Articles de yugcib

  • La porte qui claque et se ferme

     

         Et si, ce que tu croyais être sorti du meilleur de toi-même... Ne l'était point, ce meilleur ? Du moins, pas toujours ?

    Et si, ce que tu croyais être sorti du pire de toi-même... Ne l'était point, ce pire ? Du moins, pas tout à fait aux yeux de qui te connait ?

    Se connaître soi-même est une entreprise difficile...

    C'est la raison pour laquelle les Autres sont essentiels... Comme Dieu pour un croyant...

    Entrer déplaisant dans le regard de quelqu'un qui à peine te connaît, est certes, peu confortable : ainsi claque et se ferme une porte à notre passage... Une porte que par la suite on n'essayera jamais d'ouvrir...

     

  • Une impuissance tragique

     

         La dureté générale, permanente et quotidienne du monde ; la dureté dans les rapports de communication, la dureté dans les jugements et dans les comportements, la dureté avec laquelle on parle des gens qui ne sont pas forcément présents quand on parle d'eux... Me fait toujours très mal et j'en arrive à ne plus pouvoir la supporter.

    Cette dureté ne me révolte pas cependant... Se révolte-t-on contre la violence du vent ? Contre la violence de la nature ?

    Cette dureté générale du monde est le " sens commun ", le sens habituel : c'est ainsi que fonctionne le monde tout entier... Il n'y a donc pas lieu de s'en étonner.

    Le désespoir le plus profond à mon sens, que l'on peut avoir, ne vient pas de la dureté du monde mais de l' incapacité du meilleur de nous-mêmes à changer la vie que nous vivons, à changer la vie des êtres que l'on aime... Ne pas dire par exemple, au moment où il faudrait le dire, tout le bien que l'on sent, que l'on sait ou que l'on découvre en l'Autre... Ne pas exprimer ce qui peut être attendu par l'autre. Il y a bien là une impuissance tragique de cette capacité d'amour en nous qui pourtant existe, mais se trouve arrêtée dans son élan, ou figée dans le silence, ou retenue par timidité ou pudeur... Cette impuissance est d'une pesanteur extrême et c'est ce qui m' a le plus bouleversé dans la vie que je traverse... Et le plus interrogé aussi...

    J’ai senti la philosophie et la littérature impuissantes, stériles, en face de cette incapacité du meilleur de soi-même à changer sa propre vie et la vie des autres... Lorsque survenait cette incapacité... Et elle survient toujours, l'incapacité, parce qu'il y a dans ce "meilleur de soi-même" comme une sorte de "contre-poids" – ou de pesanteur- constitué de la somme de toutes les "vérités" que l'on s'est faites et qui ne peuvent être forcément et logiquement appliquées, précisément, pour "changer la vie des autres"... ou changer sa propre vie...

     

     

  • Quand passent les nuages

     

    Quand passent les nuages, le bec des cigognes s'enturbane d'un voile de poussières mortelles...

     

    C'est aujourd'hui... ou demain – à vrai dire peut importe- que passe au dessus de la France le nuage radio-actif venu du Japon après avoir fait le tour de la Terre... Et comme les réacteurs nucléaires de la centrale de Fukushima "fumeront" encore dans les jours qui viennent, un autre nuage, puis un autre encore, fera de nouveau le tour de la Terre...

    Le 30 avril 1986, quand le nuage de Tchernobyl est passé au dessus de l'Est de la France, il fut dit que "ce n'était pas dangereux" (alors que cela le fut en vérité)...

    Que croire ? Qui croire ?

    Les "Dieux" qui se sont imposés avec leur religion "le pognon", se foutent de nous tous... Il faut que le Marché puisse se tenir en tous lieux de la Terre, que "la boutique tourne et que les tiroirs-caisse" se remplissent...

    Les "Anges" qui se sont imposés avec leur religion "la pensée sécurisante" – et se sont parés de crédibilité scientifique- ne se foutent pas de nous, du moins pas tout à fait... Mais les "Dieux" leur ont lié les ailes pour les garder dans la "céleste demeure"...

     

    L'eau du robinet à Tokyo vient d'être reconnue impropre à la consommation pour les bébés...

    Il est dit que ces particules radio-actives, à mesure que les nuages les porte au loin, se dispersent et "deviendraient donc moins dangereuses"... Mais comment en vérité ces particules deviendraient "moins actives" simplement parce qu'elles sont plus dispersées dans l'espace ?

    "Les sols, les végétaux, ne conserveraient que durant quelques années -au pire- des éléments radio-actifs tels que le césium ou le plutonium"... (pour l'iode, ce serait "quelques semaines")... J'en doute !

    Ces "Dieux" cependant, nous y croyons, même si nous n'adhérons pas à leurs religions... Car sans eux, le monde ne nous sempble pas possible, ni tout ce dont on jouit et où l'on se vautre, avec la grande peur permanente et entretenue, de tout perdre...

    Ces "Anges" nous les écoutons car ils nous disent ce que nous voulons entendre, alors qu'ils se taisent par ailleurs au sujet de ce qu'il nous déplairait de devoir subir...

     

    ... Pas un seul nuage dans le ciel d'Aquitaine ce mercredi 23 mars... Ni je crois bien, dans le ciel de la France entière...

    Et sous la houlette des "Dieux", bénis d'azur et de lumière printanière, les "Anges" en toute sérénité peuvent donc souffler dans leurs trompettes, les airs qui bercent les mortels que nous sommes en ces saisons d'enfer qui viennent...

     

  • Tous ces êtres...

     

    Tous ces êtres qui nous attendent et que l'on ne touche jamais ni d'un mot ni d'un regard ni d'un doigt...

    Tous ces êtres qui passent et sur lesquels nous "confettisons", silhouettes proches ou lointaines qui n'entreront jamais en notre fête...

    Il est vrai aussi que la fête peut se faire bruyante, sans manèges enchantés, ou si troublante ou si étrange que personne ne s'y arrête...

    Toutes ces attentes que l'on a et qui mordent dans le silence !

    Tout ce qui nous vient d'ici ou d'ailleurs, d'elle ou de lui, d'eux, de tous ces visages... Et qui sombre dans une indifférence entretenue...

    Et il n'y a qu'une fois, une seule fois...

    En une seule vie...

    En une seule traversée...

    L'attente, la volée de confettis...

    Le silence mordu...

    L'indifférence comme la poussière effaçant les traces de nos pas...

    Et les traces de leurs pas...

     

  • Un être, un peuple, un pays

     

         Tel un enfant à l'instant de ce qui le met en joie ou en détresse, à l'instant de ce qu'il découvre, à l'instant de la pensée ou de la question qui lui vient...

    Tel un enfant en cet instant qu'il vit et dont il perçoit tout ce qui fait être cet instant... Je pense à ce qu'il peut y avoir de clairvoyant et de grave en même temps – et sans le support du raisonnement- dans le regard d'un enfant...

    Celui ou celle qui n'est plus un enfant en cet instant mais a encore à l'esprit qu'il le fut...

    S'enlise – ou se fige – dans ce qu'il croit être une vérité qu'il porte en lui ou en elle... Une vérité qui entre dans ce qui lui fait une "beauté intérieure" en laquelle il, elle, trouverait sa foi...

    L'instant s'en va, puis s'éloigne peu à peu dans le temps, et il demeure ensuite cette permanence du souvenir de l'instant... Et aussi cette permanence d'une vérité et d'une beauté portées en soi...

    Ainsi en est-il de l' Être en particulier... Ainsi en est-il de même d'un peuple ou d'un pays...

    Alors vient l'enlisement et, avec l'enlisement, une indifférence ou une cécité en face de ce qui est une "autre vérité" ou une autre "beauté intérieure"... Cela peut même aller jusqu'à la négation de cette "autre vérité" ou de cette autre "beauté intérieure".

    Que les êtres et que les nations soient fiers, cela se peut... Et c'est beau !

    Mais que les êtres, et que les nations s'enlisent ou se figent dans la vérité et dans la beauté qu'ils portent en eux, c'est cela qui ébranle, secoue et fracture le monde...

     

  • Une sorte de confiance...

     

     

         Une sorte de confiance, encore imprécise ou diffuse, et parfois malmenée par d'abjectes réalités, m'incline à penser que l'humanité tout entière, finira par revenir de l'enfer dans lequel elle s'est jetée en croyant atteindre le paradis...

    L'humanité cependant, n'atteindra jamais le paradis... Elle fera peut-être mieux encore, mais cela ne ressemblera pas au paradis. Et Dieu, les religions, la philosophie, la technologie, la politique... N'y seront guère pour grand'chose. Il y a ce qu'il faut, en l'Homme, pour que s'accomplisse son histoire au beau milieu des étoiles.

  • Visages

     

         Avant d'avoir voyagé en de nombreux pays...

    Avant d'avoir vu les Andes, l' Himalaya, la Terre de Feu, l' Australie ou la Nouvelle-Zélande...

    Avant d'avoir acquis une connaissance phénoménale...

    Avant de posséder une belle maison, une belle voiture...

    Avant d'avoir un bon métier, avant d'être " bien vu " et d'être un personnage reconnu dans le monde...

    Avant d'être " Monsieur ou Madame quelque chose"...

    Avant tout ce que l'on a pu réaliser sur cette Terre, avant d'avoir édifié, inventé...

    Avant d' avoir rayonné comme une étoile ou comme une galaxie...

    Avant de s'être demandé si la vie avait un sens ou non, avant d'avoir sondé les abîmes de l' absurdité ou escaladé les sommets de la raison...

    Avant toutes ces certitudes qui nous rassurent, avant d'avoir trouvé sa place, son soleil, ses repères, sa foi, son identité, avant d'avoir fait mieux, comme ou pire que les Autres, oui, avant tout cela...

    ... La vie est essentiellement faite de tous les gens que l'on a aimés, que l'on aime, et que l'on aimera...

    De tous ces visages que l'on a rencontrés ou avec lesquels on vit aujourd'hui...

    Tous ces visages qui nous ont permis de reconnaître, d’effleurer des souvenirs...

    Quelque chose d'ici ou d' ailleurs, d'autrefois, de maintenant et de demain, et qui nous relie ne fût-ce qu'un instant, comme un fil invisible, ensemble, et pour toujours...

    Ces visages sont toujours plus beaux que les plus beaux paysages du monde, toujours plus riches que toutes les fortunes...

    Et ces visages-là, même si nous ne savons rien d’eux, même s'ils passent dans notre vie, un matin, un soir, un jour, une nuit, aussi vite qu'un oiseau sur une branche ou qu'un papillon d'une fleur à l'autre, feront trace à jamais...

    Si notre mémoire même, les retrouve imaginés dans un paysage qu'avec eux nous n'avons plus traversé et que nous avons essayé de dessiner en rêve, ces visages n'en sont pas moins demeurés tels qu'ils furent...

    Et quand on a la chance d'avoir, pour quelques années ou tout au moins pour une certaine durée, ces visages dans notre vie de tous les jours, en des moments particuliers et privilégiés, il arrive que le temps semble s'arrêter et alors on se sent intimement relié, en ces moments là si privilégiés, aux êtres qui nous entourent, et l'on perd cette conscience tragique et habituelle de la brièveté de la vie, l'on éprouve une sensation de sécurité et de sérénité absolus...

    Les maisons et les voitures ont des vitres. Sauf quand il pleut, les maisons et les voitures ne pleurent jamais. Par contre les gens eux, ont des yeux et il leur arrive de pleurer. Mais aussi de rire heureusement.

    Les maisons, sauf celles qui tombent en ruines et les voitures tant qu'elles ne vont pas à la casse, durent plus longtemps que les gens qui les possédaient juste avant de mourir...

    Et lorsque les gens sont morts, on se demande souvent ce que vont devenir les maisons et les voitures : qui les habitera, qui roulera dedans ? Qui et plutôt qui que qui ?

     

  • Les oligarchies

     

         En ces jours d'actualité dramatique (Lybie, Japon, entre autres...) je lis "L'OLIGARCHIE ça SUFFIT, VIVE LA DEMOCRATIE" d'Hervé Kempf (L'histoire immédiate, SEUIL)...

    Tout à fait édifiant, et d'une réaité aussi effrayante qu'indéniabe !

    Ainsi nos "oligarques" sont tous, des personnages qui ont, disons, "un cursus de formation université/grandes écoles (entre autres : ENA, soit école nationale d'administration)... "assez impressionnant" en ce sens que, bien sûr ces gens là sont "très calés" en leur domaine, (et de renommée mondiale)... Mais surtout formés, très hautement formés, aux méthodes de management, de techniques de communication médiatique, et sont dotés de pouvoirs économiques et décisionnels "extraordinaires"... Et ils sont tous affiliés à de grands groupes bancaires et industriels , siègent dans les conseils d'administration de toutes les grandes sociétés, dans les assemblées d'actionnaires, dans les "hautes sphères de la direction" des lobbies mondiaux et des monopoles immobiliers, dans l'armement, et même dans les mafias et les paradis fiscaux...

    L'on voit bien que le système éducatif, dont on ne connait que la base avec l'école, le collège, le lycée, la fac et les IUT (et même Sciences Po)... A "un certain niveau" (qui est celui des très grandes écoles les plus renommées de la planète), est sciemment orienté dans le sens d'une formation spécifique à l'autoritarisme décisionnel, à la compétition ultra rude, à la destruction planifiée de la démocratie là où elle existe encore (mais illusoirement)...

    Ces "oligarques" sont tous sortis des plus grandes écoles de la planète (celles où le commun des mortels n'accède jamais, surtout depuis une vingtaine d'années), ils sont milliardaires en argent, biens et propriétés répartis sur toute la planète, et plus puissants que les gouvernements, et de surcroît, ce sont eux qui "orchestrent" à l'échelle du monde entier, ce que les intellectuels de droite comme de gauche, ce que bien des gens en France et ailleurs, dénoncent en tant que "médiocrité culturelle"... Ce sont eux ces "oligarques", les pourvoyeurs de la médiocrité non seulement culturelle mais générale... Par les vecteurs de diffusion généralisés que sont la télévision, la presse, le déversement sur les marchés mondialisés de tous les produits de consommation de loisirs et de tourisme, les jeux vidéos, les retransmissions fréquentes et répétitives des compétitions sportives ; les espaces cuturels de grandes surfaces commerciales aux étalages chargés de livres d'auteurs à la mode et d'ouvrages destinés à satisfaire un public plus ou moins consentant et aisément séduit... Sans compter également, toutes les productions cinématographiques à sensation et effets spéciaux qui font venir dans les salles en "Multiplex" des millions de spectateurs. Et ce sont aussi toutes ces oligarchies, qui contribuent à l'assèchement des services publics qu'elles pillent en concertation et avec la complicité des gouvernants "à leur botte")...

     

    Je cite ce paragraphe (je vous invite d'ailleurs à lire le livre d'Hervé Kempf L'OLIGARCHIE ça SUFFIT, VIVE LA DEMOCRATIE" :

     

    " Le fatalisme est d'autant plus intense qu'il sourd d'une culture devenue massivement individualiste... Le succès brillant et incontestable du capitalisme depuis 1980 a été de généraliser à un point jamais vu, le repli sur soi, le déni du collectif, le mépris de la coopération, la concurrence ostentatoire. Incapables de s'unir dans la protestation, les plus faibles se réfugient dès lors dans toutes formes de fuite : ... anxiolytiques, drogue..."

     

    Et encore ceci :

     

    "La majorité des députés sont millionnaires. Vous ne pouvez gagner que si vous êtes appuyé par les grandes compagnies. ... ... ... Quant aux contre-pouvoirs ... ... ils seraient pour l'essentiel passés aux mains des élites américanisées. Toutes les institutions de la démocratie ont été vidées de leur sens et travaillent ensemble au bénéfice des élites. ... Il y a une infiltration de tous les instruments de l'État, une érosion des libertés publiques, des injustices quotidiennes mais peu spectaculaires".

     

    ... L'état actuel du monde, me ferait penser à "Soleil Vert", ce film de science fiction sorti je crois en 1974... Et qui, l'on comprend pourquoi, est tellement "d'actualité dérangeante" qu'on ne le voit plus nulle part... Il a été encore diffusé en salle lors d'un festival du fantastique à Gérardmer en 1997 ou 1998.

     

    L' "école de base"... Je veux dire : l'école primaire, le collège, le lycée, la fac et les IUT et les écoles supérieures spécialisées même... Préparent déjà dès le plus jeune âge le "futur citoyen" à se "couler dans le moule" prévu à l'avance par les oligarques et les gouvernants...

    Mais il existe un grand nombre de jeunes, de milieux dits "défavorisés" et par extension de plus en plus évidente, d'autres jeunes des "classes moyennes" voire "aisées"... Dont le "profil" (social, intellectuel, ou "de sensiblitié considérée marginale") ne correspond pas ou plus du tout, à ce "modèle" défini par les élites et les gouvernants... Alors il faut que toute cette jeunesse là soit "mise au pas" et que pour finir, au delà des manifestations de rue , des révoltes, des mouvements de contestation, des "errements" en quelque sorte... Elle puisse cette jeunesse, une fois âgée de 25 ou de 30 ans, devenir bon gré mal gré, ces "citoyens lambda" enfermés dans leurs dettes, dans leurs crédits de voiture et de maison, et qu'elle se "dilue" dans la culture de masse, la culture du loisir, la culture de l'individualisme et de la consommation... Cela, tout cela, afin que les oligarques soient encore plus riches et qu'ils puissent accueillir dans leurs rangs d'autres oligarques pour former des oligarchies encore plus puissantes et plus prédatrices...

     

    ... Tout ne peut commencer déjà, pour que vienne enfin un monde qui ne soit plus celui que l'on nous impose ( et tout au moins et à la base )... Tout ne peut commencer déjà, que par une connaissance suivie d'une conscience collective et généralisée, de tout ce qui "pourrit le monde"...

    Les initiatives, les projets, les actions menées, l'organisation, l'expérimentation, la relation qui s'établira entre les uns et les autres... Tout cela viendra peu à peu, une fois "allumée" la conscience collective...

     

  • Tokyo

     

         Tokyo, trente cinq millions d'habitants, la plus grande ville du monde...

    J'imagine Tokyo devenue un "désert urbain", vidée d'une grande partie de ses habitants ; des rues et des avenues silencieuses, sans automobiles... Quelques passants de ci de là, portant un masque sur leur visage ; de très nombreuses boutiques fermées, des ateliers, des usines, des commerces et des bureaux inanimés... Et à la nuit tombée, plus d'enseignes lumineuses aux vives couleurs... Tout cela oui, comme dans un film catastrophe ! À cette différence près que le "film" en ces jours du mois de mars 2011, est une succession impressionnante d'images vraies diffusées par les télévisions du monde entier...

    Tokyo, avec ses immenses enseignes lumineuses de toutes les couleurs, aussi Asiatique qu' "occidentalisée" dans sa civilisation d'ingénieurs, de scientifiques, de chercheurs, de créateurs d'entreprises, de collections de mode, d'art et de culture ; avec ses femmes si belles, son élégance, sa discrétion et son intelligence jusqu'en ses êtres les plus ordinaires et les moins "riches"...

    Tokyo et le Japon tout entier, le pays du soleil levant avec sa littérature, ses romanciers, ses écrivains et ses poètes, ses artistes et ses cinéastes, ses peintures, sa soie aux couleurs si douces, ses cérémonies du thé à l'heure de la pause... Et tous ses créateurs avec leurs imaginaires d'une si grande et si poignante sensibilité, des imaginaires comme suspendus sur les fils argentés et lumineux d'une immense toile tissée par une jolie petite araignée...

    Tokyo... L'exode de toute une population vers le Sud, vers Osaka et l'extrémité de cette terre, de ce pays blessé dont le ciel désormais charrie une poussière mortelle...

    J'imagine des millions de gens, de familles avec enfants, peut-être sur les routes pour certains d'entre eux, mais plutôt en longues files d'attente pour une place dans un train ou dans un bus ou dans un avion... Un exode qui dans l'Histoire des hommes de cette Terre, sera encore plus "terriblement légendaire" que l'exode de dix millions de Français sur les routes de France en juin 1940.

    Et de cet exode, pourra-t-on en revenir ? Sans doute pas de sitôt...

    Si cela avait été New-York ou Los Angelès, ou Mexico ou Johannesbourg, ou peut-être même Paris... J'imagine, bravant la pluie pourrie et les brumes corrosives, des hordes de miséreux mais surtout de toutes sortes de malandrins et d'aventuriers en quête de "trouvailles" et de récupérations, venant squatter les appartements, dévaler en bandes errantes dans la ville abandonnée, se livrer à une orgie prédatrice de tout ce qui peut assouvir une faim travaillée par les envies les plus féroces...

    Tokyo... Avec sa civilisation certes "occidentalisée" mais si Asiatique cependant, avec sa culture et son élégance, son intelligence et son "âme", l'âme même de chacun de ses habitants... Si, comme toutes les grandes villes du monde elle a aussi ses malandrins, ses trafics illicites, ses mafias, sa fièvre d'argent... Tokyo, je ne la vois pas envahie pour autant, de toutes ces hordes venant la squatter et s'y vautrer dedans comme sur une femme à demi morte sur laquelle on se jette, bravant la pluie pourrie et les brumes corrosives...

    Tokyo, je pleure de te voir vidée de tes habitants, blessée dans ta civilisation, toute noire la nuit et peuplée de visages masqués dont je sens sur moi des yeux qui me touchent...

     

    ... J'étais au festival international de géographie à Saint Dié dans les Vosges du 2 au 5 octobre 2008, où le pays invité cette année là, fut le Japon. J'ai donc assisté à différentes expositions, vu des films et des documentaires et des court-métrages sur la vie au quotidien, des gens, sur la vie économique et culturelle de ce pays...

     

  • Les Humanitaires

     

         Les "Humanitaires", c'est à dire les médecins, les secouristes, et d'une manière générale toutes les personnes qui participent à des actions à caractère humanitaire menées dans des pays ou des régions du monde où règnent des conditions difficiles d'existence telles que guerres, conflits, épidémies, catastrophes naturelles ou même extrême pauvreté, faim, misère, manque d'eau ou d'électricité, absence d'hygiène, habitat insalubre et précaire... Ne se préoccupent pas de faire la différence entre les "bons" et les "méchants" ; ni de savoir qui est de telle ou telle religion, qui est "riche" ou "pauvre" ; si ce pays là dans lequel ils interviennent, est un pays de dictature ou de démocratie... Ils sauvent des vies et entreprennent sur place, là où ils interviennent, des actions visant à répondre aux différentes difficultés auxquelles sont confrontées les populations locales...

    Les humanitaires mènent également des actions à vocation culturelle et éducative, là où règne l'obscurantisme, l' illettrisme et la superstition... Et la domination il faut le dire, de quelque personnage ou de quelque caste au pouvoir autoritaire et prédateur... (Domination qui est l'une des causes de la misère d'un peuple)...

    Ils font tout cela afin que les populations concernées et en situation de "mal être", puissent avoir la possibilité, elles- mêmes, et une fois aidées, une fois pourvues des moyens nécessaires, de "prendre en main" leur destin, leur avenir, et d'avoir la capacité à concevoir des projets et à s'opposer si possible sans violence à tout ce qui depuis peut-être bien des années, les oppressait et les maintenait dans l'obscurantisme, la misère et l'inculture...

    ... L'on peut dire aussi que les écrivains et les artistes, chacun à leur manière, peuvent être des sortes d' "humanitaires" : ils sauvent en chacune de ces vies en souffrance et en danger, en "mal être" et en déshérence, tout ce qui en chacune de ces vies, peut être découvert, mis en valeur et se révéler utile voire nécessaire à la communauté humaine...

    C'est du moins l'idée que je me fais - parcequ'elle me vient- de la vocation "humanitaire" de l'écrivain et de l'artiste...

    Est-ce à dire qu'une fois le but atteint, tant pour les Humanitaires au sens de secouristes et de pourvoyeurs de biens nécessaires, que pour les "humanitaires" que peuvent être les écrivains et les artistes... Il n'y aurait plus besoin d'humanitaires ?

    Certes pas! ... L'humanitarisme alors, s'inscrirait je crois, dans une dimension nouvelle : une dimension qui, au lieu comme auparavant de se "positionner" et de se "définir" en un point donné ou en tout point donné... S'élargirait, évoluerait, se transformerait...

    L'Humanitaire en quelque sorte, qu'il soit un médecin, un secouriste, un éducateur ; un artiste ou un écrivain... Est assurément un être "engagé".

    Et même si dans son "engagement" il s'exprime avec violence contre des comportements, des habitudes, des politiques menées, des injustices et des absurdités, contre des gouvernements, contre des agissements, des propos qu'il combat... Il ne perd jamais de vue ce qui demeure d' "humain" en l'Homme, en un homme ou une femme en particulier...

    Il peut donc à ce titre, soit par ce regard qu'il porte au delà du "visible", de "l'évident" ou de ce qui paraît "fatal"... Par ce regard qu'il porte au delà du merveilleux, du facile ou du difficile, de l'horrible ou de l'absurde... S'exprimer sans avoir à aucun moment, ni la crainte de s'exprimer ni la crainte de "tout ce qui lui peut tomber sur la tête".

     

  • Le jour du soleil

     

         À terme c'est à dire dans les semaines et les mois qui viennent, je crains que l'ensemble des particules radio-actives rejetées dans l'atmosphère suite à la série d'explosions survenues dans les centrales nucléaires du Japon, ne soit en fait plus important et plus étendu, plus disséminé, que lors de l'explosion de la centrale de Tchernobyl en 1986...

    Iode, césium, strontion, plutonium, etc. ... toutes sortes de "produits" au noms "barbares", poisons mortels infiltrés dans le sol des forêts, dans les prés, dans les jardins près des habitations, et que l'on va retrouver partout dans les légumes, dans la viande des animaux, dans le lait, dans tout ce que l'on mange et boit...

    Certains de ces "produits" demeurent actifs et donc extrêmement nocifs durant des... milliers d'années !

    En effet, dans le cas de cette catastrophe nucléaire survenue au Japon, pourtant différente de celle de Tchernobyl dans la mesure où la population proche a pu être évacuée immédiatement et où sont prises des mesures sanitaires tout aussi immédiates, il n'en demeure pas moins que ce sont bien plusieurs réacteurs qui sont en cause et non un seul comme à Tchernobyl... En conséquence et à terme il y aura donc davantage de particules radio-actives rejetées dans l'atmosphère...

    La circulation atmosphérique générale sur notre planète (vents et masses d'air, taux d'humidité, température, pressions)... Est un système d'une très grande complexité, tant au dessus des océans qu'au dessus des masses continentales...

    Imaginez comme une immense écharpe de brumes et de nuages, disloquée, étirée, trouée en mille endroits, et qui aurait des noeuds, des noeuds se faisant et de défaisant sans cesse... Et partout, disséminées dans cette immense écharpe, les particules radio-actives autour desquelles se forment les gouttelettes d'eau, et l'eau qui tombe en pluie ou en neige, n'importe où, sur la Terre... Sur la table de la terrasse du café où tu viens boire un verre, sur tes salades dans ton jardin, dans l'abreuvoir des animaux d'élevage...

    Et quelles "précautions" contre tout cela, peut-on réellement et efficacement prendre ? On ne peut pas vivre 24h sur 24 avec un masque sur son nez et sa bouche (et pour manger, boire, comment fait-on)?

    Et puis... Mille, cinq mille ans... c'est tout de même "assez désespérant" !

    J'ai cette impression, étrange et effrayante... Que nous sommes entrés désormais à compter du 11 mars 2011... dans une Histoire différente.

    J'appelle ce jour "le jour du soleil"... Parce que la fusion nucléaire, c'est la chimie et la physique de notre étoile, le soleil... Et de toutes les étoiles de l'univers... Mais la nature, cette puissance comme la puissance du "Dieu" auquel croient tant de peuples, a fait de cette chimie et de cette physique que sont la fusion nucléaire, un moteur pour produire de la vie, et avec la vie, de l'intelligence et de la relation...

    Le "jour du soleil" c'est le jour de l'Homme... Ce jour où l'Homme, étant parvenu à faire "comme dans le soleil" s'est un peu fourvoyé et a produit de la mort...

     

  • Notre planète elle-même, affectée par le séisme du Japon

     

    Vu dans "les Z infos" :

     

    "Le Japon s'est déplacé de 2 mètres quarante, l'axe de la Terre de dix centimètres"...

     

    Rappellons que l'angle actuel d'inclinaison est de 23 degrés et (environ) 27 minutes... Et que cet angle varie d'environ trois degrés sur une période de 41 000 années. Ainsi l'inclinaison minimale serait de 22 degrés, et l'inclinaison maximale de 25 degrés...

     

    Cela donne une idée de l'extrême violence du séisme du Japon survenu le 11 mars 2011... Et de la fragilité, du caractère aléatoire et limité dans le temps, de l'existence humaine en particulier, sur notre planète...

    Il est vrai que les dinosaures il y a 65 millions d'années, ont subi bien pire encore qu'un "gong" sous une cuvette contenant un océan !

     

  • La Lybie, suite...

     

         Les troupes et les fidèles et les partisans du colonel Khadafi progressent inexorablement et reprennent peu à peu les places occupées par les opposants... Exactement comme en 1939 lors de la troisième et dernière année de la guerre d'Espagne, les armées du général Franco avaient peu à peu investi les derniers bastions républicains...

    Qu'attend la communauté internationale (France, Royaume Uni, toute l'Europe), à la demande d'ailleurs de quelques pays de la Ligue Arabe, pour réagir ? En réalisant l'exclusion aérienne ?

     

    ... Quelle indifférence en face de cette terrifiante perspective qui est celle (à coup sûr) d'une répression féroce, d'une élimination systématique de milliers de gens en Lybie, qui sera organisée et planifiée à grande échelle par Khadafi et ses partisans, alors même que ce pays n'a que six millions d'habitants !

     

    ... Mais en quoi consiste concrètement l'exclusion aérienne ?

     

    Est-ce que se sont par exemple : des bateaux de guerre (croiseurs, porte-avions) et des submersibles armés de missiles, dotés d'équipements, de radars de détection et instruments de mesure de précision, qui seraient basés au centre de la Méditérranée... Et qui auraient pour mission de détruire tout avion, tout engin au dessus du territoire Lybien qui serait l'un de ceux de la force armée aérienne du colonel Khadafi, par un tir ciblé et ajusté ?

    ... Cela serait en effet, une "solution" envisageable (après avoir bien étudié cependant la capacité et la portée réelle des armes et du matériel dont disposent l'armée du colonel Khadafi)...

    ... Voir ce lien :

     

    http://www.hellocoton.fr/libye-zone-d-exclusion-aerienne-en-quoi-consiste-t-elle-2349533

     

    Dans ce cas, ce ne serait pas directement (l'exclusion aérienne) un acte de guerre, comme le serait un bombardement d'aérodromes ou d'installations militaires... Mais une "opération" qui ne viserait que des appareils ou des engins en vol... (je sais bien que la nuance est quasi nulle en fait, entre exclusion aérienne et bombardement ciblé)...

     

     

  • Des milliers de vies perdues

     

         Outre les dégâts matériels dont le bilan est incalculable tant ils sont immenses, outre toutes ces destructions de maisons, de routes, de villes, de bâtiments et d'infrasctructures, commerces, industries, usines et installations portuaires... Outre même le bilan humain en disparitions, de cette gigantesque catastrophe naturelle que fut le tsunami le long des côtes du Japon le 11 mars 2011...

    Il y a la dimension vertigineuse, le caractère indicible au delà même de toute émotion, au delà de tout ce que l'on peut ressentir, au delà de tout ce dont on peut s'interroger, au delà du sens que nous donnons à nos vies... Il y a oui, la dimension prise par la disparition de ces milliers de vies... Ces milliers de femmes, d'hommes, d'enfants, formant des familles et des communautés villageoises ou urbaines, avec leurs projets, leur esprit, leur intelligence, leurs réalisations au quotidien, leurs rêves, leurs créations, leurs aspirations, tout ce qui faisait l'univers de leurs vies, l'univers en quelque sorte de chacun d'entre toutes ces personnes, hommes, femmes, enfants... Un "univers" de pensées, de rêves et d'échanges, de liens familiaux et d'amitiés, de diversités culturelles... Tout cela disparu en quelques minutes... Disparu à jamais... Car tout ce qui pourra être reconstruit, édifié de nouveau, tous les liens qui se reformeront, tout ce qui se refera, le sera sans eux, sans eux qui par milliers sont partis, engloutis ou écrasés...

    Tout un passé, tout un présent et tout un avenir, qui furent le passé, le présent et l'avenir de milliers de gens... Comme "rayé d'une carte graphique, d'une mémoire stockée en données d'image et de texte sur un disque dur, un support informatique"... (Je pense à tout ce qui était consigné dans les mémoires des ordinateurs, aux dessins d'enfants sur les murs des écoles, aux photos dans des albums, aux journaux intimes écrits, à tout ce qui faisait et laissait trace de chacun de ces êtres, femmes, hommes et enfants)...

    Alors je comprends que dans l'ampleur et dans la dimension d'une telle catastrophe naturelle, lorsque tant et tant de vies humaines d'un seul coup s'arrêtent et qu'il ne demeure plus même le boîtier de la pendule... Que tout n'est plus que chaos, décombres, vêtements déchirés, maisons écroulées et corps sans vie disloqués ou empilés... L'être humain puisse s'interroger sur l'existence d'un Dieu, de quelque chose qui ressemblerait à Dieu, sur le sens profond de la religion, sur le caractère indicible, déconcertant, de ce qui échappe à l'entendement humain... Et penser que "tout un jour de ce qui a été perdu sera retrouvé"...

    Quand un homme ou une femme meurt, quand un enfant meurt... Un seul homme, une seule femme, un seul enfant... C'est déjà tout un univers qui cesse d'être...

    Et quand se sont des milliers, des milliers et des milliers de ces femmes, de ces hommes, de ces enfants... Ce sont autant d'univers qui font dans l'immensité de l'espace, comme un "trou noir" béant... Une sorte de "blessure cosmique" que le temps, qui se compte par milliards de nos "années terrestres", transformera en une cicatrice indélébile...

     

  • Le silence...

     

         "Le silence du consentant, le silence de l'indifférent, le silence du furieux, le silence du blessé ; ou encore le silence par incapacité de répondre"... Ai-je dit...

     

    Il y a aussi le silence de celui (ou de celle) qui, dialoguant avec l'Autre, réalise que l'Autre n'écoute pas, n'écoute plus... Et le dialoguant alors, comme "coupé dans son élan verbal", confronté à cette absence de l'Autre qu'un regard vers un ailleurs traduit... laisse tout à coup s'immobiliser ses mots dans le silence...

     

    ... J'ai connu parfois, ce silence là (celui qu'il m'est arrivé d'avoir en me rendant compte que je parlais avec quelqu'un qui n'écoutait pas)...

    Ce n'était pas alors de la colère ni du dépit ni de la frustration qui me venait... Mais comme un sentiment qui pouvait ressembler à de l'humilité. "Il (ou elle) n'écoute pas... C'est peut-être parce que, consciemment ou non, je m 'existe plutôt que je ne l'existe, cet Autre"...

    L'une des raisons pour lesquelles l'autre n'écoute pas (il y en a bien d'autres, de ces raisons, mais celle là est une réalité dirais-je de "premier niveau") c'est "qu'il n'est pas existé" par celui qui s'exprime...