Relation humaine

  • Un temps difficile, un espace réduit, pour la relation humaine au quotidien

    Par la distanciation et par les mesures renforcées de protection avec les “gestes barrière”, le port du masque en lieux clos (et parfois en espace ouvert très fréquenté), tout ce qui fait et entretient la relation humaine, dans l’activité, dans le travail exercé, dans le rapport familial, entre amis, connaissances et personnes que l’on rencontre autour de soi… Se trouve modifié et changé dans la vie au quotidien, en ce sens que désormais et sans doute pour un temps indéterminé, les jours vécus par chacun ont en grande partie perdu ce qui faisait d’eux des jours parfois différents des autres jours, où quelque événement heureux, agréable, inattendu, survenait, par exemple une sortie entre amis, une séance de cinéma, une fête, un anniversaire, un projet commun dans une activité de loisir ou de sport, une réunion, une présence avec participation dans une association locale…

    Du coup le lien social, la relation, ayant en partie disparu, les jours que nous vivons au quotidien sont devenus “vides”, dans une succession d’heures où “rien ne se passe” qui “met du sel” ou “apporte un rayon de soleil”, du “nouveau” ou du “piment”… Il ne reste plus que ce que l’on peut encore faire seul pour autant que l’on se sente motivé : lire des livres, regarder des émissions ou des films à la télévision, du jardinage, du bricolage, des promenades à pied ou en vélo, la plupart du temps seul, en couple ou avec 2 ou 3 personnes de son entourage…

    Car désormais toute activité, projet, loisir, sortie, où nécessairement l’on se trouve avec du monde autour, comme par exemple se rendre dans un centre commercial, faire du “shopping”, “voir du monde” en somme… Ou se rendre dans une médiathèque passer un moment en salle de lecture ; prendre un bus, un tram, un métro, un train, aller dans un marché… (Tout ce qui fait du contact même sans échange réel avec des gens autour) … Pose le problème d’une contamination possible au covid, certes une contamination le plus souvent – encore – relativement improbable, mais “probable quand même”…

    Dans un tel contexte environnemental de relation, ce qui est sans doute le mieux et le plus heureux à vivre, qui résiste avec le plus de bonheur, c’est l’univers familial parents enfants dans la mesure où existe dans la “cellule familiale” une cohésion, une entente, du partage, de l’écoute, de l’amour en somme, et où ensemble l’on “construit” ou l’on vit un quotidien “meublé” de tous ces petits événements et activités qui ont du contenu, du sens, qui motivent, enthousiasment…

    En revanche lorsqu’il n’y a plus d’univers familial, soit parce qu’il y a mésentente ou manque de cohésion, soit parce que les gens vivent seuls, séparés, divorcés, veufs ; quand demeurait comme avant le temps du covid, le lien social grâce à une association locale par exemple, ainsi qu’ à des possibilités de sorties et de rencontres… Alors la vie quotidienne se trouvait-elle en partie “enrichie”… Et dès lors que disparaît le lien social avec les connaissances et rencontres, l’association locale, dès lors que l’on ne rend plus dans les lieux où il y a du monde, les personnes qui vivent seules sont forcément les plus durement impactées, dans la solitude, l’absence de contact et d’échange… Un drame pour 9 millions de nos concitoyens femmes et hommes… Et 700 000 personnes âgées dans les EHPAD et maisons de retraite…


     

  • Se "ré-enchanter", mais comment ?

    Les psychologues et d’une manière générale tous les acteurs et professionnels de la santé mentale, parviendront-ils – et comment - à accompagner les nombreuses personnes qui n’arrivent pas à se fondre dans l’ « air du temps » qu’est cette « ère post co coronavirique » certainement appelée à durer ? …

    S’il y a ceux et celles qui se « crispent », refusent, désobéissent ostensiblement ; s’il y a les égoïstes, ceux et celles qui sont dans le déni constant et dans la provocation… Il y a aussi tous les autres qui s’interrogent, subissent, ne trouvent guère à se « ré-enchanter » en tout ce qui reprend de l’activité dans les domaines du loisir, de la culture, du sport, du plaisir à se retrouver ensemble entre amis, famille, connaissances lors de sorties et de réunions…

    Pour les premiers, qui se crispent et refusent -et le font savoir – avant, bien avant l’ « ère post co coronavirique » , ils étaient déjà dans la crispation et dans le refus pour d’autres raisons…

    Pour les autres, qui ne parviennent pas à se « ré-enchanter » - ou à « positiver » - cela se traduit par exemple, ainsi :

    Hésiter à se rendre durant plus d’une heure de temps dans un centre commercial, au cinéma, au théâtre, dans une salle de sport, dans une médiathèque, au restaurant, au café, un lieu public fermé ou ouvert mais très fréquenté… Et à plus forte raison pour un déplacement, un voyage en train, en avion, en autocar, devant durer plusieurs heures d’affilée… Masqué, respirant sa propre respiration et, en médiathèque, en train, avion, pour les gens portant des lunettes, la buée qui gêne pour la lecture… Bon c’est vrai, la buée dans les lunettes ce n’est qu’un « détail »… Mais il en est, de ces « détails », finalement, assez nombreux en diverses et multiples situations se produisant et se reproduisant dans la vie quotidienne…

    Perte de liberté, perte d’identité, contraintes, interdictions, limitations, restrictions… Ce n’est pas seulement cela… Comme on dit « on en a vu d’autres ! »…

    Est-ce que cela ne serait pas lié à une perception, à des habitudes, à une culture, dans la relation humaine ?

    C’est nouveau, inédit, jamais encore vécu, cela, dans l’Histoire de l’humanité – sauf lors des grandes épidémies de peste et de choléra qui ont jadis impacté les relations humaines - … Mais ce n’est pas ce qu’il y a de plus dramatique, si l’on compare avec la guerre, les bombardements, les gens qui perdent tous leurs biens, qui sont mutilés, tués ; les exodes de populations, les famines, les catastrophes naturelles…


     

  • Les déserts relationnels

    Les déserts relationnels que les humains ont étendu sur la planète en dépit des technologies de communication dont ils se sont dotés, et cela même depuis la fin du 20ème siècle surtout... Sont bien plus inhospitaliers que les déserts géographiques d'Amérique, d'Asie, d'Afrique ou d'Australie...

    Dans les déserts relationnels il y a toujours quelque part sur un banc dans une gare, marchant sur un trottoir de ville, assis ou debout dans le métro ou dans le bus, avançant dans les allées d'un grand magasin ; un enfant, un homme ou une femme qui rêve, regarde, tend son visage ou sourit... Mais que personne ne regarde jamais...