Assis sur un banc, un jour d'été ...

Chienlit...

Silence étouffant et petites mouches tourbillonnantes d'après midi de juillet...

Visages en beurre rance et sourires constipés...

Le temps de vivre est court mais assez long pour ce que l'on fait de ces jours qui passent...

Tu bandes si le vent sent le museau qui te plaît, et tu délaisses les fayots du menu à dix balles pour ne pas péter en face des belles clientes de ton épicerie à poèmes...

Et tu fermes la gueule de ton coeur si tu croies vivre dans un pays de culs et de ventres...

 

Avec une femme amoureuse on ne s'ennuie jamais...

Avec une parfaite épouse on ne sait plus où poser ses pieds...

 

Il faudrait, pour éteindre ce feu qui brûle dans la tête, cent mains tendues, deux cents regards d'amis,  des nuits où l'on ne se quitte plus, des verres qui ne cessent de se vider, des mots en torrents bouillonnants qui dévalent... Et l'ivresse du coeur, le saut à l'élastique de l'esprit, et les toutes premières couleurs retrouvées des jolis dessins de notre enfance...

Il faudrait, pour éloigner cette vie qui fuit dans les certitudes et les habitudes en eau de vaisselle par le trou de la baignoire, exulter jour et nuit de tout ce qui vibre, respirer toutes ces fragrances subtiles de femmes et de filles et de fleurs et de sucs et de terres et de bords de mer ; s'émouvoir, aimer, écorcher l'enveloppe de la bulle avec le déraisonnable et nécessaire espoir de quitter la bulle en demeurant relié au coeur de la bulle qui a cessé d'être prisonnier...

 

La grosse mouche qui vibre sur le morceau de viande est encore plus fine mouche qu'un humain mâle qui se vautre sur le corps d'un humain femelle sans laisser d'autre trace que celle de sa crasse...

 

Jolie femme qui pète éloigne les hommes de tête mais n'étouffe pas les soupirs des hommes de bas ventre...

Bel homme qui rote fait fuir les belles de coeur et d'esprit mais ne décourage pas les rombières qui mouillent leurs dessous...

 

L'humour excuserait presque l'absence de culture et la mauvaise orthographe pourvu qu'il ne “vole point trop bas”... Mais une bonne culture générale et une orthographe impeccable sans aucun humour, c'est un peu raide à supporter...

 

Une femme bien habillée, sans inutiles fioritures et peinturlures, bien coiffée, bien chaussée, même passablement jolie, c'est plus excitant qu'une femme nue étendue sur le sable ou sur les galets d'une plage...

Ce que l'oeil reçoit de la femme élégante, simple et délicate à ravir, suscite émoi, frisson électrique, attente secrète de la rencontrer s'il est possible, et porte cet instant de bien être, intime et profond, qui a explosé, sur un chemin de souvenir que l'on retrouve toujours...

 

… Écrit le 31 juillet 2016… Cela fait cinq ans déjà…

La “chienlit” – soit dit en passant, ce terme dont fit usage le Général Charles De Gaulle en mai 1968 – la “chienlit” donc, en 2021… Elle pue la haine, la discrimination, l’arrogance, le fanatisme, des uns et des autres, BAC plus 5 ou 3ème de ZEP sans BEPC…

La “chienlit” elle est devenue bourbier purulent sur fond de covid avec quand même des tentes Décathlon pour séjours en montagne ou à la mer et des vélos high tech de randonnée, et des festivaux en masque et des QR code pout tout – tout – tout – archi tout…

Mais la “chienlit”, bordel, elle aura peut-être pas le dernier mot! Ça s’ra très dur pour l’émerveillement, pour tout ce qui reste de la beauté du monde, pour la bonté, pour la gentillesse… Ça s’ra très dur, oui… Ça s’ra herculéen, peut-être même prométhéen (quoi que…) … Mais y’ a encore des chances qu’elle se fasse circonvenir, assiégée, la “chienlit”, déposant ses merdes comme les vaincus déposant leurs armes…

 

 

 
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