écrit

  • Les cultures de l'oralité ou les cultures de l'écrit

    … Ont en commun pour origine – avant même d’être orales ou écrites – le fait initial d’être de l’image qui se forme de ce qui est observé, vu, à un moment donné et dans une situation, dans un environnement particulier… Ou du bruit, du son, de ce qui est entendu et « enregistré », ou encore de ce qui perçu par l’odorat, le goût, le toucher…

    Le cerveau humain – tout comme celui des animaux (notamment des mammifères)- présente une zone ou un centre « moteur » en lequel se forme l’image, ainsi que d’autres zones ou centres en lesquels « s’entregistrent » ce qui est perçu par l’odorat, l’ouie, le goût, le toucher…

     

    La différence qu’il y a entre l’humain et l’animal, c’est que l’humain est le seul être vivant sur cette planète, qui est capable, dans ses facultés mémorielles, de situer dans le temps, autrement dit non seulement de situer le moment où ce qui a été observé s’est produit, mais aussi de préciser si ce qui s’est produit l’a été avant-hier, hier ou il y a un an, cinq ans, trente ans… Ce que ne peut faire aucun animal, les animaux ayant une mémoire « plane ou linéaire » où tout ce qui a été observé, perçu, entendu, est « enregistré » en un même plan et donc sans différentiation de ce nous appellons l’hier et l’avant-hier, ou le « il y a un an, deux ans... »

     

    En ce qui concerne – pour les humains- les cultures de l’oralité et les cultures de l’écrit, l’image qui à l’origine s’est formée avant d’être « traduite » puis exprimée et transmise par le langage parlé ou écrit, cette image donc, ne se déforme, ne devient floue – et ne peut s’effacer – que par le temps écoulé, plus ou moins long – si elle n’ a pas été «traduite » ou « enregitrée » par le langage parlé ou écrit…

     

    C’est pourquoi le langage parlé ou écrit « conserve » mieux que ne le fait l’image qui s’est formé et qui, elle, se déforme… (Mais se déforme naturellement)…

    Les animaux n’étant pas dotés de langage parlé et encore moins écrit, ne peuvent « conserver » ce qu’ils ont observé, percu, entendu, touché, senti ; que par leur faculté à communiquer entre eux autrement que par le langage articulé… Et qui ne peut être altéré, et, encore moins « interprété » de la même manière que les humains…

     

    Les humains eux, par le langage parlé ou écrit, racontent, transmettent ce qu’ils ont observé, de leur vivant à leurs proches, à leurs connaissances, à la communauté dont ils font partie, et s’ils le peuvent pour certains, à l’humanité toute entière ou au moins à une partie de l’humanité… Et à leur tour par la suite, les humains qui ont reçu l’information, la connaissance des faits et des événements observés, racontent et transmettent ce qui leur a été communiqué…

     

    Mais le langage parlé ou écrit (et donc, les cultures de l’oralité autant que les cultures de l’écrit) n’est pas seulement dépendant de l’image formée à l’origine qui se déforme naturellement avec le temps écoulé ; mais aussi dépendant de la « traduction » ou de l’interprétation qui est faite de ce qui est vu, entendu, touché, senti, perçu (l’interpétation étant individuelle et se fondant sur une sensibilité personnelle)…

     

    Et en ce sens, les cultures de l’oralité ne « valent » pas mieux que les cultures de l’écrit… Du fait de l’interprétation dont l’inévitable conséquence est, avec le temps écoulé, et par les mécanismes complexes, diversifiés et évolutifs de la transmission (orale ou écrite)… La déformation… De telle sorte que ce qui est perçu après avoir été maintes fois transmis et retransmis, finit pas ne plus rien à voir avec ce qui, à l’origine a eu lieu en une image qui s’est formée…

     

    … D’où la difficulté qu’il y a, à transmettre le plus intact possible, ce qui à l’origine a été observé, perçu…

     

     

  • Les prestiges ou les mal-façons de la parole et de l'écrit

    ... Il manque -peut-être- à la parole et à l'écrit, ce qu'il y a dans le regard, dans le geste et dans le mime, qui, parce qu'ils ne disent et écrivent rien mais expriment tout ; en particulier l'indicible, n'ont jamais cette faculté du langage (la parole et l'écrit) à générer de la polémique et du commentaire...

    La parole et l'écrit qui parviendraient, comme le regard, le geste et le mime, à se suffire à eux-mêmes ; et qui rendraient autant pour la parole que pour l'écrit, le commentaire et la polémique inutiles, se dépouillant de toute forme d'abstraction, pour ne laisser entendre ou lire que l'essentiel dans sa pureté même... Cela serait -peut-être- la forme la plus élevée et la plus épurée de la littérature...

    C'est ainsi que commencerait la littérature, que commencerait aussi la puissance de toute forme d'expression...

    En disant cela, je pense au célèbre mime Marceau, qui, sur toutes les scènes où il s'est produit, n'a jamais prononcé un mot... et a pourtant "tout dit/tout écrit"...

    Il manque à la parole et à l'écrit, de pouvoir se défaire des prestiges qu'elles ont l'une et l'autre, des prestiges qui soit dit en passant, peuvent être des mal-façons qui font illusion par ce qu'elles ont d'habillé afin de paraître au mieux...

    Le "meilleur César possible" en "récompense" ou en reconnaissance de l'écrit et de la parole, ne serait-il pas... Le silence qui se fait tout autour et qui, cependant, n'est pas pour autant tout à fait unanime ?

    Ce silence qui se fait en soi et qui, par ce qu'il exprime sans les mots pour dire ou écrire, s'établit et consacre... Bien que souvent il juge, condamne, désapprouve ou est indifférence...