Résignation ambiante

… J’observais récemment, lors d’un déplacement pour me rendre en un lieu de promenade aux alentours de la commune où je demeure, assez proche de bretelles circulaires d’accès à une voie rapide (4 voies) de contournement de cette commune ; les travaux d’aménagement d’un terrain destiné à un lotissement de maisons individuelles avec déjà la mise en place des bornes d’électricité, le creusement de tranchées pour le raccordement de l’eau de la ville, les piquets de délimitation des lots…

Un terrain aménagé donc, pour accueillir une quinzaine de ces maisons de constructeurs homologués, bâties en quelques jours sur des lots de 700 mètres carrés…

Et je me faisais cette réflexion :

“C’est fou ce que les gens, aspirant à posséder un “petit chez soi” bien individualisé avec un bout de terrain bien clôturé (une épaisse et haute haie végétale ou bien un mur d’au moins un mètre cinquante de hauteur ou encore une palissade tout aussi haute, faite de fausse verdure… Et avec un portail “assez balaise et d’apparence cossue” s’ouvrant et se fermant automatiquement) ; c’est fou ce que tous ces gens sont enclins à accepter de vivre, d’habiter dans des lieux sans aucune magie, de paysages urbanisés, bétonnés, de proximité de voies rapides ou d’installations industrielles et commerciales, de hangars et de constructions métalliques et de matériaux composites, tout cela avec dès la tombée de la nuit, des lumières artificielles d’enseignes, des lampadaires en longues files, et toute la journée durant, le bruit de la circulation des véhicules dont des camions, une bruissance continue qui ne s’arrête jamais pas même au plus profond de la nuit…

C’est dire de cet état général de résignation, d’acceptation, d’indifférence, d’abdication, de consentement tacite, d’inertie à agir, à réfléchir, à se questionner, qui fait le “fond du tableau” de la société dans laquelle on vit au quotidien…

Cette résignation qui incite à l’acceptation d’un environnement bruyant, voire parfois hostile du fait de toutes sortes de nuisances…

Certes, n’importe laquelle de ces maisons standardisées de lotissement, même proche d’une bretelle d’autoroute ou d’une ZAC, c’est “toujours mieux” qu’un 2 ou 3 pièces en ville dans un immeuble de 6 étages, ou dans une tour de 15 étages d’une banlieue de grande métropole…

Mais ce n’est encore pas le “décor” si hostile, si bétonné, si industrialisé qu’il soit, ce n’est pas la tour de 15 étages ou le lotissement proche de la ZAC, ni l’HLM de 4 étages de “logements sociaux” qui fait la déshumanisation à vrai dire, qui fait que la relation humaine ne puisse vraiment exister ou qu’elle se détériore…

C’est cet état d’esprit généralisé, fait de résignation, d’acceptation, d’émerveillements que l’on a pu avoir dans son enfance qui se sont décolorés au contact des dures réalités de la vie, cette renonciation à espérer, à agir, à s’exprimer, ce recul de la capacité à s’interroger et à réfléchir, c’est tout cela, oui, qui a fait la vie telle qu’on la subit en l’acceptant telle qu’elle est, et qui nous a réduits à être des “individus” plutôt que des “personnes” !

C’est cet état d’esprit généralisé, qui est celui de gens vivant aussi bien dans un environnement de nuisances péri urbaines qu’en territoire rural ou en village, qui envahit l’espace social partout…

Mais il faut dire – et je le dis, j’en suis intimement convaincu – ce qui a été perdu, effacé, oublié, peut être retrouvé car il existe toujours au tréfonds du cœur des gens ! Il existe toujours et il faut peu de chose, une volonté, un regard, un sourire, trois mots juste au bon moment qu’il faut, pour que “ça se réveille” !

En revanche, toute agression faite dans une violence brute, réductrice, lapidaire, au contraire, empêche le possible réveil, ferme la porte d’accès en quelque sorte ! Et renvoie à cet individualisme forcené et ambiant qui mène ce jeu où l’on est à tous les coups, perdant…

 

 

 

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