L' Envers et L' Endroit

… Dans sa première œuvre publiée à Alger en 1937, L’Envers et L’Endroit, alors qu’il était âgé de 24 ans, Albert Camus écrit :

 

“Je sais que ma source est dans l’Envers et L’Endroit, dans ce monde de pauvreté et de lumière où j’ai longtemps vécu et dont le souvenir me préserve encore des deux dangers contraires qui menacent tout artiste, le ressentiment et la satisfaction”…

 

Et plus loin :

 

“L’envie, véritable cancer des sociétés et des doctrines”…

 

… Le “paysage” de l’Art et de la Littérature, en ce premier quart du 21 ème siècle, a peut-être plus que par les derniers siècles passés, surtout dans la “société occidentalisée”, une étendue pouvant être “embrassée” d’un regard d’ensemble, selon deux “angles de vue” différents qui sont, en somme, tels un envers et un endroit…

 

L’envers du “décor”, fait de tout ce qui s’apparente à de l’art et à de littérature, mais qui n’est souvent que contrefaçon, recomposition “actualisée” aux modes nouvelles, où dominent le ressentiment, l’agressivité, la nostalgie d’une “époque révolue” ou d’un “inatteignable ailleurs, ainsi que la satisfaction d’avoir “accompli quelque chose”, une satisfaction fondée sur de l’audience, sur de l’impact immédiat, sur de la reconnaissance lorsque c’est le cas…

 

L’endroit du “décor”, fait de tout ce qui est extrait de beauté, d’immaculé, de vérité, d’un paysage ravagé… Mais aussi de tout de qui ne peut être présentement défini, pas forcément “nouveau” et qui interpelle, interroge, appelle, et fait espérer cet “ailleurs” ou cet “autrement” différent de ce qui est, de ce qui a été…

Dans l’endroit du “décor”, il n’y a pas de contrefaçon… C’est juste qu’il y a un travail qui se fait…

 

… Ce qui altère et va jusqu’à décomposer, détruire les sociétés, ce qui rendent vaines les doctrines, toutes les doctrines avec leurs morales, leurs “credos”, leurs mots d’ordre, cris et signes de ralliement… C’est l’envie de tout ce qui est consommable et offert et qui a induit des besoins accrus et de plus en plus diversifiés, dans une dimension d’individualisme, de développement personnel, de construction des avoirs – et des savoirs…

 

… Le monde de pauvreté qui est de nos jours celui de centaines de millions d’humains sur cette planète, sans doute même de davantage encore que des centaines de millions, avec la pauvreté dans un sens élargi… Est peut-être dans une certaine mesure “adouci” par la lumière du ciel, du soleil, donc par le climat qui est celui de telle ou telle région du monde bien exposée et pourvue de tout ce qui rend la vie moins difficile…

 

Mais le monde de pauvreté n’est pas loin s’en faut, forcément, un “monde de lumière”… Je veux dire par là que la “lumière” qui est la connaissance reçue et partagée, qui est aussi ce “vivre ensemble dans l’harmonie et dans le principe fondamental, naturel et intemporel de la relation”… Fait défaut dans nos sociétés… Et qu’en revanche, dramatiquement, c’est l’obscurantisme qui domine et même s’étend jusque là où il avait reculé…

 

 

 

envers endroit

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