L'écho

J'écrivais de ma voix dans un paysage aride et tourmenté

Un paysage de forteresses rocheuses et de fleurs minérales

Barré à l'horizon de flancs abrupts et ciselés

De crêtes et de lignes sombres et déchiquetées

Ce paysage était peuplé de petits renards des sables

De pauvres gens cheminant sur des pistes au tracé incertain

Et de cavaliers noirs aux visages encagoulés

Fendant à coups de sabre les rangs des pauvres gens

Lorsque les pauvres gens parvenaient à former des rangs

J'écrivais de ma voix du plus profond de mes entrailles

Ce que me disait le paysage

J'avais pour amis les petits renards des sables

Et les pauvres gens

Je n'écoutais pas ces prophètes de malheur ou de bonheur

Qui sur leurs grands chevaux

Surgissaient parmi les cavaliers noirs

Ou dans les rangs des pauvres gens

J'écrivais de ma voix j'avais du rire et des larmes

Du rire avec de l'insolence et de la lucidité tragique

Des larmes pouvant encore sécher cependant

A la clarté d'une toute petite flamme vacillante

Je savais que le paysage ne serait plus le même

Qu'il y a seulement trois lieues avant

Parce qu'un ciel désormais traversé de nuages illisibles

Mais tous plus sombres ou plus illuminés d'éclairs les uns que les autres

Pesait de toute son emprise sur le paysage

Et incitait toutes les têtes à se tourner d'un côté ou de l'autre

En un balancement aussi rapide qu'arithmique

J'écrivais de ma voix à vrai dire j'essayais d'écrire de ma voix

Ce que me disait le nouveau paysage apparu

Et j'entendais l'écho-écriture renvoyé par le flanc rocheux de la montagne proche

Cet écho encore plus amplifié et plus explicite que l'écriture voix venue de mes entrailles

Et cet écho c'était comme la voix de ...

L'écrivain dont je me sens le plus proche en ce début de troisième millénaire

un écho

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