racisme

  • Élise ou la vraie vie, de Claire Etcherelli

    Elise

    … Roman paru en 1967 aux Éditions Denoël, Prix Fémina même année 1967.

    Édité ensuite en 1973 chez Gallimard…

     

    Claire Etcherelli dans ce roman, évoque le climat qui régnait en France à la fin des années 1950 durant la guerre d’Algérie, le racisme ambiant à l’égard des Arabes Algériens venus occuper en métropole des postes de manutention dans les usines (de fabrication de voitures, souvent) ainsi que sur les chantiers de construction de bâtiments et de routes… Tenus pour “responsables” d’attentats, de violences et d’agressions, de “chapardages divers” et d’actes de délinquance… Mais surtout aussi, à l’époque, soupçonnés par les Autorités, par la Police, ainsi que par les Français, d’être sympathisants du FLN et des rebelles algériens “poseurs de bombes”…

    Avant 1962, année de l’Indépendance Algérienne, et cela depuis surtout après la 2ème guerre mondiale avec la Reconstruction et le “plein emploi” dans les entreprises et les usines ; de nombreux algériens, arabes, ou nord africains comme on les appelait communément, s’étaient installés en France dans ces régions industrielles et d’usines autour de Paris et de quelques grandes villes, habitant dans des “bidonvilles” ou dans des quartiers misérables, de logements insalubres… Ils constituaient une “main d’œuvre bon marché”, quoique bénéficiant d’aides sociales, d’allocations… au sujet des quelles on leur reprochait “quelques abus”…

    Après 1962, le flux migratoire s’est fortement accentué, venant de l’Algérie devenue indépendante mais gouvernée par des personnages corrompus… Je me souviens, quand j’avais 13 ans en 1961 et que j’étais en 5 ème au lycée Duveyrier à Blida, j’avais un copain arabe, l’un de mes meilleurs copains avec lequel nous passions les récrés en discutant de sujets d’actualité, de littérature, de philosophie (eh oui, à 13 ans ça peut arriver)… Il me disait : “quand on sera indépendants, ils vont nous mettre une république démocratique, mais ils vont se remplir les poches, les chefs, et nous, après, on sera aussi pauvres sinon plus que du temps de la France, et on sera obligés d’aller travailler en France, on n’aura pas de boulot ici!” …

    En lisant ce livre, j’ai réalisé à quel point il y avait comme une similitude entre cette époque de la fin des années 1950, et notre époque en 2021 : ce racisme ambiant à l’égard de tout ce qui vient des pays du Maghreb, du Moyen Orient, du Pakistan et de l’Afghanistan, des pays du Sahel Africain… Du fait de l’insécurité liée aux attentats, à la violence, aux agressions, tout cela sur fond d’islamisation radicale ou fondamentaliste… Certes le contexte événementiel n’est pas tout à fait le même aujourd’hui qu’en 1957, mais il y ressemble…

    C’est la “résonnance” de ce livre, dans notre vie d’aujourd’hui, qui m’interpelle et me questionne…

    Les Ordres de pensée et d’opinion, le “pour”, le “contre”, les arguments des uns et des autres, dès lors que l’on se démarque des partis pris, des préjugés, des crispations, dès lors que s’ouvre un espace de réflexion… Tout cela devient comme une image vue dans un kaléidoscope, une image qui surgit étirée, déformée, colorée, mouvante… Donc jamais figée…

    Il faut dire aussi que la “résonnance” de ce livre, en partie, tient à la sobriété, à la précision de l’écriture de Claire Etcherelli, dans les descriptions notamment de l’atelier, des postes de travail en usine et des conditions de travail, des situations de relation vécues par les gens de l’usine (de fabrication de voitures) entre eux et avec leurs chefs, avec les délégués syndicaux… Et entre “arabes et français”, entre hommes et femmes…

    En somme l’écriture dans ce roman, “bat” au rythme de tout ce qui bruit et se meut, dans l’usine et dans tout ce Paris de 1957/1958…

    Arezki, l’amoureux -Arabe Algérien – d’Élise, la jeune femme française, est un être délicat, peu disert, discret, un être avec lequel il est difficile de communiquer, totalement différent, de par sa personnalité, de ces camarades d’atelier arabes comme lui… L’un de ces êtres qui porte en lui, comme par miracle ou par hasard, une beauté intérieure d’âme, qui, en face et confronté à ce qui l’entoure, de banal, de commun, de ce monde de violence, de domination des apparences et de dureté dans la relation… Ne peut que le faire souffrir…

    Ces êtres là, dans le monde en lequel ils vivent, sont presque toujours des perdants…

    D’ailleurs la fin du livre est assez tragique… Tragique dans ce “certain ordre des choses” qui, en 1958 ou en 2021, est, somme toute, toujours “à peu près le même”…

     

    Page 276, ce passage :

     

    Boulevard Poniatowski se dressent ces bâtisses qui ceinturent Paris de leur laideur d’avant- guerre. Maisons antipathiques aux façades revêches, pierres ternes, ouvertures indécises, grandes cours intérieures privées de soleil, là vit toute une aristocratie ouvrière aspirant à la bourgeoisie. Foulée, broyée par l’indifférence, les idées reçues, la vie d’un Arabe est de quel prix ici? Le goût de l’ordre sue de ces maisons. On l’a refoulé, renvoyé là bas, dans la guerre.

     

    J’aime bien ce terme “d’aristocratie ouvrière”, pour parler de ces gens humbles, simples, exerçant ces métiers ou professions, activités jugés “non valorisants”, que l’on dit “sans culture” mais qui, comme dans la chanson de Pierre Bachelet “ont dans leur cœur le soleil qui leur fait défaut devant leur visage” (c’est pas tout à fait ça mais ça y ressemble)…

    Cette aristocratie là, c’est celle en laquelle je crois, profondément, viscéralement, de toute mon âme… Faite de bonté, mais aussi de dignité, et d’humilité… Et qui rarement s’exprime, parce qu’elle est toute entière dans ce qu’elle accomplit tous les jours qui la brise mais dont elle ne se plaint pas…

    Cela dit, certains aristocrates au sens propre du terme, peu nombreux il est vrai… Sont eux aussi de cette aristocratie là, du même genre que celle des gens simples, dignes…

    C’est bien de cela qu’il s’agit, du racisme, des discriminations, quoi qu’en pensent les méprisants, les condescendants, toute une foule d’hypocrites dont certains se prétendent anti racistes mais le sont, racistes, bel et bien… Il y aura toujours à un moment ou à un autre, quelque chose dans leur langage, et même dans leur regard, qui les trahira…

    Le racisme, à vrai dire, va bien au delà d’une question d’ethnie, de mode de vie, de couleur de peau…

    Le racisme s’inscrit dans une perception de la culture de l’autre, de la crainte que l’autre nous inspire…

    Le racisme s’inscrit dans une perception que l’on a, que l’on a adopté, d’une catégorie sociale que l’on se refuse à fréquenter, dont on méprise la manière dont elle vit au quotidien…

     

    … Malheureusement – et c’est d’autant plus dans la réalité du monde d’aujourd’hui, en France notamment – cette “aristocratie là”, celle des gens modestes exerçant des métiers et professions “non valorisants”, celle des “gens du commun”… Ne constitue pas, loin s’en faut, une majorité…

    Beaucoup de ces gens “aboient avec les loups” et contribuent par leurs habitudes de consommation, par l’acceptation du toujours plus facile et plus à leur portée, par le renoncement, par la paresse, par les habitudes, par l’indifférence, par le souci d’un confort relatif “de base”… À faire des loups, de plus grands prédateurs ; ils donnent en quelque sorte du “grain à moudre” aux méprisants, aux condescendants… Et des votes pour le Rassemblement National, et de ces “gilets jaunes” qui n’ont pas grand chose à voir avec les “oubliés du Système” dont ils font peut-être partie mais en “mettant en avant” d’autres revendications plus “individualistes”, et cela avec des crispations et un petit air de racisme ambiant mine de rien…

    Et ça, c’est pas de l’aristocratie !

    … On peut-être poète, rêveur, idéaliste… Mais cela n’empêche pas pour autant d’être dans le réalisme pur et dur qui consiste à “ne pas prendre des vessies pour des lanternes “ !

     

     

  • Racismes

    … Je suis anti raciste mais, tout comme Pierre Desproges je souhaiterais que l’on orthographiât “racisme” avec “s” la marque du pluriel… ( racismes )…

     

    Mais il faut dire que le terme de “race” ne peut s’appliquer à l’espèce humaine : il n’y a en effet, pour les Humains, depuis deux cent mille ans, qu’une seule espèce, “Sapiens”…

     

    … Si le terme de “race” ne peut être retiré du Dictionnaire de la Langue Française, tout comme d’ailleurs de tous les dictionnaires des autres langues partout dans le monde, c’est parce que ce terme de “race” peut être pris dans un sens élargi par exemple, à des communautés ou groupes de personnes définis comme des “races” alors même qu’il ne s’agit pas de “races” à proprement parler… Et dans ce sens là, élargi, on peut parler de “racismes” (racisme au pluriel)… “Racismes” signifiant rejet, mise à l’index, de plusieurs catégories de gens jugés indésirables, ou trop différents pour que l’on s’entende avec eux …

    Par exemple être, se présenter ostensiblement ou indirectement par des propos “laissant supposer que…” Anti juif, anti arabe, anti musulman, anti chinois, anti américain, ou homophobe ; c’est pratiquer du racisme dans le sens élargi de racisme…

    Encore faut-il préciser que le sens élargi de racisme conduit ou tend à conduire au racisme dans le sens de race… ( terme de race que l’on s’obstine à appliquer à l’espèce humaine)…

    Plus souvent même que l’on ne le croit, “racisme” au sens élargi s’amalgame à “racisme” au sens de “race”… ( C’est dire soit dit en passant, du niveau d’hypocrisie et de “gymnastique perverse des mots”, que l’on a atteint, notamment lorsque l’on s’évertue afin de paraître au mieux de sa personne devant les autres, en conformité avec ce qu’il sied d’être ou de ne pas être… Et que l’on use alors d’un sens détourné des mots )…

     

    L’on ne peut pas tout à fait en dire autant, des chiens (de l’espèce canine)… Ainsi un épagneul est une “race” de chien, et un “fox terrier” ou un “labrador” en est une autre, de “race” de chien…

    Les humains en dépit de leurs différences de visages, ont tous la même apparence physique, en gros une taille moyenne comprise entre 1 mètre cinquante et 2 mètres, la même morphologie en somme… Allez comparer un Saint Bernard avec un Teckel ! (rire)…

     

     

  • Quatre grands fléaux qui mettent à mal la société française

    ... Le racisme, l'homophobie, le sexisme et la prostitution des mineurs, bien que faisant l'objet d'un "discours officiel" qui les condamne ; sont bel et bien, dans notre pays la France, une révoltante et tragique réalité...

    L'on se "voile la face" sous le couvert d'une apparence d'adhésion au "discours officiel", d'une prétendue "morale consensuelle de bon aloi" afin de ne point passer pour raciste, homophobe, sexiste, si, au fond de soi on l'est "quand même un petit peu", évitant des sujets de discussion sur ces sujets de société et sans dévoiler le fond de sa pensée (juste quelques petites réflexions par ci par là mine de rien en présence de gens que l'on sent susceptibles de penser comme nous)...

    Il faut dire -et c'est une réalité- que, dans ce que l'on appelle les "cités" (ces grands ensembles d'immeubles et de tours en région parisienne et autour des grandes métropoles régionales, de populations diverses et cosmopolites), être et vivre en couple homosexuel implique de se sentir obligé de se cacher, de se montrer le plus discret possible, cela afin de ne point faire l'objet de soupçons, d'agressions délibérées, d'injures, de stigmatisation...

    De même dans ces "cités" une fille au collège, une jeune femme dans la rue, dès lors qu'elle porte un pantalon un peu trop moulant ou une jupe ou une robe, se fait souvent agresser verbalement, injurier... quand elle n'est pas frappée, molestée... Considérée par les garçons et jeunes hommes autour d'elle, pour une dévergondée voire une prostituée...

    Dans les "cités" oui, mais aussi dans bien d'autres villes ou même bourgades rurales partout en France, ainsi que dans des lieux publics, là où une population diversifiée et renouvelée, "mélangée" on va dire, remplace une population qui jadis, était "plus homogène", plus "établie durablement"...

    Ce serait encore -il faut le dire- dans les lieux où l'habitat est le plus établi dans une certaine durée et dans une certaine homogénéité, que, finalement, le racisme et l'homophobie seraient le moins présents...

    La culture, l'information, le "progressisme d'idées", l'éducation reçue, l'adhésion au "discours officiel", tout ce qui fait que "ça aurait changé/qu'on serait plus tolérant"... Tout cela "n'y est pas pour grand'chose" en fait ; mais tient plutôt de ce qu'il y a de capacité de reconnaissance, de bonté, d'humanisme, d'accueil de l'autre, lorsque des gens vivent ensemble au même endroit et parviennent à s'entendre sans que des conflits ou des problèmes de relation dégénèrent dans une violence exacerbée...

    Le racisme est encore bien présent dans notre pays la France, et ce racisme est autant un racisme "anti noir anti africain anti arabo-musulman" qu'un racisme "anti blanc" quoi que l'on en dise selon le "discours officiel" ou selon une pensée consensuelle et de "bon aloi"...

    En ce qui concerne le sexisme j'en rappelle la définition :

    "Attitude discriminatoire adoptée à l'encontre du sexe opposé, principalement par les hommes qui s'attribuent le meilleur rôle dans le couple et dans la société, aux dépens des femmes reléguées au second plan, exploitées comme objets de plaisir"... Et j'ajoute, par extension de cette définition, les violences faites aux femmes par les hommes, par les institutions en place dans certains pays, tous les abus d'autorité masculine, les viols et les crimes commis ayant pour victimes les femmes et les filles...

    Le sexisme n'a pas disparu loin s'en faut, en France, et la première de ses manifestations est la différence de salaire qui existe encore entre les hommes et les femmes dans bon nombre d'entreprises privées et dans certains emplois de fonctionnaires notamment territoriaux ... Et comme je le disais plus haut, dans ces "cités" où tant de filles et jeunes femmes se font agresser, injurier... Et comme encore aussi, partout dans des familles où l'homme est le décideur, impose son autorité, ses volontés, déconsidère sa femme ou sa fille quand il ne frappe pas l'une ou l'autre ou les deux...

    Quant à la prostitution des mineurs en France, bien qu'aucune statistique globale et précise ait pu être effectuée, les associations de défense des jeunes et confrontées dans les actions qu'elles mènent et par ce que leurs membres agissant observent, notamment dans les cités, les milieux sociaux dits défavorisés ; font état de 6000 à 10 000 jeunes dans notre pays la France, se livrant -souvent contraints- à la prostitution, dont une majorité d'âge compris entre 13 et 16 ans... Et un nombre indéfini mais réel, d'enfants de moins de 12 ans dont certains à peine âgés de 6 ans... Et cela en dépit de tout ce que le "discours officiel", les pouvoirs et l'autorité publique, les lois, les tribunaux, les poursuites judiciaires, les condamnations sont censés empêcher, combattre...

    Ce sont de véritables réseaux, filières et organisations en mafias, avec le soutien ou l'accord tacite parfois, de familles, de parents consentants, sans compter certains jeunes eux-mêmes en situation précaire (dont des étudiants) qui font exister cette sorte "d'environnement économique de marché" autour de la prostitution...

    C'est cela, la prostitution de mineurs, l'homophobie, le racisme, le sexisme, en dépit de tout ce qui les combat, en dépit du "discours officiel", la réalité sociale dans notre pays la France, la réalité sociale dans ce qu'elle a de plus abject, de plus révoltant, dans ses bas fonds... Et qui est encore loin d'être éradiquée, sur un fond d'hypocrisie, de démission, de fatalité, d'indifférence, de "laisser faire"... Et il faut oser le dire, parfois de consentance par intérêt !

    C'est tout un peuple qui devrait se lever contre ces ignominies que sont le racisme, l'homophobie, le sexisme, la prostitution des jeunes, la haine, l'exclusion, la vindicte contre certaines catégories de gens jugés dérangeants, l'exploitation des plus faibles et des plus démunis... Et contre tout ce qui permet à ces fléaux (racisme, homophobie, sexisme, prostitution des jeunes) de se développer et de gangréner la société !

     

     

  • Racisme et discriminations toujours actuels et encore plus diversifiés et renforcés...

    Josephine bakerLes milandes

    ... Comment est-il possible en ce premier quart du 21 ème siècle, en France et dans le monde, le monde d'aujourd'hui, qu'il y ait encore autant de manifestations de racisme et de discriminations, aussi nombreuses et diverses, après l'immense message que nous a laissé par sa vie et par son oeuvre, Joséphine Baker, cette très grande Dame du 20 ème siècle ? ...

    Née le 3 juin 1906 à Saint Louis, état du Missouri aux Etats Unis d'Amérique, et disparue le 12 avril 1975 à Paris dans le 13 ème arrondissement ; Joséphine Baker fut une chanteuse et une danseuse américaine naturalisée française en 1937...

    L'une de ses chansons les plus connues encore aujourd'hui est "j'ai deux amours".

    Sa mère est d'origine afro-américaine et métissée amérindienne, et son père supposé est un musicien de rue itinérant d'origine espagnole...

    Comme disait Joséphine Baker " pas assez noire pour les noirs, trop noire pour les blancs" !

    De son vrai nom Freda Joséphine Mac Donnald, elle devient de son nom d'artiste Joséphine Baker et épouse en 1947, Jo Bouillon, qui était depuis 1937 son impressario et qui disait de Joséphine "Je n'ai jamais rencontré une femme me faisant à la fois penser à un torrent, à un incendie et à un rossignol"...

    C'est en 1947, l'année de son mariage avec Jo Bouillon, que Joséphine Baker achète le château des Milandes dans lequel elle habitait, en location, depuis 1937, situé dans la commune de Castelnaud-La-Chapelle, près de Saint Cyprien dans le Périgord noir...

     

    ... Il y avait toujours eu dans la société humaine à travers l'histoire, du racisme et des discriminations... Mais depuis la fin du 20 ème siècle, le racisme s'est diversifié en ce sens que les formes de racisme autres que celle de la couleur de la peau se sont encore davantage accentuées notamment des formes liées à des origines ethniques, culturelles, particularismes et modes de vie et moeurs (ce que l'on appelle les communautarismes)...

    Les discriminations elles aussi, ont pris davantage d'ampleur à partir de la fin du 20 ème siècle, s'articulant sur des questions d'élitisme, de préférences (nationales et ou autres), de capacités d'intégration dans une culture et dans une société d' "accueil", de différences de lieux de vie et de niveaux sociaux avec leurs "problématiques" spécifiques... Ce qui fait que dans le monde d'aujourd'hui s'ajoute ou se superpose tout ce qui par le passé, n'existait que d'une manière diffuse et moins généralisée ou "mondialisée"... Sans doute parce que les "flux migratoires" étaient moins importants (à l'exception de ceux liés aux grandes vagues d'immigration des années 1920/1930 en Amérique et des mêmes années en France avec les Italiens, les Polonais, les Portugais, les Espagnols, puis des années 1960 avec les populations d'Afrique du Nord et d'Afrique Noire des anciennes colonies)...

    Le magnifique message de Joséphine Baker, de sa vie, de son oeuvre humanitaire, s'est donc heurté à la dureté du monde, à la dureté des rapports humains...

     

     

  • La couleur des sentiments, film de Tate Taylor, 2011

         Dans un état du Sud des Etats Unis d'Amérique, le Mississipi, au début des années 1960, dans une société raciste de même type que celle de l'Afrique du Sud avec l'apartheid, une jeune femme blanche écrivain défend la cause des domestiques noires victimes de la ségrégation.

    Ce film est une adaptation du roman de Kathryn Stockett.

     

    J'avais déjà vu "Le majordome", l'histoire véridique d'un Noir attaché au service de la Maison Blanche durant plus de 50 ans jusqu'à la présidence de Barack Obama, et dont une scène de ce film "Le majordome" m'avait particulièrement frappé ( un commando du Klu Klux Klan qui arrête un bus de Noirs et qui brûle ce bus en empêchant les occupants de sortir du véhicule en flammes -cela se passait dans les années 1970)...

     

    Extrémiste -je n'ai pas peur de le dire- que je suis contre le racisme, le film de Tate Taylor me renforce dans ma conviction que les Etats Unis d'Amérique ne peuvent pas, n'ont jamais été -et ne seront sans doute jamais- un "modèle de civilisation"... Mais je loue, toutefois, ces "grandes et belles âmes" d'écrivains, d'artistes, d'intellectuels, et de quelques personnages politiques fort rares, qui, hier, aujourd'hui et demain, dans ce pays que sont les Etats Unis d'Amérique, combattent pour défendre les Noirs et leurs droits.

    En dépit de huit années de présidence Obama, force est de constater que les tensions raciales existent toujours aux USA, et que même depuis deux ans elles se renforcent, et que l'on voit sous les yeux des policiers, des autorités, agir des commandos du Klu Klux Klan au grand jour, oui, en 2016 !

     

    Le fait le plus marquant dans le film de Tate Taylor, c'est celui -à mon sens- parcequ'il est "particulièrement révélateur", de la mise en place dans les maisons bourgeoises et de l'aristocratie blanche des états du sud, de toilettes pour domestiques noirs...

    Aujourd'hui encore, les salaires perçus par les Noirs, sont inférieurs (d'environ 30%) aux salaires perçus par les Blancs, aux "Etats Unis d'Amérique"... Et il en est de même d'ailleurs, pour les salaires perçus par les femmes, qu'elles soient Noires ou Blanches. Car ce pays, les "Etats Unis d'Amérique" n'est pas seulement un pays raciste, mais en plus, un pays sexiste !

     

    Je rappelle qu'à la fin de la guerre de secession 1861-1865, dans les états du nord on disait aux Noirs "sois libre et que le diable t'emporte" et que dans les états du Sud on disait aux Noirs "sois esclave et que dieu te garde" !

    "Sois libre..." donc, oui... Mais-autrement dit- "travaille comme un nègre que tu es, pour que puissent s'enrichir les patrons d'industrie et d'agriculture" ! ... et- sous entendu- "crèves si t'es malade ou trop vieux" !

     

    ...En ce qui concerne ma position au sujet du racisme, je précise -c'est important- que j'ai exactement la même détestation, que je fais le même rejet du racisme "anti blanc" dont l'origine n'est pas forcément liée au colonialisme des Européens en Afrique et ailleurs dans le monde durant les siècles passés. Ce racisme "anti blanc" est présent en effet, un peu partout non seulement dans des pays d'Afrique mais aussi dans des pays européens où sont concentrées des communautés noires, arabes et autres... Il y a là manifestement un "rejet de l'autre", un rejet de la culture et du mode de vie de l'autre", une haine, ou une détestation de cet "étranger à la communauté qui est le "blanc" suspect, dont on se méfie et qui n'est pas accepté...

     

  • La case de l'oncle Tom, de Harriet Beecher Stowe

    Ce livre, LA CASE DE L'ONCLE TOM, de Harriet Beecher Stowe... Publié aux USA en 1851... J'ai le regret de le dire... Est un livre raciste...



    Je m'explique :



    Il faut replacer bien sûr, ce texte, dans le contexte de la vie économique et sociale d'avant la guerre de Sécession aux USA. En effet la cause abolitionniste de l'esclavage qui commençait alors à prendre de l'importance notamment dans les états du Nord des USA, s'est trouvée servie par le succès de ce livre, véritable plaidoyer contre l'esclavage...

    Cependant, dans le contexte culturel, social, d'aujourd'hui, lorsque l'on lit ce livre l'on y trouve ce genre de phrase :

    "Il habitait (Tom) une somptueuse résidence, considération à laquelle cette race impressionnable n'est jamais indifférente"...

    Ce sont bien là les termes employés par l'auteur, Harriet Beecher Stowe, une femme écrivain qui défendait vraiment la cause des Noirs !

    Dans tout le livre, les phrases de ce genre (et stéréotypes) sont légion, et de surcroît, que de passages de la Bible cités ! (passages évoquant la « malédiction » jetée par Dieu sur le peuple de Canaan, ou sur Cham, de fils de Noé qui découvrit la nudité de son père)...

    Par moments, j'ai trouvé "enfantin" le style, l'écriture, les situations exposées... Un peu "mièvre", un tantinet "désuet" (décalage entre le genre littéraire populaire de cette déjà lointaine époque (milieu 19 ème) et le genre littéraire même "tous publics" d'aujourd'hui (début 21 ème fin 20ème)... Enfantin, mièvre mais aussi en même temps "baroque" (baroque dans le sens de "tarabiscoté et compliqué »), d'où une certaine lourdeur dans bon nombre de phrases...

    ... Déjà, de nos jours (je veux dire dans le contexte culturel actuel) le vrai non-raciste ne peut employer le mot "race" (terme qui devrait à mon sens être banni du vocabulaire et des dictionnaires vu qu'il n'a aucun sens puisque dans le genre humain il n'existe pas de "races" comme chez les chiens par exemple)... Chez l'humain on peut parler de différences, d'ethnies, de peuples, de nations, d'origines géographiques, sociales, culturelles ;  de différences de modes de vie, de croyances... mais sûrement pas de "race"...

    LA CASE DE L'ONCLE TOM, donc, lu aujourd'hui par des gens (et en particulier par des jeunes) qui se satisfont du genre de discours articulé sur les stéréotypes et clichés les plus communs, est un livre raciste...

    Cela dit, LA CASE DE L'ONCLE TOM, demeure tout de même, "un grand classique de la littérature Nord Américaine du 19 ème siècle", un roman d'aventures et comportant néanmoins des thèmes de réflexion, une certaine "philosophie" empreinte de valeurs morales... Je le redis : il faut se mettre dans le contexte de l'époque, en ces années qui précédèrent la guerre de Sécession, et où les gens qu'ils soient du Nord ou du Sud avec une vision du monde, de la société, différentes... étaient fortement influencés par l'église (les églises en fait, puisqu'il y avait déjà alors, de nombreuses confessions chrétiennes)...

    Mais c'est vrai qu'aujourd'hui nous sommes dans un contexte socio-économique qui ne peut être comparé à celui du milieu du 19 ème siècle, dans la mesure où ce contexte a beaucoup évolué, s'est diversifié et est devenu plus complexe... Quoique certains "stéréotypes" ont "la vie dure" et sont toujours d'actualité...

    ... Voici quelle définition je donne au terme de racisme :

    Le racisme c'est le fait de croire que dans l'espèce humaine il y a des races et que l'une ou l'autre de ces races est soit "inférieure" ou "supérieure" à l'autre, à une autre race... Et cela pour des raisons qui peuvent paraître "justifiées" aux yeux des racistes en fonction de croyances, d'observations, d'expériences vécues en des situations particulières, alors même que ces croyances et que ces observations n'ont pas de fondement scientifique...

    L'on peut être cependant raciste dans le sens de croire qu'il y a des races dans l'espèce humaine, mais néanmoins être bienveillant, accueillant, tolérant, ami même, de gens d'une autre ethnie, et défendre la cause de ces gens lorsqu'ils sont déconsidérés, méprisés, exploités, exclus, marginalisés, réduits à la pauvreté, à la misère...

    À contrario, n'est pas raciste toute personne qui ne croit pas qu'il y a des races dans l'espèce humaine...

    Dans LA CASE DE L'ONCLE TOM, le livre de Harriet Beecher-Stowe, publié en 1851 ; il est évident que l'auteur(e) est "raciste" puisqu'elle écrit "les nègres", qu'elle use de stéréotypes, et qu'elle parle bien de "race"... Mais elle est "raciste" si je puis dire "dans le bon sens" (pour autant que l'on puisse considérer que l'on peut être "raciste dans le bon sens")... En effet, défendant la cause des Noirs, et  servant la cause des abolitionnistes de l'esclavage en Amérique du Nord, l'on ne peut que louer, qu'être ému et convaincu de ce "racisme dans le bon sens", si bien exprimé...

    Mais à mon sens, le "racisme dans le bon sens", c'est quand même du racisme... Et dans le contexte socio-économique-culturel actuel (et en évolution par rapport à ce qui prévalait au 19 ème siècle en Amérique et en Europe), et de surcroît avec ce que la Science a mis en évidence sur les origines Africaines de l'Homme... Le racisme, "dans le bon sens" ou dans le "mauvais sens", est un non sens, une absurdité, une survivance de ce qui prévalait au 19 ème siècle n'étant plus de mise de nos jours...

    ... Sans doute, au fond d'elle même, Mrs Beecher-Stowe n'était pas raciste (raciste dans le sens de penser que les Noirs « seraient des êtres inférieurs ».. Elle a défendu avec coeur, avec courage, avec détermination, de toute son âme, en tant qu'écrivain, et en tant que femme agissante, la cause des Noirs... Du mieux qu'elle a pu, à tel point d'ailleurs qu'elle fut lue, que son livre a eu à l'époque, du succès, un certain retentissement...

    Mais elle a dans son livre, usé de "stéréotypes" relatifs aux Noirs (stéréotypes qui pouvaient cependant rendre les Noirs plus sympathiques aux yeux des Américains de l'époque, ou stéréotypes aussi il faut le dire, empreints de quelque condescendance)...

    Mais en réfléchissant, aujourd'hui encore, vis à vis des peuples d'Afrique, de certains peuples, de certaines catégories de gens partout dans le monde... L'on retrouve les mêmes stéréotypes, les mêmes clichés... qui sont discriminatoires...