Articles et chroniques

 

     L'ETRE HUMAIN "PAS TOUT A FAIT COMME LES AUTRES"

            La meilleure chose qu’il puisse arriver à un être humain « pas tout à fait comme les autres » (dans le « bon » sens) c’est de n’être vraiment découvert (et reconnu) que très longtemps après sa disparition…

Rares sont ou ont été, les êtres humains qui, de leur vivant même, connurent succès et notoriété, puis, après leur mort, sont ou seront tout aussi « célèbres ».

L’on peut par exemple, de tels êtres, en citer trois parmi les plus universellement connus : Léonard de Vinci, Victor Hugo et Einstein.

Des millions d’écoliers sur cette planète, et des moins « doués » d’entre eux, peuvent en effet citer Léonard de Vinci, Victor Hugo et Einstein… Quoi que j’émette quelque doute sur tel ou tel garçon de 15 ans d’une bourgade du Middle Ouest Américain, complètement illettré, ne sachant pas que la Terre est ronde, assis sur le rebord d’une plate forme surmontée d’une citerne sur ses quatre barres, passant des heures avec à ses pieds une caisse de bières, fumant des joints ou des cigarettes, confondant le croupion d’une femme avec une orange pourrie fendue, et n’ayant comme on dit qu’une « bite à la place du cerveau »… Mais même en un tel cas aussi extrême, ce garçon là, s’il se trouvait un jour en face d’un être humain « pas tout à fait comme les autres », qui sache lui parler et éveiller en lui quelque chose pouvant transformer radicalement sa vie, peut-être ce garçon là deviendrait-il un jour lui aussi, un être « pas tout à fait comme les autres »…

Aussi importants et durables que soient l’inculture, l’ignorance et le conditionnement environnemental d’un être en particulier ; aussi grands soient le succès et la notoriété, le savoir et l’intelligence d’un autre être de cette planète ; aucun destin n’est à l’avance scellé ou prédéterminé pour l’éternité.

Mais c’est bien la durée, au travers d’un grand nombre de générations, la durée d’un succès ou d’une notoriété, et le souvenir qu’il demeure d’un être « pas tout à fait comme les autres », qui fait la différence… Et cela d’autant plus que, du vivant de cet être, et du vivant des 2 ou 3 générations qui suivent sa disparition, il ne « s’est rien passé » de déterminant qui ait pu faire de cet être un être « pas tout à fait comme les autres »…

Il n’est plus piètre succès, plus illusoire notoriété, que le succès ou la notoriété n’ayant existé que du temps de la durée d’une vie humaine.

Et il serait désespérant, absurde même, pour les mortels que nous sommes tous, y compris pour les plus incroyants d’entre nous, de penser que la vie n’existe que de notre vivant.

Je veux qu’en l’an 3000, en l’an 10000… Ou dans un million d’années, il y ait encore des êtres humains sur la Terre. Ces êtres seront ce qu’ils seront, dans la civilisation qui sera la leur à ce moment là, mais je veux qu’ils existent, qu’ils aillent dans les étoiles s’ils le peuvent, et que d’une manière ou d’une autre, il y ait aussi un lien entre leur vie à eux et la vie de toutes les générations d’êtres qui les auront précédés… Si différents puissent-ils être…

 

LA PESTE

            Dans les pays Européens, « bien aux normes » économiques et sociales… Et sécuritaires (plus pour l’intérêt des nations et des groupes financiers que pour les citoyens cependant)… Dès qu’apparaît un foyer de fièvre aphteuse ou de grippe aviaire, en quelque village isolé, sont prises par les Autorités, des « mesures radicales » : cela commence par un « périmètre défini » plus ou moins vaste selon le nombre de cas recensés, puis l’on procède à un « abattage en règle » d’un grand nombre d’animaux, voire de milliers de bêtes…

C’est ainsi que nous vîmes brûler à « ciel ouvert », dans des fossés ou des tranchées longs de cent mètres, des troupeaux entiers de vaches, lors de l’épizootie de fièvre aphteuse en mai 2001…

De l’épidémie de peste noire qui ravagea l’Europe entière en 1348, l’on dit qu’un être humain sur trois en moyenne périt. Mais il y eut d’importantes variations de mortalité selon les régions ou les pays… Ce qui déséquilibra bien sûr, toute l’économie locale, régionale ou internationale, à l’époque.

Imaginons qu’en ce temps là, les Autorités (qui rendaient responsables les juifs, les mendiants et les vagabonds, de la propagation du fléau, et qui éliminaient donc tous ces « indésirables ») aient en outre procédé à une épuration organisée à grande échelle, afin de « protéger » une partie des citoyens (pas n’importe lesquels évidemment)…

Sur les vingt ou trente millions d’Européens à l’époque, entre 1348 et 1351, sans doute plus d’un être humain sur trois aurait péri, que ce soit par la peste elle-même…Ou par l’épuration organisée…

Il faut croire que le monde d’alors, celui de 1348, devait être en dépit de sa brutalité, de sa violence, de ses injustices, de la misère de ses peuples, de son absence de « Droits de l’Homme », et de son énorme disparité entre d’une part une minorité de riches et de puissants, et d’autre part une immense majorité de pauvres… Bien plus « sage » (si l’on peut dire) que notre monde actuel. Puisque les Autorités de l’époque n’eurent finalement d’autre solution naturelle (et logique) que de laisser « filer » le fléau jusqu’à ce qu’il s’éteigne de lui-même… Les juifs, les mendiants et les vagabonds, alors, ne furent que des « boucs émissaires » : il fallait bien, pour « calmer les esprits », et soit disant « rétablir un certain ordre », sans doute aussi pour assouvir quelques vengeances, inciter les « bons citoyens » à une forme de violence ciblée sur des « indésirables »…

Tout fléau (ou ce qui lui ressemble, ou l’on fait ressembler à un fléau) a des conséquences malheureuses certes… Et le fossé, ou la tranchée de cent mètres de long où l’on brûle tout le troupeau… Pour éviter une « contamination générale », est une « solution » qui semble de nos jours s’imposer.

Dans l’Antiquité, au temps des Sultans et des Grands Vizirs des empires du Moyen Orient, l’on coupait bien la main droite aux voleurs… Le « voleur » devenait-il honnête pour autant ? Ou meilleur, d’esprit et de cœur ? Etait-il « convaincu » ? Non, il était tout simplement, pour toute sa vie durant, un infirme…

Selon l’éloignement du lieu du « sacrifice », selon la hauteur de la fumée noire dans le ciel, selon l’activité des villageois, s’ils sont aux champs environnants ou s’ils sont partis au travail dans des localités non voisines de leur village ; des villages et leurs habitants ont vu et senti (le brasier et l’odeur de la crémation)… Et des villages et leurs habitants n’ont… Pas vu !

Et parmi ceux qui n’ont « pas vu », il en sera qui sauront, inévitablement… Alors, l’on dira « Ils ont encore employé les grands moyens »…

Tout fléau dans son développement naturel, toute crise grave entre humains, entre civilisations, est comme une tempête tropicale… Ou un cycle d’intempéries sévissant sur un pays ou un continent… Ou un feu qui brûle. Cela ne dure que le temps d’une évolution, et l’évolution ne se fait que dans un seul sens possible : du commencement jusqu’à la fin…

« Forcer » la fin, en somme, c’est comme piétiner de toutes ses forces des braises qui, inévitablement, même après l’arrosage, rougiront de nouveau… Parce que l’incandescence, même invisible, est encore telle, que rien ne peut l’arrêter vraiment…

 En ce qui concerne un autre « fléau », dirais-je, celui d’une liberté d’expression « muselée », ou « organisée » ou « canalisée », il a toujours été dans l’Histoire, depuis les premières civilisations, et cela quel que soit le « régime » (démocratie, république, empire, monarchie, dictature…) ,question de liberté d’expression, de liberté d’entreprise, de liberté de mœurs, dans la mesure où une Autorité, un Pouvoir, un système économique, bien solidement et durablement assis sur des fondations inébranlables, ont cherché par tous les moyens, à étouffer cette liberté… Nos « démocraties » modernes, mais aussi les autres régimes dits « autoritaires » ou très orientés dans un sens bien défini, ont mis au point une méthode sans doute encore plus efficace que celle qui consistait dans le passé à enfermer les gens, à édicter des règlements draconiens, à éliminer physiquement les « indésirables » (quoiqu’on le fasse encore de nos jours, tout cela)…

Cette méthode consiste, par la radio, la télévision, la presse, l’Internet, les magazines, les modes, la consommation, l’endettement… Et toute forme de « culture » ou de « pensée unique », ou de formes de loisirs… à donner au « brave et honnête citoyen lambda », l’illusion de la liberté d’expression… Il n’y a qu’à lire, par exemple, sur je ne sais combien de forums du Web, dans les courriers de lecteurs des journaux, ou qu’à écouter tous ces gens qui s’expriment dans des émissions de radio sur tant et tant de sujets d’actualité… Tout ce qui se dit et s’écrit, en milliers et milliers de messages ; pour comprendre à quel point les Autorités, les Décideurs économiques et financiers ont « beau jeu » de laisser « ruisseler » tout cela en « toute liberté »… Et pendant que tout cela « ruisselle », c’est la liberté d’expression qui perd son sens, se détourne à l’insu de tout le monde, de sa vocation première… (qui consistait à essayer de faire s’écrouler l’édifice pour ensuite le reconstruire sur de nouvelles bases)…

De surcroît, cette méthode si judicieusement mise au point par une minorité possédante et décideuse, de financiers et de grands acteurs de l’économie mondiale, avec l’aide des gouvernants, s’est dotée de moyens technologiques extrêmement élaborés et sophistiqués, par la manipulation de l’image, du document, du reportage et de la manière de présenter l’image, le document, le reportage…

Alors, la « liberté d’expression », dans tout cela, eh bien bonjour ! Et ça, c’est peut-être pire que la peste, la fièvre aphteuse ou la grippe aviaire…

 

MONUMENTS ET LEGENDES...

            Vous, mes amis Belges d’Alexandrie, vous avez deux « grands monuments » : Georges Simenon né à Liège en 1903, Jacques Brel né à Bruxelles en 1929.

Et vous mes amis Français d’Alexandrie, vous avez Victor Hugo et Coluche… Et, dans une certaine mesure… Nicolas Sarkozy…

L’on peut aussi bien sûr, en citer d’autres, et pas des moindres… de ces « monuments », de France, de Belgique et d’ailleurs… La disparition (physique) de ces gens là est un évènement somme toute, très « banal », dans l’immensité de leur existence, une existence qui n’a, en fait, pas de limite dans le temps…

Mais ce qui fait la différence je crois, c’est la légende…

Et la légende c’est la dimension, la profondeur, l’atmosphère, la portée et le retentissement de l’œuvre, que cette œuvre soit purement littéraire ou d’une vie ; sinon littéraire ET d’une vie…

…Pour Nicolas Sarkozy cependant, le futur nous a déjà dit que c’est du « raté »…

 

Autoportrait en huit ans et une page...

     Deux mille Huns : « C’est l’invasion des mots hirsutes et armés dans les colonnes des Courriers de la Presse »…

Deux mille d’eux : « C’est Tayguète et Eridan héros des Guignols Gris »…

Deux mille crois : « Tu vas y arriver »…

Deux mille quête : « Tu catapultes les casquettes mais point ne viennent les piécettes »…

Deux mille seins : « Y’a de la féminité dans l’air et ton âme s’en régale »…

Deux mille suce : « C’est si bon que tu te pâmes et te mouilles »…

Deux mille sèches : « Même avec la trame de la moquette tu te fais des joints »…

Deux mille cuites : « Peut-être… Si tu gagnes le yoyo »…

Deux mil’ pour finir : « Le cosmonaute dans sa chrysalide »… 

                        [Autoportrait, par Hememene, le pourfendeur sosie mauvais génie de Yugcib]

Ecrire… 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

             Ecrire est peut-être plus fort… Que l’acte d’amour. Et pourtant, pourtant… Comme il est fort, l’acte d’amour !

Ecrire n’implique-t-il pas que l’on soit amoureux de la langue de son pays, la langue que l’on parle, en l’occurrence le Français pour un citoyen du monde de langue Française ?

Et quand on est amoureux, ne devient-on pas fort dans les fleurs que l’on offre ?

Ne se fait-on pas, aussi, un atelier doté des meilleurs outils ?

Et ne se hasarde-t-on pas à quelque alchimie secrète dont le destin est de s’extravertir ; à quelque pirouette d’écolier parce qu’on est amoureux fou  de la maîtresse, et cela au risque qu’il n’y ait ce sourire ou ce regard, en réponse, dont on a tant rêvé ?

Ecrire c’est « forcer le passage »… En faisant en sorte que le « passage » s’ouvre de lui-même…

NOTE AU SUJET DE MON ARTICLE "ECRIRE"

      Après réflexion je m’excuse presque auprès de mes lecteurs (et lectrices) d’avoir présenté dans mon billet « Ecrire », une vision aussi personnelle de « l’acte d’écrire »…

…Bien que certain(e)s d’entre vous je n’en doute point, me rejoignent dans ce que j’exprime ainsi. J’ai parfaitement conscience de la diversité avec laquelle l’on peut s’exprimer sur « l’acte d’écrire ». Mon propos n’engage que moi.

     Chacun, chacune d’entre vous tous, est un être unique, ne pouvant à mon sens être reconnu et aimé si possible, que tel qu’il est lui ou elle en particulier.

Et non pas comme l’être que l’on imaginerait ou décrypterait en fonction de repères, d’émotions ou de valeurs personnelles…

Que les « atomes » soient « crochus » ou non, ne confondons jamais l’amour avec « l’ennemour ».

« Tu me plais/je te plais », c’est peut-être seulement de « l’ennemour ». Et c’est vrai que « l’ennemour » ressemble bien souvent à s’y méprendre, à l’amour.

L’amour est peut-être plus un regard qu’une inclination du cœur… Ou même de l’esprit. Quoi qu’il y ait, effectivement, du cœur et de l’esprit, dans l’amour…

Cette « alchimie secrète », qui serait d’une autre école que celle dont on sort avec les diplômes requis, et par laquelle la personne qui écrit, produirait ou tenterait de produire une œuvre ; n’a peut-être pas pour destin, de s’extravertir… Et s’il y a « pirouette d’écolier », c’est peut-être aussi dans un cahier que la maîtresse ne voit jamais.

Et en ce sens, il n’y aurait « nul passage à forcer »… 

            Il m’est arrivé en des lieux de recueillement ou de souvenir, de parcourir des pages de « livre d’or »… J’y ai lu des mots très simples mais d’une grande beauté. Sans nom et sans signature. Et, parce que ces écrits là ne « postulent » jamais, l’on est sûr de leur sincérité…

La mère, la femme… 

     Une femme que j’aimais beaucoup, du temps de ma jeunesse, avait dit un jour : « un homme qui perd sa mère et sa femme est un homme perdu »…

Cette femme se prénommait Gisèle, était l’épouse d’Albert, le frère de Roger, lequel Roger était le compagnon de ma mère de 1962 à 1984, année de la disparition de ma mère…

Gisèle vivait alors à Nice dans un quartier HLM et exerçait la profession de femme de ménage au service de la municipalité. Elle s’occupait aussi de la cantine et de l’entretien des locaux de l’école du quartier.

Elle n’avait pas beaucoup de « culture », Gisèle… Et faisait un nombre incalculable de fautes d’orthographe dans la moindre lettre qu’elle devait écrire. Aussi ma mère lui rédigeait-elle à l’occasion, ses courriers. De surcroît Gisèle alors âgée d’une cinquantaine d’années, n’était pas « un monument de beauté ». Très grosse, bouffie, le visage rouge criblé de boutons… Mais elle avait « un cœur d’or » !

Gisèle et son mari Albert, tous deux originaires d’Algérie (ainsi que Roger d’ailleurs), nous avaient invités, ma mère, Roger et moi ; et nous séjournâmes donc à Nice durant quelques jours.

Je ne vous dis pas le nombre de cigarettes que Gisèle fumait du matin jusqu’au soir. Mais elle était « assez folklorique » et avait toujours le mot pour rire. 

            « Un homme qui perd sa mère et sa femme est un homme perdu »…

Combien de fois dans ma vie ai-je médité sur cette réflexion faite par Gisèle !

…Pour avoir d’ailleurs à l’âge de 36 ans en 1984, perdu ma mère… (Mais j’avais encore ma femme) je me suis senti « borgne »… mais pas « aveugle » cependant.

Je pense que pour un homme, du moins pour un certain nombre d’entre eux ; la mère et la femme sont les deux plus importantes personnes de sa vie.

La mère est tout de même la première femme qu’un homme rencontre dans sa vie en venant au monde… A dire vrai, il ne la « rencontre » pas, puisqu’il est déjà en elle avant de découvrir son visage au sortir d’elle…

Pour la femme c’est un peu différent…

Il faut déjà la rencontrer, cette femme ! Et, au-delà de l’attirance naturelle que l’homme peut avoir pour elle, il faut ensuite qu’il l’aime et que, l’aimant, il envisage de passer sa vie avec elle ; puis encore, de ne pas souhaiter la quitter pour vivre avec une autre femme… ou tout seul.

La femme c’est celle que l’on aime et avec laquelle on reste jusqu’à la fin de sa vie… Même si d’aventure, l’on en peut « aimer » d’autres.

Albert avait perdu sa mère à Berrouaghia, en Algérie. Il perdit sa femme et lui survécut deux ans… Il fut effectivement un homme perdu…

Le monde est différent, sans la mère et sans la femme. Je ne dis pas qu’il est plus dur. Il est déjà dur, du temps de la mère et de la femme.

Mais je dirais que le monde alors, devient comme un pays d’exil… Un monde où l’on peut encore boire, chanter, rire, baiser, gagner de l’argent, avoir des tas d’amis ; mais un monde d’exil…Sans la présence de ces deux visages, celui de la mère et celui de la femme.

J’imagine, en tant qu’homme et n’étant jamais qu’un homme, que, pour une femme, les deux personnes les plus importantes de sa vie sont le père et «son homme à elle »… Quoique la mère soit tout aussi importante…

 Le fils, la fille, l’enfant… 

 

 

 

 

 

 

            La relation entre le père ou la mère, et l’enfant, le fils ou la fille… Ne peut être comparée avec la relation fille/père, fils/mère ou homme/femme…

Ainsi l’enfant, le fils, la fille, c’est tout à fait différent, encore, que pour un homme les « deux plus importantes personnes de sa vie » (la mère et la femme) ou pour une femme son père et son homme…

L’on ne peut absolument pas comparer… « Un homme qui a perdu sa mère et sa femme » ou « une femme qui a perdu son père et son homme »,  entre dans un monde d’exil… Et « un homme ou une femme qui a perdu un enfant, un fils, une fille » est comme un être dont on a coupé une jambe, un bras ou quelque chose d’essentiel en lui : il ou elle est un être « amputé »…

Ce qui me lie à mon fils, c’est le lien du sang, le lien « générationnel ». Et par ce lien j’ai la conscience du prolongement de mon existence, même si ce prolongement de mon existence par l’existence de mon fils s’accomplit dans une sensibilité et avec des repères différents…

Pour l’instant je suis « borgne » ou « à demi exilé », et pas amputé…

Il peut y avoir une ressemblance entre vivre dans un monde d’exil, et vivre amputé… Si dans l’exil on se sent « coupé » de ce qui fut, avant l’exil… Et si amputé, l’on est séparé de ce qui nous était essentiel, avant l’amputation…

Rien qu’une ressemblance…

PHOTOS, IMAGES, DOCUMENTS ET ECRITS SUR LES BLOGS ET SITES

            De très nombreux auteurs de blogues et de sites publient des photographies qui, à mon avis, sont bien plus à leur place dans un album que l’on regarde en famille ou entre amis ; plutôt qu’ainsi exposées à la vue de tous sur la Toile.

Est-il vraiment nécessaire (et souhaitable) dans un monde aussi dangereux, ouvert à toutes les curiosités, à toutes sortes de motivations, à toutes les utilisations possibles de documents personnels, voire intimes… De se découvrir ? De s’exposer comme dans une vitrine, de diffuser des images certes très belles et parfois même originales mais si personnelles ?

Ou encore de produire des photographies de personnes très proches ?

Qu’un auteur, un écrivain, un artiste reconnu dans le monde ; qu’une personne connue de longue date dans l’environnement relationnel qui est le sien ; puisse produire dans un livre, sur un blogue ou sur un site, des documents le concernant, des photographies par exemple ; cela je le conçois et le juge même parfois nécessaire. Mais seulement dans la mesure où ces documents entrent dans ce que l’on peut définir comme une œuvre littéraire ou artistique pouvant survivre à son auteur… Et encore ! Faut-il établir une différence entre ce qui est du domaine de l’intimité, et ce qui ne l’est pas…

L’intime, à mon sens, ne peut être directement révélé et encore moins exposé. [Cela dit, que penser d’André Gide et de son « Si le grain ne meurt » ?... Par exemple]

L’intime, par contre, peut être « transposé » dans un récit ou apparaître dans une œuvre, et cela par des personnages inventés ou créés de toutes pièces, en des situations imaginaires… Ou ayant eu lieu mais « arrangées »…

L’intime, directement produit sur la scène du monde, même embelli et « atmosphérisé » ; ou divulgué avec la plus grande sincérité selon l’idée affichée que « l’on n’a rien à cacher »… serait presque une forme d’exhibitionnisme en laquelle « Moi Je » est le personnage central… Et dominant de tout son ressenti, de toutes ses émotions, de tout son « Ego »…

Ce qui n’est pas du domaine de l’intimité, qui appartient au monde, à notre environnement ; peut cependant y entrer puisqu’il existe un lien entre l’intime et ce qui est extérieur à l’intime.

Et dans l’existence même de ce lien, dans sa durée, dans sa destinée, par la portée qu’il a et par son retentissement ; l’intime relié à ce qui l’entoure mais sans l’éclaboussure que peut produire sa nudité ; peut, oui, être exposé, révélé, diffusé…

L’on peut aller, oui, jusqu’à cette nudité même, de l’intime… Mais pour cela, il nous faut éduquer notre regard, et apprendre à percevoir le regard de l’Autre…

            Ayant à ce jour consulté un certain nombre de blogues, et cela en plusieurs univers de la Toile, je constate que, dans le sens de ce que je viens d’exprimer, les photos ou les documents diffusés dans ces blogues, ne sont pas toujours dans l’esprit d’un projet littéraire ou artistique… Et qu’il y a parfois confusion possible avec un simple journal intime tel qu’on en peut voir, et par milliers sur la Toile…

Il faut bien « remettre les pendules à l’heure » et différencier ce qui est purement une conversation écrite au jour le jour entre copains, ou un journal intime d’une part ; et un projet littéraire ou artistique d’autre part…

Un blogue peut être l’un ou l’autre… Ou même les deux, pourquoi pas ?

Et l’on ne peut, non plus, prétendre qu’un projet littéraire ou artistique, même s’il est d’un contenu tout autre que celui d’un simple journal ; doit nécessairement être considéré comme une œuvre…

Ce sont là, tout simplement, deux réalisations différentes qui peuvent cependant être reliées entre elles.

            Se découvrir, surtout sur un blogue ou sur un site, que tant de personnes étrangères à notre environnement visitent ; c’est assurément prendre quelques risques, susciter des convoitises, s’exposer et se fragiliser dans la mesure où ce que l’on divulgue, ce que l’on montre en images, peut être exploité dans un sens défavorable pour nous.

Mais se découvrir, c’est aussi par le choix que l’on fait de diffuser des photos ou des images, des écrits ; exporter « quelque chose de soi » qui est peut-être attendu, espéré, rêvé… Par l’autre, par les autres…

 

FATALITE

            « Le monde est le monde »… La mort est la mort… Mais cela n’est peut-être pas une fatalité.

La fatalité n’existe que dans le sens où l’on pense, où l’on vit, où l’on subit et où l’on n’espère que ce qui nous semble espérable, sachant que dans l’inespérable il y a fatalement l’impossibilité qu’un évènement dont on rêve puisse se produire…

Dans ce que nous ne savons pas encore, réside l’inconnu.

Par ce que nous croyons savoir, nous avons donné une forme à l’inconnu : alors la fatalité est devenue dans l’inconnu auquel nous avons donné une forme, comme un mur transparent et traversable…

Et dans l’inconnu où nous ne savons rien encore, peut-on penser qu’il n’y a plus aucun mur, même transparent et traversable ?

 

NORMALITE, TU ME BASSINES

Comment ressentez vous le fait de recevoir une lettre émanant de votre centre de contrôle automobile, vous invitant à faire vérifier l’état de votre véhicule avant telle date ?

Ou encore, une autre lettre, émanant celle là, de votre centre de sécurité sociale, vous demandant de remplir un formulaire « assommant » ?

A la réception de ce genre de lettre, c’est là que l’on réalise à quel point « le temps passe vite »… Parce que l’évènement par lui-même (et ce qu’il implique pour nous de faire par obligation) est, dirais-je, d’un pragmatisme sans magie, sans une once de rêve dans son aspect, routinier, tracassier…

Nombre de nos braves concitoyens cependant, réagissent en face de ce genre d’évènement comme les élèves d’une classe dans une école de la normalité, du « sens du monde », du bien fondé des lois et des usages (et de toutes sortes d’obligations, de contraintes)… Où la vertu première est la résignation, l’obéissance (et cela bien entendu « sans se poser de questions », sans faire la moindre « philosophie »… De surcroît, la peur de la punition gèle toute velléité, toute initiative personnelle visant à remettre en cause le sacro saint « principe »…

Assurément il y a dans cette école, des premiers de la classe, des « fayots » à dire cru et vrai !

J’ai parfois envie de bien m’en moquer, de ces premiers, de leur faire un pied de nez, et même, pipi dans leur cartable !

J’aurais donc tendance à « cancréïser », à ne point rendre ma copie, au risque d’être puni, de devoir écrire cent fois « Je ne bavarde pas en classe »…

Dieu merci, mes très chers parents ne m’ont pas aiguillé » vers les leçons de catéchisme qui, en ce temps là, étaient dispensées le jeudi matin.

Et que dire de ces rédactions « bêtes comme chou », genre « racontez vos dernières étrennes », que l’on nous imposait à longueur d’année scolaire !

Cette école de la normalité qui, dans les années 50 du siècle dernier, nous formatait « travail, devoir, égalité, fraternité » faisait encore de nous, bons ou mauvais élèves, des hommes et des femmes…

J’ai bien peur que l’école de la normalité des années 10 du siècle présent, qui nous formate désormais « travail/training/jeu de rôle/forcing/exécuting/boulot/télé/dodo/tais toi et prends les sous qu’on te donne/paye et si ça va pas, fais le 08 892 tatata »… fasse de nous des « humanuscules ».

Je descendrais bien dans la rue, j’adhèrerais bien à des associations de résistance, je signerais bien des pétitions… Mais je préfère l’écriture et je rejoins de tout cœur les poètes, les chanteurs, les musiciens, les artistes de tout Art, qui ont choisi d’être les « mauvais élèves » de la normalité…

            Le contrôle de l’état des véhicules ? Ce n’est pas que je sois résolument contre… Mais il y a peut-être dans les normes dites sécuritaires, des points « à discussion »…

En voici un :

La fermeture/ouverture automatique par commande électronique, de la vitre côté conducteur ou côté passager. Les véhicules neufs aujourd’hui, ne sont plus équipés de poignées (à l’avant) aux portières afin de fermer ou d’ouvrir manuellement la vitre. Si le système électronique a une défaillance et que l’une de ces vitres, celle du côté du conducteur par exemple, est perpétuellement fermée, il n’y a plus alors qu’à ouvrir la portière pour payer son essence avec la carte bancaire, ou régler le péage de l’autoroute… Ou tendre son permis et sa carte grise au policier qui vous contrôle. Peu pratique certes ! Il vaudrait mieux se rendre chez son garagiste et faire effectuer la réparation. Mais le garagiste lui, vous répondra qu’il faut revoir tout le système électronique, immobilisera votre voiture durant une semaine… Et bonjour la facture !

Alors, non au point de contrôle « capital » pour la fermeture automatique de la vitre !

Cela fait un  an que je roule avec ma portière avant côté conducteur fermée, et je ne m’en porte pas plus mal !

A travers cet exemple je démontre à quel point la normalité nous impose ses fonctions automatisées sur lesquelles les êtres que nous sommes ne peuvent plus intervenir librement.

J’abomine cette normalité, et si je dois la subir je ne lui dis jamais « merci » et encore moins « amen » ! Cette normalité, je lui suis infidèle, peu amène, irrévérencieux et si je puis m’y soustraire, j’en suis fort aise !

 

TOUT A UN PRIX

Dans le système économique marchand et clientéliste qui est celui que nous connaissons aujourd’hui, le prix d’un produit ou d’un service n’est autre que celui de la valeur en argent que représente la transaction réalisée entre la personne (ou le groupe de personnes) qui achète ; et la personne (ou le groupe de personnes) qui vend… Quand ce n’est pas – ce qui semble le plus important de nos jours – la valeur que ce produit ou ce service représentera dans un avenir proche ou dans un projet de société dominé essentiellement par de nouveaux besoins, de nouvelles aspirations plus individualistes que collectives.

Pour les uns, ceux qui achètent ; le prix à payer représente la dépense en argent à envisager tout d’abord, puis à effectuer ensuite, selon l’importance de son budget, afin d’acquérir ce produit ou bénéficier de ce service.

Pour les autres, ceux qui vendent ; le prix déterminé représente le plus grand profit possible à réaliser.

Dans ce contexte de dépense pour les uns et de profit pour les autres, le prix a perdu son sens originel, naturel…Et véritable, puisqu’il n’était autre que celui que représentait concrètement, par la monnaie, moyen d’échange fluide et universel ; le travail accompli pour fabriquer ce produit ou procurer ce service.

Or en ce sens là, le sens naturel et originel, tout a un prix !

Ce prix est déjà au départ, celui de l’existence même de la matière première ou des éléments constitutifs de base de ce qui va devenir un produit fini. Ensuite vient le travail, la « facture » (au sens de façon), la conception de la forme puis l’étude de l’adaptabilité en vue de l’utilisation pratique.

Dans le prix d’un service, la matière première est l’intelligence qu’il y a, à concevoir en son esprit, l’existence de ce service… Ensuite, tout comme pour le produit, vient le travail de réalisation pour l’adaptation et l’utilisation.

Notons que l’on retrouve autant dans la fabrication d’un produit que dans la conception d’un service, l’intelligence… Et j’irais même plus loin, du fait de cette intelligence : le prix a une âme !

L’on pourrait selon un vœu maintes fois exprimé par certains d’entre nous (on peut rêver)… Supprimer l’argent. Mais cela ne changerait rien au prix des choses et des services, le seul et vrai prix, celui qui a toujours existé, et que l’on nous a forcé à oublier pour nous convaincre que « gagner encore plus », réaliser des profits, satisfaire notre « ego », c’était mieux.  

 

ENTRE EVENEMENT CULTUREL ET EFFET DE MODE

Le succès et l’engouement auprès d’un large public, la reconnaissance médiatisée d’artistes, de chanteurs ou d’écrivains ; et qui parfois traversent plusieurs générations ou tout au moins une époque, sont bien plus un phénomène de mode qu’un véritable évènement culturel, dans la mesure où cet effet de mode imprime et impose sa trace sur la portée de l’évènement culturel par lui-même s’il en est…

C’est l’effet mode, par l’engouement qu’il suscite, par le ralliement du plus grand nombre, qui fait la « pensée unique », l’espérance unique… Et je dirais même la « foi unique »… Autour du succès de l’artiste, du chanteur ou de l’écrivain.

L’évènement culturel par lui-même s’il en est ; s’il n’est pas porté par le succès, ni soutenu par les médias, s’il ne s’inscrit pas dans un courant de mode ou de tendance, et cela quelle que soit sa portée ou son destin, apparaîtra toujours dans sa naissance, puis dans son développement et dans le temps de sa poussée, comme un personnage « orgasmique », étrange, souvent dérangeant et contesté… Un personnage reconnu par les uns mais exclu par les autres.

C’est cette disparité entre des sensibilités culturelles, émotionnelles et personnelles, souvent irréconciliables et ennemies, qui constitue à mon sens le « fait marquant », de l’évènement et de son auteur.

Lorsque la plupart des contemporains de l’évènement et de son auteur se rallient à cet évènement et à l’auteur de l’évènement, par un phénomène de mode amplifié par les médias traditionnels, se forme alors une « pensée unique » pouvant devenir une « pensée inique » se ramifiant en voies dérivantes qui, pour la plupart d’entre elles, finissent par se rejoindre autour d’un même concept : celui du « bien fondé » excluant ou invalidant tout ce qui n’appartient pas à ce « bien fondé ». Ainsi le « bien fondé » entre dans le « formel »… Et ce qui contrevient au « bien fondé » entre dans « l’informel ».


 

L'ECRITURE THERAPEUTIQUE


    Céline dit :
« …L’écriture est la source de mes emmerdes. Depuis le Voyage… que les emmerdes s’accumulent, mesquineries, jalousies, embrouilles… Alors ne venez pas me causer de thérapie et de guérison de la nature humaine par l’écriture, je laisse ça aux autres, les spécialistes de la mou mouche.. C’est malsain l’écriture quand tu ne fais pas partie de la confrérie, ça active les haines »…

    Effectivement lorsque l’écriture est atypique, singulière et surtout qu’elle dérange, surprend voire indispose… le lecteur et le critique, alors elle ne peut être une thérapie… Elle rend même malade, provoque et attise la violence, l’intolérance… Ce qui bien sûr « ne fait pas de bien ». Comment retrouver une certaine sérénité lorsque s’insinue dans l’esprit mesquinerie et jalousie?
Jalousie et mesquinerie parce que dans le cas de Céline en particulier… Et en général pour tout auteur dont l’écriture est tout de même une « œuvre d’art » et que consciemment ou non l’on s’en rend compte ; l’on en est d’autant plus dérangé ou surpris… Et sans doute jaloux de « ne pouvoir faire de même »…
Si, comme on le voit le plus souvent, l’écriture d’un auteur dans un monde peuplé d’auteurs est aussi une écriture dérangeante et surprenante mais n’ayant pas un grand impact auprès du public ; alors cette écriture (qui n’est pas elle non plus, une thérapie pour les lecteurs) ne suscitera qu’indifférence et oubli... [ suite de ce texte dans "Articles II"]

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