récit

  • Le récit anecdotique

    … Lorsqu’il est d’ordre personnel, relatif à ce qui s’est passé dans sa propre vie, en diverses époques depuis son enfance, et mettant en scène quelques personnages réels, des proches, des amis, des connaissances – ayant existé et disparus, ou actuels ; nommément cités c’est à dire non représentés par des personnages de fictifs…

    N’intéresse en général que des personnes de sa famille, des amis de longue date et, éventuellement des personnes de sa connaissance… Ou encore si l’on veut, depuis qu’existent les réseaux sociaux et les blogs, ce que l’on appelle des « followers » (ou sur Facebook des amis – amis entre guillemets convient-il de préciser, plutôt que de « vrais amis » - lesquels « vrais amis ne sont guère légions »…

     

    Le récit anecdotique exige – mais semble – t -il ce n’est point là de nos jours une exigence partagée par un grand nombre d’entre nous – une capacité mémorielle – de se souvenir – suffisamment développée et quasiment « hors du commun » à situer dans le temps d’une manière extrêment précise, dans un ordre chronologique, et dans la restitution exacte, non arrangée, du « cadre environnemental », de « l’atmosphère », des lieux, de ce qui liait les personnes entre elles et avec soi-même au moment ou à l’époque de ce qui s’est passé dans notre vie…

     

    Le récit anecdotique – autobiographique donc (ne pas confondre avec le récit autofictif) est un exercice difficile… Et d’autant plus difficile si l’on aspire à ce qu’il soit susceptible d’intéresser des personnes « dans un champ plus élargi que celui de ses proches, de ses amis, de ses « followers » sur les réseaux sociaux…

     

    De très grands écrivains - d’hier et d’aujourd’hui, de tous les temps en fait – se sont livrés à cet exercice, celui du récit de leur vie ou de moments de leur vie… Mais « c’étaient de très grands écrivains » - qui ont pour ainsi dire « traversé les siècles » et dont on connaît et lit les œuvres qu’ils ont produites… Pas le papy ou la mamy ou le grand oncle ou le quidam du coin accro d’écriture qui rédige ses mémoires en un journal de vie… Et encore moins celui ou celle qui fait sa story sur Facebook…

     

    Le récit anecdotique, de quelque qualité qu’il soit, reste donc limité en nombre de lecteurs, et sa vocation à avoir la capacité de « traverser du temps long » - dans la mesure où l’on y aspire - est « tout ce qu’il y a de plus incertain, aléatoire…

    Parce que, de toute évidence, un futur lecteur – dans 10, 20, 30 ans ou plus – devra dans le récit dont il prendra connaissance, « s’y retrouver » lui-même, c’est à dire découvrir des similitudes, des ressemblances de situations vécues, ainsi que, dans le récit, une pensée proche de la sienne…

     

    Dans le récit anecdotique – et autobiographique – si « Je » est inévitable, il n’en demeure pas moins que celui ou celle qui écrit doit – ou devrait- à mon sens, se révéler avant tout, le narrateur plus que le personnage principal, et ainsi, aussi souvent que possible – et intentionnellement - « mettre au devant de la scène » les personnages dont il parle dans son récit, et « faire ressortir » ce qui est le plus vrai, le plus authentique, en somme le meilleur de chacun des personnages évoqués (le « moins bon » voire le « mauvais côté » en arrière plan)… C’est ainsi que « je vois les choses »…

     

     

    Une manière – si l’on veut- d’immortaliser les personnages qui ont compté dans la vie du narrateur… Quoique « immortaliser » ne peut être pris que dans le sens d’une durée dans le temps, dans le souvenir entretenu, forcément limitée dans la transmission – l’espace de 2, 3, 4 générations – quoique de grands écrivains et -ou- historiens de l’Antiquité, ou du Moyen Age… aient pu réellement « immortaliser » des personnages « du commun des mortels »…

     

    Soit dit en passant, les « gens du commun » en général dans les récits d’écrivains et d’historiens célèbres, lorsqu’ils sont évoqués – quand ils le sont- ne sont que des figurants (ce sont les personnages influents tels les rois, les princes, les capitaines d’industrie, les maîtres, les riches, les nobles, les seigneurs, les personnages « haut placés » dans les domaines de l’économie et de la politique, dont les auteurs d’ouvrages historiques parlent – et de leurs demeures, de leurs châteaux, de leur vie mondaine et de leurs œuvres, de leurs réalisations)…

    Beaucoup moins souvent donc, de la part des historiens et des chroniqueurs – du passé comme du présent – les « gens du commun »…

    L’on fait d’ailleurs la différence entre ce que l’on appelle « la petite Histoire » et « la grande Histoire » (ou l’Histoire tout court)…

     

    Les œuvres de pierre – des sculpteurs, des graveurs… Les stèles funéraires, les monuments ouvragés… Tout ce qui est de pierre – et de pierre seule – sont les seules œuvres réalisées par les humains qui résistent à l’épreuve du temps long – en siècles… Et aussi durant un temps un peu moins long, ce qui est écrit ou gravé sur des feuilles de parchemin…

    Microsoft et ses suites bureautiques, Way Back Machine (Internet Archives), nos espaces de stockage Drive Cloud etc. … Nos blogs – de tout cela avec abonnement payant annuel – quand on est mort on ne peut plus payer – Qu’en sera-t-il en l’an 3025 ?

     

     

  • Le récit, la rumeur

    … Du récit que l’on se fait, en soi, de l’autre, dépend notre relation à l’autre… C’est souvent un récit transformé, arrangé, selon ce qui est attendu, espéré, de l’autre… Ou bien alors, le récit présenté d’une personne que l’on connaît, est fait de ce que les autres autour de nous, placent d’ordinaire dans le récit, en fonction de ce qu’ils croient savoir de cette personne…

    L’on dit à propos de la rumeur, afin de la justifier ou de lui donner de la crédibilité «  Il n’y a pas de fumée sans feu »…

    Sauf que la fumée ne vient pas forcément de l’endroit que l’on pense – d’une part – et qu’elle est toujours portée par le vent – d’autre part…

     

     

  • Le récit et la réalité qui en découle

    Cette vie qui est la nôtre, celle que nous vivons chacun d’entre nous, en n’importe quel endroit de la Terre, de notre naissance jusqu’à notre mort, peut faire l’objet d’un récit, que d’ailleurs certains écrivent ou racontent dans des blogs, sur des forums du Net, sur leur page de Facebook…

    Mais le récit – peut-être – n’a vraiment d’intérêt pour les autres, que dans la mesure où les personnages évoqués, rencontrés et nous ayant un temps accompagnés dans notre vie, ont tenu le rôle principal, plus souvent que le narrateur que l’on a été…

    Et, dans la mesure également, où nous n’avons pas été entièrement dépendants de la réalité qui découle du récit, des événements qui se sont succédés, et surtout de ce que ces événements ont impliqué dans notre « vision du monde »…

    Certes, certains de ces événements, nous les avons subis, lorsqu’ils ont exercé une pression difficile à supporter ; certains comportements des autres nous ont désolés, et nous avons fait des choix en fonction d’empathies ou d’antipathies, en fonction aussi d’une « culture en nous » ou de la pesanteur des habitudes, des intérêts que nous pouvions avoir, du fait même de nous exister plus que d’exister les autres…

    Mais ce qui fait le récit, qui le fait vraiment -enfin « devrait le faire » - c’est ce fond de liberté dans le « tableau », comme un ensemble de tons mêlés, avec au premier plan tout ce qui apparaît indépendamment de tout « angle de vue »… (Mais avec cependant, une « perspective »)…