Au cinéma, l'idée de la production des odeurs, a déjà été évoquée, mais cela n'a jamais abouti du fait de la difficulté...

    Vous me direz "avec l'odeur en plus, imaginez un film d'horreur bien sanglant"...

    Certes, déjà rien qu'avec l'image, la vidéo, le film... Il y a beaucoup d'horreur...

    Mais... À bien réfléchir... Plus il y a de la diversité, plus il y a de la complexité, plus il y a de découvertes scientifiques, de nouvelles technologies de communication, de diffusion... Et plus D'UN COTE ET DE L'AUTRE, c'est à dire du merveillleux et de l'horreur... IL Y A...

    Donc, il s'ajouterait -effectivement- de l'horreur... Mais aussi du merveilleux...

    En fait, l'horreur est infinie... Le merveilleux est infini... De telle sorte que l'on se trouve comme devant une balance de ménage dont les deux plateaux seraient si grands que l'on n'en verrait pas la circonférence ; et que même avec des poids de précision "les plus précis" sur chaque plateau, on n'arriverait pas à déterminer de quel côté penche davantage la balance, du côté de l'horreur ou du côté du merveilleux...

    C'est absolument fascinant, cette affaire là, du monde qui nous entoure, avec son "mal", son "bien", ses "noirs", ses "blancs"... et toutes ses nuances, ses pourquoi et comment, ses inconnues, ses destins possibles...

  • Les Uns et les Autres

          J'aborde ici un sujet "difficile"... Mais c'est un sujet qui parfois, pour beaucoup d'entre nous, nous touche de très près...

    Je pense qu'il y a "ces vraies questions" en matière de relation humaine... Que l'on ne pose pas, que l'on élude... Mais elles sont bien là, ces "vraies questions"... Et il faut en parler...

    Il y a les écrivains, les poètes, les artistes, les réalisateurs, les créateurs... Qui, le plus souvent, à vrai dire presque toujours, s'expriment, publient, diffusent, font des livres, des blogs... Ce ne sont donc pas des gens qui "ne parlent qu'à des murs ou se satisfont d'isolement en ne s'entourant pas d'un auditoire, de spectateurs, d'une compagnie autre que celle de proches...

    L'on imagine mal en effet, un écrivain, un poète, un artiste, un réalisateur, un créateur... Ne publiant, ne diffusant, ne disant jamais rien autour de lui, avec toute son oeuvre enfermée en lui...

    Pour "faire simple" je vais les appeller tous ceux là, les Uns...

    Il y a tous ceux et celles qui ne sont ni écrivains ni artistes ni réalisateurs ni producteurs d'oeuvres artistiques ou littéraires mais qui cependant s'expriment notamment sur des blogs ou des forums du Net...

    Pour "faire simple" je vais les appeller tous ceux et celles là, les Autres...

    Chez les Uns, il y a assez souvent la dimension autobiographique directe ou indirecte.

    Et chez les Autres, il y a la dimension de l'expression personnelle... Pouvant aller jusqu'à ce que j'appelle le "m'a-tu-vuisme"... Mais chez les Uns, la dimension autogiographique, par trop directe, est en fait assez proche du "m'a-tu-vuisme"...

    Ainsi donc, il y a les Uns et les Autres... Qui ont en commun le désir de produire... Ou de se produire... De "s'exister" dirais-je...

    Outre ces Uns et ces Autres, il y a aussi ceux et celles qui ne sont ni les Uns ni les Autres,

    Et ceux là, celles là, sont peut-être les plus nombreux sur la Terre. Même si d'aventure ou lors de certaines situations relationnelles, ils "s'existent" tant soit peu. Je vais les appeller ceux là, celles là... Les Nonons... Les Nonons donc, parce qu'ils ne sont ni les Uns ni les Autres.

    Les Nonons le plus souvent, ne font pas de blog, ne se manifestent pas ou peu sur les forums du Net, et on ne les voit pas non plus sur Facebook... Mais pourtant ils existent et parfois ils existent tellement bien, qu'on les aime, en particulier s'ils sont des membres de notre famille, des proches, très proches, des amis, des connaissances.

    Il y a, j'ai pu l'observer, comme un fossé ou une distance difficile à franchir, ou même jusqu'à une incompréhension, un abîme, entre d'une part les Uns et les Autres ; et d'autre part les Nonons...

    Je pense que la dimension autobiographique des Uns, directe ou indirecte ; et que la dimension de l'expression personnelle des Autres... Crée une ambiguité, et que c'est cette ambiguité qui est à l'origine de l'incompréhension , et creuse en quelque sorte, le fossé.

    Si cette ambiguité pouvait être levée, "les choses pourraient alors être plus simples". Et les Nonons, nos chers Nonons... Ne nous feraient plus, à propos de nos élucubrations, cet oeil si noir ou si suspicieux...

    Se produire sur un blog, réaliser en tant qu'écrivain, auteur, une oeuvre autobiographique, pour un de ces Nonons, qui jamais ne blogue ou n'écrit pour publier,... C'est "faire du m'a-tu-vuisme" et cela paraît suspect...

    Et c'est la raison pour laquelle l'écrivain, le bloggueur, ne s'étend jamais auprès d'un Nonon sur ce qu'il produit sur son blog ou sur le livre qu'il écrit... En fait il écrit, il blogue, pour les Uns et les Autres.

    Ce qui rend l'ambiguité encore plus ambiguë, avec la dimension autobiographique directe ou indirecte des Uns, ou la dimension de l'expression personnelle des Autres, c'est que dans le m'a-tu-vuisme, il y a parfois du talent... Ce talent qui séduit, et qui fait "oublier" le m'a-tu-vuisme. Et il en est de même de l'écrit autobiographique "par trop direct" qui, parce qu'il est "bien tourné", intéresse...

    L'on ne pardonne pas le m'a-tu-vuisme primaire, banal, vulgaire, indécent... Mais l'on ne perçoit pas à sa juste mesure, le talent, l'authenticité, l'intelligence, la dimension d'humanité, le message, le sens vrai et profond... Et c'est bien là que "le bât blesse"... Il y a cette confusion des genres, et en conséquence, vient ce reproche à l'état latent qui, la vie, notre vie durant, dans un simple regard, nous suit à la trace et nous "plombe"...

    Mais je l'ai déjà dit : c'est la difficulté dans la relation (à ce sujet précisément)... Qui "booste" le talent, qui édifie, fortifie le travail de l'écrivain...

    Quand l'écrivain sera mort, l'ambiguité sera sans doute levée... Et toutes choses écrites et produites, pourront alors être découvertes... Dans leur véritable sens, dans l'esprit qui les a animé...

    ... Ah, ces Nonons, ces chers Nonons... Ils ont cependant bien du plaisir, pour ceux et celles d'entre eux qui sont "de grands lecteurs"... À lire toutes ces belles oeuvres autobiographiques de nos auteurs des siècles passés, ou même d'aujourd'hui, de notre époque... En revanche, si cet auteur est leur mari, leur femme, leur frère, leur soeur, leur fils, leur fille... Alors ils trouvent cela suspect ! Ils y voient du m'a-tu-vuisme !

    Pourquoi ne perçoivent-ils pas, à sa juste mesure, ce talent qui est celui de la personne dont ils sont si proches ?

    La réponse à cette question ne se situe pas par référence à l'intelligence du coeur et de l'esprit, à la culture littéraire, à une "possible vision éclairée du monde et des gens"...

    Il y a des personnes d'une extrême gentillesse, d'une grande sensibilité, d'une grande délicatesse, d'une intelligence du coeur et de l'esprit bien au dessus de la moyenne commune... Qui, cependant, ne perçoivent pas ou à peine entrevoient ce sens profond de la chose écrite, ni le véritable pourquoi de cette chose écrite... Elles n'en sont pas moins, ces personnes là, de celles que l'on aime le plus au monde et avec lesquelles on lie sa vie...

    La réponse à ce pourquoi, je ne l'ai pas...

    C'est difficile, l'âme humaine !

    D'ailleurs, l'écrivain lui-même n'a pas la certitude de son talent... Si talent il y a... Ce sont les Uns et les Autres qui, parfois, y croient...

    ... Cela dit, c'est vrai que c'est "toujours plus confortable" (et plus heureux)... d'avoir à ses côtés, des gens qui... "t'existent" (et qui, en même temps, t'aiment)...

    Et que c'est "un peu moins confortable" (et un peu moins heureux) de vivre avec des gens qui t'aiment beaucoup... mais ne "t"existent pas ou t'existent peu"...

    Mais que dire... (car y' a ça aussi)... des gens qui t'existent mais ne t'aiment pas ?

    Ainsi va la vie...

    Mais, comme je dis "l'ambiguité sera un jour levée"... Et "toutes choses" (je pense aux choses écrites) seront alors retrouvées... dans le sens, dans l'esprit, dans le rêve, où elles furent... Lorsqu'on n'y croyait pas, qu'elles paraissaient suspectes, voire inconvenantes, ostentatoires, et qu'elles dérangeaient...

    La différence... Entre ce qui "s'existait à tout prix, à n'importe quel prix", et ce qui "s'existait parce qu'on ne l'existait pas, mais pas à tout prix"... Sera un jour, faite...

  • Mourir d'aimer ?

          Mourir d'aimer, ce n'est pas forcément, à proprement parler, "se foutre en l'air"... Quoique parfois, des femmes et des hommes, et même des enfants, meurent vraiment (au vrai sens de mourir) d'amour...

    Mourir d'aimer, c'est lorsque ta vie "meurt" alors que tu demeures vivant, cependant... Mais "vivant" comme la branche sur l'arbre, qui ne donne plus jamais de feuilles l'avril revenu...

    Et en ce sens, "ce sens là" je dis bien... Mourir d'aimer c'est la plus mauvaise façon d'aimer... La pire qui soit, en fait...

    Je ne veux pas mourir d'aimer... Je veux aimer sans mourir, sans que la branche sur l'arbre devienne une branche sans jamais plus de feuilles...

    Je me suis souvent dit tout au long de ma vie : bon sang, c'est toujours moi qui fait le premier pas, qui "va chercher", qui "court après", qui espère, qui attend, qui rêve "qu'il ou elle" va répondre, se manifester...

    Oui, c'est vrai : je "cours" après les visages, je dresse dans mon imaginaire ces personnages "mythiques"... pour les avoir seulement une fois vus, ou purement et simplement inventés... Et ils sont toujours beaux, avec une belle âme, et si ce sont des femmes, c'est pour ainsi dire "orgasmique"... "orgasmique" dis-je, comme des "tripes dans la tête" qui tremblent et fument telles des feuilles mouillées un après midi d'été orageux...

    ... "Il a disparu"...

    ... "Elle a disparue"...

    Autant dire qu'un jour, il, elle... n'a plus donné de nouvelles... s'est comme envolé... Est parti(e) voir ailleurs... A cessé de paraître par exemple, sur tel ou tel forum du Net...

    Ces "disparus" ont -sans doute- presque tous, cependant... "la tête dans le guidon"... et pédalent, pédalent sur leur vélo de course vers la ligne d'arrivée qu'ils se sont fixée... Et une fois franchie cette ligne d'arrivée, les voilà qui reprennent la course et rentrent encore plus la tête dans le guidon... Et adieu les coéquipiers, les fans même, et tous ces visages de chaque côté de la route, ces visages qui "visageaint de leur meilleur visage"...

    Je me suis aussi, souvent dit -peut-être un peu plus tard ou plus en avant dans ma vie- : j'en ai marre de faire le premier pas, de courir après, d'aller chercher, d'attendre quelque réponse, quelque "signe"... Et alors j'ai... "presque mouru" (rire mais rire grave)...

    Aujourd'hui même je me dis... parce que, quoiqu'il survienne, "la tête doit demeurer solide même pleine comme un oeuf, de tripes qui tremblent et fument"... Que ce "premier pas", eh bien, "il faut le faire quand même"... envers et contre tout...

    Qu'est-ce que tu risques ?

    C'est "tout bête" : il y a quatre possibilités, quatre seulement, et... excusez moi du propos "c'est clair comme de l'eau de roche" :

    -Il, elle, ne répond pas, ne donne pas signe de vie, il n'y a que ce silence, ce long silence blême jusqu'à la fin de tes jours... qu'il va falloir cependant "savoir gérer" -encore faut-il trouver la plus "raisonnable" ou "philosophique" façon de gérer c'est à dire sans colère, sans amertume, sans nostalgie, sans foudre escagatrice... En somme, on va dire "on va littérairement gérer" (je penche plutôt pour ça)...

    -Il, elle, répond en une courte phrase qui "t'envoie promener"... ou quelque chose qui ressemble à ça... alors tu sais, et il ne te reste plus qu'à "gérer" (c'est plus "facile", ça, que le "silence blême")...

    -Il, elle, répond en deux ou trois phrases pour te dire en gros "j'ai la tête dans le guidon", ou bien "je suis démotivé c'est pour ça qu'on me voit plus", ou encore, "j'ai d'autres projets"... En somme, il, elle, court sur son vélo vers une ligne d'arrivée et n'a pas trop le temps de regarder sur le côté de la route là où "visagent" les visages...

    ... Et enfin "cette possibilité là"... que je garde pour la fin, la quatrième et dernière :

    -Il, elle... a été "touché", "ému", et la réponse alors, est "un peu moins courte"... Et le lien se refait, et peut-être... se ré-invente...

    ... Qu'est-ce que tu risques ?

    Fais-le, ose ! ... Il, elle, "ne va pas te bouffer" ! (au pire, c'est "le grand et long silence blême)... Et tu vas pas en crever! ... Et merde, si d'en crever ça te vient, je t'empêche d'en crever, par la force s'il le faut en te tirant par les cheveux ou par la peau du cul !

    ... Je ne "demande" qu'une seule chose à ce texte... Une seule : c'est qu'il empêche quelqu'un quelque part, quelque part dans le monde comme une fourmi dans une meule de foin de quinze mètres de haut et de trois mètres de diamètre... de mourir d'aimer au sens de vraiment mourir (en se foutant en l'air)...

    Rien de ce qui est dit et surtout écrit, si perdu que ce soit dans des millions ou milliards de pages dans des livres ou sur le World Wide Web... N'est vraiment perdu... Un jour, toujours, des yeux, un visage, quelque part, tout près de là où l'on vit ou à l'autre bout du monde... "y tombe dessus"...

    Un jour, il m'est venu l'idée d'un cosmonaute naugragé dans l'espace, perdu dans une petite "capsule de survie"... qui écrit quand même un journal de bord alors qu'il sait qu'il est loin, infiniment loin de tout monde habité, de tout monde vivant, et que personne jamais, aucun être intelligent et pensant et communiquant, ne saura, ne trouvera ce journal de bord... J'avais dit "ce cosmonaute, c'est pas possible, il doit croire en Dieu"... Mais je précisais ou sous-entendais que ce "Dieu"... N'avait rien à voir avec celui des Religions de la Terre des Humains...

  • Carnets de voyage, Brugge, septembre 2012

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    ... De Markt : la Grand' Place où furent jetées les bases de la vie économique, politique et sociale... Le peuple s'y battait pour sa liberté, et l'on y discutait de l'industrie du textile Flamand...

    A droite et entre le lampadaire et le beffroi, ou entre les deux calèches, on aperçoit la statue de pierre et de bronze de Jan Breydel et de¨Pieter de Coninck, vaillants combattants à la bataille de l'indépendance contre les Français en 1302.

    ... Un peu d' Histoire (c'est fou, soit dit en passant, ce que chaque lieu, ville, village, de France, de Belgique, de chaque pays du monde sous toutes les latitudes, est "chargé d'histoire" et "fourmille" de milliers d'anecdotes, de noms de gens, de visages, de tant de toutes ces choses écrites ou peintes qu'il y aurait de quoi en emplir tout un cosmos, tout un univers ou des centaines de milliers de livres de la Pléiade de 1000 pages chacun et je suis loin du compte!)

    Voici :

    Vers l'an mille, la mer arrivait à Brugge. Les marées d'équinoxe alors, rompent la barrière des dunes, la mer envahit les basses terres, et par la suite s'étendent des bandes de sable et serpentent des chenaux...

    Sur ces terres pauvres vivent des peuples descendant des tribus des Morins et des Ménapiens que le "grand César" n'avait pas pris la peine de "civiliser"...

    Sur l'une de ces jetées naturelles un peu plus stable et mieux assise que les autres, s'installent des paysans libres qui fortifient le site afin de se protéger des raids des Normands...

    Au temps du roi Charles le Chauve, le comte Baudoin Bras de Fer obtient par mariage (en fait un kidnapping) avec la fille de Charles le Chauve, ces terres incultes. Et la Flandre donc, vient s'ajouter aux possessions du roi de France en Artois et Cambrésis.

    Philippe le Bel en 1302, favorise le parti des notables en Flandre (les Leliaerts à l'emblème de la fleur de Lys)... Mais les "petites gens", les artisans, les métiers, se révoltent contre leur condition d'exploités et contre ce pouvoir en place des notables, inféodé aux Français... Le parti des Klauvaerts, dont l'emblème est le lion héraldique des Flandres, prend les armes au matin du 18 mai 1302, et "trucide" tous ceux qui, tombant du lit, ne peuvent prononcer correctement les mots "Schield en vriend" (bouclier et ami des guildes)... Dans les écoles Belges cet épisode de l'Histoire est enseigné aux enfants sous le titre "les matines brugeoises"...

    Philippe le Bel (quel salaud, soit-dit en passant) apprenant que les francophiles (les "collaborateurs" de l'époque) sont massacrés, expédie toute sa chevalerie afin de mater les "bouseux"... mais la bataille qui a lieu sous les murs de Courtrai (Kortkrijk) le 11 juillet 1302, se solde par la victoire de la troupe Flamande (les ouvriers, les artisans, le "petit peuple") sur les chevaliers de Philippe le Bel embourbés dans les chenaux.

    C'est cette bataille là que le mouvement Flamand du 19ème siècle, choisit comme emblème de la lutte du peuple contre l'oppression des notables et des possédants...

  • De la relation amoureuse... ou d'amitié

          Le coeur peut être fragile, la peau -et, ou l'âme- peut être électrisée, mais la tête doit rester solide... Si elle l'est...

    Il y a une nécessité, à mon sens, à ce que la réflexion prenne du pouvoir, voire fasse autorité sur le ressenti... mais sans toutefois mettre le ressenti sous boisseau, de force, de toute force... Car le ressenti ne peut être éclipsé, sa réalité ne peut être niée...

    La réflexion alors, lorsque le ressenti est douloureux ou fâcheux, rend la situation difficile -ou l'évènement malheureux- "un peu plus gérable"...

    Et cela peut être, à l'extrême, une question de vie ou de mort... Éviter de "foutre sa vie en l'air" en la vivant dans l'illusion qu'il suffit d'aimer pour être aimé, qu'il suffit de plaire...

    Ce qui ne vient pas ne vient jamais parce qu'on le veut à tout prix, ou s'il vient quand même, c'est un leurre... parfois, oui, un très beau leurre mais un leurre tout de même...

    Il y a, bien souvent "celui ou celle qui aime plus que l'autre"... et la différence parfois, n'est pas bien grande. Cette différence, si petite soit-elle, est "toujours de trop"...

    Celui ou celle qui aime "un tout petit peu moins", et à plus forte raison, "nettement moins", se laisse tout de même aimer car il faut bien le dire, cela "arrange ses affaires" et, somme toute, est "toujours bon à prendre"... Mais cela ne peut guère durer bien longtemps, rarement "toute une vie"...

  • L'anarchisme, de Daniel Guérin

    ... Livre de poche collection "idées nrf"... Editions Gallimard, 1965.

         Sans doute à mon sens, (après l'avoir lu et dont certains passages plusieurs fois) l'un des meilleurs livres sur l'anarchie... (c'est fou les ouvrages qui ont été publiés depuis des temps immémoriaux sur l'anarchie, notamment après le début du 19 ème siècle et avant, au 18 ème)...

    Mais... tout de même : ce livre ne se lit pas comme un roman ! À vrai dire, on peut le lire "anarchiquement" par exemple en choisissant tel ou tel chapitre de l'une ou l'autre partie... Par le début, par le milieu, par la fin, peu importe...

    Le mot "anarchie" dérive de deux mots du Grec ancien : "an" et " archê " (nos claviers d'ordinateurs n'ont "pas prévu" l'alphabet Grec Ancien... pas plus d'ailleurs que le "Nordique Primitif Inférieur" du roman de John Irving, l'histoire d'un type qui devait boire beaucoup d'eau - rire- )...

    Ces deux mots Grecs "signifieraient" : absence d'autorité ou de gouvernement... Mais depuis des millénaires règne en maître un préjugé selon lequel l'Homme ne peut se passer de l'un ou de l'autre, et que "anarchie" serait synonyme de désordre, de chaos, de désorganisation...

    Le livre commence avec les idées-forces de l'anarchisme, puis, "à la recherche de la société future", l'anarchisme dans la pratique révolutionnaire, avec la révolution Russe, puis un passage sur une révolution libertaire, et pour finir, l'anarchisme dans la révolution Espagnole (qui n'acceptait pas le diktat de type soviétique ni toute forme de gouvernement autoritaire censé "être juste et égalitaire par la force", et donc par des autocrates, des intellectuels froids et calculateurs, une police et une armée et derrière, un système)...

    Y sont cités (avec les phrases les plus marquantes qu'ils ont dites) Proudhon, Stirner, Bakounine, Elisée Reclus (entre bien d'autres)...

    Toute une histoire de l'anarchie, des mouvements ouvriers et paysans, aux Pays Bas, en Allemagne, en Hongrie, en Espagne... depuis 1880 jusqu'en 1914 et au delà... Expériences, déchirements, adhésion au non à l'internationale communiste, à la révolution Russe et à son évolution, congrès, actions entreprises, ouvrages publiés, censure, poursuites et persécutions, etc; ... Tout cela en face de l'autorité de l'état, de la police, de l'armée, du principe sacro saint de la propriété, du fait religieux, de la "morale traditionnelle et bourgeoise", des différentes formes de "pensée unique" selon les époques...

    ... Pour celles et ceux d'entre vous qui "seraient intéréssés" par ce vaste (et sensible) sujet, qui est celui de la pensée anarchiste, je ne puis que vous recommander ce livre, qui, bien "qu'un peu ardu à la lecture", contient à mon sens, l'essentiel de ce qu'il faut savoir sur l'anarchie... Mais bien sûr, il n'y a pas "que ce livre là"...

    ... Dans la société anarchiste qu'en mon esprit je conçois, et que je dis "être un jour peut-être l'avenir de l'Homme"... dans le fil sinueux et accidenté et parfois même cassé, d'une évolution cependant certaine... C'est la relation qui est le "fondement premier et moteur" , la relation seule...

    Et la relation, c'est la relation dans la vie quotidienne et dans les contingences de la vie quotidienne entre les gens, c'est la relation à tous les niveaux : dans l'échange, dans le dialogue, dans la prise de décision, dans l'acte, dans la culture, dans l'art, dans le "vivre ensemble", dans la transmission du savoir et donc dans l'éducation, dans la mémoire, dans le souvenir, dans le vécu, dans le ressenti, dans l'émotion partagée ou communiquée...

    Il n'y a alors, plus besoin d'élire qui ou quoi que ce soit, de se donner un "système", un gouvernement, un chef, une loi écrite ou un quelconque dispositif fonctionnant comme une machine mais une machine cependant, mûe par des hommes...

    ... Mais je conçois et j'intègre dans mon esprit qu'il y a un RISQUE, un risque certain et d'ailleurs naturel, même dans l'hypothèse d'une relation "la plus évoluée et la meilleure soit-elle" : le risque de la violence et de la cruauté et de la prédation, ce risque qui fait partie intégrante de la nature... Aussi le risque ne peut-il qu'être "accepté" (ou reconnu)... et jamais, en aucune façon, écarté ou éclipsé... au nom d'une idée selon laquelle "l'Homme deviendrait comme Dieu" ... C'est à dire un être "totalement bon et juste"...

    Le risque, alors, étant reconnu, accepté en connaissance de cause... une question se pose : comment le gérer, ce risque ? ... C'est là, sans doute, un grand défi à surmonter... car alors, il semble qu'il n'y ait que deux alternatives : la violence contre la violence, ou la loi (et donc l'état) contre la violence...

    J'essaye d'imaginer "une porte qui s'ouvre" entre les deux alternatives, une porte qui ne mène ni du côté de la violence, ni du côté de la Loi... Et, pour moi, ça commence avec la relation déjà... qui au départ, ne peut-être que ce qu'elle est, mais forcément évolue...

    ... Il faut dire aussi (et c'est indéniable) que la Loi, que l'Etat, est une forme de violence : une violence organisée et codifiée. Elle est -à la base- censée protéger, garantir, sécuriser... Mais elle se révèle en définitive inefficace (du moins en partie sinon souvent)...

    Nous préférons la loi et l'état plutôt que "rien", parce que nous pensons "par la force des choses" que "rien" c'est pire que la loi et que l'état "en partie inefficaces"...

    Ce "par la force des choses"... Est-ce que c'est une "fatalité" ?

  • Festival de cassage de Télés

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    ... Quand je dis "casser des télés" évidemment je n'imagine pas que l'on aille jusqu'à casser de "belles télés" TNT intégré-écran plat-LCD, à 5 ou 6 cent euro ! Il s'agit de "vieilles télés" pas TNT, style "gros cube", des télés qu'on a mises au rencart...

    Non, quand je dis "casser des télés", c'est pluôt "symbolique" (une manière de manifester de la révolte contre une "culture bêta" de séries à la con et de thrillers américains et d'émissions de variétés de merde, et d'infos-intox et de tonnes de pub ; une manière de faire un bras d'honneur à cette civilisation de consommation de masse et de gadgets superflus)...

    N'empêche... N'empêche... Casser "pour de bon" des télés, à coups de masse, en joyeuse compagnie, en se marrant très fort, dans son jardin, avec les copains, les voisins, qui ont amené eux aussi leurs vieilles télés, et se payer ce "casse" en y mettant du coeur et en n'y allant pas de main morte... C'est "pas ordinaire", ça résoud rien j'en conviens, c'est bête, ça ressemble à rien... Mais qu'est-ce que ça fait du bien !

    ... Pour la télé d'avant les écrans plats LCD, du temps du tube cathodique, je reconnais que certaines d'entre elles, étaient de bonne qualité (il fut un temps -dans les années 80- où la technologie de l'époque avec notamment l'électronique, faisait déjà "des miracles" et n'était en fait que le "prolongement" si l'on peut dire, de tout ce qui avait jadis existé)...

    Les modèles d'aujourd'hui n'ont rien apporté, finalement, de plus, en ce qui concerne le côté "utilitaire" et pour le besoin réel qu'on en a, qui est le même...

    ... En toute honnêté il faut reconnaître que les appareils "pourtant préhistoriques" de 1995 jusqu'à 2000, avaient de bien meilleurs composants, que les appareils "hyper sophistiqués technologiquement parlant" d'aujourd'hui (et d'ailleurs s'ils ne coûtent pas aussi chers que ceux de la "première génération", c'est qu'il y a une raison -et on devine laquelle)...

  • Le château de Bonaguil

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         Le château de Bonaguil, à la limite de trois départements, donc aux confins du Lot, du Lot et Garonne et de la Dordogne... Situé en dehors de toute grande voie naturelle de passage, dans cette région au relief tourmenté, brisé, aux vallées étroites et gorges et abrupts rocheux...

    Dans toute la moitié Sud de la France, il n'y a pas d'autres châteaux qui soient à la fois aussi importants par la taille et les bâtiments qui le composent d'une part, et par l'état de conservation en dépit de quelques rénovations d'autre part... Un chef d'oeuvre d'architecture et de technologie (et de "modernisme" pour l'époque)... Certaines pièces "à vivre" du Donjon et des bâtiments qui jouxtent le donjon, ont encore sur la pierre des murs, leur enduit d'origine (blanc et lisse)... L'on y trouve des cabinets de toilette, des latrines, tout cela bien conçu et d'un grand confort, de vastes salles...

    À l'origine, entre la fin du 12 ème siècle et le milieu du 13 ème, ce n'était qu'un château fort de même type que ceux qui existaient alors dans toute la France (la France de l'époque bien sûr, qui ne comportait pas notamment les provinces du Sud en particulier le midi Toulousain et le Languedoc)...

    Entre la seconde moitié du 13 ème et la fin du 14 ème, s'ajoute un nouveau corps de logis séparé du donjon par une cour.

    Et c'est finalement sous le règne de Charles VIII (1483-1498) avec Béranger de Roquefeuil, qu'une très importante campagne de construction transforme l'ancien château fort en demeure seigneuriale...

    Nous sommes là, visiteurs, véritablement confondus par la technique architecturale de l'époque qui exigeait déja des connaissances approfondies en mathématiques, géométrie et trigonométrie et nombre d'or... toutes connaissances entrant dans les différentes mesures, dimensions, rapports, etc. ... (Impressionnant)...

    Quand on pense, question hygiène, qu'au château de Versailles (édifié au 17 ème siècle) il n'y avait pas de latrines ! Nous sommes bien là en ces 13 ème, 14 ème, 15 ème et 16 ème siècles, dans une civilisation "de haut niveau" (arts, littérature, architecture, technologie, mode de vie)... en dépit de deux faits majeurs : la dureté et les violences, et la barbarie dans les guerres -de religion et autres- d'une part ; et le fait que seulement une partie de la population (les nobles, les riches, les bourgeois, les grands entrepreneurs) avaient reçu une éducation assez "solide"...

    ... J'ai aussi observé lors de cette visite que je fis, de ce château ; que les gens venus là me semblaient tous ou presque des gens dont l'apparence, le visage, le comportement, la manière dont ils étaient habillés, les réflexions et les commentaires qu'ils faisaient... que tout cela dénotait ou plus exactement sentait son chic, son élégance, sa simplicité, son ouverture d'esprit, sa qualité relationnelle... et que nous étions là, assez loin de la banalité et de la vulgarité quotidienne du "tourisme de masse accro aux boutiques de gadgets et aux spectacles à effets spéciaux" ... D'ailleurs, en plein mois d'Août, le 10 Août très exactement... "il n'y avait pas foule" en ces lieux !

  • Mara et Dann, de Doris Lessing

    Doris Lessing, Prix Nobel de littérature en 2007, a passé une grande partie de sa vie au Zimbabwe... Je rappelle aussi, que John Maxwell Coetzee (Afrique du Sud) avait obtenu le Prix Nobel de littérature en 2003...

    Nous sommes là, avec ce roman de Doris Lessing, Mara et Dann (660 pages livre de poche "j'ai lu") dans une culture, une sensibilité, une "vision du monde", une quête initiatique à travers les mythes fondateurs de notre civilisation... Qui nous est "quelque peu étrangère" à nous, Européens, Occidentaux ; immergés que nous sommes dans une société et une économie du confort (relatif cependant), une société formatée et "aseptisée" culturellement, une société "ultra sécurisée" dans certains domaines mais "très insécurisée » dans d'autres domaines... Ainsi, chez nous, la beauté toute vraie, toute naturelle, des êtres et des choses, nous échappe, ou bien est travestie, dénaturée, pervertie aux lois de l'économie de marché, des modes et des engouements passagers... Et la cruauté, la cruauté naturelle et originelle et "faisant partie intégrante de la vie -sur Terre et peut-être dans l'univers-"... devient chez nous, spectacle, mise en scène, représentation... et cela même alors que nous sommes bel et bien conscients de la réalité de cette cruauté (qui d'ailleurs nous "tombe parfois sur le dos")...

    C'est (il faut le dire aussi) depuis la seconde moitié du 19 ème siècle en fait... Que nous, Européens, avons introduit en Afrique, dans toute l'Afrique entière du Nord au Sud, notre culture, nos modes de vie, nos habitudes, notre civilisation censée avoir apporté l'éducation, le "mieux vivre", l'hygiène, la science, la technologie, etc. ...

    Comme si l'Afrique, avant l'arrivée des Européens, "n'avait jamais eu d'Histoire" ! Or l'Afrique a bel et bien une Histoire, une Histoire bien plus ancienne à vrai dire, que la nôtre, en Europe... Il y eut, entre autres, avant l'arrivée des Européens, de grands empires tel que celui du Mali, celui du Congo... et sans doute d'autres auparavant en des époques plus anciennes... Donc, des sociétés, des civilisations culturellement et sans doute pour l'époque, technologiquement avancées...

    Tous ces empires, toutes ces sociétés et civilisations bien sûr, ont subi l'épreuve du temps, l'épreuve des évènements (guerres, éclatements/morcellements, dispersions, arrivée de "colonisateurs" Arabes, de peuples venus par l'océan indien, d'Asie, Indonésie). Et il y eut à partir du 7 ème siècle Chrétien, l'expansion de l'Islam, lequel Islam d'ailleurs s'est pour ainsi dire "mélangé" à des pratiques et des rites ancestraux...

    La situation générale de L'Afrique, (peuples, sociétés, ce qui restait des anciens empires) était donc, à l'arrivée des Européens à partir surtout du 17 ème siècle, assez différente de ce qu'elle avait été quelques siècles plus tôt ; de telle sorte que les Européens se sont alors fondés sur l'idée qu'avant, il n'y avait "rien"... Et que tout, par conséquent était "à conquérir"...

    Le livre (Mara et Dann) commence par une longue marche d'une jeune fille et de son petit frère, à travers un territoire complètement desséché, où les points d'eau sont rares, où les animaux (lézards, vouivres, dragons, et aussi oiseaux, insectes et serpents) sont de fort belle taille et très cruels et omni- présents) , où les humains se volent entre eux et se tuent pour survivre... Mais il y a, à chaque page, une réflexion, une profondeur, une sensibilité : nous sommes là, bien au delà de l'émotion ordinaire du genre de celle qu'on éprouve en lisant un roman d'aventure "grand public" par exemple...

    La faim, la soif (encore plus que la faim), la violence (elle est extrême), la trahison... mais aussi (et surtout), l'amour, la maturité, la beauté, la relation des êtres entre eux lorsqu'elle n'est plus violence, la pensée, la réflexion, l'évocation de ce qui autrefois (il y a des millénaires) fut...

  • Cela s'appelle Aimer

    Aimer  d'un seul bloc ... Ou  pas du tout  …

    Mais  pas du tout , ce n'est pas forcément « je rejette » ...

    Ne pas du tout aimer voire même détester...

    C'est peut-être... Être à deux doigts d'aimer...

    Si tu m' aimes, aime-moi  d'un seul bloc ...

    Sans aucune restriction, ou à cause de  ceci/cela en particulier, de moi, qui te  gonfle...

    Ça te gonfle, ceci/cela, de moi ?

    On peut discuter...

    Ça me gonfle, ceci/cela, de toi ?

    C'est pas grave : j'intègre !

    ... "Je t'aime parce que... "

    Mettez au bout de "parce que", tiens, ce que vous voulez qui vous convient, vous fait plaisir, vous arrange, vous "sied chaud au coeur" et j'en passe et j'en passe de tout ce que vous pouvez y mettre et en rajouter comme "bonnes et excellentes" réponses... toutes aussi convaincantes, et aussi belles, les unes que les autres, et avec en plus "une poésie" absolument "formidable et émouvante" et le tout avec "le génie" d'un "grand écrivain" (mais bon on n'en demande pas tant!)... (rire)...

    ... Eh bien, eh bien... J'appelle pas cela "Aimer" ! (ce serait, dirais-je, de "l'ennemour"-et, soit dit en passant, "ennemour" n'est pas exactement, "le contraire de l'amour"...

    On en crève, on en crève, d'ennemour, en fait, sur cette "téterre" ! Peut-être plus encore que de la haine et de la violence... ou même de l'indifférence...

    ... Et je précise :

    l'ennemour c'est quelque chose qui ressemble à l'amour, qui y ressemble même parfois, à s'y méprendre... Mais "ne nous y trompons pas", justement...

  • Le silence des armes, de Bernard Clavel

          Le silence des armes est l'une des œuvres majeures de Bernard Clavel. En ces jours de l'été de 2012 en Syrie après un an et demi déjà d'une guerre civile aussi terrible que la guerre d'Espagne de 1936 à 1939 ; dans la perspective -peut-être- d'un conflit qui, dans cette partie du monde, le Moyen Orient, risque de se généraliser, avec la menace nucléaire (je pense à Israel et à l'Iran) qui semble se préciser... Ce livre, le silence des armes, est comme un cri de révolte, un immense cri de révolte et de dégoût contre toutes ces guerres, contre toute cette soldatesque, contre toutes ces armées de mercenaires, contre tous ces pouvoirs politiques ou économiques et financiers qui soutiennent ces guerres, ces conflits ou ces coups d'état ou ces révolutions, ou même encore, les orchestrent... Car nul ne sait vraiment ce qui se trame en arrière plan de tout cela, même si l'on se doute bien qu'au fond, c'est pour l'argent, les ressources énergétiques, ou pour des questions de territoires et de stratégies avec en plus, pour compliquer les choses, la religion...

    J'avais déjà lu, de Bernard Clavel : Malataverne, L'espagnol, La grande patience (4 volumes période 1939-1945 dans le Jura)... et une nouvelle qui fut adaptée pour un film de télévision dans les années 80 je crois... Une nouvelle qui à l'époque m'avait beaucoup marqué (le film de télévision en noir et blanc était à mon avis une excellente interprétation) : un ancien légionnaire, démobilisé à Marseille après la guerre d'Algérie, un baroudeur dur-à-cuire un peu anarchiste sur les bords, un type qui a fait des conneries dans sa jeunesse, un solitaire, un dur, un "solide", un aventurier, qui n'aime pas la routine, le petit confort, qui dort à la dure, qui a fait les colonies, la jungle, la forêt équatoriale, mais d'un tempérament fort et d'une certaine dimension d'humanité, un révolté, un sensible... parcourt à pied et en auto stop la route de Marseille jusque dans le Jura... Il dort dans des granges, il travaille "de tic et de toc" chez des paysans, il arrive dans un bled paumé au fin fond du Jura, un bled où la route s'arrête au bord d'une forêt impossible qui tombe sur un précipice. On ne sait à quel endroit la végétation et les arbres s'arrêtent, on ne voit pas le bord de la falaise abrupte qui tombe à pic... Le type rencontre la postière du bled, une femme déjà "bien en âge", une "vieille fille" au visage sec et sévère, le genre que l'on ne drague pas, très conformiste, qui va à la messe le dimanche, très attachée à des habitudes (de vieille fille), en somme une femme "impossible"... qu'on n'a pas envie pour tout l'or du monde de se mettre dans son pieu!...

    Eh bien entre la femme et ce type, une relation émouvante faite d'une infinie délicatesse et de discrétion de part et d'autre s'établit peu à peu et à la fin, le type, qui n'a jamais pu concevoir de sa vie une route qui s'arrête, s'enfonce dans l'enchevêtrement des broussailles, taillis, arbres, ronces, et tout à coup, tombe dans le piège mortel : il disparaît dans le précipice... Et la femme continue sa vie toute seule mais avec le rêve dans sa tête, le rêve de cette vie qu'elle aurait voulu avoir et partager avec le type...

    Par la suite j'ai beaucoup réfléchi à ce sens de la relation entre deux êtres si différents l'un de l'autre et qui pouvaient arriver à s'aimer et à envisager de "continuer la route ensemble"...

    ... Le silence des armes, première page, commence ainsi (je cite) :

    "Le pays fut sur lui d'un coup. Tout le pays, absolument. Encore noyé dans cette heure d'avant l'aube qui porte le poids de la nuit sans connaître l'espérance du jour à naître.

    Partout à la fois, autour de lui, Jacques sentit le pays. C'était inattendu. A vous couper le souffle. Une eau jaillie de nulle part et de partout.

    Et Jacques éprouva soudain la sensation d'être deux. L'un percevait toute la chaleur de cette étreinte profonde ; l'autre demeurait insensible, planté sur le quai de la gare. Devant lui, l'autorail aux fenêtres éclairées. A côté de lui, sa grosse valise qu'il venait de poser sur le quai. A quelques pas, l'employé. Personne d'autre n'était descendu de la voiture, personne n'y montait. Elle s'était arrêtée pour lui, au coeur de cette nuit qui enveloppait la gare. Cette nuit qui portait le pays invisible qu'il devinait mouillé comme ce quai de bitume où s'étiraient des reflets sales."

    ... Nous sommes, dans ce livre, dans des descriptions de paysages, d'atmosphère et d'ambiance à la fois très imagées, très poétiques et suggérant par moments une réflexion profonde, avec des phrases bien rythmées, des sonorités qui reviennent, une grande richesse de vocabulaire mais sans effets spéciaux, sans grandiloquence ou métaphores hasardeuses...

    Un passage qui m' a presque fait pleurer tellement je le trouve beau et émouvant, c'est quand il parle du traquet rieur, cet oiseau délicat, fragile, qui sait que l'homme est dangereux et qui construit son nid dans un creux de roche barré de petits cailloux qu'il dispose tel une barricade... sublime ! (ça m'a fait penser à ce sujet d'ailleurs, à un texte que j'avais écrit moi-même en 2005 sur le traquet rieur)...

    Ce livre c'est l'histoire de Jacques Fortier blessé, moralement détruit par les atrocités vécues en Algérie, qui revient dans son village du Jura pour quelques jours de convalescence... Mais il ne repartira pas dans les Aurès, il refuse d'accepter la haine et le sang, il ne veut pas renier l'enseignement d'un père mort et jadis incompris...

    "Le monde ne sera sauvé, s'il peut l'être, que par des insoumis"... Cette phrase résume le drame du Silence des armes, l'une des oeuvres majeures de Bernard Clavel.

    ... Bernard Clavel est, avec Albert Camus, l'un de mes auteurs préférés de la littérature du 20 ème siècle...

    Et cela déjà, outre la dimension littéraire de ces auteurs là, du fait de leurs origines : ils sont tous deux des "fils du peuple", du monde des ouvriers, des artisans, des gens simples qui n'ont jamais fait fortune ni leurs prédécesseurs dans leurs familles respectives que ce soit du coté du père ou de la mère...

    Albert Camus, son père était tonnelier à Belcourt un quartier "pauvre" d'Alger, il a été boursier pour pouvoir se rendre au Lycée et faire ensuite des études...

    Bernard Clavel a quitté l'école dès l'âge de 14 ans, pour aller en apprentissage chez un pâtissier de Dole, ensuite il a travaillé en usine, dans le vignoble, dans la forêt, dans un atelier de reliure, à la sécurité sociale, dans la presse écrite et parlée, et il dit que les métiers qu'il a fait ont été pour lui des universités...

    J'ai toujours eu une très grande admiration pour ce genre d'auteurs ou d'écrivains : ceux qui ont eu une autre "formation" que la formation universitaire ou de grande école (quoique Albert Camus ait fait, ait pu faire, des études universitaires (mais au départ il était boursier)...

    La dimension d'humanité (et de l'artiste, et de l'écrivain, ou du philosophe, de l'homme de lettres, de l'intellectuel en général)... devrait à mon sens "aller de pair" (lorsque c'est le cas) avec la formation universitaire si l'on a pu avoir cette formation dans les meilleures conditions possibles...

    J'ai peu de considération (du moins pas de vénération) pour les "Grands" que "l'on a fait Grands" ou qui se sont fait grands grâce à l'argent et aux relations...

    J'ai peu de respect voire de la révolte, pour le pouvoir de l'argent et des relations et des milieux où l'on "a tout pour plaire et réussir"...

    Et je tiens à le faire savoir, à l'exprimer haut et fort, avec même une sorte de "pensée intégriste" ... Mais je n'oublie pas cependant la "dimension humaine" lorsque elle existe chez des gens qui "ont eu plus de chances que les autres" ... (on peut être "intégriste" dans ses convictions... mais avec toutes les nuances possibles et avec aussi, toute la réflexion qu'il convient d'avoir et qui est en fait, nécessaire...)

    Quel livre, que le silence des armes ! Et quel épilogue avec le "réquisitoire du fond de ses tripes" de Jacques Fortier en face des gendarmes, du Maire et des Autorités qui sont venus l'interpeler, un "réquisitoire" contre l'armée, la guerre, celle d'Algérie avec toutes ses atrocités de part et d'autre... Des "vérités" qui claquent comme des coups de fouet sur ces villageois et gens "du bon pays de France" qui avaient des vues totalement erronées et conditionnées par le pouvoir de l'époque au sujet de ce qui se passait en Algérie... En lisant tous ces mots, ces mots de la plume même de Bernard Clavel (il n'invente rien en fait) je me voyais moi-même dire les mêmes mots -dans un contexte évidemment différent, celui de notre époque- j'avais l'impression de reconnaître l'être même que je suis au fond de moi, et bon sang, qu'est-ce que "ça me prenait aux tripes"! Et ce curé, ce jeune curé, qui disait à Jacques que le père de Jacques était le seul du village qui n'allait pas à l'église mais qui était le plus chrétien de tous!

    Et ce Théodore, ce "vaurien", ce voleur, ce paresseux, ce "connard" à la solde des "braves gens quand ça les arrange", qui avec son fusil de chasse, tue le chien rouge, ce chien qui n'arrêtait pas de suivre Jacques partout où il allait... Il le tue sur la place publique où est massée une foule compacte de curieux venus là pour assister au drame et à l'interpellation de Jacques Fortier... Alors Jacques Fortier vise avec son Lebel et "troue la paillasse" à ce salaud de Théodore (le seul mort de l'affaire mis à part Jacques Fortier à la fin, à la "Fontaine aux daims")...

    Retranché dans la maison de ses parents, en vente, il a récupéré la caisse d'armes et de munitions au grenier, de son oncle Emile, un ancien militaire, frère de sa mère... Et il déjoue tous les plans de la force de gendarmerie, parvient à quitter la maison durant la nuit, et finalement se rend à la fontaine aux daims où il est tué, exactement comme bien des années avant du temps de son père lorsque une troupe de chasseurs avait attendu les daims assoiffés venus boire à cette fontaine...

    Quel livre ! A vrai dire, tous les romans de Bernard Clavel sont ainsi : une immense réflexion, de la poésie, des images fortes, une fabuleuse et "légendaire" dimension d'humanité... Des histoires dramatiques et poignantes mais en toile de fond "une vraie beauté des êtres et des choses"...

  • Appelons un chat un chat

          Qu'on ne me dise pas que tous ces gens à très hauts revenus, fortune, biens mobiliers et immobiliers ; qui "soustraient" au fisc des sommes pharaoniques pour les placer dans des "paradis fiscaux" (Suisse, Luxembourg, Monaco, Liechtenstein, Caraïbes, Iles Caïman et autres) seraient "des gens très bien" ...

    Appelons un chat un chat : c'est du VOL ! C'est à dire "plus qu'un détournement" ...

    Certains chanteurs et artistes du spectacle de divertissement et de variétés-chansons, grandes vedettes mondialement connus, lorsqu'il leur arrive de faire don de sommes importantes pour des causes humanitaires, ne mettent pas d'abord cet argent dans des paradis fiscaux pour ensuite le ressortir et le distribuer aux pauvres : ils le versent directement...

    L'argent qui est dans les paradis fiscaux (plus de 50 % de toute la masse monétaire de la planète) n'est presque jamais ressorti par exemple au bout de six mois, pour être réinjecté dans l'économie (l'économie qui sert à faire tourner les entreprises, l'industrie, le commerce, et qui donne du travail aux gens)... Et encore moins (et là pas du tout) pour les services publics, les collectivités, les choses dont tout le monde a besoin et se sert, les hôpitaux, les écoles... L'argent qui est dans les paradis fiscaux finance des armées de mercenaires, des guerres, des coups d'état, le trafic de drogue, d'organes, la prostitution sauvage en particulier des enfants, et bien sûr le train de vie des milliardaires de la planète...

    Que l'on critique le système fiscal (surtout celui de la Gauche)... je veux bien, encore... Par exemple quand on estime que certains payent trop et d'autres pas assez, que ce ne soit pas "tout à fait juste", ou "que ce sont toujours les mêmes qui payent" (il faut voir lesquels d'ailleurs)... Oui, je conçois que parfois, "l'on ne soit pas tout à fait d'accord" (pour telle ou telle raison à prendre en considération)... Mais de là à envisager parcequ'on a "quelques millions", de se faire domicilier en Suisse, en Belgique, au Luxembourg, à Monaco... pour échapper au fisc et donc, pour pouvoir soustraire à la nation, de l'argent qui servirait au bien de tous (je pense à l'hôpital et à l'école tout d'abord mais il n'y a pas que cela)... Il y a "une marge"! (à dire vrai de l'indécence, de la prédation) !

    Et ce qui me scandalise, ce qui me révolte, ce sont tous ces gens qui sont ouvertement ou tacitement d'accord avec le fait de placer de l'argent "ailleurs" ; tous ces gens actuellement pas riches du tout (ou un peu riches)... qui, s'ils devenaient des milliardaires, s'empresseraient eux aussi d'aller placer leur argent dans ces paradis fiscaux !

  • Ils avancent mais la route s'efface sous leur pas

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    Celui qui tient dans sa main au bout de son long bras, un soleil, n'a pas un visage avenant... autant dire qu'il est peu crédible.

    Quant à l'autre, celui qui présente un squelette de poisson, il sait qu'il trouvera preneur tout de même...

    Mais tous deux avancent, avancent sans cesse, et la route s'efface sous leurs pas... Une route que personne ne prend, d'ailleurs... Le soleil est comme un gros bonbon qui lumine, prêt à être sucé, et le poisson dépouillé de sa chair est une nourriture bien pauvre sur laquelle tant de dents se jettent cependant...

  • Guy Ramet, un artiste vivant...

    ... Qui a disparu le 21 avril 2012...

          J'ai découvert récemment, et mesuré l'immensité (la stature en fait) de cet homme tout à fait hors du commun, dans un art qui, "ne passe pas trop sur le Net", étant donné que nous sommes là, dans une expression du corps, qui exige donc une présence physique, et au delà de cette présence physique, tout ce qui émane de cette présence ...

    ( et c'est cela justement qui est immense, qui fait réfléchir sur le sens de la vie, et surtout sur le sens de la relation humaine)...

    Guy Ramet est en effet un grand spécialiste de l'expression corporelle sur laquelle il organisa des stages, ainsi que sur le travail du masque, des improvisations, des techniques du clown, du travail vocal et du travail du choeur.

    Nous vivons des temps bien étranges à mon sens : d'un côté certes, de réelles avancées en matière d'art, d'écriture, de dessin (graphisme, peinture) ... Mais je ne sais si l'on peut en dire autant de la musique cependant... Et d'un autre côté, cette "omniprésence" de l'effet spécial, de l'apparence, de la mise en scène en vue de susciter de l'émotion, de l'émotion seule ou qui vise à produire de l'effet dans un but essentiellement marchand, de la contre façon, de la médiocrité, de la facilité et de l'immédiateté "sans rien derrière"... Et le Net est une sorte " d'océan" qui véhicule ces courants d'une culture qui à vrai dire n'en est pas une mais une culture de remplacement comme un tissu cellulaire de moindre qualité envahissant le corps peu à peu...

    Guy Ramet est un artiste vivant, vraiment vivant.

    Hélas, bien de ceux et de celles que l'on nomme "grands", que l'on fait "grands", en ces temps si décevants par moments ; ne sont pas, quand on y regarde de plus près, et que l'on commence à réfléchir... Des artistes vivants : ce sont plutôt des "bêtes de scène" ou de marchés ou de salons de ceci/cela, et ils sont des êtres morts dans la mesure où ce qui paraît vivant en eux, n'est que de la représentation, du spectacle...

    Il n'y a, au fond - et c'est un thème sur lequel je réfléchis beaucoup- que l'expression du visage, du corps, du regard ; le son (et le ton) avec toutes les nuances de la voix, tout ce qui émane de soi et que l'on projette... Tout cela, on ne peut pas le faire sur internet...

    Et cela peut prendre de la dimension, du sens, cela induit de la relation et cela se travaille ; c'est l'oeuvre d'une vie, se transmet, se partage, se moque de l'indifférence...

    Je pense à certains rythmes de danse où le corps tout entier se meut, où le regard parle, où le visage parle, où le corps en se mouvant raconte, suggère, témoigne...

    Un texte, même très bien écrit, de quelques lignes ou de quelques pages, en dit en fait moins qu'un regard, qu'un sourire, qu'un visage, que des mains, que le corps en mouvement... Déjà, ce "langage" là, celui du corps, du visage, de la main, est un langage "universel" (et en même temps d'une grande singularité) : il "fédère" sans cependant s'imposer par la force ou par le pouvoir que l'on peut avoir sur les gens...

    « Avez-vous déjà observé, scruté le corps et le visage de votre enfant, de votre ami(e), de votre conjoint, de vos parents... ? Avez-vous remarqué qu'ils ont bien le corps de leur visage et le visage de leur corps et que tout cela va bien ensemble ? Non ? Alors mettez le visage d'Alfred sur le corps de Jules, celui de Jules sur le corps de Julie et vous verrez que rien ne va plus ! C'est un peu sur ce principe déconcertant du « rien ne va plus » que repose le travail du masque. En portant, par le masque, un autre visage, un étrange phénomène se joue : alors que l'on couvre son visage, on découvre son corps. Le porteur pensait peut-être se masquer/se cacher.

    Mais le masque n'a pas pour fonction de (se) protéger (casque de boxe, de moto, de soudeur...) ; ni d'identifier (tous les uniformes ; ni de séduire (soirées et fêtes masquées et déguisées). Sous le masque, le porteur se voit révélé, renaître à lui-même et aux autres sous un jour nouveau et ce n'est pas le cas des dernières catégories évoquées. Porter un masque c'est donner à voir ce que l'on ne peut pas voir d'ordinaire : l'invisible. »

    [Extrait de Théâtre « Art du Corps »

    Vers une anthropologie du mouvement

    Selon Guy Ramet]

    Extrait de "La terre...L'eau...Le ciel...Le feu..."

    Jacques Bury a lu lors des funérailles de Guy Ramet, ce petit texte, extrait du dernier spectacle écrit et dirigé par Guy, en juillet 2011 (avec Justine Dubos, Catherine De Keghel, Pascaline Gosuin, Julie Marichal, Christophe Dufour, Geert Neckebroek).

    « Sais-tu que chaque fois que quelqu'un meurt dans le monde, à quelque heure du jour ou de la nuit, de froid, de faim, de travail, de maladie, de souffrance, d'assassinat ou de suicide, de cataclysme naturel ou de guerre, mais aussi d'amour, par amour, par empathie ou par passion, par idéal ou par folie..., chaque vivant dans ce marécage de tourments, est atteint dans son corps, son coeur et son esprit, par une minuscule blessure, une fragile meurtrissure, une petite mort. C'est en cela que nous sommes à la fois vivants et morts. Ou morts et vivants tout à la fois. Que nous sommes reliés... Et contre ces liens-là, tu ne peux rien. »