regards

  • Vos vies ...

    ... Vos vies qui ne sont autour de moi que ces visages, que ces silhouettes, que ces regards que je rencontre , m'atteignent dans le regard que sur elles je porte...

    C'est tout ce dont je ne sais rien d'elles qui afflue dans l'imaginaire dont je suis habité, et qui ressemble aux vagues de l'océan déferlant sur la grève en un grand murmure s'apparentant à des voix, à un langage...

     

  • La parole refusée ou niée

    ... Les êtres humbles et sans défense qui de surcroît n'ont guère été comme on dit "particulièrement gâtés par la vie", n'ayant en rien réussi quoi que ce soit et cela dès leur enfance où à l'école ils ne brillaient pas, et qui plus tard dans leur vie, dans leur famille, leurs relations, ont été peu considérés, "inexistés"... Et le plus souvent exploités pour ce qu'on pouvait tirer d'eux sans que jamais ils ne se plaignent et encore moins se révoltent...

    Ces êtres là auxquels la parole n'a pas été donnée, non pas parce que cette parole leur manquait réellement mais surtout parce que l'on a nié qu'elle pouvait exister à l'intérieur d'eux, dans leur coeur... Sont les êtres que l'Histoire et que les livres ont le plus souvent oubliés... Et que notre civilisation du paraître, de la performance, de l'effet, des modes et de la singularité en vogue, a souverainement méprisés...

    Mais cette parole, des êtres humbles et sans défense, et que la vie n'a pas gâtés... Ainsi d'ailleurs que la parole, également, de millions de gens en France, en Europe et dans le monde, qui n'est "que ce qu'elle peut être à la manière et selon la culture de chacun"... N'en est pas moins aussi existante, aussi réelle, que celle de ceux qui "savent parler" ou écrire (ceci n'étant que "relatif")...

    C'est pourquoi -et je le dis haut et fort et avec une certaine gravité- le devoir de celui ou de celle qui s'exprime publiquement, qui écrit, diffuse... D'autant plus qu'il peut avoir une audience... C'est d'essayer de porter autour de lui par la parole qui est la sienne, la parole refusée, la parole niée, de tous ces gens d'ici et de partout qui n'ont que les mots qu'ils connaissent et que les regards avec lesquels ils s'expriment...

     

  • Ces âmes soufflées sur mon visage

    Visages, regards, voix, rivages, paysages...

    Les solitudes tremblent comme des oiseaux mouillés au creux de mains délicates, se détendent et oublient la faim qu’elles ont d’ exploser ce qu’elles contiennent, pour ne souffler entre les doigts de la main que leur haleine d’oiseau.

    Mais cette haleine d’oiseau est plus qu’une confidence : c’est un âme toute entière… Inexplosée, mais sans fin tendue dans la joie qu’elle a de se laisser accueillir.

    Comme dans la chanson de Mouloudji « Un jour tu verras on se rencontrera », je ne sais quand, mais nous serons tous réunis…

    Comme dans la chanson de Françoise Hardy « L’amitié », nous serons ces oiseaux de passage dans le même petit coin de ciel…

    Visages, regards, voix, je vous imagine assis en face de moi dans un compartiment de train de montagne...

    Silences dont les bruits aussi innombrables que ceux entendus dans tout le paysage, imaginés torrents de montagne que les battements de coeur de pieuvre d'orchestres de fêtes de fin d'été, ne peuvent empêcher de chanter...

    Et encore bien plus que ces visages, ces regards, ces voix, ces solitudes, ces silences... Qui m'ont si fort touché ou même seulement effleuré...

    Ce sont toutes ces âmes soufflées sur mon visage et entrées dans mon regard, portées dans une haleine d'effluve océane et plus enivrante qu'un vin jaune...

     

  • Clowns sur la plage

    Clowns sur la plage

         À défaut de tous ces spectateurs qui ne viennent pas voir notre numéro, à défaut de toutes ces salles et de tous ces lieux qui ne nous sont pas ouverts, nous écoutons toutes ces voix, nous lisons tous ces regards venus des flots, des vagues de l'océan ; toutes ces voix que personne en aucun lieu, en aucune salle n'écoute ; tous ces regards que personne en aucun lieu, en aucune salle, ne lit...

    Ici sur cette plage viennent bruire tous ces silences qui ont traversé l'océan, et s'y raconter tout ce qui n'a pas été dit et dont nous allons faire notre numéro de clown...