Au 2 rue Emile Zola à Cahors en 1952

… Sur l’index de ma main droite, à la deuxième phalange, apparaît encore une petite cicatrice en forme de triangle sans base, une cicatrice cependant qui, avec l’âge (j’ai 73 ans) a presque disparue dans le modelé quelque peu vieilli, altéré, de la peau…

Elle est le résultat, cette petite cicatrice, d’un coup de ciseau à bouts arrondis qui m’a été donné lorsque j’avais 4 ans par un garçonnet de mon âge, un chenapan parmi d’autres, à l’école maternelle de Cahors, en 1952… À la suite d’une dispute entre ce garçonnet et moi…

Il faut dire qu’à cette époque là, en 1952 en classe de maternelle à Cahors, les mômes “n’étaient pas des enfants de chœur” ! Tous des chenapans prêts à tous les mauvais coups… Et les “gros yeux” ou les coups de règle sur les doigts de la maîtresse d’école, n’avaient bien souvent aucun pouvoir!

Du coup, n’étant pas moi-même un “enfant de chœur’, suite à cette agression, je décidai de rendre “œil pour œil dent pour dent”…

J’habitais avec mes parents en 1952, au 2 rue Emile Zola à Cahors, la dernière maison au bout de la rue, proche des “remparts” (une vieille enceinte de mur de pierre derrière laquelle se trouvait le cimetière)… “Un lieu de perdition” au dire des gens du quartier, où sévissaient des bandes de galopins chapardeurs et bagarreurs et où il ne faisait pas bon s’aventurer à certains moments de la journée notamment en soirée ainsi que le jeudi…

Notre maison au 2 rue Emile Zola jouxtait un bâtiment de garages pour voitures, et un peu plus loin en direction de la ville, habitaient dans une belle et grande maison de pierre à la façade plantureuse, Monsieur et Madame Pouzergues exerçant le métier de maraîchers, avec leurs deux enfants jumeaux, de même âge que moi…

Ces deux là, les frères Pouzergues, des brutes, cheveux coupés très court en brosse, visages de durs, n’arrêtaient pas de m’asticoter, me voyant revenir de l’école, de me “faire des niches”, de m’appeler “biquette” et un jour ils sont venus dans le jardin derrière notre maison, piétiner, casser des petites autos avec lesquelles je jouais en compagnie de Jean Claude mon meilleur copain…

“Hou-hou la biquette” ! Criaient-ils en me voyant passer dans la rue… J’entends encore le son de leurs voix mêlées…

Fou de rage, un jour où ils m’attendaient en embuscade, je ramassai un très gros caillou et les poursuivis prêt à jeter de toutes mes forces ce caillou à leur tête…

Je ne connaissais pas ma force… Ma mère ayant entendu du bruit et des cris dehors, se précipite vers moi et juste à temps retint mon bras… Il s’en était fallu de peu que je fracasse le crâne de l’un des jumeaux Pouzergues…

Du coup, après cet incident, les frères Pouzergues m’ont foutu la paix, on ne se voyait plus que de loin sans jamais se regarder…

Cependant, l’”histoire” n’eut aucune incidence sur la venue, tous les 2 mois, du camion citerne de Monsieur Pouzergues (la “pompe à merde”), pour vider la fosse des cabinets (cabinets de l’époque, situés en dehors de la maison, à côté de l’entrée de la cave)…

 

 

Cahors 1952

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