bibliothèques

  • Dans la caracole des jours des semaines des mois des saisons

    Dans ces années 2008, 2009, 2010,2011…

    Et même jusqu’en 2019…

    Jamais tu ne pensais à ces années 2024, 2025, 2026…

    D’un siècle après les « années folles » ces vingt et quelque du 20 ème siècle.

    Tu étais, tu vivais…

    Année après année ou plutôt saison après saison sinon semaine après semaine…

    Depuis 2008 jusqu’à 2019

    Dans un présent comme un jour sans matin sans hier sans avant-hier et sans soir ni nuit venant ni demain ni après demain…

    Mais parfois te venaient des souvenirs des années 1960/1970, les souvenirs alors s’ouvrant tels des tiroirs qui ne grinçaient pas en coulissant.

    Tu n’imaginais pas un seul instant

    Dans la caracole des jours des semaines des mois des saisons

    En 2013 ou en 2016

    Ce que seraient ces années d’après 2020.

     

    Et tu y es à présent

    Dans ces années d’après 2020

    Qui te sont tombées sur les épaules

    Qui ont grisé le ciel au dessus de ta tête

    Décoloré les rêves qui te venaient.

    Et s’ouvrent alors les tiroirs des souvenirs de 2008, 2009, 2010, 2011… 2019

    Mais les tiroirs grincent en coulissant.

    Et te vient l’angoisse des années d’après 2030…

     

    Déjà en 2008 et en 2009 quand il t’arrivait de penser avec effroi à ces années 2030/2040, tu disais « je ne suis pas pressé de les voir venir »…

    Soit dit en passant, en 1956 tu aurais aimé être déjà en 1970…

    Pensant qu’en 1970 tu courrais plus à ta guise qu’en 1956.

    2030/2040 ce sont les années qui évoquent les EHPAD la vieillesse le rétrécissement du champ des relations par défection de ceux et de celles qui partent, nous avaient accompagné un temps ou une vie…

    Et par défection aussi de ceux et de celles qui eux, « footinguent et treckinguent » sur les chemins de randonnée, achètent à l’arrache des billets de train et d’avion ; dont le mode de vie et de consommation et d’aspiration et de besoins et de vision du monde… Eloigne, sépare, de ces « vieux » qui ne montent plus dans les trains et dans les avions et dont la marche avec 2 bâtons n’a rien à voir avec la « marche nordique »…

    Reste…

    Comme on dit…

    « Les bibliothèques qui brûlent » à propos des « vieux » qui s’en vont…

    La transmission de savoirs acquis par le vécu et ou par l’étude, la transmission de ce qui a été réalisé…

    … Mais… La transmission à qui et de quoi et pourquoi ?

    Et avec tous ces vide-greniers, ces vide-maisons, avec tout ce que l’on porte en déchetterie, aux Emaüs…

    S’il n’y avait pas l’interdiction de brûler dans les jardins, les bibliothèques – avec les bouquins dedans dont le journal de Papy – elles partiraient en flammes et en fumée et le vent emporterait les cendres…

     

    Tu dis tout cela parce que tu es né dans les années du milieu du 20 ème siècle… Et quand on est né(e) en 2002 ou en 2010, les années que l’on imagine pas comment elles seront, sont les années 2090…

     

     

  • Pourquoi les écoles et les bibliothèques incendiées dans les émeutes ?

    … Les écoles, les centres culturels, les médiathèques, le LIDL du quartier, sont des lieux pour les jeunes qui détruisent et incendient ou saccagent ces lieux, représentant les mondes où ils ne se sentent pas les bienvenus, des lieux qui leur sont étrangers et qu’ils considèrent hostiles… Par exemple à cause du vigile de chez LIDL qui les a brutalement interpelés une fois, deux fois… À cause des brimades, des rejets, des vexations dont ils font l’objet de la part d’ « encadrants » à l’école, de toutes sortes d’interdictions qui leur sont faites, de règlements qu’ils contestent, de tout ce qu’ils doivent subir…

    Mais tout cela n’est qu’en partie vraie et c’est cette part de vérité (de réalité) qui détermine, génère, ce que ces jeunes ressentent…

    Il existe cependant une autre réalité ou plutôt d’autres réalités :

    Celle, sans doute la plus visible, liée au fait que de nombreux jeunes de moins de 16 ans sont depuis déjà plusieurs années sans discontinuer, totalement déscolarisés (ne se rendant plus du tout en cours) et cela parce qu’ils gagnent de l’argent – jusqu’à plus de cent euro par jour- en vendant de la drogue (c’est la raison pour laquelle les parents les laissent délibérément dehors dans la rue y compris la nuit, du fait qu’eux-mêmes les parents, bénéficient des sommes substancielles qui permettent à toute la famille de vivre)…

    Pour ces jeunes totalement déscolarisés, l’école est un lieu étranger à leur monde, considéré hostile et ne leur apportant absolument rien dans leur quotidien de vie… Alors que les cent euros par jour de la drogue, ça c’est une réalité pour eux ! Donc, toute autorité envisageant de mettre fin à ça, est un « ennemi à abattre »…

    Comment voulez vous que dans les banlieues et cités « à problèmes », les autorités scolaires puissent gérer les absences d’un tiers des élèves ; sachant que les avertissements faits aux parents, les tentatives par coercition d’obliger ces élèves à venir en cours, restent « lettre morte » ? Et que de ce fait, rien ne peut empêcher toutes ces absences ?

    Une autre réalité c’est celle, d’une part, de la démission et de la complaisance des autorités « dans les vues et dans l’esprit du temps »… Et d’autre part, de cette propension/croyance/certitude ancrée qu’il y a à considérer que parce que l’on se montre compréhensif, écoutant, bienveillant et faisant pour le mieux, on va forcément sensibliser ces jeunes et parvenir à les éduquer…

    Ce qui (cette croyance là) éclipse totalement une réalité fondamentale et naturelle  qui peut être « illustrée » et « mise en évidence » comme par exemple quand on essaye d’approcher un chat errant très sauvage en lui mettant à deux mètres une gamelle de croquettes et en l’appellant « minou, minou »… ça ne marche pas, ça ne marchera jamais, cette « méthode » !

    Il est certain que dans les écoles, dans les centres culturels, avec tout ce que des gens de bonne volonté et d’initiatives, de créativité, d’énergie développée, d’humanisme, de souci de l’avenir des jeunes etc. … Et d’expériences avec résultat… Mettent en place, édifient… Cela devrait contribuer à rendre un monde et une société meilleurs… Or ce n’est pas le cas ! Et c’est désespérant, rageant !

    Alors oui… « comprendre » ou « ne pas comprendre » le résultat est le même, la réalité demeure la même… Tout débat dans un sens ou dans un autre (comprendre ou ne pas comprendre) n’est que polémique sans issue, autrement dit tout le monde a tort, tout le monde a raison… Les nœuds du fil sont indéfaisables, le fil sera forcément rompu à un moment ou à un autre…

    Je repense encore à cette histoire que j’avais racontée, celle de l’intellectuel humaniste intelligent, plein de bonne volonté, croyant en la puissance du verbe, du regard ; acculé au fond d’une impasse au pied d’une muraille rocheuse circulaire, en face d’une araignée géante carnivore qui avance ; l’intellectuel armé d’un fusil d’assaut décidant de ne pas utiliser son arme et de « faire comprendre » à l’araignée géante carnivore de ne pas le déchiqueter et le dévorer…