la poste

  • À la poste de Lesperon (Landes) au printemps 1999

    … C’était un jour (un matin) où j’avais dû me rendre à Dax, au Groupement Postal Landes Océanes, à une réunion des agents de la « Force de vente » (conseillers, agents de maîtrise, animateurs, receveurs chefs d’établissement)…

    Ce matin là, Patricia Loubère, ma collègue, assurait la tenue du guichet ainsi que les fonctions qui m’étaient imparties, soit l’arrivée du courrier, l’ouverture des sacoches de la Direction de Mont de Marsan, de la Direction du Groupement de Dax, et du bureau de Castets (dont dépendait Lesperon notamment pour l’envoi des fonds et des informations relatives à la gestion locale)… Et bien sûr, dans ces fonctions m’étant imparties, avant l’ouverture du guichet à 9h, la lecture des documents contenus dans les sacoches…

    Il se trouva que ce matin là dans la sacoche de la Direction de Mont de Marsan, figuraient les bulletins de paye (le mien, celui de Patricia, et celui de Claudine la mère de Patricia, factrice distribuant le courrier à vélo dans la commune de Lesperon)…

     

    Patricia Loubère (31 ans en 1999) était une auxiliaire titularisée en contrat CDI temps complet, mais contrat dit « de droit privé » ; Claudine Loubère (56 ans en 1999) la factrice, également même contrat CDI incluant la distribution à vélo (un vélo lui appartenant, un modèle ordinaire de femme, 3 vitesses) du courrier lettres et petits paquets dans tout le village (pour les écarts, dont Le Souquet, c’était Louis, en voiture postale, un facteur de Castets, qui assurait la distribution des lettres et gros paquets (colis) dans les écarts ; ainsi que le dépôt de tout ce qui concernait le bureau de Lesperon (à son arrivée vers 8h il participait au tri de la tournée de Claudine, avant de prendre un quart d’heure de pause avec nous et de repartir sur sa tournée)…

     

    Claudine en plus de sa tournée en vélo (ou durant sa tournée) devait distribuer les « ISA » (imprimés sans adresse et publicités), ce qui représentait pour les sacoches de son vélo, une assez lourde charge… Claudine, 56 ans avait en permanence mal au dos… Elle avait fait une demande auprès de la direction du groupement pour obtenir une mobylette, demande qui lui fut refusée…

    La distribution des imprimés (énormes paquets ficelés dont certains étaient répartis en des dépôts tout au long de sa tournée) doublaient le temps de sa tournée ; aussi faisait elle appel à son mari, ancien ouvrier de scierie, de 9 ans plus âgé qu’elle et qui la véhiculait dans leur Renault 4L et l’aidait dans la distribution qui, alors, se faisait l’après midi.

     

    Lorsque je revins au bureau vers 14h (le bureau ouvrait à 13h) Patricia me remit les documents des sacoches et c’est ainsi que j’ai su que mon bulletin de paye avait été vu par Patricia.

    Sembic Guy, agent de maîtrise (c’était ce qui était indiqué en face de « grade ou fonction » sur la feuille de paye) indice (je ne m’en rappelle pas) : 12189 Francs ; Patricia Loubère (qui exerçait en fait le même travail que moi et me remplaçait en tant que chef d’établissement lorsque j’étais absent du bureau), en CDI de « droit privé » : 7040 Francs ; et Claudine Loubère, auxiliaire titularisée factrice en CDI, 56 ans (et mal au dos) : 5570 Francs…

    J’en étais comme « deux ronds de frite » - et absolument scandalisé, ne sachant plus où me mettre, de constater que Patricia, qui faisait le même travail que moi, ne gagnait qu’à peine plus de 7000 Francs…

    Cela m’était d’autant plus dur à encaisser que j’étais depuis mon entrée dans la vie active à 19 ans, de Gauche (de la Gauche de la Gauche pour ainsi dire) et de surcroît syndiqué CGT depuis l’âge de 19 ans ( au Tri Postal PLM à Paris en nuit C de juillet 1967 à juillet 1976, puis affecté à Bruyères dans les Vosges d’août 1976 à janvier 1999, et encore à la CGT à la Poste des Landes, de février 1999 à janvier 2005)…

    Et que durant toutes ces années de 1967 à fin 2004, j’ai participé à toutes les grèves, été dans toutes les manifs, dont la grande grève de la Poste du 17 octobre au 29 novembre 1974 sous Giscard (et Lelong ministre des PTT à l’époque)…

    Dans les grandes manifs à Paris, de novembre 1974, je brandissais une pancarte «  Giscard, Lelong, larguez le steak » !

     

    J’en étais malade, à « entrer dans un trou de souris », de voir que Patricia n’avait qu’à peine 7000 Francs de salaire alors qu’elle faisait le même travail que moi…

     

    … Je fus « un receveur très atypique » qui « ne convenait trop guère » au « Lesperonnais moyen » et encore moins aux deux directions, de Dax et de Mont de Marsan… Et fin juin 2002, mon directeur de Groupement me « catapulta » (à ma grande satisfaction) en tant que « Brigadier EAR effectuant des remplacements », en général, dans des bureaux de la côte océane (avec idemnités de déplacement et de repas)…

     

    … En 2022, Patricia est âgée de 54 ans. Elle n’est donc pas à la retraite, et en est encore loin. « Aux dernières nouvelles » (qui datent de plusieurs années) elle devait occuper à temps complet je crois, un poste de guichet à Castets… (Un bureau où, en tant que brigadier EAR après juillet 2002, je suis venu à 3 reprises, une fois une semaine, deux fois quinze jours)…

    Patricia sans doute, avec le temps, a vu évoluer la Poste (devenue Banque Postale après 2006 et séparée de la branche courrier désormais). Elle est de cette dernière génération (née le 27 mars 1968) entrée à la Poste que « dans mon jargon » j’appelle « la poste pététique » et dont « à l’époque » (fin des années 1980) elle avait « intégré dans sa culture » les « valeurs » de la « poste pététique »… Elle a donc vu au fil des ans « comment ça s’est goupillé l’affaire là », autant dire que la poste de 2022, depuis plusieurs années déjà, n’a plus rien à voir avec ce qu’elle était « dans le temps »…

    Une fois, « confidence fortuite » faite par sa maman, Claudine, née le 10 septembre 1943, j’ai « cru comprendre » que Patricia avait eu – peut-être vers l’âge de 25 ans – une déception amoureuse (dont elle fut éprouvée)…

    Elle a un frère, Nicolas, né en 1982, quatorze ans de moins qu’elle, qu’à l’époque en 1999, elle chérissait et adorait, un garçon travailleur, volontaire, sérieux, qui poursuivait des études après le lycée et qui a « réussi » comme on dit, dans la mesure où il est entré dans l’activité professionnelle en tant que cadre de gestion sinon même directeur d’un Intermarché (fierté de la famille Loubère)…

    Je me souviens de la réflexion que m’avait faite Patrick Camy, un collègue alors receveur à la Poste de Lévignacq, un « rigolo pas piqué des hannetons » avec lequel j’étais très copain (on se réunissait dans un restaurant du coin à midi, avec d’autres postiers), je lui parlais « à ma façon » de Patricia, il m’ a dit ceci : « tu devrais essayer de la draguer, surtout quand tu la vois en été avec sa petite robe qui lui va si bien ! » … Je ne « risquais  pas ». Cependant… Patricia m’avait un jour dit, après « une discussion difficile » liée à mon comportement au travail et à mes démêlés avec le directeur du groupement : « je vous apprécie beaucoup, et même « je vous aime beaucoup », vous êtes quelqu’un de sincère, de direct, franc, vous ne ressemblez à personne »…

    Une fois, après un entretien d’évaluation (notation, une fois par an) j’avais hésité à lui mettre un « E » (excellent) et seulement attribué un « B » (bon) – peut-être avais je « trop pris à cœur » ce que pouvait représenter une notation selon des critères « par extension » (par rapport à la « philosophie  de la Boîte)…

    Lorsque je lui remis le dossier avec tous les détails de l’entretien – et le résultat ; elle me gratifia d’un vif mécontentement exprimé à sa manière : « eh comment, vous me mettez « B » alors que je vous remplace durant vos absences, que je vous ai « formé sur le tas » pour le guichet et la compta et la caisse ? Je vais faire une réclamation auprès de la Direction ! Si c’est ça votre reconnaissance ! »

     

    … Ah, Lesperon… « Lesperon mon ennemour » comme je dis… Où je suis resté de février 1999 à fin juin 2002… Et que j’ai quitté sans jamais plus y revenir (en vélo dans mes promenades depuis Tartas)… Sans doute quelques rares Lesperonnais pas tout à fait comme les autres, m’ont « peut-être regretté »…

     

     

  • À la poste de Seignosse plage

    … Une émission sur France Culture, ce samedi 17 septembre 2022, entre 11h et midi, un entretien avec Natacha Polony au sujet du sens et de la valeur du travail dans le monde d’aujourd’hui après la crise du covid ; m’amène à faire part d’ une anecdote relative à cette expérience que fut la mienne lorsque j’étais brigadier remplaçant à la poste des Landes océanes, deux semaines passées au bureau de poste de Seignosse plage fin juillet et début août en 2002…

     

    Ayant, décision de mon directeur de Groupement, été viré de mon poste de Receveur à Lesperon, pour révolte, indiscipline et contestation de la politique commerciale de la poste, en juin 2002 ; je fus nommé ou plus exactement recadré en tant que brigadier remplaçant dans le groupement postal des Landes océanes, et envoyé fin juillet de cette année 2002, après un congé de trois semaines, à Seignosse plage, en pleine période touristique vacancière, sous l’autorité du Receveur de Seignosse Bourg, un type très « système/système » et qui « ne me voyait guère arriver d’un bon œil » et auquel « j’en ai fait voir de toutes les couleurs »…

    Ce bureau de poste annexe de Seignosse plage, à l’époque en 2002, ouvrait au public, pour toutes opérations 2 guichets, de 9h du matin à 15h 30 avec une pause de 30 minutes à prendre à tour de rôle soit à 12h soit à 12h 30 avec la guichetière qui était ma collègue, une auxiliaire de droit privé embauchée en CDD à la poste.

    Le public – à tout moment de 9h 30 à 15h 30, plus de 10 personnes en même temps en file d’attente- était en majorité, de vacanciers, très désagréable, de gens agressifs, enclins à des observations, des remontrances, impolis, impatients, qui voulaient des timbres rares, envoyaient des mandats télégraphiques internationaux pour lesquels il fallait consulter un guide spécial de réglementations compliquées, « gueulaient comme des putois » quand leur virement sur le livret CNE n’était pas arrivé, avaient des « petits et gros toutous » qui grondaient, des gosses capricieux et coléreux qui criaient… Enfin c’était l’enfer, la journée de travail…

    Et à la fin de la vacation, à 15h 30, il fallait repousser les gens agglutinés au moment de la fermeture du bureau ; et après la comptabilité opérations réalisées recettes dépenses (objectif zéro erreur de caisse) nous devions, ma collègue et moi nous « farcir » l’inventaire des timbres en catégories et des produits en vente de la poste (enveloppes, emballages pré affranchis, etc. )…

    Ce putain d’inventaire nous prenait bien une heure voire une heure et demi, et j’étais toujours faux, ce qui mettait mon supérieur hyérarchique dans une colère noire – sans compter tout ce que je lui en faisais voir par ailleurs…

    Finalement je sortais du bureau qui fermait à 15h 30, à des 17h, 17h 30, complètement lessivé !

    Mon supérieur me disait, me répétait : « c’est toi le postier, toi le titulaire, pas elle ta collègue qui n’est qu’une auxiliaire et que tu dois diriger, c’est toi le responsable » …

    Au bout de deux semaines, mon collègue receveur de la poste de Seignosse bourg, en a eu tellement marre de moi, qu’il a demandé au directeur de groupement de m’affecter ailleurs…

     

     

  • Quelques personnages dont je me souviens, du temps où je travaillais au Tri Postal du PLM à Paris

    ... Quelques personnages dont je me souviens, du temps où je travaillais au centre de tri postal du PLM à Paris, de 1967 à 1976...

    Si mes connaissances sont exactes, c'est en 1923 que les PTT (Postes Télégraphe Téléphone) ont loué (un bail de 50 ans) à la SNCF, les locaux nécessaires à l'exercice du tri postal. Ce bail ayant expiré en 1973 il fut renouvelé juqu'au moment de la fermeture définitive en 1996...

    Le PLM fut en fait le dernier centre de tri postal parisien à fermer en 1996, tous les autres ayant cessé leur activité quelques années auparavant...

    http://yugcib.forumactif.org/t518-quelques-personnages-dont-je-me-souviens

  • Une Poste transformée en épicerie

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    À Poyanne, une localité proche de Tartas, de Mugron et de Monfort en Chalosse dans les Landes, la Poste "PéTéTique" de jadis est devenue un "mini supermarché" ouvert le soir jusqu'à 21 h comme les épiceries Arabes des grandes villes... Mais ici, l'on n'y fait absolument plus la moindre opération postale... Et l'établissement "PéTéTique" devenu supermarché fait en même temps office de bistrot et de "fast food"...

    La distribution postale se fait par dépôt du courrier dans des boîtes aux lettres regroupées en blocs situés en bordure des lotissements à l'entrée de l'accès principal... Et ainsi les facteurs -et les "fofacteurs"- n'ont plus à affronter les "toutous féroces" qui montent la garde autour des maisons...

    Dans toutes les communes de Chalosse désormais urbanisées, apparaissent des lotissements de maisons construites pour la plupart en trois jours tout compris et entourées de parcelles de terrain de 700 mètres carrés...

    À noter que jadis, la population de ces villages était moins importante qu'elle ne l'est aujourd'hui du fait de l'implantation de tous ces nouveaux lotissements... Et qu'il n'y avait pas de "fofacteurs" (de sociétés de messagerie privées concurrentes de la Poste)... ressemblant à des extraterrestres entièrement casqués et se déplaçant sur des scooters au carénage de vaisseau spatial pirate...