En 6 ème au lycée Duveyrier à Blida en Algérie, en 1960

… J’avais un copain, enclin tout comme moi à “des coups pendables” et dont je ne me méfiais pas, n’ayant pas réalisé à quel point il pouvait être retors, faux jeton et vicieux… Qui s’appelait Oudjaoudi, “demi pancu” comme je l’étais… J’habitais avec mes parents au 9 ème et dernier étage d’un HLM à Montpensier, un quartier périphérique de Blida au delà duquel partait la route d’Alger. J’effectuais matin et après midi, 2 fois dans la journée, à pied, le trajet de 3 km pour me rendre au lycée et en revenir… Mais parfois, le matin, mon père me conduisait au lycée dans la 403 peugeot verte immatriculée 437 JK 9A qu’il avait fait revenir de Tunisie en 1959… Mon père, lui, se rendait à son travail, au central téléphonique de Blida…

Oudjaoudi habitait avec ses parents dans la cité militaire située avant Montpensier, en bordure d’un vaste terrain vague jonché de gravats et de matériaux de construction abandonnés, une jungle de toutes sortes de plantes et d’herbes méditerranéennes et de buissons épineux… Il était, Oudjaoudi le fils d’un harki…

Un matin entre deux cours, on était en “perm” (permanence) sous l’œil inquisiteur du pion au visage buriné et en lame de couteau, un type particulièrement antipathique, un fana de la colle…

Oudjaoudi et moi on était assis côte à côte au dernier banc de la salle et voilà-t-il pas que l’Oudjaoudi, il me dit tout à trac, comme ça : “ je vais te mettre une olive” … En toute innocence que j’étais, je croyais à une vraie olive, bien verte ou noire… L’Oudjaoudi il commence à me mettre la main derrière la ceinture de ma culotte ( on n’avait pas encore à 12 ans, les jeunes garçons, de pantalons longs), et je sens son doigt sans doute l’index, me descendre entre les fesses…

Bon sang, j’ai pas attendu qu’il me foute le doigt dans le trou du cul ! Aussitôt sec, je prends un compas posé à côté de ma trousse, et j’assène un coup brusque de la pointe du compas, visant sa main, manque de pot la pointe du compas se fiche dans le bois de la table entre deux doigts de l’Oudjaoudi ! Ça fait un bruit sec et sourd, le pion crie “ Sembic ça suffit ce bordel! Vous me ferez deux heures” !

Les deux heures de colle, faites le jeudi suivant de 8h à 10h, je les ai pas digérées ! Je décidai de me venger…

Trois semaines plus tard j’avise l’Oudjaoudi à la sortie du lycée à 4h de l’après midi, je lui dis “on va revenir ensemble puisqu’on habite pas loin l’un de l’autre, j’ai quelque chose à te montrer, dans le terrain vague, qui va autant t’intéresser que moi, tu vas voir”…

On arrive dans le terrain vague, je lui montre deux briques posées l’une sur l’autre dans un tas de gravats, je lui dis “ creuse sous les deux briques, dessous y’a une caisse contenant des boulons, c’est au poil pour nos tahouels ( lance pierres ), avec ça on est les caids à la récré au lycée, moi je fais le guet parce que c’est interdit d’aller dans le terrain et si quelqu’un nous voit, on s’applatit entre les buissons”…

Il commence à creuser avec ses mains… Je fais ni une ni deux, je lui tombe dessus et lui fous une raclée carabinée, le laissant étendu roué de coups de pied, et je lui dis “ça c’est pour l’olive et pour les deux heures de colle que le pion il m’a foutues à cause de toi”!

Par la suite, pour le restant de l’année, l’Oudjaoudi il “faisait profil bas” ainsi d’ailleurs que quelques autres qui m’avaient emmerdé et que j’ai rossés tout aussi carabiné, à ma façon…

Dont, dans l’HLM où j’habitais avec mes parents, un certain Rallous du septième étage, que je pouvais pas blairer et qui me dénonçait quand avec des autres copains de la cité, on canardait au tahouel des fatmas revenant de l’épicerie avec leur cabas à la main… -ça nous changeait de la chasse aux gros rats qui infestaient l’oued séparant la “cité européenne” de la “cité musulmane”…

 

 
  • Aucune note. Soyez le premier à attribuer une note !

Ajouter un commentaire