L'écriture n'est jamais neutre

 

     Celui pour qui l'expression écrite n'est pas dans sa vie, l'une de ses priorités, l'une de ses aspirations essentielles, l'une de ses premières activités au jour le jour... Ne pourra jamais à mon sens, être en face de cette aspiration et de cette passion que l'autre a d'écrire, un vrai confident de cet autre...

Il y aura toujours cette question : “Mais quel besoin éprouve-t-il de raconter ou de se raconter dans des livres, dans des écrits qu'il fait publier ou qu'il diffuse autour de lui?”

Je ne sais que répondre ni comment réagir, à une telle question (sur le coup)...

J'ai eu un jour l'occasion de rencontrer (quelques minutes) lors d'un festival littéraire, Jean Echenoz (prix Goncourt en ?...) et j'ai vu en face du petit groupe de gens que nous formions, un homme discret, peu enclin de toute évidence à “se mettre en avant” (contrairement à bien d'autres écrivains ou personnages d'écriture)...

Et parmi les gens qui écrivent, il en est des “timides”, des “presque effacés” devant le public, qui tout comme un Jean Echenoz (il n'est pas le seul dans son genre et c'est heureux à mon sens) ne cherchent jamais à “se mettre en valeur”... Et pourtant, pourtant, ces gens là, ces gens d'écriture... ils écrivent, ils publient, ils diffusent ! Et on les lit...

Alors ?

J'ai eu une vision toute bête et toute brute, et qui me semblait assez surréaliste : un personnage (homme ou femme peu importe) se tenait debout devant un mur et au bout de l'une de ses mains tendue en face du mur, il tenait une feuille de papier couverte d'écriture, de son écriture à lui... Cela me semblait non seulement surréaliste mais aussi (et surtout) absurde...

J'ai imaginé un autre personnage qui lui, ou elle... Priait à voix haute mais sans croire en Dieu ou en quelque chose qui ressemble à Dieu (en l'occurrence les gens de l'entourage de ce personnage)... Et je me suis dit : “À quoi bon prier s'il n'y a pas d'interlocuteur en face, ou si l'on croit que l'interlocuteur n'existe pas?”

Toute la question est là, la question du pourquoi de l'écriture : l'écriture n'est jamais neutre, neutre comme une onde qui court à la surface de l'eau et se perd dans la brume au dessus de cette eau...

 

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