Le "petit lycée" à Cahors, entre 1954 et 1957

… À cette époque à Cahors, il y avait au Lycée Gambetta située rue Wilson (l’entrée principale) deux parties distinctes : le Grand Lycée, de la 6 ème jusqu’à la classe terminale du second baccalauréat, et le Petit Lycée, de la 12 ème jusqu’à la 7 ème (l’école élémentaire et primaire)…

Mes parents, l’année de mes 6 ans ( 6 ans le 9 janvier 1954) avaient décidé de me mettre au Petit Lycée parce que là, selon les “critères” de l’époque, enseignaient les meilleurs instituteurs; le “Petit Lycée” étant aussi l’école des “gosses de riches” (fils de commerçants, d’artisans, de fonctionnaires et de notables )…

En fait, ces “gosses de riches” étaient plus vaches, plus vicieux, plus pervers, plus durs et fortes têtes et chenapans, en général, que les “gosses de pauvres” qui eux, se rendaient à l’autre école communale, celle proche de la place Thiers…

Je n’y ai eu aucun “vrai ou bon” copain, du jour où je suis entré en 11 ème, le mardi 21 septembre 1954, jusqu’à mon départ fin juin 1957 classe de 9 ème…

Une autre raison pour mes parents de me mettre au Petit Lycée, c’est qu’il y avait là, contrairement à l’autre école, un réfectoire pour les demi pensionnaires, ce qui arrangeait fort mon père inspecteur à l’automatique rural (branche téléphone et installation, aux PTT) qui souvent, ne revenait pas à midi, ainsi que ma mère, à cette époque, secrétaire à la Chambre d’Agriculture…

Dans ce réfectoire, “on y bouffait très mal” cependant ! D’infects ratas avec des sauces innommables, de la purée dont les restes refroidis dans l’assiette verdissaient et durcissaient comme du ciment, d’horribles faillots nageant dans une espèce d’eau de vaisselle gélatineuse, ou des lentilles pleines de petits cailloux, des viandes bouillies et filandreuses avec des nerfs et du gras très dur… Nous étions 10 par longue table rectangulaire, j’étais le seul “petit” au milieu de grands galopins de 4 ème ou 3 ème ou même de grands de seconde première terminale, tous en blouse grise, des visages très durs et parlant haut et fort avec plein de “gros mots”…

… En 11 ème et 10 ème, je n’ai pas “particulièrement brillé” question notes (de 0 à 10), j’étais très dissipé, désobéissant, bagarreur, et je n’ai pas eu, dans ces 2 années scolaires là, des maîtresses “intéressantes” – qui auraient pu me motiver et surtout “m’exister”…Elles trouvaient ridicules mes pitreries…

Mais en 9 ème j’ai eu Monsieur Cammas, un homme rude, sévère, mais juste, qui lui, sans pour autant “m’avoir à la bonne” du fait que j’étais encore plus dissipé, plus “tête en l’air”, plus réfractaire aux règlements et encore plus bagarreur “pour un oui pour un non” notamment avec tous ceux qui m’”emmerdaient” tant soit peu… Lisait en classe mes rédacs (qui servaient de corrigé), accrochait mes dessins d’imagination sur le mur de la classe dédié aux “productions”…

J’avais régulièrement, souvent quatre quinzaines de suite, zéro en conduite, zéro en calcul mental, zéro en leçons à réciter par cœur, mais 9 en rédac, 9 en “sciences’nat” et 9 en histoire géo… Et en gym j’étais mauvais en exercices bras et jambes à tendre à plier, sans cesse dans la lune et très déconcentré, mais hyper bon en course à pied… D’ailleurs au spiromètre, je faisais dépasser de 10 cm de plus que tout le monde, la colonne rouge indiquant le niveau de capacité thoracique…

Le carnet de notes devait être tous les 15 jours, rapporté au Maître, signé des Parents et surtout du Père… Avec mes trois zéros 4 fois de suite, j’avais imité la signature de Papa et caché le carnet dans une corbeille emplie de jeux de construction et de cahiers à dessin, dans ma chambre, mais une fois en faisant le ménage Maman a trouvé le carnet… Elle a dit “ On va pas le montrer à Papa, sinon t’auras droit à la séance de coups de grande règle plate sur les cuisses!”… Il était “dur”, Papa… La première année, il m’emmenait à l’école à califourchon sur le cadre de son vélo et, on avait pas fait dix mètres qu’il m’interrogeait : “alors, 2 plus 2 ça fait combien ?” … Je le savais mais rien que de l’entendre, papa, me questionner, j’étais complètement bloqué, incapable d’articuler la moindre réponse… “Quel crétin tu fais” ! Qu’il me disait…

Mon grand bonheur cette année là et l’année d’avant, ce fut de pouvoir aller le jeudi tout entier à “l’Ermitage”, une sorte de colonie de vacances du jeudi, où il y avait des petites filles avec lesquelles j’étais très copain, leur racontant des histoires drôles, faisant le pitre… Je n’aimais pas les jeux de ballon et de guerre, je n’aimais pas ces garçons de mon âge, tous fiers, arrogants, méprisants en compagnie forcée que j’étais avec eux à l’école, où je m’ennuyais à mourir… Dans les jeux de ballon ils faisaient 2 équipes, les deux caids de chaque bande “faisaient les pas” pour savoir qui prendrait qui en premier et ainsi de suite… Sembic on le prenait jamais parce qu’il était toujours dans la lune, qu’il ratait le ballon ou bien s’en emparait et le donnait à personne, le serrant entre ses pieds et distribuant des coups de poing à tout va…

 

 

lycée Gambetta Cahors 1954

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