éducation

  • "Mal nommer les choses" ...

    … « Mal nommer les choses », pour Albert Camus, c’est « ajouter du malheur au monde »

     

    L’une des origines de la violence (ou de ce qui fait que la violence existe) et de ses corollaires que sont l’agressivité et la haine… Est celle de l’incapacité à s’exprimer par les mots, par la parole, par l’écrit… Du fait d’un manque d’éducation – ou d’une éducation pervertie voire dévoyée… Éducation de l’École depuis une quarantaine d’années, éducation parentale, éducation de consensualité et d’ordre d’idée « progressiste réformatrice » des « décideurs penseurs élites et personnages influents médiatisés »… Éducations fondées sur l’individualisme, sur le développement personnel, sur la liberté sans limite définie, mais peu sur l’acquisition et sur la maîtrise des savoirs…

    « Montrer les choses » (pour cela il suffit d’avoir en main un téléphone portable, un i-phone, un smartphone, de filmer et de diffuser en 2 ou 3 clics… Et aussitôt ça impacte c’est relayé), « montrer les choses » donc, ça rend la réflexion et la pensée… Et le langage parlé et surtout écrit, non seulement inutile mais suspect, « hors jeu », « ringard », et « à zapper vite fait »…

     

    Si Albert Camus vivait encore aujourd’hui – il est né en 1913 il aurait 110 ans – il serait qualifié par beaucoup de « réactionnaire », suspecté « d’extrême droite », ne ferait pas loin s’en faut l’unanimité d’une « Gauche actuelle » devenue de la « Goche » (une « Goche » très éloignée de ce qu’aurait pu et dû être la Gauche, la vraie, celle de la relation humaine, de la culture, de l’engagement de comportement et d’exemple donné, de l’indépendance d’esprit, de la liberté inséparable de la responsabilité)…

     

    Cela dit – et ne l’oublions jamais – il est de ces êtres – humains – de toutes générations et de « milieux peu favorisé » dont en particulier un certain nombre de jeunes ; dont la vie au quotidien est « un véritable et épuisant et dramatique parcours du combattant », qui n’ont pas bénéficié de cette éducation ( de l’école, des parents ) qui même étant ce qu’elle est devenue, leur a fait défaut, parfois complètement défaut et qui, en conséquence ne savent pas – parce qu’ils ne peuvent pas – s’exprimer par le langage parlé ou écrit… Il est, oui, de ces êtres dont le regard, le seul regard qu’ils portent en eux lorsqu’on prend la peine de lever les yeux vers eux… En dit plus long que tout ce qu’ils pourraient dire ou écrire… Et qui, illettrés qu’ils sont, incapables de dialoguer, tout « dépenaillés » qu’ils paraissent, hirsutes, enfants des rues, gens de très modeste condition exerçant des métiers peu valorisants, dont l’Histoire, les historiens, les « Grands Auteurs » ne témoignent jamais de leur existence… Des gens sans culture, mais aussi sans lesquels la Culture n’existerait pas – parce que la Culture, au fond, est faite avant tout de « bonne volonté » (de « bonne volonté » qui bien sûr, soustend la détermination qu’il peut y avoir à s’efforcer d’apprendre, de comprendre)…

     

    … Est-ce que des intellectuels, des gens qui pensent, réfléchissent, écrivent et savent écrire, exprimer, sont « plus heureux » ou « mieux armés » que des gens qui « ne savent pas dire les choses » ?

    Ma question s’arrête là… Peut-être que la réponse s’il en est une, se situe dans une « conscience aiguë de l’existence des êtres et des choses – de ce monde où nous vivons »…

    Qui, si elle est perdue, n’est pas pour autant à jamais perdue et donc, peut être retrouvée…

    Ce n’est pas Dieu (ou ce qui s’apparente ou remplace Dieu) qui a chassé l’homme et la femme du paradis, c’est nous qui nous sommes chassés du paradis, de là ou l’on vient, de l’origine, de nos racines, de ce qui précède l’origine et était déjà de l’intelligence…

     

     

  • L'impact de la crise sanitaire sur l'Éducation : un drame pour la société de demain

    S'il y a un domaine d'activité absolument essentiel pour l'avenir de la société, qui est fortement impacté par la pandémie de coronavirus, c'est bien celui de l'Éducation...

    Comment vont se dérouler les examens, les oraux, les concours d'entrée aux grandes écoles, les orientations vers les différentes filières avec les entretiens incontournables, les cours dans les IUT, les facultés, les travaux pratiques, les formations d'ingénieurs, de chercheurs, de scientifiques... Dans le contexte d'une distanciation et avec toutes ces mesures de protection à prendre ?

    Comment dans les écoles élémentaires, les collèges et les lycées, avec d'une part un absentéisme endémique et d'autre part un nombre limité d'élèves par classe, sans compter il faut bien le dire l'absentéisme de quelques enseignants et de leurs assistants... Peut-on espérer prétendre, avoir pour objectif, un enseignement performant, « pour tous », et se proclamant « égalitaire » ?

    Déjà, avant le 17 mars 2020, l'école, les écoles, n'avaient d'égalitaire que ce qu'en affirmaient nos élites et nos politiques en général déconnectés de la réalité...

    Dans le monde d'après le 11 mai 2020, à ce qui était inégalitaire du fait des différences d'environnement social et familial, va s'ajouter la réduction de l'offre, parce que l'offre devra forcément s'inscrire dans un conditionnement qui lui imposera une réduction...

    Le drame pour la société de demain, c'est que la conjonction d'une offre réduite et d'une inégalité accrue, va contribuer à une perte des savoirs, et surtout à une perte des savoir-faire...

    Il faut déjà voir ce qu'un « trou de deux mois » va avoir pour conséquences... Notamment pour un jeune sur dix en moyenne en France, déscolarisé...

    Dans l'éducation, dans la transmission des savoirs et dans l'utilisation des acquis, le temps perdu ne se rattrape pas, et plus les lacunes s'élargissent, plus difficilement elles peuvent être comblées...

    Ce n'est pas, cependant, à vrai dire, que l'offre sera réduite en contenus, mais ce qui la réduira c'est le conditionnement dans lequel elle se fera...

     

     

  • Le ballon dans le panier

          Le système éducatif depuis Valéry Giscard d'Estaing, de l'école primaire jusqu'à l'université, à l'exception de certains établissements en général plutôt réservés aux classes sociales privilégiées ; c'est comme un terrain de basket dont on baissé le panier afin que les moins grands puissent quand même mettre le ballon dans le panier...

    Jadis, le panier se trouvait placé à sa hauteur "normale", de telle sorte que même les plus grands devaient faire un effort pour parvenir à mettre le ballon dans le panier... Ce qui était, de toute évidence, un peu moins facile pour les moins grands et encore plus difficile pour les plus petits... Mais tous, petits ou grands ou moyens, pour peu qu'ils fassent preuve de bonne volonté, avaient à coeur de parvenir à l'excellence du geste consistant, par l'effort qu'il convenait et qui était nécessaire d'accomplir, à parvenir à placer le ballon dans le panier...

    ... De même dans les domaines de la culture et de la consommation tous produits confondus, a-t-on fait comme ces grands producteurs de vin qui fournissent les hypermarchés en bouteilles "à la portée du porte-monnaie de tout un chacun" d'une part... Mais surtout, surtout... "à la portée du consommateur qui n'y connaît pas grand chose en vins" d'autre part... (du fait que le consommateur n'a pas été éduqué comme il aurait convenu dans la connaissance des vins, de la qualité et du goût des vins, et qu'il n'aurait été sensibilisé qu'au niveau le plus élémentaire)...

    Comme si le citoyen "lambda" de bon nombre de pays sur cette planète, ne devait plus avoir la moindre aspiration au meilleur, à l'excellence... Et devait être formaté, au nom d'un principe "d'égalité et de justice pour tous", aux mêmes normes définies de "nivellement par le bas"... Le "haut" bien sûr, n'étant réservé qu'à une minorité le plus souvent prédatrice et dominante...

  • Eloge de la transmission...

    ... "Et si on leur apprenait à lire"... Par Natacha Polony, le 16 septembre 2012...

    http://blog.lefigaro.fr/education/

    "L'élève ne lit que ce qu'il a appris à écrire"... Ainsi parle Muriel Strupiechonski dans son livre "Mon cp avec Papyrus", éditions du GRIP ( groupe de réflexion interdisciplinaire sur les programmes )...

    Un manuel d'apprentissage de la langue écrite et orale, qui se fonde sur la reconnaissance de la lettre, puis de la syllabe, puis du mot, et du mot dans la phrase, pour finir par une histoire complète...

    Le manuel de Muriel Strupiechonski part de l'apprentissage des voyelles : l'on n'articule les consonnes qu'avec des voyelles.

    ... Effrayant :

    17 % (chiffre officiel ne réflétant sans doute pas la tragique réalité) des élèves ne savent ni lire ni écrire à l'entrée en 6ème... Mais, doit dit en passant, tous savent très bien utiliser des i-phones et des smartphones, et rédiger des messages dans le genre "yakacékoul" sur Facebook...

    170 000 élèves de 3ème sortent du système scolaire, chaque année, pour entrer dans la vie professionnelle mais en fait dans une grande précarité, et sans perspective d'avenir, de métier, de carrière...

    La plupart des jeunes, et cela se remarque même chez des gens de trente ou quarante ans... "miaulent" plus qu'ils ne parlent : ils "bouffent la moitié des mots", et à toute vitesse, de telle sorte que l'on entend ce qu'ils disent mais sans réellement comprendre... D'ailleurs à ce sujet, il faut voir dans les films de télévision, dans les séries américaines ou autres, la manière dont les dialogues sont stéréotypés, formatés, tous construits sur le même modèle, avec les mêmes intonations de voix... et tous, pratiquement inaudibles (c'est à dire incompréhensibles)...

    ... C'est donc cela, le système éducatif, que François Hollande veut changer...

    Autant s'attaquer si je puis dire, si j'ose dire... À quarante ans de "terrorisme intellectuel" de Gauche comme de Droite... Une sorte de "terrorisme", oui, qui nous a imposé tant de modes, tant d'expérimentations, tant de "pensée unique -et inique-"...

    ... Natacha Polony est à mons sens "une journaliste pas tout à fait comme les autres" (c'est à dire "un peu moins dans le sens du monde et de la pensée unique")... Certains la qualifient "d'anarchiste de droite"...

    Elle a été au Figaro, mais elle n'y est plus en tant que salariée... Elle anime à présent une chronique sur Europe 1 le matin à 8h 30...

    C'est une journaliste littéraire "qui ne fait pas dans la dentelle" (sans jamais la moindre vulgarité, et avec une connaissance -objective et travaillée, réfléchie- de tous les thèmes, sujets ou questions qu'elle traite avec ses interlocuteurs...

    J'aime bien cette expression "anarchiste de droite" ! ... Mais à vrai dire, "se sentir anarchiste", ça n'a rien à voir avec une sensibilité de Droite ou de Gauche...