parole

  • La parole

    … La parole tranchante mais honnête n’ouvre pas le même espace de relation que la parole édulcorée mais aussi consensuelle qu’hypocrite…

    La parole tranchante et honnête surprend, dérange et ne fait pas l’unanimité autour d’elle, et ouvre donc lorsqu’elle est entendue, un espace de relation d’autant plus limité que la parole se fait plus tranchante, plus libérée de tout ce qui peut la conditionner et donc plus insoumise à ce qu’il convient au plus grand nombre d’être écouté et suivi…

    La parole édulcorée ouvre toujours un plus vaste espace de relation d’autant plus grand qu’elle « s’habille » ou se « maquille » en conformité avec ce qui convient au plus grand nombre…

    L’exemple le plus « emblématique » de l’espace de relation qui s’ouvre (ou ne s’ouvre pas) dans le monde d’aujourd’hui, c’est celui qui dépend en grande partie des nouvelles technologies de la communication – notamment avec internet et les réseaux sociaux… Le critère fondamental de référence étant, sur les réseaux sociaux les plus suivis, le nombre de vues d’une publication en général ne dépassant guère 10 lignes et accompagnée d’image avec ou sans mouvement…

    Il est évident – plus qu’évident à vrai dire – que la parole tranchante et honnête qui dérange, surprend, indispose ; qui est méprisée, déconsidérée, « zappée »… N’aura jamais un nombre de vues très significatif sur Twitter ou sur Facebook ou sur un blog…

    Et… (ça il faut le dire aussi)… « Si elle devait, cette parole, oui (on sait jamais), avoir du jour au lendemain, un très grand nombre de vues…

    Alors ce serait :

    Soit un « effet de mode »

    Soit une révolution

    … L’« effet de mode » étant de loin le plus probable – et n’étant jamais au grand jamais le moteur d’une révolution…

     

     

  • Le Verbe

    Le Verbe

     

     

    … Le Verbe peut être violent, iconoclaste, décapant… Ou poétique, très beau à entendre mais surtout à écouter…

    Le Verbe peut être comme celui de Louis Ferdinand Céline, celui de Léo Ferré, de Coluche, de Jacques Brel mais aussi comme celui de Georges Brassens, de Jean Ferrat…

    Le Verbe on en fait ce qu’on en veut… Mais à vrai dire plutôt ce que d’ordinaire ou communément il nous suscite…

    Le Verbe est magicien ou charlatan…

    Le Verbe ne fait pas forcément l’action, mais parfois il la provoque, il l’induit…

    Ce n’est pas parce que le Verbe est violent, iconoclaste ou décapant, ce n’est pas parce qu’il se fait Kalachnikov pointée sur ce qu’il veut abattre, qu’il se fait pour autant assassin ou terroriste… En effet, par exemple pour l’humoriste “qui ne fait pas dans la dentelle” ou “qui appuie fort là où ça fait mal”; il expurge plus qu’il ne suscite ou pousse à agir… Quoiqu’il prenne le risque que ce qu’il évoque dans la caricature qu’il brosse, se réalise parce que suscité…

    Le Verbe on en fait ce qu’on en veut mais c’est tout de même un moteur…

    Reste à savoir si ce que l’on en fait ça change quelque chose dans la vie des gens… Et dans sa propre vie…

    Il y a oui, le Verbe…

    Mais il y a aussi…

    Comme pour l’arbre, l’écorce et le bois dont on est fait…

    L’écorce dans sa texture et qui se fait protectrice ou habit…

    Le bois jusqu’en son cœur et par la sève qui l’irrigue…

     

     

  • Réalité subjective, réalité naturelle

    … Exprimer ce que l’on ressent, par la parole ou par l’écriture, ou encore par une représentation imagée, un dessin, une séquence filmée… Et le communiquant autour de soi à sa manière…

    Est-ce possible sans verser dans la morale, dans quelque forme de morale que ce soit ?

    À entendre, écouter, lire, prendre connaissance de ce qui est exprimé, n’est-on point incité à verser dans la morale, celle que l’on se fait soi-même, ou celle que le “sens commun” nous porte à nous faire ?

    Comment la parole, l’écriture, la représentation imagée, la séquence filmée, peuvent-elles – si elles y arrivent – parvenir à différencier ce qui est ressenti, éprouvé en soi, d’une morale ou d’une forme de morale pouvant s’en dégager?

    Cette question relative à ce que l’on ressent et à une morale qui s’en dégage, dans quelle mesure appelle-t-elle une réponse ?

    Il faut dire que dans l’actualité présente, du monde, la question n’est guère “de mode”… Et la réponse encore moins…

    Si la réponse existe, cette réponse pourrait bien être comme un passage, une voie d’accès menant à un espace en lequel les formes, les couleurs, n’ont plus de réalité subjective, mais une réalité naturelle, intemporelle…

    Imaginons ce qui se passerait, le passage ou la voie d’accès trouvée, dans un espace de liberté d’expression où les formes et les couleurs ne définiraient plus le tableau mais le “transcenderait” ( élèverait la vision du tableau au delà de la seule région de la Connaissance… Et du “sens commun”)…

     

    … Peut-être, oui peut-être… Si la parole, déjà, pouvait se faire écriture tout en demeurant parole ; et si l’écriture pouvait se faire parole tout en demeurant écriture… Un “bon début”, oui, peut-être, pour se libérer de la pesanteur de la réalité subjective, de ce qui définit le tableau et donc, le fige ce tableau dans les mêmes formes, les mêmes couleurs… Fussent-elles recomposées, renouvelées autant de fois…

     

     

  • Parole, écriture, pensée, réflexion ...

    ... Si la parole, l'écriture, la pensée, la réflexion ; doivent demeurer ces chemins difficiles qu'ils sont bel et bien... Ils doivent aussi, ces chemins, être rendus accessibles... Mais c'est bien là que réside la difficulté : exprimer des choses difficiles, complexes, profondes, souvent essentielles et relatives à ce qui touche à la relation que nous avons avec nos proches, nos connaissances ; ainsi qu'à ce qui touche à nos interrogations... Tout cela, difficile, complexe, exprimé le plus clairement, le plus simplement possible, avec les mots, les phrases et dans le ton qu'il convient... C'est cela, en fait, la littérature... Et ce qui peut lui être associé, la poésie...

    La littérature ce n'est pas seulement écrire des livres, des textes ; c'est aussi parler, communiquer, transmettre ce que l'on porte en soi, de pensée, de réflexion ; témoigner de ce que l'on voit et entend...

    Certes, par l'écriture c'est sans doute plus aisé (quoique...) que par la parole...

    Mais l'écriture devrait pouvoir se faire parole tout en demeurant écriture... Et la parole devrait pouvoir se faire écriture tout en demeurant parole...

     

  • Les prestiges ou les mal-façons de la parole et de l'écrit

    ... Il manque -peut-être- à la parole et à l'écrit, ce qu'il y a dans le regard, dans le geste et dans le mime, qui, parce qu'ils ne disent et écrivent rien mais expriment tout ; en particulier l'indicible, n'ont jamais cette faculté du langage (la parole et l'écrit) à générer de la polémique et du commentaire...

    La parole et l'écrit qui parviendraient, comme le regard, le geste et le mime, à se suffire à eux-mêmes ; et qui rendraient autant pour la parole que pour l'écrit, le commentaire et la polémique inutiles, se dépouillant de toute forme d'abstraction, pour ne laisser entendre ou lire que l'essentiel dans sa pureté même... Cela serait -peut-être- la forme la plus élevée et la plus épurée de la littérature...

    C'est ainsi que commencerait la littérature, que commencerait aussi la puissance de toute forme d'expression...

    En disant cela, je pense au célèbre mime Marceau, qui, sur toutes les scènes où il s'est produit, n'a jamais prononcé un mot... et a pourtant "tout dit/tout écrit"...

    Il manque à la parole et à l'écrit, de pouvoir se défaire des prestiges qu'elles ont l'une et l'autre, des prestiges qui soit dit en passant, peuvent être des mal-façons qui font illusion par ce qu'elles ont d'habillé afin de paraître au mieux...

    Le "meilleur César possible" en "récompense" ou en reconnaissance de l'écrit et de la parole, ne serait-il pas... Le silence qui se fait tout autour et qui, cependant, n'est pas pour autant tout à fait unanime ?

    Ce silence qui se fait en soi et qui, par ce qu'il exprime sans les mots pour dire ou écrire, s'établit et consacre... Bien que souvent il juge, condamne, désapprouve ou est indifférence...

     

  • La parole refusée ou niée

    ... Les êtres humbles et sans défense qui de surcroît n'ont guère été comme on dit "particulièrement gâtés par la vie", n'ayant en rien réussi quoi que ce soit et cela dès leur enfance où à l'école ils ne brillaient pas, et qui plus tard dans leur vie, dans leur famille, leurs relations, ont été peu considérés, "inexistés"... Et le plus souvent exploités pour ce qu'on pouvait tirer d'eux sans que jamais ils ne se plaignent et encore moins se révoltent...

    Ces êtres là auxquels la parole n'a pas été donnée, non pas parce que cette parole leur manquait réellement mais surtout parce que l'on a nié qu'elle pouvait exister à l'intérieur d'eux, dans leur coeur... Sont les êtres que l'Histoire et que les livres ont le plus souvent oubliés... Et que notre civilisation du paraître, de la performance, de l'effet, des modes et de la singularité en vogue, a souverainement méprisés...

    Mais cette parole, des êtres humbles et sans défense, et que la vie n'a pas gâtés... Ainsi d'ailleurs que la parole, également, de millions de gens en France, en Europe et dans le monde, qui n'est "que ce qu'elle peut être à la manière et selon la culture de chacun"... N'en est pas moins aussi existante, aussi réelle, que celle de ceux qui "savent parler" ou écrire (ceci n'étant que "relatif")...

    C'est pourquoi -et je le dis haut et fort et avec une certaine gravité- le devoir de celui ou de celle qui s'exprime publiquement, qui écrit, diffuse... D'autant plus qu'il peut avoir une audience... C'est d'essayer de porter autour de lui par la parole qui est la sienne, la parole refusée, la parole niée, de tous ces gens d'ici et de partout qui n'ont que les mots qu'ils connaissent et que les regards avec lesquels ils s'expriment...

     

  • La parole et l'écriture

    ... J'avais dit que la parole devrait se faire écriture et que l'écriture devrait se faire parole...

    Mais j'ajoute et précise que la parole se faisant écriture doit tout de même demeurer parole, et que l'écriture se faisant parole doit tout de même demeurer écriture...

    Et que la parole comme l'écriture, que la parole se faisant écriture en demeurant parole, que l'écriture se faisant parole en demeurant écriture... Devrait -ce qui est loin d'être le cas- "coller au plus près" de ce que l'on exprime par les actes et par le comportement...

     

  • L'écrit, la parole

    L'écrit devrait se faire parole et la parole devrait se faire écriture.

    L'écrit qui n'est point parole ou la parole qui ne se fait pas écriture, c'est comme une flûte à laquelle il manque les trous : il n'en peut sortir, tout au bout de la flûte, que le son produit par la bouche du souffleur, un son se frayant un passage à l'intérieur d'un tuyau, ce tuyau qu'est alors la flûte sans trous...

    Mais, soit dit en passant, sur la flûte avec des trous, encore faut-il poser ses doigts sur tel et tel trou pour faire de la musique, sinon les trous ne servent guère à grand chose...