les pestiférés

  • Le pestiféré

    C'est un pestiféré

    Un pestiféré parmi d'autres pestiférés

    Qui font jamais un concours de pestiférés

    On n'en a rien à foutre du coeur grand comme un cosmos

    D'un pestiféré à pourtant belle âme

    Puisque c'est un apache

    Un pestiféré

    Qui a vociféré

    Certes avec ses petits mots à lui

    Des petits mots pas piqués des hannetons

    Qui ont pas plu

    Pas plu du tout

    Ce fut la bronca

    La bronca d'un quarteron d'un quinqueton d'un sexteton

    De coincés qu'aiment pas quand c'est pas aseptisé

    Et qu'ont cafté au Grand Muphti

    Alors alors le très beau le très profond le très émouvant et très applaudi

    Enfin le registre beau tableau de peintre

    Du pestiféré qu'a quand même une belle âme

    N'a plus eu droit de cité

    L'on ne retient que sa pestilence

    Sa pestilence pétée fesses écartées

    Au beau milieu du salon de thé

    De ces braves gentes gentiment devisant

    Depardieu a fait pire et bien pire mille fois pire à vrai dire

    Céline et Fante n'ont pas fait dans la dentelle en leur temps

    Mais ce sont quelques uns de ces pestiférés

    Par les coups qu'ils portent sur les croûtes de petits coins de terre

    Petits coins de terre dont ils sont expulsés

    Par les Grands Muphtis

    Oui ce sont ces pestiférés

    Qui par delà les mers gelées les déserts les montagnes les marais

    Portent leurs pas en avant du temps des modes et des supercheries

    Et des braves gentes gentiment devisant

    Des braves gentes qui grincent des dents au moindre caillou dans les lentilles

    Des braves gentes caftant au Grand Muphti à l'occasion

    Comme dans ces temps troublés de la dernière guerre mondiale

    Où l'on dénonçait son prochain parce qu'il était Juif ou Romanichel ou mauvais voisin

    Expulsé banni honni vitupéré

    Le pestiféré

    Déchiré détruit effacé le petit coin de ciel

    Qu'il avait pourtant ouvert

    Et qui avait tant plu aux braves gentes gentiment devisant

    De littérature de poésie de mille petits riens de cette vie qui court qui bat

    Le pestiféré

    On lui enlève même la possibilité

    De jouer au mort qui voit ce qui se passe après son enterrement

    Et entend ce qui se dit dans le petit coin où il n'ira plus

    Debout les damnés de la Terre

    Debout les damnés les pestiférés de la Terre entière

    On l'a toujours été debout

    Avec ou sans kalachnikov

    Poètes ou écrivains ou écrivaillons

    Curés ou guerilleros

    Peigne-culs ou même Grands Muphtis de l'art de la poésie de la littérature

    Y'en a en effet de ces pestiférés de tous les coins de terre

    De tous les sud de tous les nord

    De toutes les écoles ou d'aucune école

    De tous les déserts de toutes les plaines de toutes les montagnes

    Qui ont pas droit de cité ou qui au contraire ont droit mais dans ce cas ce droit

    C'est un droit concédé par les Grands Muphtis du Vase Sacré

    Pour cause de galette à se foutre dans le gosier et de marchés juteux

    En regardant le citoyen lambda se baisser pour ramasser les miettes

    Debout les damnés on l'a toujours été on le sera toujours

    Ne vous en déplaise braves gentes devisant gentiment ou vociférant ou caftant