L'enterrement d'Ernestine (petite histoire de fiction)

... C'était l'enterrement de cette pauvre Ernestine, âgée pour mourir, de 87 ans...

Etaient présents ses six enfants, Justine l'aînée 64 ans, Georgette 61 ans, Simone 59 ans, Arthur 58 ans, Jocelyn, 54 ans, et la dernière Pascaline 48 ans... Ainsi que quelques connaissances, habitants du village de Saint Amond La Palu...

 

Cette pauvre Ernestine durant les deux dernières années de sa vie, en maison de retraite médicalisée service des grands handicapés, n'était pour ainsi dire plus qu'un "légume"... Mais un "légume" cependant, qui avait encore par moments et même durant plusieurs jours, "quelques fibres de sensibilité", de telle sorte qu' Ernestine arrivait à reconnaître déjà ses proches, ses enfants, et les personnes amies qui venaient lui rendre visite.

 

Une fois passés ses 80 ans, Ernestine avait assez rapidement décliné physiquement, ne trouvant plus la force d'entretenir son petit jardin, se déplaçant difficilement et désormais bien seule toute la journée dans sa petite maison à l'écart du village.

Plus personne à part un voisin proche aussi âgé qu'elle et peut-être une ou deux de ses connaissances, et parfois l'un de ses enfants, ne venait passer comme jadis, quelques heures ou moments avec elle, dans le matin ou dans l'après midi...

Les temps où, "dans la force de l'âge" elle travaillait à la scierie du pays et où elle avait son mari (décédé lorsqu'elle avait 55 ans), venaient chez elle et son mari les samedis, dimanche et jours de fête, "tout un tas de monde" des alentours, des voisins, des amis, des connaissances, et il y avait sur la grande table de la pièce principale, en permanence, des bouteilles d'apéritifs, une cafetière énorme, des biscuits, de la charcuterie...

Mais après le décès de son mari, à la suite comme on dit "d'une longue et douloureuse maladie" -et déjà durant la maladie de son mari- les visites s'étaient singulièrement espacées pour devenir quasi inexistantes...

 

Ernestine avait été toute sa vie durant, une femme simple, humble, et si dévouée pour ses enfants, pour son mari, pour les gens autour d'elle, qu'elle en était arrivée à ne plus exister pour elle même, et à sans cesse rendre service sans contre partie ... Soit dit en passant "à sens unique" ni merci ni bonjour ni merde en retour en réponse pour parler en appelant un chat un chat...

 

C'est fou de que les gens "sûrs d'eux", qui ont plus ou moins bien réussi dans la vie, bardés de certitudes (et de préjugés)... Font peu cas des personnes "humbles et simples" qu'elles déconsidèrent, et devant lesquelles elles passent, ou qu'elles dominent...

 

Le jour de l'enterrement de cette pauvre Ernestine, ils étaient tous là, la larme à l'oeil... "Ah elle était ceci elle était cela"...

Quant au curé, en supposant, en "partant du principe" qu'il "n'en pensait pas moins"... Il ne pouvait pas se risquer à se lancer dans une "fustigeante homélie" mettant plus ou moins en cause pas mal de gens à vrai dire...

 

... L'hypocrisie, dans les relations, sur fond de consensualité dans la pensée, dans une forme de "morale du monde" et de soit disant "bienpensance", et dans les comportements des gens, a toujours "schmucté" le cornichon, la vinaigrette et la mayonnaise éventés avec des relents de sexe sale ou de crevettes amoniaquées...

Et c'est fou ce que l'on se complait, ce que l'on se conforte, dans ces relents de vinaigrette et de crevettes, entre gens "civilisés" et "de bon aloi" (mais avec une pierre à la place du coeur et en se foutant de la bonté, de l'humilité, de la fragilité de certaines personnes)...


 


 

 

Ernestine

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