rencontre

  • La dernière fois ...

    … Parfois je me souviens de la dernière fois où j’ai rencontré un tel, une telle, que je fréquentais plus ou moins régulièrement, d’un temps révolu et d’un autre environnement de connaissances, tout aussi révolu, que celui qui est le mien aujourd’hui…

    Je peux même dire, par exemple : “c’était le 23 janvier 2009 lors d’un repas au restaurant l’Auberge de Gamarde dans les Landes”… Peut-être parce que ce jour là, 23 janvier 2009, était la veille du jour de la grande tempête du 24 janvier 2009 qui a balayé la moitié sud de la France, touché de plein fouet en la détruisant à 60%, la forêt landaise…

    Ce jour là, 23 janvier, durant plusieurs heures, sans arrêt, des pluies diluviennes s’étaient abattues sur le département des Landes, précédant cette tempête, la même que celle du 24 février 1915…

    C’étaient de véritables trombes d’eau, en cataractes, comme précipitées d’une cascade, une grosse pluie toute droite, sans vent, un ruissellement impressionnant sur les routes, noyant, détrempant les chemins, submergeant tous les fossés…

    Je me souviens même du menu du jour, dans ce restaurant l’Auberge, de Gamarde, de ce que nous avions mangé ensemble, une garbure, très épaisse, enrichie de confit de canard, qui à elle seule aurait pu nous rassasier…

    Ainsi, douze années pour l’un, vingt et quelque pour un autre, sept ou huit pour un autre, une autre encore… Nous séparent, depuis cette dernière fois où nous nous sommes vus, lui ou elle et moi…

    Tout ce temps, toutes ces années, tout ce qui fut – et ne fut point – … Un gouffre, un abîme , pour dire les choses comme on les dit, tout à fait dans la banalité, sans trouver d’autre phrase, d’autres mots, d’autre formulation de langage, pour exprimer…

    Et pourtant ce sont là des temps révolus, à jamais révolus… Où nous nous rencontrions entre nous, qui semblaient n’avoir ni d’hier ni de demain, et n’être faits que d’un présent, d’un immense présent d’un seul tenant et d’un contenu tout aussi immense…

    Il eût en effet, été impensable autant pour l’un que pour l’autre, alors ; qu’un jour tout serait enfoui, à vrai dire autant enfoui qu’enfui…

    Enfoui sans être effacé et jamais redessiné, comme sur une feuille de papier dont l’épaisseur conserve la “trace d’une trace” ; mais enfui cependant d’un présent ou d’un aujourd’hui qui recouvre les présents d’hier et d’avant hier devenus du passé…

    Ce qui est “étrange” et déroutant, sans autre réponse, sans autre cause ou explication que celle ci qui n’en est pas vraiment une, à savoir “c’est la vie qui court, pour les uns et les autres”… C’est qu’avec tous les moyens de communication mis à notre disposition (internet, les réseaux sociaux, le courrier électronique, le téléphone, messenger, Skype…) ; personne ou quasiment personne ne cherche à contacter l’autre, pas plus d’ailleurs que soi-même l’on ne songe à contacter l’autre, un tel, une telle… Comme si ce qui avait été partagé, vécu ensemble à telle époque, n’avait jamais existé…

    Qui a bel et bien cependant, existé… Mais que nous ne pouvons, de toute évidence, “refaire exister” sinon peut-être et aléatoirement “ refaire exister” dans un environnement différent, celui du présent…

    La question est de savoir comment “refaire exister”… Une question qui, lorsque l’on se la pose, se fait grave jusqu’à être “déchirante”… Qui ne peut être résolue que de deux manières, l’une en se “jetant l’un sur l’autre dans un mouvement de tendresse et d’affection” après avoir provoqué et organisé une rencontre ; et l’autre en “évacuant le souvenir” après l’avoir soulevé de là où il était enfoui, et être revenu au silence, à ce long silence de tant de temps écoulé, temps durant lequel on ne s’est plus revu, temps qui continue de s’écouler durant lequel on ne se reverra plus jamais, peut-être…

     

     

  • Un jour tu verras...

    ... "Un jour tu verras on se rencontrera"... (Mouloudji)

     

    Nous ne nous sommes jamais vus

    Parce que nous ne nous sommes jamais rencontrés

    Mais je sais que tu existes

     

    Je ne te verrai et ne te rencontrerai jamais

    Parce que tu n'es pas né

    Mais je sais que tu existes (que tu existeras)

     

    Je ne pouvais pas te rencontrer et donc pas te voir

    Parce que tu vécus et disparus avant que je ne naisse

    Mais je sais que tu existes (que tu as existé)

     

    Je sais que tu existes

    Je sais que tu existeras

    Je sais que tu as existé

    Parcequ' une même pensée

    Une même affection

    Une même aspiration

    De mêmes rêves

    Sont

    Ont été

    Et seront

    Le lien qui fera qu'un jour on se rencontrera

     

    ...

     

    Dans cette vie où nous nous sommes cependant rencontrés

    Toi et moi

    Vous et moi

    Dans cette vie que nous avons vécue ensemble

    Un petit bout de chemin

    Un seul jour

    Un seul instant

    Ou tout un grand chemin traversant des paysages

    Jusqu'à ce que l'un disparaisse puis l'autre

     

    Nous sommes nous vraiment rencontrés ?

     

    Certes il y avait

    La même pensée

    La même affection

    La même aspiration

    Les mêmes rêves

     

    Mais nous sommes nous vraiment rencontrés ?

     

    ...

     

    Un jour tu verras

    On se rencontrera

    Bien qu'on s'était cependant rencontrés

    Tout ce qui n'a pas été dit sera dit

    Tout ce qui n'a pas été osé le sera

    Tout ce qui a été méconnu

    Qui était toi qui était moi

    Et qui n'a pas été existé

    Sera reconnu

    Et existé

    Et existera

     

    Tu ne seras plus là

    Je ne serai plus là

     

    Mais ce qui est toi

    Ce qui est moi

    C'est en quelque sorte

    Un copié/collé

    A l'infini reproduit

    Dans l'immensité du Temps

    Mais un copié/collé cependant

    Qui ne ressemble à aucun autre copié/collé

    Tout en étant bien un copié/collé

     

     

  • Une rencontre, film de Liza Azuelos

         Une rencontre, film de Lisa Azuelos, avec François Cluzet dans le rôle de Pierre, un avocat ; et Sophie Marceau dans le rôle d'Elsa, écrivain : l'histoire, à lire le résumé du film, semble assez banale et l'on se dit à priori que cela ne vaut pas le coup d'aller voir ce film... Ce n'est qu'après réflexion que l'on se met à penser que, peut-être, le sujet -un sujet"bateau"- est traité avec originalité, et que l'histoire donc, pourrait ne pas être ordinaire... (c'est ce que je me suis dit)...

    François Cluzet, qui a pu parfois s'enfermer dans des rôles "moralisateurs", n'est pas, loin s'en faut, ici dans ce film "Une rencontre", particulièrement dans un rôle "moralisateur"... Il incarne trop, à mon sens, dans ce film, ce type de personnage masculin, la cinquantaine confortable, dans un milieu aisé (il est avocat, dans l'histoire) "pas spécialement séducteur mais séducteur quand même", qui est marié, a une vie de famille, et qui un beau jour rencontre une femme qui lui plaît au delà de toute mesure, une femme qui, elle aussi, est attirée.... Et le début du film (cela se passe dans un salon du livre à Rennes, une manifestation présentée comme "mondaine" où l'on y côtoie des gens "branchés"-et pour certains un peu "atypiques-) est finalement "assez représentatif" de ces milieux aisés, intellectuels, où la morale soit dit en passant, sert de couverture ou de vernis, et "se fout la malle vite fait" dès qu'une situation sensible entre deux personnes se plaisant, se présente, en l'occurrence la rencontre d'un homme ou d'une femme qui va "tout remettre en question"... Et c'est fou, fou, ce que ce thème est "porteur", ce que le "commun des mortels" adhère, et voudrait bien lui aussi, connaître et vivre ce genre d'histoire dans sa vie...

    C'est donc cela, ce que je viens de dire, qui me gêne, auquel je n'adhère pas du tout...