Un meilleur avril

... Jacques Brel dans l’une de ses chansons évoquait un « meilleur avril »…

Je ne crois pas qu’aujourd’hui vienne un « meilleur avril ». Dans les amphis des universités, dans les cours des lycées, dans les cortèges de manifestations, dans tous les lieux où l’on se rencontre et discute…de l'avenir de la SNCF, de l'Hôpital et de l'Ecole, et de la Retraite ; ce ne sont pas ces immenses fleuves de paroles, ces milliers et milliers de débats, ces nuits de discussions passionnées en lesquelles s’élèvent les voix des orateurs entre les bancs et les sièges, et tout cela en des houles festives et improvisées évoquant par leur animation ces veilles révolutionnaires de temps historiques troublés ; qui feront ce « meilleur avril ».

Une forme de « pensée unique » véhiculée par les médias traditionnels, est aujourd’hui devenue si ramifiée, si impénétrable dans l’enchevêtrement de ses voies, qu’elle en arrive à ne plus être perçue comme une « pensée unique » mais comme une sorte de médicament dopant toutes les violences, toutes les passions et tous les égoïsmes.

Alors, ils peuvent bien couler, ces fleuves de paroles, il peut bien s’en « himalayer », de ces débats et de ces arguments, propositions et contre propositions, au fil des assemblées, des confrontations et des réunions !

J’en suis « lessivé », abattu, de tous ces débats, de tout ce que l’actualité véhicule, au point que je n’en sais plus quoi dire… Sinon que ce « meilleur avril » pourrait bien perdre toutes ses feuilles avant le milieu de l'été, dans des tempêtes n’épargnant plus aucun jardin…

Quel crédit accorder aux plus généreuses idées, aux promesses les plus sincères des uns ou des autres lorsque se déchirent et s’insultent les élus du peuple, que s’interpellent en un langage ordurier les représentants des plus hautes autorités de l’état ou des milieux intellectuels ? Et que l’immense majorité de ces millions de gens que nous sommes se comporte au volant d’une voiture, par exemple, avec autant d’agressivité puisqu’il n’est plus possible aujourd’hui de traverser une ville sans se faire « rappeler à l’ordre » d’un coup de klaxon ou appel de phare à la moindre manœuvre hésitante ?

J’en ai assez de ces comportements agressifs, de ces violences verbales, de ces contestations systématiques et de cette manière qu’ont certains « intellectuels » à définir ce que l’on doit écrire ou exprimer en fonction de « nouvelles valeurs » supposées, de courants ou de modes.

Je ne crois donc pas à un « meilleur avril »… que la violence de la rue et des banlieues, qu’une dérive générale des comportements humains exilent dans la solitude d’une pensée exclue par l’ordre dominant et décadent du monde axé sur la loi de l’argent et du profit personnel au détriment de l’avenir des générations futures.

D’un côté ce « meilleur avril » des poètes et des chanteurs ; d’un autre côté le « meilleur avril » des révolutionnaires ; entre les deux, le « meilleur avril » possible des réformateurs, des élus du peuple ou des meneurs…

Mais nulle part de « meilleur avril » en réalité !

... Mais il y a ce bouleversant paradoxe :

Tout ce qui rend le monde de plus en plus violent et de plus en plus difficile, et qui s'accélère...

Et tout ce qui rend le monde, la vie, la relation entre les êtres, plus agissant dans le sens du beau, du vrai, et qui parvient à se faire connaître et à établir des liens...

 

 

 

avril

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