9ème suite des confettis sur la Toile

                        Pas la même époque !

 

     Que Victor Hugo, Colette et surtout Proust n'auraient pas pu se 'faire lire' ni éditer, de    nos jours, je n'en suis guère étonné!
Mais je sais  ce que pensent, au fond, les vrais amoureux de la langue Française, de la littérature, de la poésie...
Avec tous ces blogs, journaux intimes, récits, forums d'expression, qui 'pullulent', ces manières d'écrire, dans une aussi grande diversité, l'on en arrive à ne plus faire la différence entre la médiocrité et le talent!


 

 

         

                        Talent ou médiocrité ?

 

       Je pense que la médiocrité n'est pas forcément dans sa réalité immédiate, telle qu'elle nous paraît au moment même où elle nous surprend désagréablement... Ce que nous percevons comme étant médiocre à ce moment là, nous ne le perçevons qu'en fonction de critères d'éducation ou de sensibilitité personnelle... Je crois plutôt que la médiocrité vient du fait de l'habitude, de la répétition, de l'enracinement en un même terreau, et d'une sorte d'incapacité paralysante, de 'non volonté' à dépasser les limites d'une réalité vécue ou exprimée...

Quant au talent, je ne sais pas ce que c'est... Alors même que je crois ou que j'ai la prétention de le savoir à cause de ce que j'ai appris, lu, écouté...

 

    Scandaleux !                                                                                                                                                                                                                                                         

                                                                                                                                                                                                   Je viens de parcourir des pages de messages sur des groupes tels que fr.art.littérature, sci.philo, qui devraient être « assez éclectiques »… Mais à ma grande surprise, j’y ai lu des propos orduriers, insultants, et de plus, d’une orthographe, d’un ton et d’une grammaire particulièrement calamiteux !

Où va-t-on ? Si l’on ne peut même plus faire confiance à ce qui devrai^t être « différent du sens commun » et digne d’intérêt ?

 

 

Question sur l’écriture, Alexandrie, le 16 septembre 2006.

 

 

             Une chose est certaine : pour que j'en vienne là, à souhaiter vos réponses, à vous faire ainsi 'parler', c'est que le regard que je porte en moi sur ma vie intérieure et sur mon écriture ne me semble plus tout à fait être ce 'phare du bout du monde porte de l'ailleurs auquel j'aspire'.
                                              Il n'y a, peut-être, pas de 'phare' ni 'd'ailleurs' comme l'on croit!
Et puis, pour éclairer quoi? Un tout petit bout d'océan où presque personne ne va? Un tout petit bout d'océan à la température du sang humain au milieu des icebergs?

                                                                  Alors, à lire vos réponses, à savoir ce que vous avez vécu, à connaître la manière dont vous 'travaillez', dans quel but, avec quelles préoccupations, cela m'aide un peu... Dans cette si drôle et si émouvante... et parfois si tragique 'unique voyage' (celui qui va de l'embryon à la poussière en passant par le ventre de maman, l'étreinte de l'être aimé et pour finir, par le    dernier regard avant la grande nuit)...
Mais, oh, pardon!... J'allais oublier ces êtres qui n'ont jamais connu l'étreinte de l'être aimé!

 

                                               Pour eux, le 'voyage' ne passe pas par ce port à nul autre pareil...

Est-ce que ça existe vraiment... L'étreinte par l'esprit et le coeur, aussi belle, aussi forte, aussi enivrante, que l'étreinte de l'être aimé?

 

            PLUS DE LIVRES SUR TERRE QUE D’ETRES HUMAINS ?

 

            Je me demande s’il n’ y a pas sur notre planète, encore bien plus de livres que d’êtres humains…

Une librairie « normale » a dans ses rayons au moins un millier de livres. Un pays tel que la France a bien dix mille librairies relativement importantes et dix mille autres plus « petites »… Une bonne centaine de  pays dans le monde ont en moyenne, mettons, plusieurs milliers de points de vente (livres et revues). Quelques très grands pays tels que les USA, l’Inde et la Chine ont d’innombrables livres en vente…

A tout cela s’ajoute tous les livres des vide greniers, les livres que l’on a chez soi, les livres des marchés, des salons et des foires, les livres dans les bibliothèques…

Avant que nous fussions sept milliards d’habitants sur Terre, il faut compter aussi tous les écrivains qui nous ont précédés, qui sont morts durant plus de vingt siècles et qui ont écrit pas mal de livres dans toutes les langues du monde.

Même si des livres n’existent plus parce qu’ils ont été détruits ou réduits en poussière, c’est fou le nombre de livres en circulation ou sur des étagères dans les maisons et les magasins où l’on vend des livres, ainsi que dans les bibliothèques…

En définitive je crois bien qu’il y a plus de livres que d’êtres humains sur Terre !

 

Allez ! J’offre royalement avec le gros risque de perdre, une caisse de champagne à qui trouve « Au pays des guignols gris » dans un vide grenier ! ( je conseille de faire les vide greniers de Linxe, de St Julien en Born, de Tartas et de Contis dans les Landes entre autres…)  Il y a gros à parier également, que la page blanche sur laquelle j’avais écrit une dédicace, soit arrachée… Parce que, pour un livre mis en vide grenier, à quoi bon laisser la dédicace ?

Sur « La vie est ailleurs », de Milan Kundera, une éventuelle dédicace qui en aucune façon ne m’aurait concernée, n’ a plus lieu d’être en page de garde de ce livre de poche acheté pour 1 euro au vide grenier de Tartas.

Mon propos va sans doute vous paraître un peu « raide », mais… (et c’est bien mon impression) je pense que les personnes de Tartas où j’habite, de St julien en Born où j’ai travaillé, de Linxe où je suis né et de Contis où en 1999 et 2000 je me rendais au cinéma de Betty et de Rainer ( qui ont eu un exemplaire de mon livre)… ont acheté mon livre par curiosité, parce qu’elles me connaissaient et savaient que j’écrivais, ou ont voulu « me faire plaisir »…

Je suis sûr que Betty et Rainer n’ont jamais lu le livre, que ma dédicace après coup, leur a sans doute paru ridicule, disproportionnée ou peut-être niaise…

Soit ! Mon livre dans une brocante des Landes ( ou ailleurs)… A 1euro, acheté par une personne qui, elle, va être très émue par son contenu, le trouvera beau, et s’en souviendra toute sa vie… Cela, c’est une idée qui me réconforte et m’enchante ! Page de dédicace arrachée ou pas, peu importe !  Cette personne qui sera si émerveillée, si émue, si heureuse de lire ce livre… Et que je ne rencontrerai peut-être jamais, dont je ne saurai pas le visage, qui ne m’a peut-être jamais vu non plus, ne saura rien de moi… J’imagine : un touriste de passage, un jeune homme, une jeune fille, une maman de trois enfants, un étudiant, une dame très âgée ou un vieux monsieur tout seul dans la vie, un Chinois ou un Russe ou un Américain qui lit le Français, de passage dans les Landes…

C’est vrai : j’ai bien trouvé en vide grenier, des livres qui dans ma vie ont énormément compté pour moi !

 

  

 

                        ANONYMAT

 

            Dans l’anonymat ou par un rayonnement très limité, l’on peut tout dire, le pire comme le meilleur, et « y aller du fond de ses tripes »…

Les plus belles couleurs, les nuances les plus authentiques, les tons les plus délicats, les touches les plus personnelles, mais aussi tout ce que l’on exprime y compris ce qui peut déplaire, interpeller ou surprendre… n’ayant qu’une reconnaissance très relative et noyée dans une grande diversité, n’étant que fort peu connu, lu ou entendu de quelques personnes, tout cela ne peut déranger, ne concurrence rien et, au-delà d’un espace restreint, se dilue dans une indifférence naturelle…

Par contre, dès que l’on sort de l’anonymat, que le rayonnement s’étend, se renforce et tend à s’imposer dans le monde, il devient de plus en plus difficile… et risqué, « d’y aller du fond de ses tripes ».

Les « récupérateurs » de modes, de tendances, de talents, de courants d’idée ou de pensée, sont presque toujours des prédateurs et tout succès, toute reconnaissance et tout rayonnement étendu a son revers : celui de ne plus, précisément, oser tout dire… Car, plus l’on attend et l’on espère de vous, et plus vous devenez tributaire d’exigences et de contraintes…

A un certain niveau de rayonnement, il n’ y a que deux possibilités :

- soit retourner dans l’anonymat

- soit rayonner sans être jamais ni récupéré ni contraint à se taire pour conserver ce que l’on a réussi à gagner.

 

Mais où « finit » l’anonymat, et où commence le rayonnement, cependant ?

 

 

 

 

                        LE COUP DE HACHE SUR LA MER GELEE

 

            « Un livre doit être la hache qui fend la mer gelée en nous », écrivait Kafka en 1904, dans une lettre à Oskar Pollak, le 27 janvier…

 

            Cette « mer gelée en nous » n’est-elle pas comme une banquise dont les bourrelets, les rides, les creux et les bosses à perte de vue, sont autant de repères et de marques pour ces « aventuriers » de la vie que nous sommes, alors que nous venons tout juste de franchir l’une de ces « frontières » de l’Histoire, sans doute la plus déterminante mais aussi la plus incertaine ; et de pénétrer en un « territoire » qui pourrait être comme les « territoires » précédents, un immense palier, une sorte de plateau au bout duquel il n’y pas d’horizon discernable ?

Et ne traversons nous pas, en nos existences qui passent comme l’éclair de l’orage ou comme une « éternité » entre deux portes, de ces « territoires paliers » qui sont autant de « banquises » tracées de nos chemins ?

A la surface de cette « mer gelée en nous », et même, je crois, jusqu’à une certaine profondeur, s’y répète, s’y perpétue l’immobilisme des habitudes, une certaine forme de renoncement ou d’indifférence, ou, ce qui n’est guère mieux, une forme d’espérance « angélique » et d’une consistance purement émotionnelle ; et, ce qui est sans doute pire encore, un ensemble de certitudes trop vite acquises dont on fait un « rempart sécuritaire » qui, de toute évidence, ne peut résister aux  grands blizzards que les évènements autour de nous ont soulevé…

Il est assurément très peu, de ces livres ou de ces écrits, de nos jours comme par le passé, qui sont cette « hache fendant la mer gelée »… Et quand bien même voleraient en éclats tous ces repères, toutes ces habitudes, tout ce renoncement, toute cette indifférence, ces « shizophrénies intellectuelles », ces certitudes, ces angélismes et ces hypocrisies… N’en viendrait-il pas d’autres, de ces bourrelets, de ces rides, de ces creux et de ces bosses à perte de vue ?

« Un livre qui fend la mer gelée » est un livre qui dérange parce qu’il casse ce sur quoi l’on marche… Et c’est fou ce que l’on s’attache à ce qui porte nos pas !

 

 

 

 

                        Roman, récit, essai, autobiographie, nouvelle… et autres « catégories »

 

            Auteurs, éditeurs, lecteurs, tous semblent s’accorder sur un point : l’identification d’une œuvre dans une « catégorie » bien déterminée…

Alors que dire d’une œuvre qui a l’air d’un roman mais n’en est pas vraiment un ; que penser d’une autobiographie qui n’en a que l’apparence parce que l’auteur écrit à la 1ère personne ? Et d’un récit dont ne sait si c’est un conte ou une nouvelle ? D’un essai qui tourne en recueil de réflexions, de sujets d’actualité et d’anecdotes ?

Les lecteurs, peut-être plus encore que les éditeurs et les auteurs, ont assurément besoin de repères.

Lorsque « vole en éclats » tous ces « cadres » si bien définis, ce n’est même pas une « levée de boucliers » qui s’organise, c’est plutôt une désaffection générale des lecteurs : les pauvres ! Il leur faut une bonne petite trame, des chapitres, un début, une fin, tout ce que l’on trouve dans un roman, un « bon roman » bien « dans les normes » même un peu « déjanté… »

Le « livre kaléïdoscope » a-t-il un avenir ? Un livre qu’on lit de travers, dans le désordre, qui ne commence ni ne finit, un livre rue, un livre paysage… Tiens, tiens ! Le « livre kaléïdoscope » : encore une catégorie !  

 

                        VISAGES  LIVRES

 

            J’aime à écrire de mon seul regard, une dédicace sur un « visage livre » qui n’est pas de moi… Et chacune de ces dédicaces est une histoire d’amour aussi éternelle que fugitive.

Oh combien j’en ai lus, de ces « visages livres » !

J’en ai aussi écrites, de ces dédicaces, sur des livres qui étaient de moi mais que des visages ont vite refermés. J’ai cependant aimé ces visages qui, eux aussi, étaient des « visages livres »…

            J’ai entendu parler des gens en des langues dont je ne comprenais pas un mot, mais cependant, chacun de ces mots entendus m’est allé droit au cœur…

J’ai écouté des gens qui parlaient la même langue que moi, et qui même parlaient cette langue bien mieux encore que je ne la parle, mais les mots que ces gens disaient m’étaient plus étrangers que ceux d’une langue étrangère… Alors, je me suis dit que les visages de tous ces gens, qu’ils disent des mots étrangers m’allant droit au cœur, ou des mots de ma langue étrangers à mon esprit, étaient bien des « visages livres »… à apprendre à aimer, pour autant que cela soit possible…

 

       

 

 

 

 


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