ascenseur

  • Trois rêves -ou cauchemars- récurrents

    Le premier, c'est celui d'un retraité dont le dossier de pension de retraite vient d'être révisé.

    Un matin, le retraité reçoit, en « bonne et due forme » avec cachet, signature et en tête, de la préfecture de son département, une lettre l'informant qu'il doit, afin de continuer à percevoir sa pension, effectuer chaque semaine désormais, à partir de telle date (le lundi de la semaine venant) quelques heures de travail là où auparavant il était employé. Il s'agit d'un travail qualifié d' appoint, très peu valorisant, répétitif...

    Plusieurs années passent, le retraité atteint l'âge de 70 ans, jamais il ne reçoit le moindre avis concernant la cessation de cette obligation d'effectuer par semaine une vingtaine d'heures...

    Il ne sait, ce retraité, qui continue à percevoir sa pension « le plus normalement du monde » où s'adresser, à quel organisme, quelle instance, administration... Et cela du fait que tout fonctionne par automatisme, qu'il n'existe absolument aucun interlocuteur sinon des boîtes vocales invitant à sélectionner des touches 1, 2, 3, 4 etc., les quelles sélections faites renvoient encore à des 1A, 1B, 1C etc.... Puis 1C1, 1C2...

    Un jour, alors qu'il vient de passer son 70 ème anniversaire, il décide purement et simplement de ne point se rendre sur le lieu de son travail, et de ne plus y retourner...

    Il reçoit un appel téléphonique de quelque chef de service, qui vient de constater son absence et il répond vertement et avec insolence qu'il ne faudra plus compter sur lui, qu'il estime qu'ayant atteint l'âge de 70 ans, rien ne l'oblige à continuer d'exercer ce « boulot de merde »... Il ajoute qu'il prend le risque de voir sa pension fortement diminuée, il menace d'entrer dans la délinquance, vol à la tire, et autres méfaits, afin de subvenir à ses besoins, plutôt que de se « crever le cul » à 70 ans, à bosser, à se lever à 5h du matin ; il dit qu'on pourra pas le foutre en taule pour ça, et qu'avant de crever il fera avaler des ronds de chapeau aux Autorités, aux Décideurs, à cette société, à ce monde qui marche sur la tête !

     

    Le deuxième c'est celui de la cabine d'ascenseur qui n'arrête pas de descendre premier sous-sol, deuxième, troisième, quatrième etc. … Avec à mesure de la descente, le mur verdâtre et sale qui devient de plus en plus lépreux, la lumière qui vacille et finit par s'éteindre, à la fin, c'est tout noir et débouche sur une galerie de fond de mine puante où règne une chaleur moite...

    Ou, en alternance dans la récurrence du rêve, la cabine d'ascenseur cette fois, qui n'arrête pas de monter, étage après étage, jusque tout en haut enfin où la porte s'ouvre sur un couloir éclairé d'une lumière de jour brumeux, aveuglante... D'un côté du couloir il y a une succession de fenêtres aux vitres maculées de chiures de mouche et de toiles d'araignée, donnant comme sur un paysage vu d'avion, un paysage gris, accidenté, de rocaille, de crêtes de montagnes évoquant des mâchoires plantées de dents gâtées et cassées ; et de l'autre côté une succession de portes de WC, toutes entrouvertes et laissant voir des urinoirs bouchés, très sales... Tous ces WC sont d'aspect louche et suscitent une peur viscérale, la crainte de voir son intimité agressée, violée...

     

    Le troisième c'est celui d'un chemin très étroit très sinueux, creusé, tracé dans la roche, qui serpente le long d'un flanc de haute montagne dont la pente est très prononcée, et ce chemin très étroit et par endroits glissant à cause de l'humidité, des pluies récentes, donne sur un ravin d'une profondeur infinie...

    Sur ce chemin il est impossible que deux personnes se rencontrant l'une devant l'autre puissent se croiser... Ainsi l'un doit pousser l'autre dans le ravin afin de continuer à avancer...Encore faut-il que ce soit celui qui réagit plus vite que l'autre en le poussant dans le ravin, qui puisse continuer à avancer...

    L'un (ou l'autre) décide de rebrousser chemin, plutôt que de se résoudre à pousser son vis à vis dans le ravin. Mais au bout de quelques kilomètres parcourus à grand peine le long de ce passage si étroit, si périlleux, voilà-t-il pas que de nouveau, cet un ou cet autre rencontre en face de lui une autre personne... Le problème, le choix, demeure le même ; soit rebrousser chemin (mais dans ce cas re-rencontre avec le premier devant lequel on a fait demi tour), soit pousser l'autre dans le ravin...