regard

  • Regard dans les yeux

    … « Peut-on imaginer plus grand miracle que celui qui a lieu lorsque nous nous regardons dans les yeux les uns les autres l’espace d’un instant ? « 

     

    [ Henry David Thoreau, Walden ]

     

    … Certes, dans l’espace d’un instant, si bref, si fugitif – même si cet instant est comme un « petit espace d’éternité », ce regard dans les yeux les uns les autres ne nous réunit pas dans les « vingt-mille lieues de nos vécus, de nos écritures, de nos passions, de nos attentes, de nos quêtes d’un ailleurs et d’un autrement, tout cela étant impossible à faire passer en un instant si bref… Mais nous réunit dans cette soudaine, furtive et réciproque conscience aiguë de nos existences respectives… Et c’est sans doute là le « miracle » : cette conscience aiguë de l’existence de l’autre, une sorte, en somme, de « coup de foudre » entre deux ou plusieurs êtres, et donne à chacun regardant l’autre dans les yeux, l’impression de se connaître depuis toujours… Alors même qu’à peine une minute plus tard, nous nous éloignons l’un de l’autre, les uns des autres, nos routes et nos destins étant différents, et que nous ne nous reverrons jamais…

     

    Ce qu’il reste de cet instant où nous nous regardons dans les yeux, c’est la trace que ce regard laisse pour un temps ou pour toujours, et qui nous accompagne, même si dans la trace il n’y a que de l’imaginaire…

     

     

    Nous ne sommes jamais autant réunis que lorsque nous nous regardons les uns et les autres dans les yeux…

     

    Dans des manifestations contre ou pour ceci ou cela, dans ces longs défilés et de marche dans la rue ; dans des opinions publiques partagées et relayées, dans des cérémonies, dans des spectacles où l’on rit tous ensemble, dans les dîners de famille, dans les assemblées dont on fait partie, de personnes… Nous ne sommes réunis qu’en apparence, dans des préoccupations qui nous sont communes, dans des échanges en lesquels le regard porté sur l’autre et que cet autre nous porte, n’est pas présent… Ou s’il l’est, présent, il ne nous réunit pas, il nous regroupe, nous accole, nous apparente, nous fédère, nous assortit… Ce qui n’est pas la même chose que de nous réunir…

     

     

  • Sans rien sur le crâne

    Sans bonnet ni chapeau ni casquette ni lunettes de soleil

    Dans les torrents de lumière estivale

    Dans l’haleine glacée de la saison hivernale

    Par tous les temps et en tout lieu

    Sans marque sur aucun vêtement porté

    Un visage un sourire un regard et une allure sans fioritures

    Se moquant des modes

    Et de la dureté du monde

    Traversant les espaces d’indifférence

    Balayés d’un grand vent de heurts

    Se portant tout droit devant

    En ces lieux où ça clingue où ça bingue où ça circule où ça se croise

    Fiers et déterminés

    Mais plus déterminés que fiers

    Ce visage là ce sourire là ce regard là

    Qui te rentrent dedans

    Et ne se font jamais olive bien huilée bien profond dans le fondement


     


     

  • Qui n' a pas en lui, son "Hememene" ?

    … Son “ennemi intime” en quelque sorte, le pourfendeur de ce qu’il exprime, le contestataire de son propre “système” ?

     

    Mais qui, en vérité, “donne la parole” à cet “Hememene” en lui ? Qui imagine son existence ?

     

    Il est courant, tout à fait naturel, d’être hérissé, furieux, dans une colère réactive immédiate, “épidermique” ; à la vue d’un commentaire désobligeant, lapidaire, injuste, souvent fondé sur de l’à-priori, parfois insultant et violent, exprimé par quelqu’un ou quelqu’une qui n’est pas dans notre liste d’amis ou de connaissances…

    Il est désagréable, déstabilisant, de voir remis en question, déprécié, vitupéré, contesté, ce que l’on a exprimé… Aussi, en conséquence logique, ne va-t-on pas, “en plus” de cet interlocuteur agressif et pourfendeur, “s’inventer” et encore moins “comme faire intervenir” dans la discussion, un “Hememene” pourfendeur…

     

    Quel est, au fond, lorsque l’on réfléchit à la question, dans une “dimension” différente de celle du commun ; le sens de la contestation ? Le sens de toute opposition à un “état des choses” au sujet du monde et de la société, le sens de la dénonciation que l’on peut faire de l’ordre et des ordres, du désordre et des désordres ? Le sens de toute remise en cause de ce qui nous est présenté, de la manière dont cela nous a été présenté ? Le sens d’une colère nous venant à la vue de comportements qui nous désolent et nous révoltent ? … SI … Le regard que l’on porte sur soi même, sur ce que - peut-être - personne ne sait (mais que nous on sait), sur ce à quoi l’on croit, sur ce qui est “fondamental” pour nous, sur les interrogations qui nous viennent, sur nos propres comportements, décisions et choix, sur tout ce que nous exprimons… Tout cela ne ne se fait pas regard de contestation, regard de remise en cause de notre propre “système” (système de pensée, système de fonctionnement de notre être ) ? Et même, un regard dans la dérision, un regard dans l’ironie, dans la moquerie, jusqu’à de l’insolence envers soi même ?

    Alors… Les “Hememene” étrangers, ne sont-ils pas des “enfants de chœur” à côté de ce “Hememene” en nous ? (rire)…

     

  • Regards ...

    En la si longue absence de visibilité du sourire, il ne reste plus que le regard… Alors, de grâce, au dehors lorsque le ciel est couvert, et dans les galeries marchandes, les halls de gare, les parcs expo, les salons du livre, les espaces commerciaux, quelque soit le temps qu’il fait dehors partout où l’on se trouve à l’abri du rayonnement solaire… De grâce, de grâce, ne mettez plus de lunettes de soleil!

     

  • Quels autres yeux pour quel voyage ?

    Les cathédrales et les monuments et édifices de pierre les plus prestigieux, démesurés dans la grandeur et dans la complexité de leur architecture ; construits pour l'éternité et comme pour défier la fin du monde, ont une durée de vie de dix, vingt, trente, quarante siècles...

    Mais ce qui peut en rester de leurs traces, au bout d'une durée plus longue, de dix mille ans par exemple, ne résiste pas à l'épreuve du temps des ères géologiques...

    Et que dire, alors, de ces « autres yeux » qui, selon Marcel Proust, invitent à un voyage autre que celui d'aller vers de nouveaux paysages ?

    Un regard peut-il défier le temps, nier la fin de la vie, se porter jusqu'aux confins de l'univers ?

    Si ce regard existe et si l'on peut l'avoir, il vient, juste le temps qu'il est porté, de défier la mort...

    Il va jusqu'au début des ères géologiques, jusque là où le temps n'existe plus, jusque là où personne ne sait ce qu'il y a après ou au delà...

     

  • Le pouvoir du regard

    Le regard que l'on porte sur un visage, sur une personne, que l'on croise dans un lieu public, là où passent tant de gens que bien souvent il faut dire on ne regarde jamais ou à peine et seulement si ce visage, cette personne en particulier évoque quelque chose en nous ou nous attire... Ce regard que l'on porte, s'il peut atteindre, ne serait-ce qu'en l'effleurant, la réalité intrinsèque de la personne, il nous délivre, dans l'instant où l'on porte ce regard, mais seulement dans cet instant, de cette solitude qui est la nôtre, sans cesse présente et enveloppante... En somme de cette „bulle“ dans laquelle on n'est et ne sera jamais que soi...

    La réalité intrinsèque c'est ce qui est inhérent à quelqu'un, à quelque chose, qui lui est propre...

    Cela peut être, outre un humain, un paysage, un ciel à tel moment, un objet, un arbre, une plante, une fleur, de la terre, un champ, un insecte, un animal familier, chien ou chat...

    Et il y a, dans cette réalité intrinsèque, d'un être vivant notamment, une immobilité momentanée ou un mouvement qui accompagne, que le regard perçoit et retient...

    C'est cette capacité du regard à pouvoir capter, fixer, comme on pourrait le faire avec un appareil de photo, ce qu'il y a de fugitif, de fragile, d'impermanent, en un être, en une chose, en un paysage...

    C'est une figure, une image, surgie d'au delà de la réalité visible, qui transparaît, s'ouvre sur un inconnu, éveille de l'imaginaire, construit en quelque sorte une histoire que l'on se fait, qui, inévitablement, est très vite engloutie dans la course du temps... Mais ne disparaît pas...

    C'est cet instant „magique“ où l'être, la chose, le paysage, se dévoile, en particulier la fragilité, l'impermanence, et cela quelque soit la condition sociale de l'être, la fonction ou l'utilité de telle chose, ce dont est fait le paysage...

    Il faut assurément, pour ce regard qui atteint la réalité intrinsèque, une habitude entretenue et „travaillée“, à observer ce qui se présente à nos yeux, plus ou moins associée à une capacité ou à une faculté naturelle que l'on a en soi depuis l'enfance...

    C'est ce regard qui déjà, rend la vie que nous vivons, supportable et qui, de surcroît, donne de la couleur et de la consistance à la vie...

    En somme c'est un regard qui nous sauve du désespoir... Et peut-être... De ce que l'on ressent en face de la mort...

     

     

  • Un regard ami et non pas un regard inquisiteur

    "Tout le monde voudrait que tout le monde l'aime, mais personne n'aime tout le monde"

    [Philippe Lafontaine]

     

    La question n'est pas de se demander si l'on doit ou si l'on devrait aimer tout le monde... puisque de toute évidence, en toute logique, c'est non...

    Mais l'on devrait à mon sens, se poser la question de la capacité d'amour que l'on porte en soi... Et de ce qu'implique cette capacité d'amour portée en soi, dans notre vie au quotidien, dans la relation que l'on a avec telle ou telle personne de notre connaissance, de notre entourage, ou même plus généralement dans la relation que l'on a avec les personnes qui ne sont pas de notre connaissance...

    Je dirais aussi (mais ce n'est pas nouveau, ce n'est pas moi qui l'ai inventé) : "C'est plus facile d'aimer des gens qui font du bien, qui nous font du bien ; que d'aimer des gens qui ne font pas du bien, voire nous font du mal, à nous-mêmes et -ou-aux autres"... En effet, aimer des gens qui font du bien, ça, tout le monde en est capable, et, en somme, c'est assez commun, et ça ne "change pas le monde autour de nous, ça ne change pas le monde que l'on porte en soi"...

    En fait je crois que "aimer les gens" -sans jamais se demander ce qu'ils ont fait ou pas fait, et quelle que soit leur apparence ou leur appartenance, leur statut social, etc. ... Cela commence par ce regard que l'on se décide à porter sur eux quand on les voit dans une rue, un lieu public... Un regard ami en quelque sorte, et non pas un regard "inquisiteur"... Ou seulement chargé de cette empathie qui nous vient à la vue d'un visage qui nous a plu ou intéressé...

    Je suis étonné -et je le déplore- de voir que les gens se croisant en des lieux publics, train, bus, en se promenant dans une galerie marchande, dans une file d'attente pour une séance de cinéma, une boulangerie, entre voisins dans un lotissement, en été sur une plage où champignonnent les parasols... Ne se regardent jamais... D'autant plus que par grand soleil ou même sans soleil du tout, beaucoup (peut-être plus encore les femmes que les hommes) portent des lunettes de soleil parfois aussi grosses que des soucoupes volantes et des chapeaux, casquettes, bonnets... Ou pour les hommes jeunes, des capuches qui leur mangent la moitié supérieure de leur visage voire une grande partie de leur visage, alors qu'il ne fait ni froid ni qu'il pleut!

     

  • Le regard des autres

    Le regard des autres

    ... "Le regard des autres"... qui ne savent rien de ce qui n'est pas exprimé -et qui sans doute ne le sera jamais- et qui imaginent, ces autres, ce "bazar" là (ou un autre) ... ou se fient à ce qu'ils entendent dire, à ce qu'ils ont pu observer, croire eux-mêmes en fonction de leur vision personnelle, de leur culture, de leur sensibilité, de leur vécu...

     

    Quand on sera mort, il ne restera rien de tout cela... Ou... peut-être ou sans doute... Ce qui aura été découvert... pour autant que les fils auront été tirés jusqu'au plus près de leur commencement...

     

     

    NOTE : image extraite de mes productions de dessins

     

  • De l'autre côté du monde

    Les événements brutaux les plus actuaux

    Et qui font crier haut et fort haro sur le baudet

    Ce baudet sur lequel on nous fait monter

    Et cheminer tout au long de prés aux fleurs de cire

    Et aux herbes de synthèse

    Ne font le monde que d'un seul côté

    Et de ce côté là c'est vrai le baudet est si commun

    Que dans les écuries

    Les écuries royales et de cour

    Les écuries de cirque à trois ou six mâts

    Les écuries de manèges boueux ou sablonneux

    L'on n'y voit pas d'autres montures

    Que ce baudet

    Dans toutes ces écuries d'incurie

     

    Les événements qui pètent sont actuaux

    Il leur faut des tambours dont on nous fait entendre le tam tam

    Dans les brousses et dans les cités

    Pour pas qu'on écoute les cymbales et les guitares des musiciens poètes

    Venus de l'autre côté du monde

    Mais surtout et en foules les pétarades battant coeur de pieuvre

    Des enchanteurs patentés autorisés appelés sur les plateaux-télé

     

    Actuaux chaque jour les derrières à plume haut hissés

    Les derrières à plumes des sorciers que sont les marchands opulents

    Suivis des légions de chalands suçeurs de quignons de pain sucre-rosi

     

    C'est de l'autre côté qu'il faut tous aller chalander

    Là où l'on retrouve le goût du pain

    Là où les regards se touchent et où on se sent

    Un peu moins seul dans sa peau

     

    NOTE : « actuaux » pour « actuels » est, de ma part, une « incorrection grammaticale volontaire »… (Je dis cela pour ne pas « troubler » des personnes -en France ou ailleurs- qui, dans la mesure du possible s'efforcent du mieux qu'elles peuvent, de respecter l'orthographe et la grammaire du Français)…

    Il m'arrive parfois volontairement, de commettre (dans un contexte particulier et/ou imagé), ce genre d'incorrection… On peut être d'accord ou pas, c'est à voir…

     

     

  • Le regard que je porte sur le monde actuel ?

    ... C'est un regard interrogatif, un regard étonné, un regard désespéré par moments, mais parfois aussi un regard optimiste quand je vois certains jeunes ou même très jeunes, du moins quelques uns d'entre eux qui ont des réflexions que beaucoup d'"anciens" (de ma génération -je suis né en 1948) n'avaient pas du temps de leur jeunesse... Non seulement des réflexions intéressantes mais des comportements...

    C'est aussi le regard du témoin de mon temps que je porte sur tout ce que j'observe de ci de là, des gens, des événements...

    Et un regard qui se projette dans l'avenir, un avenir que je ne verrai pas mais dont je me soucie et que j'essaye d'imaginer...

     

  • Le regard et le silence

    ... Le regard que l'on porte au devant de soi et qui rencontre les autres en un lieu public, ou que l'on porte sur un événement, une situation, un fait d'actualité, un comportement d'une telle personne, ... De même que le silence que l'on manifeste et qui ne s'apparente pas à de l'indifférence ; c'est ce qui demande pour être au mieux et au plus vrai traduit, et compris... le plus difficile, le plus long travail de parole et d'écriture...

    Lorsque ce travail de parole et d'écriture est au mieux accompli, le regard porté et le silence exprimé, ont alors autant de portée que ce qui est dit ou écrit...

     

  • Lunettes de soleil

    Derrière des lunettes de soleil, on peut regarder qui on veut, en particulier un joli visage… Jusqu'à ce que le rêve qui nous a brûlé les yeux, s'envole… Ou s'invite dans le souvenir…

    Mais les lunettes de soleil voilent, à qui l'on regarde, le regard que l'on porte…

     

  • Regard d'autrui

    Pensee

         Je suis aussi souvent que je le peux, cet autrui ; et dans mon regard brille ce que de toi je pressens, et qui -peut-être- rejoint ce que je suis... Ce que je suis qui ne se voit pas, et que tout comme toi je porte en moi...

     

    Regard de truie

         Et... Ce regard de truie... D'une truie qui "sait" ce que vont devenir ses "gosses" ...

  • Pensée unique contre pensée unique, regard qui éructe contre regard qui parle...

    ... Le gros problème avec les intellectuels, je veux dire les intellectuels auxquels on reproche à juste titre tant de choses, c'est que par extension, on "met dans le même sac" les intellectuels qu'il faudrait lire et écouter, ceux, moins nombreux que les "imbuvables" ; qui ne sont pas "dans la pensée unique", pas "dans le système"... Non seulement ces intellectuels là, sincères, authentiques, purs.-et rares... Mais d'une manière générale, tous les gens qui pensent, réfléchissent, s'expriment et ne font pas dans l'émotion, dans le sensationnel, dans le paraître...

    "Dans le même sac", c'est à dire que "par les temps qui courent", par réaction épidermique de type "anti/anti-rejet total", toute pensée exprimée et diffusée que ce soit sur un réseau social, dans un forum, sur un blog, dans un lieu public... toute pensée qui "pointe le bout de son nez" quelque part, est soit mal accueillie, soit rejetée, soit suscite de l'indifférence, du dédain...

    Plus rien ne compte que de l'information immédiate, émotionelle, épidermique, souvent erronée ou dénaturée, ou même fausse, que l'on va chercher sur le Net, sur le petit écran de son smartphone, et que l'on va "partager" en boucle c'est à dire expédier à tous ses "amis" (amis qui ne sont pas des amis mais des "followers")... Et tout ce qui contrevient à cette "anti culture" de l'immédiateté, du sensationnel, du paraître ; tout ce qui s'oppose à cette frénésie dans la recherche de l'évènement ou du "scoop"... Tout ce qui "pense contre tout cela", qui ose le dire et l'écrire, est traité de la même manière dont on traite tout ce dont les intellectuels "imbuvables" nous gavent...

    C'est comme si, écoeurés en tant que jeunes, de l'école en général, des profs, du système, de tout ce qui est essayé et qui échoue... L'on en arrive à ne plus vouloir rien apprendre, à ne plus rien trouver d'intéréssant, de motivant, d'utile... Et à déclarer -ou plutôt à éructer- que tout ce qui "montre tant soit peu le bout de son nez" question réflexion et pensée, n' a plus le moindre sens, n'est que du "caca nerveux", de la foutaise, de la daube...

    Et cela va jusque dans le regard que l'on porte sur l'Autre, cet Autre qui pourtant te regarde lui, comme si tu étais un ami, quelqu'un de digne d'intérêt... Mais que tu prends pour un "putain d'intello", encore un, un de plus !

    Oui, le quotidien à vivre, aujourd'hui c'est "ça" : tu ne peux plus rien dire d'autre que ce qui se dit, se répète à l'infini, se crache, se vomit, s'éructe à longueur de journée et de nuit, partout...

    A la pensée, à la réflexion, à la poésie, se substituent et se généralisent l'éructation, l'injure, le vulgaire, la violence, l'apparence, le sensationnel, l'émotion primaire... Le dégôut, le rejet, l'indifférence à tout ce qui est pensée, réflexion, beauté, poésie... Quand ce n'est pas une immense hypocrisie qui masque toute cette indifférence et ce rejet par une bienséance bizounoursique qui d'ailleurs s'effondre comme un château de cartes au moindre claquement de porte...

    Vivre dans un monde pareil aussi écoeurant, aussi désespérant, aussi "anti culturel" au point de nier même la "culture de résistance"... En demeurant un résistant, un poète, un penseur, un "qui ose dire", c'est être plus seul, plus "sans avenir", que jamais, jamais auparavant... Seul, et sans la moindre chance "d'être existé" parce que "n'est existé" que ce qui éructe, clignote de feux rouge-vert-bleu-jaune-violet sur la tête les pattes le ventre la poitrine métalliques le tout articulé gesticulant tel ces goldoraks pour gosses nés en 2010 accros de consoles de jeux vidéo guerre des étoiles... Ou fourmille de mille applis sur smartphone, de nouveaux programmes électroniques sur le tableau de bord du nouveau modèle de bagnole pour trentenaires à-la-coule...

     

    ... Je vous bassine, avec mon "langage" ?

     

    ... Eh bien je vous emmerde !

     

     

  • Les yeux fous

          Ce qui n'est pas écrit ni exprimé néanmoins nous traverse...

    Ce qui est écrit et exprimé n'est en réalité que la partie émergente, visible, et donc lisible, d'une oeuvre inachevée reliée à d'autres oeuvres...

    Ce qui n'est pas écrit ni exprimé disparaît à l'instant même de notre dernière respiration.

    C'est dans ce qui néanmoins nous traverse sans l'écrire, sans l'exprimer, que nous vient parfois ce regard tourné vers d'inaccessibles lèvres de lumière, cette pensée qui entend d'innombrables voix et s' efforce de traduire les échos répercutés mais aussi les silences...

    Transcrire ce regard sur une grande feuille de dessin, réaliser ainsi la fresque de tous ces souvenirs que nous n’avons pas eus, la fresque de toutes ces lèvres de lumière que nos doigts n'ont pas découvertes, la fresque de toute cette pensée ayant entendu les innombrables voix et à peine traduit  les échos et les silences...

    Embellir, magnifier jusqu'à la déraison cette beauté et cette "essence des êtres et des choses"...

    Froisser, déchirer, incendier la laideur du monde qui viole et salit les êtres et les choses...

    Par ces yeux fous qui cherchent et finissent par trouver ou retrouver ce qui est perdu, oublié, délaissé, ignoré, mais qui cependant ne cesse d'exister...