relier les gens entre eux

  • Le Télétété

    C'était le Télétété...

    À Rion des Landes en 1951 j'étais âgé de trois ans, et mon grand père maternel Georges Abadie, receveur des Postes, me tenant par la main me menait voir le Télétété, une sorte de petit robot articulé dont la tête ressemblait à celle du dessin ci dessus. Il se tenait, ce Télétété (c'est ainsi que je le nommais) sur une étagère dans la vitrine d'une boutique faisant office à l'époque, de maison de la presse tabac souvenirs cadeaux...

    Je lui prêtais à ce Télétété, des "pouvoirs extraordinaires", entre autres celui de relier les gens : c'est à dire que les gens pouvaient alors se parler, s'écouter, se voir à distance, et même de très loin... Mais j'imaginais aussi que les gens pouvaient, non seulement se parler, se voir, s'écouter dans le moment présent, mais même dans le passé et dans l'avenir... Et qu'il ne suffisait pas "d'y penser très fort", mais qu'il fallait aussi que les gens aient envie d'être reliés et encore qu'il fallait apprendre à utiliser les petits organes qu'on voit sur la tête et sur le ventre du Télétété.

    Papé se rendait là pour acheter son paquet de gris, et voyant bien que je restais planté devant la vitrine, il conversait longuement avec la dame de la boutique, me laissant ainsi "partir dans les étoiles"... Sur le chemin du retour qui n'était pas long puisque le bureau de Poste était tout proche, je racontais à Papé ce que le Télétété m'avait montré...

    À chaque fois au retour de cette promenade, ma grand mère se fâchait après Papé parce qu'elle trouvait que, de voir exposé dans la vitrine de cette boutique, ce pantin ridicule qui ne ressemblait à rien, ça foutait de drôles d'idées aux gosses...

     

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    ... Avant d'entreprendre le dessin de ce personnage (le télétété), en fait je le voyais -en esprit- différent (peut-être plus simple, plus shématique, plus sommairement exécuté, et surtout, disons, plus "conforme" si je puis dire, au petit robot que j'avais effectivement aperçu dans la vitrine de la boutique en 1951 quand j'étais âgé de trois ans)...

    Le résultat, donc, n'est pas tout à fait celui que j'attendais... Mais après réflexion, je me dis " il n'est pas si merveilleux que ça" !... "il fait un drôle d'air"... "il est un peu tarabiscoté"... "il ne fait pas très net"... "il ne fait pas trop rire"... (il grimacerait presque)... "il a le nez de travers"... "il a un drôle de regard"...

    Alors... "par quel miracle" peut-il "relier vraiment les gens entre eux" ? ... Non, "il n'y a pas de miracle"... Peut-être, peut-être... une sorte de foi en ce "quelque chose de Tenessee" comme dans les paroles de la chanson (qui soit dit en passant, ne sont pas de Johny Halliday mais que Johny Halliday chante de toute la puissance de sa voix)...