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  • Au temps des encyclopédies en gros volumes

    … Lorsqu’il n’y avait ni Google ni moteurs de recherche sur internet ni internet, il y avait les encyclopédies, le Quid de l’année, et toutes les revues, tous les magazines, tous les livres traitant de tel ou tel sujet dans toutes les disciplines possibles… Ainsi que des coupures de journaux et diverses documentations que l’on avait pu conserver ; tout cela constituant un réservoir de recherche – mais en vérité un réservoir de recherche très volumineux d’où la nécéssité de disposer chez soi d’un meuble bibliothèque prenant toute la largeur d’une grande pièce (un salon) et adossé au mur…

    Avec les encyclopédies l’on avait accès à tous les savoirs dans toutes les disciplines (Histoire, Géographie, Sciences, découvertes, connaissance du monde, de la nature, des animaux, etc.)…

    Cependant, en ce qui concernait les faits d’actualité, ainsi qu’un certain nombre d’informations relatives aux événements, à tout ce qui se passait, de local, de régional, de par le monde… Et de tout ce qui nous permettait de recourir à des services, d’accomplir des démarches administratives, d’acheter des produits de consommation… Les documentations en catalogues, en revues, magazines, journaux, livres, avaient leur limites…

    Les recherches auxquelles l’on se livrait alors, « dans le temps », le temps d’avant internet, pouvaient s’avérer fastidieuses, incertaines en résultats, nécéssitant de passer de page en page, d’un document à l’autre, de se livrer à de nombreuses manipulations…

    Aussi, tout ce qui courait dans le vent de l’opinion publique, dans le fameux « on dit » ou « l’on a appris que », primait sur la recherche, et surtout sur le travail de recherche…


     

    Avec Internet, Google et les moteurs de recherche, les savoirs et les connaissances dans tous les domaines sont devenus accessibles en peu de temps, quoique parfois pas si aisés que l’on pourrait le croire (et surtout aussi fiables), et les faits d’actualité portés à connaissance immédiate et largement diffusés, enregistrés et faisant trace dans l’espace infini du Web, aussi accessibles et consultables qu’ils soient dans l’instant, ne sont pas forcément fiables…

    Et le travail de recherche, en général, est souvent inaccompli, ou escamoté, ou n’est pas effectué… C’est la vision que l’on se fait soi-même des choses, c’est aussi tout ce que l’on apprend par « ouie-dire » ou pour l’avoir vu posté sur des réseaux sociaux, des blogs, qui prime sur le travail de recherche (et l’évacue)…

    … Et reste la question de ce que produit en nous un travail de recherche, en capacité mémorielle, en capacité de raisonnement, d’analyse, de réflexion, et en capacité d’exprimer autrement que dans le langage qui va dans le sens commun, dans le sens de l’opinion générale…


     

  • Google et Wikipédia, "béquilles" pour la cervelle

    Google

          Sans Google il m'aurait fallu je ne sais combien d'encyclopédies d'histoire, de sciences, de géographie, de littérature, de tous thèmes... Autrement dit tout un grand meuble bibliothèque dont toutes les étagères auraient ployé sous le poids de plusieurs dizaines de gros volumes... Mais je ne me serais pas davantage servi de tous ces ouvrages, du contenu de tous ces ouvrages, comme de béquilles c'est à dire d'armoire-cerveau séparée de mon cerveau qu'à chaque instant j'aurais eu besoin d'ouvrir, incapable que j'aurais été de puiser dans la somme de connaisances acquises et retenues en moi, mais surtout, oui surtout, car c'est peut-être là le plus important... d'utiliser, de me servir de tel ou tel contenu dans cette somme de savoirs aquits...

    Google, cette "béquille", cette "armoire" séparée de l' "armoire" que l'on a en soi, et qui ne peut rendre d'autre service finalement, que celui que rend une armoire avec des tiroirs ; c'est vrai, remplace en tenant peu de place, les encyclopédies en dizaines de gros volumes...

    Mais marcher avec des béquilles (ou avec de fausses jambes) ce n'est point marcher.

    Je me suis voulu une cervelle qui mémorise, qui analyse, qui réfléchit, qui pense, et qui me donne une vision personnelle, une pensée, un savoir, une culture, tout cela certes puisant à des "sources", mais étant bien comme une sorte de "Google-moi" ou de "je sais pas combien d'encyclopédies moi", ou de "livres-moi"... Bien vivant avec un coeur battant et un regard parlant...

    L'école qui apprend cela, à être cela, comme je dis, et qui fait que l'on peut réussir, et qui change la relation que l'on a avec les êtres et les choses de ce monde... N'est pas encore née...

    L'école d'avant Google, d'avant le document et l'image numériques, l'école des livres et des encyclopédies sur des étagères dans une bibliothèque, a eu, c'est vrai, plus de chances d'y arriver, à marcher autrement qu'avec des béquilles, car nous n'étions pas sur la mauvaise voie, du moins en partie, puisque l'on nous apprenait dès les "petites classes" de l'école, à "penser, à réfléchir par nous-mêmes" et cela plus que d'accumuler du savoir quoique du savoir, nous en acquérions peu à peu...

    Un travailleur de la terre qui gagnait sa vie à la seule force de ses bras et de l'habileté de ses mains, et qui avait "ce bon sens" en lui, des choses de la vie et de la nature, au 13ème siècle à l'époque de Philippe Le Bel ; un travailleur de la terre dans un village qu'il ne quittait jamais et qui ne savait ni lire ni écrire, était capable de reproduire mot à mot lors d'une veillée de travail réunissant des familles du village, un récit qu'il avait entendu l'hiver ou l'automne dernier, raconté par quelque conteur comme lui... Et un étudiant de l'une de ces grandes universités du Moyen âge au 13ème siècle, même s'il devait sa connaissance, son savoir, à ces énormes manuscrits aux pages de parchemin qu'il avait lus, même s'il devait aussi et sans doute en plus grande partie que par les volumes manuscrits, sa connaissance et son savoir par l'enseignement oral des maîtres... Cet étudiant là, du 13ème siècle, avait, portait en lui "l'armoire", l'armoire qui n'était pas comme "l'armoire support séparée de son armoire en lui"...

    A partir de la diffusion de plus en plus importante et vulgarisée, de l'écrit, du document, du livre (et aujourd'hui du support informatique, numérique -et donc de Google-) au fil des siècles, au fil des générations successives, le cerveau humain ne pouvait forcément qu'évoluer, et la mémoire naturelle perdre de sa capacité à retenir...

    Ce qui, cependant, "sous-tend" la capacité à mémoriser, à se souvenir, à retenir et à utiliser ce que l'on retient... C'est la passion que l'on met dans ce que l'on aime à apprendre, le regard que nous fait porter cette passion notamment pour en parler autour de soi... C'est la motivation que l'on a à connaître ces choses qu'on aime savoir, sans laquelle il ne reste que la "béquille", que "l'armoire", que la "boutique ambulante à tiroirs emplis de colifichets que l'on ouvre devant un public de spectateurs ébahis"...