exil

  • Territoires d'exil

         Ce qui fait défaut aujourd'hui dans la vie quotidienne, dans tout ce que l'on exprime sur le Net par les blogs, les réseaux sociaux et les forums, c'est une dimension d'une certaine envergure dans la relation et dans la réflexion... Sans pour autant rassembler les gens comme le ferait par exemple un courant de pensée ou fédérer des sensibilités différentes autour de quelques "valeurs universelles"...

    Cette "dimension d'une certaine envergure" pourrait s'apparenter à un torrent impétueux d'une eau claire, vive et chantante devenant rivière puis fleuve et delta...

    Quel regard porte-t-on sur le monde, sur les gens, sur les "choses de la vie" que sont les situations, les évènements, les drames, les secousses sociales, les jours heureux ou malheureux des uns et des autres ?

    Est-ce un regard désabusé, un regard critique, un regard formaté... Ou un regard libre ?

    Un regard dans lequel viendrait une intuition de ce qui sera, et un souvenir de ce qui fut... Un regard qui s'ouvre et entrevoit un ciel qui existe mais où l'on ne s'est pas envolé...

    Ces "territoires d'exil" que sont nos mondes et nos recoins de monde soit-disant "éclairés", ont désenchanté la relation, dénaturé et même perverti la réflexion...

    Mais ces territoires là ne sont d'exil que pour ceux et celles qui, contraints d'y habiter, y souffrent et cherchent à les quitter... Pour les "autres", ces territoires sont comme d'immenses supermarchés...

    Il n'y a que le torrent impétueux d'une eau claire, vive et chantante devenant rivière puis fleuve et delta... qui peut disloquer et emporter dans son courant ces "territoires d'exil"...

    ... Mais... Si tu es dans un territoire d'exil... N'est-ce point parce que dans cette vie où tu fus jeté, tu n'y as vu qu'un territoire d' exil ?

    Alors, il te faudra bien, dans ce territoire d'exil, dans cette vie où tu fus jeté, y apprendre à vivre des jours heureux... Comme par exemple, ces "enfants du huitième jour", de sortie avec leur éducateur, poussant ensemble un chariot dans les allées d'un supermarché et riant, s'étonnant d'un rien, d'une image sur une boîte de conserve, du reflet d'un visage dans une glace... Ou encore, comme ce passager d'un avion de ligne assis à côté du hublot, qui regarde les nuages au dessus de l'océan au lieu du film sur petit écran en face de son siège...