noëlleries

  • Petit conte de noël avant l'Avent

    ... Bien que nous soyons encore en Novembre, depuis déjà quinze jours les galeries marchandes des Grandes Surfaces, GIFI, Foirfouille, jardineries, CASA et grandes enseignes déco ameublement... Font étalages à perte de vue, de "noëlleries" venues par containers depuis l'Asie du Sud Est principalement la Chine, et acheminées par camions de 38 tonnes dans toute l'Europe...

    "Fleurpourpre", un terroriste du Verbe, qui sévit sur les réseaux sociaux et pourfend la "société de consommation de masse" à sa manière, serait presque devenu en son genre "aussi célèbre que Gainsbourg" dans la provocation...

    Un soir de fin novembre, en ces heures où l'on sort des bureaux, et en particulier ce soir de "Black Friday" où dans les allées de parkings saturés, avancent lentement de longues files de véhicules ; "Fleurpourpre" pénètre dans un GIFI géant avec un grand sac en plastique roulé plié. Il déroule le sac et le remplit de nounours, de lapinous, de pernohaux, de toutes sortes de gadgets noëlliques... Puis il passe à la caisse et règle ses achats.

    Il faut dire qu'à 35/40 euro le nounours, ou le gros lapinou ; ou à 15 euro le pernoël ou encore à des 5/8 euro le gadget... Cela fait tout de même une somme !

    "Fleurpourpre" sort du GIFI, se dirige vers sa voiture garée sur le parking, ouvre le coffre et se saisit d'un bidon d'essence de cinq litres. Il revient devant l'entrée du GIFI, et vide le sac de noëlleries en tas, au sol. Il sort un briquet de sa poche...

    Arrosés d'essence, les nounours les lapinous les dadas en peluche, les pernohaux dans leur houppelande en cotonade papier, et les gadgets noëlliques flambent à ciel ouvert devant une foule de gens médusés, choqués. Des enfants pleurent en voyant brûler nounours et pernohaux, et même une petite fille s'approche du brasier et tente d'arracher aux flammes, une poupée dont la robe n'est plus qu'un voile de cendres... Un homme d'une quarantaine d'années, son chien labrador en laisse et ses deux enfants auprès de lui, sur son téléphone portable, appelle police secours... "C'est scandaleux qu'on laisse faire ça" avait-il dit !

    Et "Fleurpourpre" devant les gens médusés : " C'est pas pire que lorsque Gainsbourg a brûlé un billet de 500 frs lors d'une émission télé dans les années 80".

    "Et sous savez," continue Fleurpourpre, "les pauvres lorsqu'ils singent les riches avec du sous-foie gras et des gadgets clinquants, et qu'ils gabegient et consomment à s'en péter le ventre et la tête, sont aussi prédateurs à leur manière par leur nombre, que les riches qui en clubs privés et fermés, dépensent des fortunes en banquets, en réceptions, en loisirs et produits de luxe...

    Ces pauvres qui d'ailleurs, se foutent complètement des pauvres encore bien plus pauvres qu'eux, dont le travail payé 1 euro ou 1 dollar par jour leur donne l'illusion d'être riches et la satisfaction dans l'addiction, de consommer, voire même de se péter le ventre ! Et, pour se dédouaner – se donner bonne conscience... ces petits queucoeurs rourouges qu'on se colle sur le pull en se fendant d'une pièce de 1 ou de 2 euro insérée dans une boîte en fer blanc pour les SDF, les gosses d'un pays d'Afrique"...

    ... Et ce même "Fleurpourpre", ce terroriste du Verbe, aussi prolixe qu'épuisant dans ses diatribes incendiaires, un autre jour on le voyait en compagnie de son amie Fleurestine, dans une boutique Jennifer, ramasser une robe à 19,99 euro tombée de son cintre et laissée par terre, froissée en tas, comme un vulgaire chiffon, puis replacer soigneusement cette robe sur son cintre, raccrochée au présentoir...

    Il avait dit à son amie "je pense à la jeune vendeuse de cette boutique, en CDD de 20 heures par semaine, payée tout juste 600 euro par mois, en train de ramasser tout ce qui tombe par terre des présentoirs, après avoir été manipulé, palpé"... ça me gonfle, ce monde où l'on considère les gens comme des chiffons que l'on pétrit et laisse tomber par terre négligemment"... Et ni bonjour ni bonsoir ni merde et pas un regard quand tu entres là dedans, à la jeune femme qui elle, te dit bonjour et te souris!"...