leviers

  • Réflexion au sujet de cette question pertinente mais dérangeante "Que proposez-vous?"

    ... Cette question "Que proposez vous" pouvant être posée en face de tout ce qui se dit s'écrit se discute sur les réseaux sociaux et les blogs, et au coin de la rue, et au bistrot, et dans toutes les réunions syndicales, politiques etc... En face de tout ce qui s'exprime contre un état du monde, le gouvernement, les lobbys, le travail précaire, la pression fiscale, les injustices... Dans des manifestations, dans des grèves, dans toute forme d'opposition... Et en face du constat de l'état du monde et de la société que tant et tant d'entre nous font et refont chaque jour... Cette question "que proposez vous?" qui vient et revient toujours de la part de quelques uns d'entre nous, cette question qui interpelle et à vrai dire dérange, parce que de toute évidence la ou les réponses ne nous viennent pas, ou si elles nous viennent ces réponses elles se révèlent incomplètes, ne sont qu'un "pis-aller", que des "coups d'épée dans l'eau", que des idées de ceci de cela...

    Sans doute dans les années qui ont précédé la révolution française de 1789, où depuis des siècles régnaient l'arbitraire, le pouvoir du roi, les fastes de la Cour, où s'exerçait la puissance et la domination de la noblesse, du clergé des grands propriétaires terriens, des guildes de marchands, une fiscalité écrasante de toutes sortes d'impôts et de taxes, des famines, des guerres... Cette question "que proposez vous" a-t-elle été posée par des gens circonspects et dubitatifs dont le regard se portait sur les événements, sur les révoltes de paysans et d'ouvriers...

    De nos jours ce sont les lobbys de l'industrie, de l'agro-alimentaire, de la biotechnologie, les multinationales, les actionnaires, les banquiers, les financiers, qui exercent le pouvoir et dominent...

    La "problématique" est la même, elle a seulement changé de décor et d'environnement, les gens sont les mêmes, les pauvres comme les riches sauf qu'ils n'ont pas le même mode de vie en 2018 qu'en 1789...

    En 1789 c'étaient les gazettes et les journaux et les différentes feuilles imprimées qui circulaient depuis Paris, les villes et jusque dans les campagnes, c'étaient les marchés, les cafés, la place du village, les foires, où l'on se rencontrait et où l'on parlait, racontait ce que l'on avait vu, appris...

    En 2018 ce sont les réseaux sociaux, internet, la téléphonie mobile, les ordinateurs, les smartphones... En plus des marchés, des cafés, de la place du village, de la rue, des entrées d'immeubles, lieux publics, fêtes, festivals, spectacles où les gens se rencontrent...

    Et c'était en 1789 aussi difficile, aussi problématique, aussi quasi impossible qu'aujourd'hui de voir arriver un changement de société, de se révolter, d'essayer de mener des actions, de résister, de s'opposer, pour les millions de gens de l'époque avec derrière eux et comme "gravé dans le marbre" les traditions, les croyances, la religion, l'idée que rien jamais ne pourrait changer...

    En effet quelle différence entre la noblesse le clergé les privilégiés d'avant 1789, et les lobbys et les banquiers d'aujourd'hui ?

    Et pourtant, en 1789 lorsque fut décidée la réunion des Etats Généraux, le peuple des villes et des campagnes envoya ses représentants à Versailles où devaient siéger les trois ordres (la noblesse, le clergé, le tiers état)...

    Il faut suivre jour après jour, du 3 mai jusqu'au 20 juin 1789, tout le déroulement des travaux (des discussions) de ces états généraux, pour comprendre ce qui va enfin changer et qui ne sera plus comme avant 1789... L'entreprise qui fut celle du tiers état, de réunir à lui les deux autres ordres, semblait vouée à l'échec et effectivement le samedi 20 juin 1789, le tiers état après avoir formé avec une partie du clergé, une assemblée nationale ; cette assemblée empêchée de se réunir (l'entrée dans la salle initiale ainsi que dans les autres possibles était gardée par des troupes fidèles au roi et à l'aristocratie) , trouva la salle du jeu de paume où elle décida unanimement de ne plus se séparer et d'élaborer une constitution pour le royaume de France...

    Une masse de peuple venue de Paris et de toute la région autour de Versailles, dissuada les troupes fidèles au pouvoir royal d'intervenir, de telle sorte que l'assemblée nationale constituée put commencer son oeuvre...

    Je conseille de lire à ce sujet "Histoire d'un paysan", en deux parties, d'Erckmann Chatrian : dans la 1ère partie 1789-1792, plus de 250 pages sont consacrées aux Etats Généraux et à ce qui les a précédés...

     

    ... Est-ce, aujourd'hui, parce qu'il ne s'agit pas que de la France mais du monde... Que ce "serait plus difficile" qu'en 1789 en France ?

    L'équivalent du tiers état français de 1789, n'est-il pas l'ensemble des populations actives, travailleurs tous métiers, professions, de partout dans le monde ? Et l'équivalent de la noblesse et du clergé de 1789 en France, n'est-il pas celui des lobbys, des dominants, des décideurs et des financiers d'aujourd'hui ?

     

    ... Une simple constatation pour conclure :

     

    Ce qui fait la puissance et la domination des lobbys, c'est la consommation, et les consommateurs sont tous les gens que nous sommes... Il y a bien là "quelques leviers" (quelques actions à entreprendre ensemble) dans la consommation...