opinion

  • L'audace de penser par soi-même

    … « Ceux que le troupeau déteste le plus, c’est ceux qui pensent différemment, ce n’est pas l’opinion en soi mais l’audace de penser par soi-même, chose qu’ils ne savent pas faire »…

    [ Arthur Schopenhauer ]

    … Dans la même idée qu’Arthur Schopenhauer à propos de celles et de ceux qui pensent différemment, je n’aurais cependant pas formulé tout à fait de la même manière :


     

    « Celles et ceux que le plus grand nombre d’entre nous n’aime vraiment pas, voire déteste, rejette ou « botte en touche » ; c’est ce qui est pensé et exprimé en général par peu de personnes, parfois par une seule personne, qui diffère de l’opinion faisant consensus…

    Ce n’est pas l’idée émise, ce n’est pas l’opinion si différente soit-elle, ce n’est pas la réflexion faite au sujet de ce qui est pensé, exprimé, qui « pose vraiment problème » puisque le problème qui se pose est évacué par le plus grand nombre…

    Mais c’est le fait d’oser penser et s’exprimer différemment, qui dérange… Parce que le plus grand nombre d’entre nous, du moins celles et ceux qui évacuent et ne souhaitent guère faire l’effort de réflexion, « ne savent ou ne veulent pas, par eux-mêmes penser »…


     

  • La liberté d'opinion

    … Déjà en 1968 – il y a 53 ans donc – puisque nous sommes en 2021, Hannah Arendt, dans “La Crise de la Culture” écrivait :

     

    “La liberté d’opinion est une farce si l’information sur les faits n’est pas garantie et si ce ne sont pas les faits eux-mêmes qui font l’objet du débat”…

     

    Que la culture soit en crise, cela ne date pas d’hier… À vrai dire il faudrait pour la définir comme si elle était intemporelle, la culture – et je pense qu’elle le fut vraiment intemporelle par le passé, et qu’elle l’est encore en partie – lui faire prendre un C majuscule afin de la différencier de la culture avec un c minuscule…

    La culture d’aujourd’hui est devenue une “culture de consommation” dont la principale caractéristique réside dans l’acquisition de savoirs qui, parce que la capacité mémorielle est atrophiée, se fait par la technologie et par la modernité de l’information, mais cette acquisition là, des savoirs, de cette manière – avec ces “béquilles” que sont par exemple Google et Wikipédia – n’incite guère à l’analyse, à la comparaison, à la nuance, à la réflexion…

    D’ailleurs, les savoirs ainsi acquis, par les supports informatiques et numériques et leurs contenus, en somme tout ce que l’on apprend par aussi, les autres supports que sont les magazines, les journaux, la télévision, l’internet ; sont-ils fugaces, et donc ne se fixent pas dans la mémoire, il faut sans cesse les retrouver, les re – rechercher…

    Et le drame c’est que, tout comme les Historiens qui “font l’Histoire” à leur manière et selon l’esprit et les tendances du temps, en déformant les faits ou en falsifiant les faits ; les acteurs de l’information, les déforment, les occultent, les falsifient également, les faits, dans une dimension qui dépasse celle de l’Histoire et qui celle de la vie de tous les jours, de l’actualité de la vie de tous les jours partout dans le monde…

    Dans de telles conditions de déformation, d’occultation et de falsification ; la liberté que l’on prend – quand elle nous est concédée ou autorisée ou encore quand elle est laissée à tous sans aucune modération – est non seulement une farce mais une tragédie…

    Et quand bien même les faits sont vrais, il y a ce que les faits étant vrais nous suggèrent, nous incitent à penser et qui entre dans le débat, un débat qui n’est que polémique sans issue, ou au pire, qui sépare, qui divise…

    Mais les faits étant souvent arrangés ou déformés – avec en plus l’image qui en est donnée – la farce n’en devient qu’encore plus tragédie…

     

     

  • La petite fille et la cigarette, de Benoît Duteurtre

    Petite fille cigarette duteurtre

    ... L'auteur, Benoît Duteurtre, porte, avec ce livre, un regard sarcastique sur un monde, celui du 21 ème siècle, où de nouvelles inquisitions apparaissent et rendent la vie, la relation humaine difficiles et dont les protagonistes de ces nouvelles formes d'inquisition sont le plus souvent l'homme de la rue, tout un chacun, nos voisins, nos connaissances ; sous une pression médiatique s'exerçant par le biais d'associations et de mouvements engagés dans un "combat", au nom d'une "morale", d'un soit-disant "bien public", tout cela avec statistiques enquêtes et études établies afin d'appuyer le "bien fondé" de leurs actions percutantes souvent relayées par une partie plus ou moins importante de l'opinion publique...

    Ces inquisitions nouvelles sont une menace ou constituent un frein à un certain nombre de libertés individuelles, et celui ou celle d'entre nous qui contrevient à tel ou tel "ordre moral", à telle interdiction de ceci ou de cela, est stigmatisé, devient un "paria"...

    Ainsi l'être humain, pris dans un environnement sociétal (famille, travail) qui ressemble à ce décrivaient dans leurs oeuvres, Swift et Kafka, est une créature menacée, de plus en plus isolée lorsqu'elle est traquée à tout instant de sa vie par les nouveaux inquisiteurs... Et elle a, de fait, peu de chances d'échapper au "coup de filet" qui la happe...

    L'auteur, dans ce livre, prend la défense de cette créature menacée qu'est l'homme d'aujourd'hui...

     

    Page 69 :

     

    "Vous me faites penser aux anciens communistes. On dirait que le nombre de cigarettes que vous avez fumées jadis vous rend spécialement intolérants!"

     

    Page 88 :

     

    "Cent fois, dans la presse, j'avais observé la facilité qu'ont les enfants d'accuser les adultes des pires forfaits, sans aucune possibilité de démenti."

     

    ... Dans la rue, dans l'espace public qu'est par exemple la galerie marchande d'un hyper marché, il devient de plus en plus "problématique" et à vrai dire de plus en plus malvenu ou inconvenant, de sourire à un enfant, ou même de seulement porter un regard sur lui, comme on le ferait (mais en vérité on ne le fait pour ainsi dire jamais) en souriant à une personne ou en la regardant...

    ... Et pour "fumer une clope" c'est tout juste si, même dans la rue, on n'attend pas de se trouver dans un coin reculé, isolé...

     

    Page 132 :

     

    "Pour une personne dans ma situation, s'appuyer sur une personnalité forte, incontestée dans la communauté, constitue une garantie d'intégrité physique et mentale. On retrouve la même loi dans la plupart des carrières politiques ou administratives qui exigent de rencontrer le bon protecteur au bon moment... "