Le centre de tri postal PLM à Paris en 1967
- Par guy sembic
- Le 16/08/2025 à 14:40
- Dans Souvenirs, anecdotes, choses vécues
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… Le PLM était un grand bâtiment de trois étages jouxtant la gare de Lyon, situé – l’entrée par un grand portail donnant sur un espace pavé – au 7 de la rue du Charolais ; entrée par laquelle arrivaient les dizaines de camions et voitures postales desservant tous les bureaux de poste de Paris et de la banlieue, les autres centres de tri postal… Et par laquelle nous nous rendions, tous les travailleurs du PLM dans les différents services…
Au premier étage c’étaient : d’un côté tous les bureaux administratifs dont le Bureau d’Ordre, les secrétariats des inspecteurs centraux, la Caisse… Et d’un autre côté – le plus vaste- tous les services et toutes les salles du Tri de la Ligne (les département desservis par le Train Poste Paris Lyon et par les autres wagons postaux des trains pour Pontarlier, Chambéry, Annecy, Grenoble)… Se tenaient aussi au premier étage, avec la Ligne, le tri des départements du Val de Marne, de l’Essonne et du 92 Nanterre Montrouge ; ainsi que les « passe paris » (tri par départements) et tri des 20 arrondissements de Paris… Sans oublier le service de l’Ouverture sur une immense table en fer toute trouée (pour passage en dessous de la poussière)… Et la « cage » de l’Inspecteur central et de son secrétariat, le chef de la brigade…
À l’Ouverture c’était l’enfer question conditions de travail : il fallait redresser les milliers de lettres et cartes postales déversées des sacs postaux, et placer par piles toutes ces lettres et cartes postales sur d’énormes chariots, lesquels chariots étaient acheminés par des préposés jusqu’aux positions de tri de chaque service et le préposé alors, mettait des piles de lettres sur des « cocotes » et c’est dans ces « cocotes » que nous puisions, nous les trieurs…
Il y avait aussi, au premier étage, le service de l’Avion (tout le courrier des DOM-TOM, du Maroc Algérie Tunisie, Afrique Noire Francophone, Antilles et Polynésie et Terres Australes et anciennes colonies d’Indochine)…
Au deuxième étage c’était « L’étranger » - le monde entier par « voie de surface » lettres, journaux revues, paquets, magasines…
Au troisième étage c’était le tri de la Seine et Marne par « côtés » lesquels « côtés » ne correspondaient pas aux tournées des facteurs qui devaient, à l’arrivée dans les bureaux, effectuer en premier lieu un « tri général » avant de trier « par tournées »…
À la Seine et Marne on y triait aussi les « passe paris » et les « paris par arrondissement »…
Au rez de chaussée il y avait d’un côté, le plus vaste, près des quais et des voies, les services du Transbordement (les plus durs de tous les services, où n’exerçaient selon des horaires très irréguliers jour et nuit, que les préposés et les auxiliaires)…
Et d’un autre côté le Transit National tri des paquets de toute la France… Et toutes les files impressionnantes des chariots formés en trains, des amoncellements de sacs postaux…
Et « petite note à part » au rez de chaussée entre les voies, les quais, à côté de la salle du Transit, des « minous errants » par dizaines, nourris avec les restes de la cantine, tous aussi sauvages et inapprochables les uns et les autres…
Au Transit National, de nuit, de 20h à 6h, on ouvrait sur le tapis d’accueil jusqu’à des 1800 sacs par vacation, les paquets ensuite tombaient depuis des tapis roulants au dessus, dans trois énormes cocotes circulaires : l’une pour la Ligne, l’autre pour les Passe Paris, l’autre pour les Paris et la banlieue…
Autour des cocotes on était six ou sept trieurs, on lançait les paquets dans des sacs autour et souvent, les sacs débordaient, il fallait « faire des sups » - travail en général du préposé…
Le bruit et la poussière étaient permanents, de telle sorte qu’en fin de vacation, nous passions tous à la douche…
Au transit on y mettait tous les « durs » tous les « marginaux » tous les « pas dans les clous », tous les « mecs à problème » mais « on s’entendait bien » et comme on disait « on n’est pas payé bien cher mais on rigole »…
À la pause de minuit à une heure, après un repas à la cantine (bien arrosé) on jouait au tarot (dix centimes de franc le point)…
On avait un chef « cool » et les trois années que j’ai passées au Transit ont été les meilleures que j’ai passées durant neuf ans au PLM…
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