Un rêve... Peut-être "visionnaire" ?

Je me trouvais dans un groupe de personnes.

Dans quel cadre, au sujet de quoi, qui étaient ces personnes ? … Je n'en sais rien, le rêve ne me le précisait pas...

Nous suivions des couloirs éclairés par de la lumière électrique mais l'on ne voyait aucune ampoule nulle part.

Cette lumière était tamisée, vacillante...

De chaque côté, dans chaque couloir en lequel on nous faisait passer, des portes, les unes fermées, les autres entrouvertes, métalliques et munies de verrous, évoquaient des portes de pénitencier...

À un certain moment, je fus poussé par un garde ressemblant à un robot, ainsi que la personne qui se trouvait près de moi, un sourd muet au visage ravagé, dans une petite pièce guère plus grande qu'une cabine d'ascenseur ; d'ailleurs cette pièce était vraiment comme une cabine d'ascenseur...

Le garde nous ayant violemment poussés tous les deux dans la pièce, referma brutalement la porte et j'entendis le bruit que faisait la clé tournant dans le verrou.

Le sourd muet au visage ravagé avec lequel je me trouvais enfermé dans cette « cabine d'ascenseur », était -chose curieuse, étrange, surréaliste pourrais-je dire- le même que celui devant lequel je m'étais enfui, à l'âge de 14 ans, parce qu'il me poursuivait, un bâton à la main, et que j'avais abandonné, terrorisé, mon vélo dans un fossé au bord du chemin menant à la maison de ses parents, une vieille ferme délabrée entourée d'un jardin en friche...

Mais dans cette « cabine d'ascenseur », le sourd muet de mes 14 ans, dont le visage déjà bien ravagé à l'époque me faisait si peur, encore plus ravagé, plus terrifiant et vieilli de vingt ou trente ans... Était plus effrayé, visiblement, que moi...

Quelque chose dans son regard, alors, m'interpella : il semblait m'implorer, comme si j'allais trouver le moyen de sortir de cette « cabine d'ascenseur »...

Je sentais en effet, c'était vital, qu'il fallait absolument que je trouve le moyen de sortir de cette pièce que baignait une lumière blafarde, vacillante et prête à s'éteindre, délimitée par des parois vert pâle striées de traces bistres, de coulures séchées...

J'avais remarqué que le verrou extérieur était rouillé, et sans doute fragilisé et que peut-être en poussant sur la porte j'allais la faire céder...

Mais -chose curieuse, surréaliste, hors de tout entendement, de toute logique- la porte -je ne savais comment- était aussi fermée de l'intérieur par trois loquets, un en haut de la porte, un au milieu, et un en bas...

Avec difficulté je parvins à débloquer (ils étaient rouillés) les deux loquets du haut et du bas, mais pas celui du milieu qui résista à toutes mes tentatives...

Je me mis alors à pousser très fort sur la porte, de toute la force, de toute la rage dont j'étais capable, dix fois, vingt fois... Rien à faire... Le loquet du milieu ne cédait pas, ni la porte dont le verrou extérieur, cependant, commençait à tomber en poussière de rouille...

C'était, dans cette « cabine d'ascenseur », un bout de vie qu'il me restait à vivre, enfermé en compagnie de ce sourd muet au visage ravagé... Un bout de vie forcément très raccourci, sans nourriture, sans eau, sans aucun intérêt et il valait mieux que je meure le plus rapidement possible, me dis-je...

Mais j'aperçus une bouche d'aération grillagée, emplie de poussière épaisse, et je pensais que si je parvenais en criant très fort dans cette bouche d'aération, à me faire entendre d'un extérieur probable et donc de quelqu'un (il fallait bien que le conduit d'aération mène quelque part), nous allions finir par être délivrés...

Je fis comprendre par des mimiques, des gestes, au sourd muet, qu'il devait mettre ses mains attachées ensemble pour me permettre de poser mon pied dessus, de me hisser jusqu'au niveau de la bouche d'aération...

Et c'est ce qu'il fit, le sourd muet...

 

La délivrance vint, je fus entendu, au bout d'un temps que je ne pus définir et que le peu de clarté qui demeurait encore dans la « cabine d'ascenseur » avait laissé la place à l'obscurité...

La porte s'ouvrit, une jeune femme parut, dont le visage était en grande partie dissimulé par une écharpe. Et cette jeune femme disparut aussitôt après avoir ouvert la porte.

Dehors, je ne reconnus pas le paysage qui m'entourait, il n'y avait pour horizon qu'une ceinture de brume de couleur eau de vaisselle sale, des bâtiments délabrés, des hangars éventrés, de tôles tordues et déchiquetées, des constructions éparses de formes étranges, des maisons aux volets fermés et aux façades recouvertes de végétation grimpante, et de loin en loin, quelques arbres dénudés, des champs d'herbes roussies... La vie semblait avoir disparu, il régnait un grand silence.

Nous nous trouvâmes, quelques pas plus loin, le sourd muet et moi, devant un type en uniforme noir, armé et casqué, qui s'adressa tout d'abord au sourd muet : « Votre passe de droit à existence s'il vous plaît, monsieur »...

«Il est sourd et muet, mon ami » intervins-je...

« Et vous, monsieur, l'avez vous, votre passe de droit à existence ? »

Nous n'avions sur nous que les vêtements que nous portions.

« Suivez moi, je vous conduis au centre des Inexistants »...

Ce « centre » était un espace circulaire recouvert d'une immense coupole faite d'une sorte de « matière plastique » transparente, il y régnait à l'intérieur une chaleur et une humidité accablantes, et des centaines de personnes se trouvaient là, assises au sol pour la plupart...

« Allez rejoindre les autres là bas, tenez, par exemple, ce groupe à proximité, à gauche ».

Et je me dis « qu'adviendra-t-il de nous, de tous ces gens, des Inexistants... Quel avenir, quelle vie nous attend... Ou quelle  disparition programmée  peut-être ? »...

 

 

 

cabine d'ascenseur

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