Les enfants adoptés d'Haïti

      Quel radical changement d'environnement et de civilisation, pour ces gosses d'Haïti adoptés par des couples de Français !

Au delà de cette immense joie du premier contact – À l'arrivée en France parce qu'auparavant, les familles Françaises s'étaient déjà pour certaines d'entre elles rendues sur place en Haïti – Au delà du premier contact en France même, donc... Et de la “magie” - pour des gosses de 1 à 6 ans – de “ce monde nouveau” - où tout le monde est forcément et naturellement très gentil, où l'on te fait “des tas de bisous” et où on te donne tout plein de bonnes choses à manger – Oui au delà de tout ce “merveilleux” comme dans un conte de fées... Au delà de ces premières journées dans un cocon familial vertigineux de tendresse, d'affection ; avec un, une, des petits frères et petites soeurs tout emplis d'adorables attentions... Oui au delà de tout cela... Il y aura l'école, la cour de récréation, les nouveaux petits copains de la grande diversité humaine d'origines, de pays et de cultures... et de religions... Et surtout, surtout... Les grands supermarchés, les lumières aux couleurs vives et éblouissantes partout, les scooters et les motos et les voitures partout dans la ville et en aussi grand nombre que des fourmis autour d'une fourmilière, les saisons qui ne ne sont plus les mêmes que “là-bas” avec ces jours longs quand il fait très chaud et courts quand il fait froid... Et toutes ces belles et grandes maisons, une chambre pour chaque enfant ou presque... L'eau qu'on n'essaye pas de récupérer quand elle file par le trou du lavabo...

Et à quand le premier anniversaire au Mac Donald, la console vidéo, le téléphone portable avec photo et internet, le home cinéma, les leçons de flûte traversière, ou de judo ou de tennis, les jeux sur internet et le blog pour causer aux copains ? Et le scooter à 16 ans, le permis de conduire à 18, les études universitaires, le pacs avec la copine et l'appart' au frais des “vieux” ?

Et à quand, à quand... Un “Yugcib” Haïtien, enfant adopté, “beau et calé comme un Obama” dans les années 40 du vingt-et-un-ième siècle... Qui fera un site dix fois plus cosmique que celui du premier “Yugcib” des années 10 du vingt-et-un-ième siècle ?

 

 

... La première chose qui m'est venue à l'esprit, c'est que ces gosses là, qui ont déjà un peu grandi dans un environnement géographique, culturel, social, économique aussi différent de celui de nos sociétés riches et modernes et pourvues de confort - mais aussi de toutes ces valeurs et repères et modes de vie qui en découlent- ces gosses là donc, vont se sentir "absorbés" par ce monde nouveau qui est le nôtre - et pas forcément l'un des meilleurs qui soient -

... Oh, certes, la plupart d'entre eux vont s'y faire, à ce monde, et même s'y mouler, en prendre ce qui les intéressera (le bon comme le mauvais)...

Mais il eût mieux valu à mon sens qu'ils puissent demeurer auprès de leurs vrais parents (biologiques et donc naturels)... Et que les familles Françaises en quelque sorte, fassent de ce pays, Haïti, et des familles et de leurs gosses, "comme une sorte de second pays à vivre", où elles auraient passé leurs vacances, séjourné régulièrement, vécu auprès des familles Haïtiennes, et apporté tout leur amour, leur aide (aide financière et autre)...

Il est vrai cependant que le tremblement de terre du 12 janvier 2010 a tout changé dans ce pays déjà abandonné et meurtri... Tout changé en ce sens que désormais il n'y a plus d'abri, plus de ressources, que les familles sont endeuillées ou mutilées, et qu'il faut bien dans l'urgence transformer ce pays en camp de réfugiés à ciel ouvert, avant de le reconstruire – ce qui prendra du temps -

... Dans un “second pays à vivre” qui eût été Haïti, et où les enfants seraient demeurés auprès de leurs parents biologiques dans des liens très étroits avec des familles Françaises... La situation familiale (familles reliées) aurait été la même au moment et après la catastrophe, que lors d'un tremblement de terre survenu dans une région Française où aurait vécu la moitié d'une famille dans la région dévastée, et l'autre moitié dans une autre région... Et forcément dans une situation aussi dramatique qui est celle d'une catastrophe naturelle, un courant de communication et une chaîne de solidarités se mettent en place en mobilisant toutes les énergies disponibles... En particulier la générosité et l'affection, au delà de l'aide matérielle et des secours.

 

 

 

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