Un rapport à la mort, différent au 21 ème siècle, que celui au 18 ème

Si cette pandémie de coronavirus avait sévi dans le monde du 18 ème siècle et à plus forte raison au Moyen Age ou dans l'antiquité romaine, grecque ou égyptienne... Les sociétés humaines à ces époques auraient été moins impactées... Beaucoup moins certainement, que lors des grandes épidémies de peste ou de choléra...

Cela tient du fait du rapport à la mort, dans des sociétés où la vie était perçue par tout un chacun, partout dans le monde, dans sa précarité généralisée ; où déjà dès la naissance même et durant la première année d'existence, beaucoup d'enfants mouraient, et qu'ensuite, peu d'humains parvenaient à un âge avancé, au delà d'une quarantaine d'années... Et de surcroît, la misère, les famines, les maladies ordinaires, infectieuses et autres, la dureté de la journée de travail, les guerres, tout cela rendait la vie encore plus précaire, plus incertaine dans ses lendemains...

Le rapport à la mort dans ces époques passées, était tel, que la mort faisait en quelque sorte partie intégrante de l'existence, et que son caractère inéluctable au même titre que la pluie, le vent, le soleil, le jour, la nuit, en devenait encore plus évident, plus présent... C'est sans doute d'ailleurs la raison pour laquelle les gens, quelle que soit leur condition sociale et y compris, donc, les plus pauvres, les plus incultes, les plus démunis, les plus humbles, avaient à cœur de contribuer par leur travail, par tout ce qu'ils entreprenaient, à la survie de leurs enfants, de leurs proches, à un avenir des générations suivantes, un avenir se présentant comme un prolongement de leur vie... Il fallait donc par nécessité, se projeter dans un avenir que l'on ne verrait pas de son vivant...

Au 21 ème siècle, notre rapport à la mort n'est plus du tout le même, et cela partout dans le monde, sous toutes les cultures aussi différentes qu'elles soient les unes des autres... Cela tient du fait que, par tout ce dont on bénéficie avec le progrès technologique, le confort, la sécurité, l'accessibilité aux biens matériels, une aisance de vie relative (pour 2 à 3 milliards d'humains il faut préciser en vérité)... L'humain d'aujourd'hui est davantage préoccupé de son destin « de son vivant », que du destin des humains qui viendront après lui (c'est une tendance générale)...

Et plus on est préoccupé de son destin « dans son vivant », et plus la mort est ressentie avec de la peur, de l'angoisse, et plus elle nous paraît inacceptable, incongrue, voire « obscène »...

Imaginons le même coronavirus se répandant partout sur la Terre, de l'Asie à l'Amérique en passant par l'Europe et l'Afrique, par exemple au 18 ème siècle...

Avec un taux de mortalité -au pire- à 8 ou 9%, et en moyenne autour de 4%, c'est à dire un taux de mortalité très largement inférieur à celui de la peste, du choléra ou de la variole ; et avec le rapport à la mort qui était celui des gens vivant au 18 ème siècle, l'impact de la pandémie du coronavirus sur les sociétés humaines au 18 ème siècle, n'aurait pas été le même qu'aujourd'hui, en 2020... Pas d'arrêt total de l'économie, des activités humaines, pas de confinement tel que celui qui nous est imposé... En somme la vie aurait normalement continué, avec les aléas habituels et inéluctables, les maladies, les épidémies, les guerres, les révolutions, les calamités climatiques...

De nos jours, avec 7 milliard et demi d'humains sur Terre, quand on parle de 65 000 morts lors d'une pandémie... Avec le rapport à la mort qui est le nôtre, ça fait aussi peur, c'est aussi angoissant qu'en 1348 avec la peste noire... D'où les conséquences aussi désastreuses et durables dans la « marche du monde » pour l'économie, pour les sociétés...

 

 

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