Guyane, suite 1, récit

 

 

SECTION 9

 

Matoury, à quelque 15 km de Cayenne et du littoral, proche de l'aéroport de Rochambeau, est une commune très étendue, de différents quartiers et résidences, avec des routes et de petites voies de part et d'autre des accès principaux, menant aux propriétés et aux maisons d'habitation... Tout accès est en “cul de sac” jusqu'à un groupe de maisons, et les maisons sont toutes “assez belles et confortables” dotées de tout ce que la civilisation apporte en ce début de 21ème siècle, entourées d'espaces aménagés et entretenus... Toutes les toitures sont vastes, prolongées d'auvents ou d'avant-toits, en plaques de tôle ondulée (pas de toitures en tuiles, ici..)

Les gens installent autour de leurs maisons et sous les vastes avant-toits, de grands salons/salle à manger et de loisirs, et vivent toute la journée au dehors, protégés des fréquentes averses par ces immenses avancées de toiture...

Le lieu où je séjourne chez mon fils à Matoury se nomme allée de la crique Austerlitz (une crique, ici en Guyane, c'est une rivière ou parfois un modeste ruisseau)... Les cours d'eau sont nombreux et sinueux... Et partout, dès que l'on quitte les “jardins” et les parcs privés, le bord des routes ; règne la forêt, la jungle équatoriale dans son immense diversité d'espèces d'arbres (tous à feuilles vertes persistantes et très hauts, des “sous bois” absolument impénétrables ; toutes sortes de plantes grimpantes ou inextricablement emmêlées... Que ce soit au abords des routes ou plus en avant dans les épais fourrés, l'on peut voir de nombreux points d'eaux stagnantes ou de marécages dans lesquels poussent arbres et plantes.

Les arbres que l'on aperçoit le plus souvent ici, et sur tout le littoral Guyanais de St Georges de l'Oyapock à St Laurent du Maroni, sont les manguiers, de toutes tailles et formes, parfois aux troncs de plus d'un mètre de diamètre et assez ramifiés ou tordus, à l'écorce rude et en morceaux avec des creux sous les embranchements, aux feuilles vert foncé et allongées... Certains de ces manguiers ont des troncs plus lisses et sont de grande hauteur et élancés...

Et l'on voit aussi des “bois cathédrale”, des amandiers très gros aux larges feuilles formant un véritable et vaste “abri” contre le soleil et la pluie, puis des Angéliques au tronc gris, moussu, élancé et dont la base est constituée de volumineux contreforts plus ou moins entremêlés... Bois cathédrale et Angélique ont des feuilles plus petites mais ce sont vraiment des “géants”, et leurs troncs servent à fabriquer des pirogues...

Et n'oublions pas les innombrables palmiers tout aussi géants et d'espèces diverses, chargés de noix de coco en grappes : sous les palmiers, il y a d'impressionnants amas de noix de coco tombées en vrac, creusées pour la plupart d'entre elles ou desséchées et dures comme des ballons ovales en bois...

Dans les belles et “riches” maisons de locataires ou propriétaires aisés, entourées de parcs ou d'espaces en herbe et plantations diverses, l'on y vit apparemment “mieux” qu'en métropole, tant il y a de l'espace et parfois des dépendances tout autour, et des équipements ultramodernes... Deux à trois salles de bains par exemple, des cuisines équipées, une architecture et des ouvertures adaptées à l'environnement climatique...

... Sous la douche, je n'ai utilisé que de l'eau froide : il ne me serait pas venu à l'idée de faire couler de l'eau chaude en région équatoriale!

Par contre, les maisons des habitants à revenus très modestes sont en bois, en planches, en matériaux de récupération, recouvertes de tôles, entourées elles aussi de toutes sortes de “dépendances”, cabanons, auvents, garages... Et constituent de vastes quartiers d'urbanisation précaire, habités par des descendants d'esclaves “marrons” d'origine Africaine, ou encore par des Asiatiques... Ces gens circulent à pied, en vélo, scooter ou en “auto stop”, et aux heures d'entrée et de sortie d'école, règne une grande animation de jeunes, d'enfants et de familles car il y a beaucoup d'établissements scolaires.

... Cette disparité entre “deux mondes” est encore plus nette et plus marquée dans l'ouest de la Guyane (région proche du Surinam) de St Laurent, Awala, Mana, Iracoubo, et vers la frontière Bésilienne (St Georges de l'Oyapock)... Quoique là, cependant, les populations “privilégiées” n'y aient pas des maisons aussi “riches”... (maisons en bois d'architecture “coloniale” par exemple).

La guerre civile qui a sévi au Surinam dans les années 1980, menée par le gouvernement central (Hollandais, Indonésien et Chinois) contre les populations révoltées de descendants d'anciens esclaves Africains et de minorités exclues, a jeté de l'autre côté du Maroni, des milliers de familles fuyant les persécutions et les massacres. Tous ces gens se sont donc sédentarisés dans l'ouest de la Guyane Française et vivent dans de vastes zones d'urbanisation très précaire et les maisons sont en matériaux préfabriqués, en bois, planches, recouvertes de plaques de tôle ondulée... l'on voit dans ces villages pauvres aux rues de terre battue des magasins genre “huit à huit” ou petits bazars tenus par des Asiatiques, notamment à Jahouvey, un village proche de Mana, habité par des Hmong (une communauté Asiatique de réfugiés installés en Guyane). Là, le paysage est plutôt une savane humide de marécages boisés et d'arbres peu élevés... J'ai été surpris du nombre d'écoles dans ce pays : les enseignants sont tous venus de France et vivent là au milieu des populations depuis plusieurs années...

Les marchés sont colorés, bruyants, animés, vivants : nombreux étalages sommaires de fruits, poissons... Et produits venus de métropole. Des gens même, au bord des routes exposent ce qu'ils récoltent ou ramassent, et même des quartiers de viande boucanée ; des animaux morts, des poulets...

Les cultures sont rares et disséminées dans des zones “agricoles” de terres défrichées où les arbres ont été coupés à 2 mètres puis brûlés (culture sur abattis déjà pratiquée depuis des temps immémoriaux par les Amérindiens). Les Hmong et les Haïtiens réfugiés en Guyane pratiquent ce genre de culture et exploitent d'une manière tout à fait informelle, voire ”anarchique”, des bouts de terrain conquis sur la forêt impénétrable... Mais les Hmongs pratiquent aussi une culture plus intensive, organisée, de grande étendue et motorisée, et vendent leurs produits qu'ils transportent dans des camions sur les marchés des villes du littoral.

J'ai eu l'occasion de visiter l'un de ces “jardins équatoriaux” derrière le lotissement où demeure mon fils : que d'ingéniosité pour arriver à faire pousser des courges, des potirons, des haricots, du maïs, du riz... L'on y voit aussi dans ces “jardins” des bananiers, des orangers, des citronniers... Les plantations de courges et de haricots prennent pied sur des buttes de terre noire ou grise entourées d'herbes et de racines...

 

SECTION 10

 

Ce qui m'a le plus surpris durant mon séjour en Guyane, ce fut d'une part le contraste énorme et brutal, sans aucune transition ni séparation graduée, entre cette nature vierge, sauvage, inchangée depuis des millions d'années d'un côté et ce paysage urbanisé, “occidentalisé” du littoral autour de Cayenne essentiellement ; et d'autre part cet autre contraste très brutal qui existe entre les “privilégiés” jouissant de tout le confort dans des maisons ultramodernes ; et ces populations vivant dans la misère et le chômage, d'expédients, de petits trafics illicites, et habitant des zones dépouvues de “commodités”... Cela me rappelait certains documentaires que j'avais vus sur des villages Africains de la savane, sur des banlieues de villes Sud Américaines ou sur des campagnes de l'Inde profonde , par exemple...

J'ai même vu un bidonville,un vrai bidonville! A Cayenne même, tout proche du Rectorat!

Il ne se passe pas un quart d'heure, quand tu te promènes dans une rue à Cayenne (et ailleurs c'est pire) sans que tu ne te fasses aborder par un type qui commence à te débiter un grand “bonjour monsieur/bonjour madame” puis ensuite te demande “un petit euro”!

Les “baraques des riches” du côté de Remire Montjoly (le quartier le plus résidentiel et le plus cher de Cayenne) sont entourées de murs et de hautes grilles (comme des enceintes de pénitentiers) avec des portails à code ou des fermetures à commandes électroniques)...

... Un autre contraste, celui là assez absurde et illogique, qui m'a beaucoup surpris, c'est celui de la “fracture numérique” existant entre les régions du littoral...

Ainsi à Matoury, une zone bien urbanisée où demeurent des gens relativement aisés dotés de tout le confort dans les maisons modernes, il n'y a que du “bas débit” en Internet, pas de wifi ni d'adsl!

Par contre à Awala, à Jahouvey dans l'ouest sauvage et peu urbanisé, il y a du wifi et de l'internet haut débit. (Un copain de mon fils demeurant à Jahouvey qui vit dans un bungalow en pleine nature, utilise un ordinateur connecté à live box!)

... J'ai l'impression que la Guyane depuis 4 siècles n'a pas été mise en valeur ni aménagée comme elle aurait dû l'être par la France, qu'il y a ici de vraies richesses et ressources naturelles en “souffrance” et que ce territoire n'a surtout servi que pour faire du commerce, de l'orpaillage, du trafic d'esclaves et s'est essentiellement transformé en bagne entre 1852 et 1954!

Tout ce qui se vend et s'achète vient du marché Européen ou de la mondialisation... Et pourtant quand on observe ce que font les Asiatiques et les Haïtiens réfugiés, et les Amérindiens, l'on se dit que les moyens, les méthodes de culture et d'exploitation des ressources et produits naturels, existent bel et bien!

Sans doute dans ce siècle ci, le 21ème, les Asiatiques, industrieux, entrepreneurs, ingénieux, commerçants et agriculteurs... Dont les enfants fréquentent les établissements scolaires et poursuivront des études supérieures, domineront-ils ce pays et le mettront-ils en valeur, fût-ce à leur profit...

Cayenne est une ville de 40000 habitants (aussi importante donc, que par exemple Mont de Marsan dans les Landes ou qu'Epinal dans les Vosges)... Avec Matoury, et Remire Montjoly et les autres localités environnantes, la zone urbaine de Cayenne regroupe environ 53000 habitants.

Une “4 voies” de 4 km entre deux immenses ronds points (complètement saturés par une intense circulation automobile à 7h du matin et à 6h du soir) mène à la ville, et de part et d'autre de cette “4 voies”, l'on distingue, tout comme aux abords des grandes villes de France, des “ZIC”, des “ZAC”, des parkings géants et des “Grandes Surfaces” commerciales (les mêmes qu'en France). C'est là un “paysage” tout à fait impersonnel, sans “magie” d'une “épuisante banalité”... Qui ne fait pas plus Amérique du Sud qu'Europe!

Les stations d'essence sont ici “Texaco” et “Total”... Et l'on “se fait servir” !

L'on entre dans Cayenne par l'une ou l'autre des deux grandes rues principales qui traversent la ville et sont coupées à angle droit par les autres rues transversales... C'est “géométrique”, quadrillé, comme dans les villes d'Amérique du Nord.

Un “Mac Donald” “trône” majestueusement à proximité du rond point de la rocade...

Les maisons et immeubles n'ont que peu d'étages, sont souvent en bois, avec des colonnades et des balcons, et surtout de grandes avancées de toitures en tôle... De part et d'autre des rues, magasins de vêtements, d'artisanat local et petits commerces, puis au bout de la ville, le vieux port (très “mal famé”), le marché, la mairie, la préfecture, la bibliothèque municipale (avec internet) , la place des Amandiers (géants), le fort Cépérou, et la place des Palmistes (qui le soir et la nuit est squattée par des drogués, des trafiquants et des marginaux de toutes sortes)... Soit dit en passant, la “célèbre place des Palmistes” à Cayenne n'est pas du tout “Champs-Elyséenne”!

Seul peut-être le bar des Palmistes, à l'architecture coloniale 19ème siècle, est une “originalité” (cela fait un peu artiste, bohème et romantique... Si l'on peut dire!)

Les palmiers sont vraiment hauts, droits, et d'un fort diamètre, bien espacés sur une “pelouse équatoriale” d'un vert magnifique... A l'heure de midi, pas d'ombre et un soleil en plein centre du ciel...

Toutes ces toitures immenses en tôles ondulées grises, bleu métallique ou de couleur rouille, qui “débordent” largement au dessus des trottoirs ; ces colonnades, balcons, volets à lamelles amovibles, ces maisons en planches et ces boutiques et échoppes climatisées par d'énormes ventilateurs... Donnent une “atmosphère” équatoriale à la ville de Cayenne.

Sous le soleil écrasant et d'une puissante luminosité au milieu de la journée, les gens circulent sous des parapluies pour se protéger...

A l'entrée de Cayenne par l'une des deux voies principales, l'on peut voir des “HLM équatoriaux” aux balcons et aux murs couverts de traces d'humidité... Ce sont bien des bâtiments ressemblant à nos “HLM” de banlieues en France, mais surmontés de gigantesques toitures à deux pans en tôle ondulée...

 

SECTION 11

 

En qualité de “touriste de passage” en Guyane (je n'aime pas beaucoup ce terme de “touriste” car il évoque trop pour moi, dans ma sensibilité si je puis dire, ce “prototype” de l'Européen “nanti” super équipé d'appareils de loisirs, descendu d'un avion “grandes lignes” et séjournant dans des hôtels ou palaces)... Je pense qu'une certaine discrétion de comportement, d'habillement, de propos... S'impose, et qu'il me paraît “ostentatoire” par exemple, de se “trimballer” dans les rues ou dans des quartiers “chauds” avec un appareil photo ou un camescope en bandoulière, des bijoux ou des colliers de perles au cou ou au poignet ; un sac à main ou des chaussures de marque, un sac de voyage luxueux...

Il y a dans un tel contraste entre la richesse ou même tout simplement l'aisance des uns, et la pauvreté des autres, l'immense et générale pauvreté de tant et tant de gens... Une insolence assez choquante, et d'une grande violence dans le fait “ostentatoire” et “provoquant” de cette richesse ou de cette aisance ainsi affichée au vu et au su de tous ... Et je n'adhère pas du tout, dans mon esprit et dans ma sensibilité de “poète” et d'homme d'écriture, à cette idée si communément répandue selon laquelle “c'est normal, on ne peut rien changer, il en sera toujours ainsi...”

Beaucoup de gens, dans la pesanteur habituelle et permanente de cette “réalité incontournable et immuable coulant de source”... Se sentent tout à fait à l'aise, “bien dans leur peau”, irresponsables, anonymes, indifférents, sans complexes... Et se disent que, “ne pouvant rien changer, autant profiter et jouir soi même dans les meilleures conditions possibles de tout ce qui est bon à prendre... Et tant pis pour les autres qui sont du mauvais côté de la barrière”!

Personnellement, je ne puis me sentir tout à fait heureux, ni parfaitement serein ni sans souffrance, dans la pesanteur habituelle et permanente de cette “réalité incontournable qui coule de source et s'impose”...

N'ayant jamais de ma vie réalisé quoique ce soit de “probant” ou de “significatif” en matière d'oeuvre humanitaire, n'ayant jamais conçu de projet ni participé à quelque action d'envergure... Ma seule et modeste “contribution” si j'ose dire, est celle du penseur, du poète que je suis, et qui s'exprime par l'écriture... Peut-on dire de l'écriture qu'elle est dans une certaine mesure, une forme d'action et de combat?

Ecrire, donc... Et diffuser. C'est là tout mon “agissement”, ne pouvant “mieux faire”!

La situation d'un copain de mon fils, professeur dans un collège du district de Mana (Ouest de la Guyane près du Maroni) m'a paru, contrairement à la situation d'autres fonctionnaires, enseignants, militaires installés en Guyane... Beaucoup plus “conforme” si je puis dire, au genre de relations qui devrait à mon sens, s'établir dans ce pays...

En effet, ce camarade de mon fils, a fait semble-t-il, le choix d'une vie “retirée en pleine nature”, une vie sobre (il vit dans un bungalow à Jahouvey près de Mana et de St Laurent du Maroni), une vie très “relationnelle” avec ses élèves (des jeunes de 12 à 15 ans), une vie communicative et de partage avec les gens du pays (pour la plupart des réfugiés du Surinam, des Hmongs et des Amérindiens)...

Il fait la classe de 7h du matin à 12h 30 puis de 13h 30 à 15h (cet horaire là est “universel” en Guyane dans les écoles). Et les bureaux, les administrations, sont ouverts de 7h à 14h...

 

SECTION 12

 

Lorsque l'on se promène le long des petites routes et de quelques chemins (pour la plupart se terminant en “cul de sac”)... Avec partout autour de soi, ces fourrés impénétrables, ces arbres immenses ou ces hautes herbes ; il faut faire attention où l'on pose son pied, en particulier autour de la maison où l'on demeure...

De “petites bêtes” (crapauds, minuscules lézards noirs, mille-pattes, fourmis grises, noires assez grosses et volantes, ou rouges et de taille moyenne ; sauterelles, petits batraciens...) circulent et apparaissent sans cesse... Et je ne suis pas venu en Amérique du Sud (et sur une autre planète ce serait pareil) pour tuer même sans faire exprès, ne fût-ce qu'une fourmi!

De jolis lézards à la peau rugueuse presque transparente, de couleur jaune orangé pénètrent dans les maisons et demeurent un long moment immobiles sur les cloisons ou sur les murs...

D'autres variétés de lézards surgissent dans les herbes et aux abords des maisons : de gros lézards verts, et sur les murs en pierres disjointes trônent parfois des iguanes (au soleil)...

Dans les “jardins” (uniquement de plantes et d'arbres) de Cayenne l'on voit voler à toute vitesse de nombreux bleuets (ou tangaras) qui sont comme de “jolis et élégants moineaux bleus”se posant et frétillant sur les branches, et d'autres passereaux tels que le Tyran quiquivi, le cacique cul-jaune, le quiscale merle... Sans oublier les colibris!

J'ai vu également voler autour d'amandiers aux troncs creusés de cavités, des sortes de “guêpes-sauterelles” (mais qui ne piquent pas)... Mais pour ce qui est des insectes en général, bien que la vie entomologique soit d'une grande richesse et diversité, dès que l'on pénètre sous le couvert forestier, on a l'impression de ne voir que des diptères (mouches, moustiques, taons) et des hyménoptères (guêpes et fourmis)...

L'hyménoptère le plus féroce est une grosse guêpe noire, de dimension équivalente à celle de l'index de la main ; prédatrice de la mygale. Cette guêpe pénètre dans le terrier de la mygale, engage avec cette dernière un combat dont l'issue est en général favorable à la guêpe qui pique la mygale et la paralyse, puis pond un oeuf sur son abdomen. La larve se développe à l'intérieur de la mygale, qui finit par mourir... Et oui, la nature c'est aussi cela! Mais ce ne sera jamais pire que dans le monde des humains!

Deux papillons en particulier sont faciles à observer : le Morpho aux grandes ailes bleues, et le “bleu barré” avec du noir et du bleu sur la face dorsale...

Le soir et au début de la nuit, dans la moiteur et dans la chaleur ambiantes, non loin des habitations entourées de marécages, de taillis, de bois et de fourrés, sous un ciel en partie étoilé (et différent de celui de l'Europe ou de l'Amérique du Nord) l'on entend toutes sortes de bruits : coassements graves et sonores des crapauds buffles, ou plus “discrets” de grenouilles ; et des caquètements, des stridulations, des bruits de crécelle, “à n'en plus finir”... Mais sous les averses torrentielles et brutales, l'on n'entend plus ces bruits là...

Il est assez difficile d'apercevoir de petits mammifères, rats, rongeurs, tapirs, agoutis (espèce de petit cochon à tête de rat), pécaris, paresseux (petits singes)... Parce que la plupart des animaux sauvages ne séjournent pas là où demeure l'être humain... Le seul endroit où l'on peut voir courir dans les bois et sous les palmiers des agoutis “en pagaille”, c'est sur les îles du Salut...

Une autre attraction (mais très réglementée et sujette à de nombreuses restrictions d'approche) est celle de l'arrivée des tortues luth, des tortues vertes et des tortues olivâtres venues pondre en deux lieux bien précis de la côte Guyanaise : sur la plage d'Awala près de l'embouchure du Maroni et sur la plage de Montjoly à Cayenne, entre avril et juillet à marée haute... Mais je n'ai pas réussi à voir ces tortues... Seulement aperçu dans le sable de la plage de Cayenne Montjoly, leurs traces et les emplacements où elles ont pondu chacune environ une centaine d'oeufs : des tas de sable entourés de “rigoles” creusées avec leurs pattes en forme de nageoire. La dimension des traces laisse supposer que ces tortues sont vraiment énormes. Les oeufs sont enfouis à un mètre de profondeur et mettront deux mois pour éclore...

A trois reprises selon les informations recueillies auprès de gens demeurant près du site de ponte, je suis venu aux heures propices, c'est à dire le soir après le coucher du soleil et la marée haute, mais aucune tortue en vue! Et la dernière fois j'ai vu un grand trou creusé par des chiens errants, et des coquilles éclatées d'oeufs vidés de leur contenu par les chiens...

Quand on pense qu'il n'y a le long de la côte Atlantique d'Amérique, que deux sites de ponte des tortues luth, l'un à Awala près de l'estuaire du Maroni et l'autre à Cayenne Montjoly, et que la tortue luth est en voie de disparition... L'on se dit que c'est absurde de laisser ces deux seuls sites sans aucune surveillance à l'époque de la ponte!

 

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