Souvenir d'une tuaille de lapin en mars 1967

… Ma grand mère, Lasserre Suzanne épouse de Georges Abadie mon papé, en 1967, achetait encore des lapins vivants pour 5 francs le kilo, dans une ferme à proximité de notre maison à Tartas dans les Landes. Elle ramenait le lapin dans un panier en osier, chargé sur le porte bagages de son vélo (un vélo de dame à une seule “vitesse”)…

Le lapin passait la nuit dans le panier, au cabanon, au fond du jardin, à jeun…

Le lendemain matin vers 10h, nous arrivions ma grand mère et moi, pour tuer le lapin, Mamy munie d’un grand couteau très effilé et bien aiguisé, et d’une assiette blanche creuse, ayant appartenu à “Petite Mémé” la maman de Mamy… L’assiette, afin de recueillir la “sanquette” que Mamy faisait cuire le soir dans une poëlle avec de l’ail et du persil…

Mon grand père Georges Abadie étant mort le 9 janvier 1697, c’était ma grand mère qui avait pris la suite pour tuer les lapins, ainsi que les poulets (vivants, à 4 francs le kilo)…

Papé, avant de saigner le lapin, lui donnait un fort coup de poing derrière la tête pour l’assommer. “Petite Mémé”, quant à elle, n’ayant pas dans le poignet la force de Papé, se servait d’un marteau pour assommer le lapin (mais pas toujours)…

Le jour où ma grand mère tua son premier lapin, elle avait décidé, ne se sentant pas la force de l’assommer d’un coup de poing, de le saigner directement.

Elle rata le lapin, de telle sorte que le lapin émit un très long cri aigu qui “ameuta tout le quartier”.

Du coup, me souvenant de la manière dont s’y prenait Petite Mémé pour égorger les lapins, sans que le lapin crie, j’ai dit à Mamy “la prochaine fois c’est moi qui tue le lapin”…

Alors un jour de mars 1967, je coinçai le lapin entre mes jambes, en lui tenant fermement les oreilles, je lui relevai la tête et d’un seul coup “magistral” sans bavure, je lui tranchai direct la jugulaire. Pas le moindre cri ou gémissement…

Et par la suite, de tous les lapins que j’ai tués, jamais un seul n’a crié… J’étais devenu un “professionnel” !

Les musulmans qui mangent “halal” auraient été à l’époque, ravi que je fasse “halal” au lapin… Sauf qu’il manquait l’Iman pour bénir…

En effet, si le lapin est d’abord assommé, il y a un influx nerveux qui sécrète une substance toxique dans la chair et qui dénature le goût de la viande (enfin très peu en vérité)…

Une fois le lapin vidé de son sang, Mamy lui entaillait la peau du dos, et je “tirai le pantalon” tandis que Mamy “tirait la veste”… Puis on ouvrait le ventre du lapin, la tripe tombait fumante et chaude, par terre. Je trouvais “rigolo” les espèces de petits pois noirs dans l’intestin…

Cela se passait un vendredi ou un samedi, et le dimanche midi, Mamy servait le lapin rôti dans un grand plat en terre dans le four de la cuisinière à bois, le lapin était accompagné de pommes sautées ou de haricots verts du jardin… Un régal ! À l’époque (j’avais 19 ans) mon appétit était “phénoménal” à tel point qu’au lycée de Mont de Marsan où j’étais pensionnaire, on me surnommait “Gargantua”…

 

 

 

lapin

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