intellectuel

… C’est Archibald, 22 ans en troisième année de faculté de Lettres Classiques, major de sa promotion notamment en Latin et en Grec ancien ; qui, pour financer ses études exerce un emploi de 20h par semaine en CDD dans un Mac Donald situé à 1 km de sa chambre de location en résidence étudiants (il bénéficie d’une APL qui couvre le montant de son loyer), et à 500 mètres de la faculté… (il n’ a donc pas de frais de transport tram ou bus ni même besoin d’un vélo )… Il a très peu d’argent de poche et un soir qu’il se trouve libéré de son travail chez Mac Donald, il a envie d’aller dans le quartier des prostituées et de « se faire une fille »… Mais il ne peut donner que 20 euro…

Il en trouve une, d’environ 35 ans, assez jolie de visage (de « beaux restes en somme ») mais elle a un drôle de regard du fait qu’elle a un œil qui ne bouge pas…

Arrivé dans le studio de la fille ça commence tous les deux assis au bord du lit, Archibald fait part à Louna de ses succès aux dernières partielles (il a obtenu 16 sur 20 en thème latin et 17 en dissertation grecque), il lui récite un texte de Louis Aragon et un poème de Stéphane Mallarmé… Mais il lui dit aussi qu’il n’a que 20 euro sur lui pour « passer un moment » avec elle…

Louna réfléchit en silence, puis dit à Archibald « il faut que j’aille au lavabo, vas-y avant moi, je t’attends et quand à moi j’en ai pour 5 minutes »….

Effectivement après 5 minutes passées devant le lavabo – pendant ce temps Archibald avait commencé à se déshabiller – Louna revient… Non déshabillée, se met devant Archibald, s’agenouille en face de lui et brusquement, d’un geste vif elle enlève son œil de verre et dit « eh toi l’intellectuel, bourre-moi le crâne » !

… Aldous Huxley prétendait que l’intellectuel est celui qui a trouvé plus intéressant que le sexe…

Selon une définiton plus générale et sans doute plus partagée, l’intellectuel manifeste un intérêt plus vif pour les idées que pour le genre humain…

Si le sexe n’ était pas la préoccupation dominante pour un intellectuel, l’ on ne verrait pas chez les intellectuels, davantage que chez les manuels et que chez les « pragmatiques »… De femmes trompées par leur mari, de maris trompés par leur femme… À vrai dire il y a chez les intellectuels, plus de cocus qu’il n’y a de cheminées sur les toits dans un village…

Cela tient à la complexité entretenue, associée à l’imaginaire des intellectuels, des fantasmes (sans doute les «  pendaisons de crémaillère » y sont pour quelque chose… si l’ on pense que les gens démunis ou peu fortunés, d’ un niveau d’ études inférieur ou égal au BAC, n’ayant pas les moyens de « faire construire » et d’être propriétaires, ne font, eux, jamais de « pendaison de crémaillère »)…

En ce qui concerne un intérêt plus vif pour les idées, il faut dire – ce qui est généralement occulté par les intellectuels – que tout être humain est un intellectuel à partir du moment où il pense, où il s’exprime, même si sa pensée paraît sommaire, même si ce qu’ il exprime est maladroit ou succint… (la seule différence résidant dans le contenu et dans la forme du langage, n’autorise pas à nier ce qu’ il y a d’ intellectuel en un être humain)…