Les ailleurs et les autrement

Aux Alouettes, sur les quinze pavillons du lotissement, neuf étaient à vendre…

Ils rêvaient tous, aux Alouettes, de Bac plus 2 à la soixantaine dévastée, de quelque ailleurs et de quelque autrement…

Aux Alouettes, aux Tulipes, aux Hortensias… l’on ne compte plus ces ailleurs et ces autrement, dont ne sait bien souvent, de quoi ils sont faits…

De Bac plus 2 à la soixantaine dévastée en passant par la trentaine endettée, l'on rêve de ces étés que l'on ne verra jamais, de ces visages que l'on rencontrera peut-être, de ces mots que l'on dirait bien mais que personne probablement n'écouterait…

Les ailleurs et les autrement volent en éclats parce que le moindre petit arrêt de chienne jaune efflanquée devant la porte , le moindre petit bout de jardin dévasté par un coup de vent furieux, est tout de suite ressenti comme un coup de bâton dans le dos … Et qu'il faut alors, la chienne jaune efflanquée, chasser à coups de balai, et le petit bout de jardin dévasté, de nouveau arranger… Et d'autres coups, de l'adversité, recevoir…

Les ailleurs et les autrement par la grandeur de leur taille et par tout ce qu'ils contiennent, sont sans rapport avec la dimension réduite et la pesanteur oppressante de la réalité de l'ici et du maintenant…

De ces rêves qui viennent, de tous ces ailleurs et de tous ces autrement qui sont dans nos pensées, l'on finit par leur claquer la porte par laquelle on ne les voit jamais entrer, et la quête d'un meilleur ailleurs et d'un meilleur autrement s'épuise…

Dans les quinze pavillons des Alouettes, l’on vivait étrangers les uns des autres mais parfois et occasionnellement reliés entre voisins, un soir d'apéritif ou de barbecue…

Les neuf pavillons à vendre, aux Alouettes, étaient ceux des partis pour cause de travail, de divorce, de décès, d'endettement…

 

 

autrement

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