Au lycée de Mont de Marsan, de 1962 à 1967

… Quelques personnages qui ont fait partie de notre vie quotidienne de l’époque, et dont je me souviens bien… Et quelques “anecdotes”…

 

- L’ours, le proviseur monsieur Guinez, qui en effet “faisait ours dans son genre” mais que personnellement je voyais comme un “ours plutôt sympathique”, attentif qu’il était à mon égard.

Lorsque je suis revenu d’Algérie, en mai 1962, âgé de 14 ans, ma mère et moi avons été accuellis dans son bureau situé au rez de chaussée en façade à côté de la porte d’entrée du bâtiment principal ; il avait été impressionné par déjà le “tempérament” de ma mère assez cocasse et en même temps très ouvert, très communicatif (ma mère alors était comme je dis dans mes souvenirs “une femme très chic très belle et très enjouée qui avait un très bon contact avec les gens, qui était marrante à sa façon et qui de surcroît était divinement bien habillée, dans une élégance et une simplicité associée hors du commun)…

Et encore, monsieur Guinez – bon c’est vrai il avait un aspect “un peu ours” – avait-il aussi été interpellé par le jeune garçon de 14 ans qu’il avait en face de lui, et qui regardait bien droit devant lui, avec de grands yeux “un peu rêveurs”…

Je n’avais pas de dossier, rien, absolument rien comme document, tout ayant brûlé lors du saccage du lycée Duveyrier à Blida, le 11 avril 1962, date à laquelle j’avais quitté l’école, avant le rapatriement vers la “métropole”… Je sortais d’une classe de 5 ème A1…

Il a alors dit, monsieur Guinez après avoir écouté notre histoire, s’adressant à ma mère : “ quand je suis parti au Brésil où j’ai vécu quelques années, c’était pour échapper aux griffes de ma première femme”… Ont suivi quelques confidences et pour finir il m’ a dit ceci après m’avoir posé quelques questions, histoire de me jauger : “Normalement vous devriez à la rentrée prochaine redoubler la classe de 5 ème, c’est ce qui arrive à tous les jeunes dont les familles sont rapatriées d’Algérie, quand les dossiers scolaires font défaut. Mais je vous fais une proposition : si vous acceptez, habitant Tartas, de finir dans une de nos 5ème ici, l’année scolaire jusque fin juin, en tant que pensionnaire, eh bien à la rentrée prochaine je vous inscris en 4 ème, sous réserve bien sûr que vous fassiez vos preuves durant ces 15 jours qu’il reste du 3 ème trimestre”…

J’ai accepté sans hésiter… “L’expérience” a été heureuse et concluante, d’autant plus qu’aussitôt j’ai acquis auprès des nouveaux copains et des profs, “une cote de tous les diables” ! (rire)…

Ce qui me convenait tout à fait d’être ainsi une “vedette” du fait que je racontais un tas d’histoires aussi drôles que moins drôles à ma façon, les profs ont vite vu que j’étais bon en composition française, pas mauvais en maths, super bon en histoire et géographie ; du coup mon passage en 4 ème – sans dossier- n’a posé aucun problème…

Voilà donc pour l’ “ours”…

 

-Le Flic, monsieur Mula, le censeur, ainsi surnommé parce qu’il laissait rien passer… Un personnage froid, glacial même, qui ne riait et ne souriait jamais, fana de la consigne (avec lui, les “2h” le jeudi voire les 4h et même des fois 8, et le dimanche aussi pour les pensionnaires, ça pleuvait dur, sans jamais la moindre grâce)… Affublé d’une gabardine vert caca d’oie en toutes saisons qu’il pleuve vente fasse soleil, un visage de cadavre, des lunettes noires on n’a jamais vu son regard…

 

-Le Pinguoin, l’intendant, qui, en personne, faisait le tour des tables de huit au réfec, pour me porter les restes des plats… On m’appelait Gargantua parce que je me farcissais des 1 plat et demi de petits pois, 88 pruneaux, enfin des quantités énormes de bouffe…

 

-Le Zou, monsieur Cazenave, le surveillant général, avec sa grosse tête bien ronde, et surtout son ventre énorme, âgé d’environ 55 ans à l’époque en 1963, qui répétait “eh vous là bas, on pisse pas contre les platanes” !

 

-Le Spountz, le veilleur de nuit au dortoir, ainsi surnommé parce qu’il arpentait le plancher des dortoirs avec ses grosses godaces, des brodequins jusqu’en haut des chevilles et que son pas résonnait fort…

Un souvenir qui me vient : le dimanche matin quand on était à peine dix dans le dortoir, les “ceu’s “qui revenaient chez eux dans leur famille seulement tous les quinze jours -ainsi que les “collés dimanche” - (dont je faisais partie) on se levait qu’à 8h au lieu de 7 en semaine ; avant l’arrivée du jour quand passait le Spountz, y’avait déjà longtemps que j’étais réveillé, il me venait des “pensées” en écoutant, ému, les respirations de mes camarades endormis, il me semblait alors que ces souffles légers se faisaient paroles, comme si ces “paroles” étaient “de confidence”, me révélant des choses qui n’avaient jamais été confiées à personne mais à moi, si…

 

-Et maintenant, les profs :

Tout d’abord y’avait ceux et celles qui n’avaient pas de surnom, sans doute parce qu’ils étaient très charismatiques, ou très sévères et en imposant de toute leur autorité, des sortes de “monstres sacrés”, des “légendes”… Entre autres, Monsieur Chêne, un prof de français, sa femme prof d’espagnol, Monsieur Blanc le prof de français latin grec qui faisait les Seconde M, A, B et A’ ainsi que les 1 ère et Terminale Philo, monsieur Grangé, un prof d’allemand qui “notait sec” (4 grosses fautes à moins 4 points chacune t’avais zéro) et qui te faisait répéter des subordonnées et des phrases de plus en plus longues, que t’en perdais le souffle ; et d’autres “indéfinissables” (qu’on chahutait jamais on savait pas pourquoi) tel monsieur Giordan, un prof d’histoire très négligé de sa personne, un vieux costard élimé, cigarette au bec sans arrêt, la cendre qui tombait par terre, un peu fumiste sur les bords ; en compo, il nous donnait des titres de leçons, résultat on avait une bonne note si on était cap’ de reproduire tout le cours mot à mot… Et monsieur Hébert, un lunatique, pas toujours très drôle mais quand il était drôle quels fous rires! Il faisait les 4 ème et 3ème (je l’ai eu 2 ans), un prof de lettres classiques Français, Latin…

Et puis ceux avec des surnoms :

-Baba, monsieur Barusseau, toujours en blouse grise, très gentil, pas sévère du tout, tellement “cool” que personne n’avait l’idée de le chahuter.

-Doudou, monsieur Doucinet, un prof d’anglais, lui très chahuté ; c’était pas vraiment un marrant dans son genre… Une fois il m’interroge, j’avais prévu le coup, mis des haricots en grain dans ma bouche, je sors la phrase, et les haricots qui se barrent et mitraillent les copains assis devant moi… Je m’écris “M’sieur, avec des faillots dans la bouche, ça fait qu’on parle mieux anglais avec l’accent”… Fou rire de la classe toute entière…

-Marius, monsieur Fourteau, un autre prof d’anglais, un marrant celui là, très chahuté aussi, un fumiste !

-Pepone, un prof d’histoire géo, le plus fumiste de tous les fumistes, mais qui néanmoins trônait derrière son bureau, tel un empereur Romain visage taillé à coup de serpe, mais rien à voir avec le centurion Octupus de la bande dessinée Astérix…

… Enfin, celui là j’en parle en dernier, c’est monsieur Laffite un prof de gym, le roi des fumistes, aexéco avec Pepone, qui nous foutait pendant l’heure de gym un ballon dans les pattes, “allez démerdez vous”, ainsi que durant les 2 h de “plein air”. Avec lui, on faisait juste des exercices pour la compo : grimper de corde, lancer de poids, saut en hauteur (où j’étais nul) mais course à pied 1500 mètres où j’excellais (je faisais 2,49), oh, putain, le Laffitte là, il a jamais topé que j’étais bon à la course de fond… Et j’avais un copain, Lasserre, un déjanté toujours collé le dimanche, qui lui, avait été champion d’Aquitaine au 1500 mètres avec 2,48) mais encouragé par un prof plus sérieux…

 

 

l'ours le flic

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