diffuser

  • Poster, publier

    … Relire un texte que l’on vient d’écrire, avant de poster ce texte afin qu’il soit visible par plusieurs personnes, sur sa page Facebook par quelques amis de sa liste d’amis ou par d’autres personnes ayant vu apparaître ce texte ; sur son blog ou sur son site suivis plus ou moins régulièrement par quelques personnes…

    Hésiter sur tel mot, telle formulation, sur l’emploi dans le texte, du présent ou du passé ; se livrer ainsi à un exercice, à un travail d’écriture…

    Et pour finir, se décider à poster le texte – je ne dis pas « publier » parce que « publier » s’applique plutôt à une œuvre – récit, nouvelle, recueil de textes, roman – destinée à faire l’objet d’une diffusion sous la forme d’un ouvrage, d’un livre, par l’intermédiaire d’un éditeur, lequel ouvrage sera produit en un certain nombre d’exemplaires en des lieux où cet ouvrage peut être choisi, acheté…

    L’on est l’auteur de ce que l’on poste – qui vient de soi-même – l’on est l’auteur de ce que l’on écrit… Mais l’on n’est pas pour autant écrivain, puisque l’écrivain publie – quoiqu’il puisse aussi poster…

    Poster, et poster seulement, même si l’on publie occasionnellement (par l’intermédiaire d’un éditeur, notamment avec l’édition dite « en ligne » sous forme d’un document téléchargeable), ce n’est pas « être écrivain » mais « homme ou femme d’écriture »…

    Quoiqu’il en soit, écrivain ou homme/femme d’écriture, il y a oui ou non, travail d’écriture… Quoique le résultat d’un travail d’écriture ne soit pas forcément « une réussite » ou « réellement qualitatif » ou encore « si heureux que cela »…

    Un travail d’écriture comporte toujours à mon sens, une part d’incertitude et d’aléatoire. Déjà, l’on ne sait comment ce qui est posté (ou publié) est perçu… La seule certitude possible pourrait être celle de la lisibilité pour les autres, lisibilité dans le sens de la compréhension mais même dans ce cas, reste la lecture faite par l’autre…

    Il n’est donc pas sûr que la clarté dans le propos, implique forcément que l’autre perçoive le propos clairement exprimé, tel qu’il doit précisément être compris.

    Nous sommes tous dépendants de la lecture que l’on fait, de ce qui est exprimé… Et cette lecture est d’autant plus proche de celle qui doit être faite, que ce qui est exprimé l’est dans la grammaire, dans le vocabulaire, dans la structure et dans le rythme de la phrase, de la tonalité des mots… Tout cela « dans les règles de l’art » …

    Ce qui est sûr – et heureux quoique… - c’est que « poster » - sur internet, Facebook, un blog, un site… Est modifiable à volonté, alors que « publier » - un livre, un document numérique, un écrit dans un journal… Ne peut faire l’objet d’une modification, à moins de réécrire le livre, le document, en une deuxième version, une fois la diffusion et la distribution s’opérant, par l’intermédiaire de l’éditeur…

    Une œuvre écrite – et d’ailleurs toute production artistique- peut-elle être « achevée » ? Que peut-on entendre par « achèvement » ?

    Reste en définitive, la plus grande des inconnues, celle de la portée de ce que l’on poste ou publie…

    La portée en effet est entièrement dépendante du temps social, du temps de relation, du temps de la communication, du type de société avec son mode de vie, d’intéressements, du temps, de l’époque donc, où nous vivons…

    Il est évident que ce temps, que cette époque, est celui où domine ce qui est recherché, ce qui est demandé, et qui fait une majorité, en général conditionnée, de personnes ayant de mêmes besoins – de lecture notamment…

    Et dès lors que ce qui est produit, posté ou publié, n’est pas attendu, n’est pas demandé, et cela d’autant plus que cela surprend, déroute, dérange ou indiffère… Il n’y a plus, ou très peu, de portée…

    Toute la question alors, pour un écrivain, ou pour un homme ou femme d’écriture, réside dans l’adhésion ou non (ou en partie) à ce qui, dans le temps présent, domine…

     

     

  • Tout ce qu'il me paraît important d'exprimer...

    ... Et donc, de dire déjà, puis d'exporter, de diffuser, de communiquer, de publier dans des livres ou sur des blogs... Tiendrait -au moins- en plusieurs livres de plus de mille pages chacun...

    Encore faudrait-il que tout ce qu'il me paraît important d'exprimer, le soit dans un langage que tout le monde puisse entendre d'une part, mais aussi et en même temps dans un langage imagé, un langage où la parole se fait écriture, et réciproquement, où l'écriture se fait parole...

    Au lieu de cela, au lieu d'exprimer tout ce qu'il faudrait -à mon sens- exprimer, diffuser, exporter, communiquer... sur des questions, des sujets, des interrogations... qui sont si nombreux et si divers... et si essentiels en considérant séparément chacun d'entre eux... L'on voit sur des pages de journaux, sur la page d'accueil de Yahoo en "actualités", sur tant et tant de pages personnelles de Facebook... l'on voit défiler une masse considérable et cacophonique de messages, de "petits évènements", d'informations, de "scoops" petits et grands, de tweets, en général rédigés à la hâte, souvent brefs... qui sont d'une banalité, d'un "non intérêt", d'une vacuité absolument désespérants... Et d'ailleurs, même écrits en quelques mots, quelques lignes au plus, dans un langage tout ce qu'il a de plus ordinaire et peu fatigant à lire... Ces informations, ces commentaires de ceci ou de cela sur tel évènement "non évènement"... L'on a de la peine à aller jusqu'au bout, de telle sorte qu'on "zappe" vite fait, on fait défiler la page en vitesse... Et puis basta, ça file comme l'eau par le trou de la baignoire sans laisser la moindre trace... Désespérant! Vacuité, non sens, de notre époque où tout va si vite... Et où ce qui est essentiel passe inaperçu, n'est jamais lu, jamais vu, est noyé dans une masse d'information, d'écrits et de paroles sans visages...

    Ces livres de plusieurs milliers de pages chacun, ces livres, qu'ils soient des livres réels en pages de papier ou des livres virtuels en blogs ou en documents PDF, EPUB ou autres formats, ces livres qui contiennent tout ce qu'il est si essentiel d'exprimer, quand bien même il y en aurait des milliers de ces livres (et d'ailleurs il y en a)... eh bien ces livres aussi présents, aussi existants -et visibles- qu'ils soient... ils passent aussi inaperçus qu'une aiguille dans une meule de foin...

    Mais c'est, bien pétant, bien voyant, avec une grande photo, tout ce qui défile sur la page de Yahoo, sur les pages de Facebook, à longueur de journée et de nuits... ce qui paraît, ce qui "percute", ce qui un instant retient l'attention mais "déséduque", "désinforme", "lessive", et fait que l'on ne pense plus, que l'on ne réfléchit plus... Et que l'on en arrive même à déconsidérer totalement l'essentiel, le "vrai essentiel"... qu'évidemment, on ne lit pas, qu'on fuit comme la peste...

    Ce qu'il est si important d'exprimer ? Il a déjà en partie été exprimé (en partie parce que même dans une civilisation en déclin, ça s'arrête pas d'un seul coup sauf cataclysme nucléaire ou impact d'une grosse météorite, ça laisse encore quelques années voire quelques dizaines d'années devant nous) ... Exprimé par exemple, dans les chansons, dans les textes de Jacques Brel, dans des poèmes de Michel Houellebecq, ou encore par un humoriste tel que Coluche...

    Il y a manifestement une intemporalité dans ce qui est essentiel d'exprimer...

     

    ... Et, ce qui est extraordinaire, paradoxal, et qui génère ou entretient une grande, une réconfortante espérance... C'est que... Si tu parviens à communiquer sur l'une ou sur plusieurs de ces "choses essentielles" avec quelqu'un en particulier (seul à seul), que ce "quelqu'un" soit de n'importe quel "niveau social, culturel etc."... Eh bien ça marche ! (assez souvent sinon "presque toujours")...

    Bien sûr, il faut trouver les mots, l'image, la manière de dire...

    La "conscience aiguë en soi, de l'existence de l'Autre", de son intimité, de son ressenti... Comme si on arriverait à toucher l'enveloppe de la bulle et à la traverser sans pour autant traverser par effraction...

     

    ... Bernard Clavel a vraiment raison... de dire qu'écrire pour être lu, ce n'est pas manquer de modestie... à condition quand même de ne pas faire rien que comme sur la page de Yahoo ou de Facebook pour que ça pète et que ça congratule et que ça émotionne un instant et basta !