nostalgie

  • Le passé

    … Si le passé n’a pas d’avenir parce qu’il ne peut jamais redevenir ce qu’il fut  - mais être seulement souvenir – il a tout de même des racines…

    Si couper ou arracher les racines – ou les ignorer - c’est se défaire de ce qui relie le présent et le passé ; hisser les racines afin de les faire surgir dans le terreau du présent, c’est rendre le présent, par l’envahissement des racines extraites, plus difficilement supportable qu’il peut l’être lorsque nous n’adhérons pas au présent que nous vivons…

    Dans le présent que nous vivons et auquel nous n’adhérons pas, nous voyons ce présent comme un arbre n’ayant qu’un tronc que nourrit une sève ne venant plus des profondeurs de la terre mais de ce qui entoure à proximité, le pied de l’arbre…

    Et parce que les branches de l’arbre nous paraissent atrophiées, ne s’élevant plus en hauteur, et que le tronc de l’arbre nous semble creux, nous extrayons des racines qui ne sont plus ce qu’elles ont été, raccourcies et surtout déformées par la vue que l’on s’est faite des racines…

    L’erreur consiste à se défaire de ce qui, du passé, nous relie au présent – ou à l’ignorer…

    L’erreur consiste aussi à déformer le passé par la vue que l’on s’en fait…


     


     

  • La nostalgie, le regret, d'un passé révolu qui ne se réactualisera jamais

    … L’on sait bien, chacun de nous, mais plus particulièrement les “plus âgés”, ceux et celles des générations nés avant 1980 voire 1960, que le passé ne revient jamais, que “les jours heureux” de telle ou telle époque où ce qui fut “intensément vécu”, furent “ces jours qui semblaient n’avoir ni d’hier, ni de demain tant ils avaient de présent, un aujourd’hui comme un seul jour sans matin ni soir”…

    Alors nous rêvons que, selon ce que nous est la vie aujourd’hui, en l’occurrence en l’année où nous sommes, du calendrier… Le passé se “réactualise”… Certes, évidemment pas comme dans l’environnement disparu, mais, tout de même, pourquoi pas, “actualisé” sur la scène où comédien ou acteur que nous sommes, ou spectateur, nous jouions ou observions, dans un décor différent…

    La nostalgie ou le regret fait de l’amertume…

    Le passé, pour nombre d’entre nous, est raconté, écrit, comme dans un journal intime, de mémoires, de souvenirs, où le plus souvent, l’on en est soi-même, celui qui le raconte ou l’écrit, le personnage central… Alors qu’il devrait être raconté, écrit, comme par un “écriveur de l’Histoire”, voire un Historien… Avec un regard d’Historien… Où le narrateur que nous sommes n’est plus le seul personnage central mais où les autres personnages – disparus ou encore vivants – et nouveaux (lorsque le récit avance, chronologiquement) tiennent les rôles principaux, et sont présentés dans la réalité de leur “être intérieur”…

    Ainsi, le passé, vu, “remonté”, raconté, écrit ; avec ce regard d’ écriveur de l’Histoire, de témoin, de “journaliste” ou de “chroniqueur” on va dire… Et non plus rédigé comme un journal intime où l’on “se raconte plus qu’on ne raconte”… Peut-il ainsi être préservé par un rempart contre l’amertume”, dans la mesure où, faisant irruption dans le présent, dans l’actuel, il se fait témoignage, et non pas juge du présent, ou moralisateur… Il y a, je pense, une intemporalité dans le témoignage, qui tient de la fidélité que l’on a, à transcrire au plus près du réel…

    Souvent, je l’ai observé, dans presque toutes les familles, il y a un personnage faisant office de “monument patrimonial de la mémoire, de l’histoire de la famille” qui “sait tout sur chacun”, qui “donne des nouvelles de l’un, de l’autre”… Et ce personnage est en général une femme ou un homme de plus de 70 ans, voire 80… (peut-être plus souvent, d’ailleurs, une femme qu’un homme)…

    En somme, ce “personnage monument patrimonial de la famille”, est un lien entre les autres (un lien cependant, qui a ses limites)…

    Lorsque ce personnage disparaît, le lien se dilue, au mieux il se disperse, au pire il cesse d’exister et plus personne dans la famille ne sait plus rien d’un tel, d’une telle…

    … Il me vient l’idée que les jours heureux sont peut-être aussi dans le futur… Et qu’ils sont, ces jours là, heureux – et différents, et avec d’autres personnes dont des jeunes personnes – à venir…

    Et je pose cette drôle de question : “peut-on avoir une nostalgie du futur” ? En ce sens d’un futur imaginé, de ces jours heureux dont on pressent la venue, ou dont on rêve la possible existence ?

    Dans la mesure où des liens se nouant ou seulement s’ébauchant aujourd’hui, aussi incertains, aléatoires qu’ils peuvent être ; dans la mesure encore où des liens peuvent être comme en gestation… Ouvriraient un nouvel espace de relation, un espace qui s’inscrirait dans une continuité sans ruptures ?…

    … Si c’est cela, la “nostalgie du futur” : rêver de possibles jours heureux, quitte à les embellir en esprit, plus qu’il n’est raisonnable… Alors cette “nostalgie là” me semble plus “porteuse” que la nostalgie du passé…

    … Il m’arrive sur Facebook où “presque tout le monde va et y est inscrit” – eh oui Facebook cette “fenêtre” ouverte sur un immense paysage empli de gens – de regarder de temps à autre, parmi mes amis et connaissances, ce que les plus jeunes d’entre eux (de moins de 30 ans), écrivent, produisent, racontent, montrent… Mais ils n’ont pas, les uns et les autres, certains d’entre eux, de “très longues pages” et même ne montrent rien, ne produisent rien durant des semaines…

    Brièveté dans le propos, surtout des photos, et beaucoup de “jours sans”…

    Alors j’imagine… Un exercice, que celui d’imaginer, soit dit en passant, difficile… Enfin peut-être un peu moins difficile si l’on se garde du “présupposé” ou du préjugé” – ou de ce que l’on a entendu dire de pas très bon…

    Ce qui est difficile en fait, c’est, quand on lit, quand on découvre, quand on y réfléchit, et que l’on souhaite réagir, intervenir, répondre, saluer autrement que par trois mots… Comment “entrer” dans leur univers, dans leur environnement… Pour autant qu’ils puissent le souhaiter ou l’envisager…


     

  • Nostalgie ou souvenir

    ... Entre la nostalgie qui fait prématurément mourir de vieillesse et le souvenir qui chante comme une bûche dans le feu en diffusant lumière et chaleur, il y a tout de même une différence.