Dominique Noguez

  • Amour noir, de Dominique Noguez

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                                                                                                               Editions Gallimard

                                                                                                                         1997

                                                                                                               Prix Fémina 1997

    Résumé du livre :

         Le narrateur décrit sa passion charnelle impossible pour une danseuse strip-teaseuse : Laeticia.

         Dominique Noguez est un écrivain Français né en 1942, normalien, agrégé de philosophie et docteur es lettres, il a enseigné à l'université de Montréal, puis à l'université de Paris I.

         Nous sommes loin, très loin, dans « Amour noir », ce roman de Dominique Noguez,  des sirupeuses ou parfois même insipides histoires d'amour raté produites par des auteurs auto-édités du Net, et aussi – il faut le dire- par des auteurs connus du « grand public » dont les livres sont lus sur la plage ou dans le train...

    L'on ne peut pas dire – c'est du moins ce que j'ai ressenti tout au long du livre – que cet amour fut  raté  au sens où l'un des deux  aime plus que l'autre , et où l'on voit se déchirer deux êtres qui tout de même en dépit de situations explosives ou dramatiques, se voient et se revoient, vivent ensemble épisodiquement durant deux ans... Pas  raté , donc... Mais  noir , oui, cet amour !

    Page 20 : «  Quand j'étais revenu, elle était nue sur le lit, dont elle n'avait pas ôté le dessus »...

    Banalité de la situation, qui me surprend, après les premières pages qui précèdent et dans lesquelles l'auteur évoque dans le détail et dans une dimension littéraire peu commune, toutes ces phases d'approche de la femme aperçue : «  Elle n'avait d'abord été qu'une silhouette blanche surmontée d'un buisson de boucles sombres, dans la pénombre de la promenade du casino de Biarritz un soir de juin »...

    Page 21,22 et 23 : Eric revoit la cassette du Cheval Bleu, de Laeticia... Une cassette odieuse  que l'auteur nous décrit en quelques phrases d'une dimension d'écriture tout autre que celle  par exemple, de la prose  innocente  d'un blogueur  faisant le procès de la pornographie...

    Page 34 et 35 : « Je faisais ainsi grande consommation d'épigrammes grecques ou de « lettres » de samouraïs. Les poèmes d'amour arabes me retenaient aussi beaucoup, avec leurs « joues de rose » et leurs « yeux de gazelle ». (De toute façon, c'est cela ou les mots crus. La littérature amoureuse navigue toujours entre la métaphore un peu trop riche et le con-cul-bite ; je préférais la métaphore.)

    Je dis aussi pour ma part, que je préfère, dans l'évocation d'une scène d'amour, la métaphore, bien que je soupçonne cette dernière de barder de fine dentelle une réalité crue et nue... 

    Dans l'ensemble (et j'ai lu aussi quelques unes des historiettes de « Oeufs de Pâques au poivre vert ») j'aime l'écriture de Dominique Noguez dans laquelle je découvre dimension littéraire, vocabulaire riche et imagé, poésie, réflexion... Certaines de ses phrases assez longues sont néanmoins fort bien construites, bien articulées et rythmées, et « coulent comme des ruisseaux de montagne qui chantent »...

    Par comparaison, ayant lu de John Maxwel Coetzee, « Scènes de la vie d'un jeune garçon » ; j'ai trouvé que l'écriture de cet auteur était plus  épurée  (moins imagée, moins  poétique ) avec des phrases courtes, sans effets inutiles ; des phrases cependant, d'une  grande et nette correction de ton et de langage … Et aussi d'une grande sobriété. 

    J'aurais peut-être une préférence pour l'écriture de Dominique Noguez... Mais une écriture  poétique et imagée, au risque d'effets purement émotionnels, au vocabulaire riche et aux longues phrases rythmées... Est-ce une nécessité ? Est-ce vraiment  de notre temps ? Est-ce que cela peut avoir une  portée ? … Je pense par exemple  à des auteurs tels  que Jean Marie Le Clézio ou Alice Ferney...

    Que liront, comment liront, les nouvelles générations ?